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lundi 22 août 2016

LE CHILI MANIFESTE CONTRE LE SYSTÈME DE RETRAITE


LE CHILI MANIFESTE CONTRE LE SYSTÈME DE RETRAITE
PHOTO RICARDO ALISTE
Malgré les airs de fête de la deuxième manifestation familiale massive qui a coloré hier l’artère principale de Santiago et les rues de toutes les villes du Chili, après une première mobilisation le 24 juillet, c’est une colère noire qui domine la foule. Une colère qui gronde aujourd’hui contre un système de fonds de pension, imposé en 1981 par la dictature d’Augusto Pinochet, le Chili étant le premier pays au monde à adopter les fonds de pension.

Géré par six entreprises privées appelées «Administrations de fonds de pension» (AFP), le système offre des retraites misérables: moins de 300 francs en moyenne par mois. Neuf retraités sur dix reçoivent moins de 230 francs, loin derrière les 375 francs suisses que représente le salaire minimum, déjà peu élevé au regard du coût de la vie.

La cotisation de 10% à laquelle s’ajoute une commission de gestion de 1,15% en moyenne est obligatoire pour tout salarié. «Mais de trois pesos cotisés, s’époumone la professeure d’anglais Carola Sabia, au milieu des sifflets, il ne nous revient qu’un peso. Les deux restants tombent dans les poches des AFP et sont investis dans les grandes entreprises du pays.»

«Sur les vingt dernières années, explique Benjamin Saez, chercheur du think tank Fondation Sol, les AFP ont obtenu une rentabilité annuelle moyenne de 26,3%. En 2015, elles présentaient des revenus équivalant à plus de 2 millions de francs par jour!» Et de conclure: «Ce système n’a pas été créé pour donner des retraites dignes mais pour insuffler du capital aux grandes entreprises. Ce sont les retraites de tous les Chiliens qui ont permis «le miracle économique chilien.»

Face à une classe politique décrédibilisée par les scandales de corruption, qui touche même la présidente socialiste Michelle Bachelet, soutenue par à peine 15% de la population, les Chiliens considèrent que seule la mobilisation peut leur permettre d’obtenir une refonte de leur système de retraite. «C’est tout ce qu’il nous reste!» s’écrie Luis Bustamante, un manifestant.

(TDG)