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lundi 29 mai 2017

BRP


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« B.R.P. (BRIGADAS RAMONA PARRA) » (VICTOR JARA) MUSIQUE CELSO GARRIDO-LECCA, CE TITRE EST EXTRAIT DE L' ALBUM  « EL DERECHO DE VIVIR EN PAZ »,  ENREGISTRÉE CHEZ DICAP CHILI (JJL-11) EN 1971.      LICENCE YOUTUBE STANDARD  DURÉE : 00:03:15 

dimanche 28 mai 2017

LA CONSTRUCTION DU PLUS GRAND TÉLESCOPE DU MONDE EST LANCÉE AU CHILI



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PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ


La construction du plus grand télescope du monde a démarré au Chili. L’appareil aura un diamètre de 39m et coûtera un milliard d'euros.
PHOTO SEBASTIN RODRÍGUEZ
La Présidente chilienne Michelle Bachelet a lancé vendredi, dans le nord du pays, la construction du plus grand télescope du monde, le Télescope Géant Européen (en anglais : ELT pour Extremely Large Telescope). Il sera capable de capter des images en direct de planètes évoluant hors du Système solaire.

Le site choisi pour sa construction est situé à 3 000 mètres d'altitude dans le désert d'Atacama. Des vents puissants ont empêché vendredi dernier la Présidente de poser symboliquement la première pierre de l'ELT, qui sera construit par l'Observatoire européen austral (ESO), relate l'AFP.

Bénéficiant d'un ciel totalement dégagé pendant une grande partie de l'année ainsi que d'un air sec et froid, le nord du Chili abrite déjà les plus importants télescopes au monde et espérant concentrer 70 % de l'infrastructure astronomique mondiale d'ici 2020.

Ce « saut géant de capacité est aussi grand que celui qu'a expérimenté Galilée quand il a regardé le ciel nocturne avec un petit télescope », a affirmé le directeur général de l'ESO, Tim de Zeeuw.

Un signal mystérieux en provenance de la constellation du Lion détecté

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« Il est d'ailleurs possible que l'ELT trouve des preuves de vie ailleurs », a-t-il ajouté.

Le télescope aura un diamètre de 39 mètres et sera situé sur un énorme dôme de 85 mètres de diamètre. Le chantier, d'un budget d'un milliard d'euros, aboutira en 2024.

Seize pays participent à l'Observatoire européen austral, dont la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni, associés au Chili.



LE CHILI RÉGULARISE SES ENFANTS APATRIDES

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PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ 
Chili Pourtant nés sur le sol chilien, des milliers de mineurs ne bénéficient d'aucune nationalité en raison d'un vide juridique.
PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ 
Née au Chili et adoptée par des Chiliens, Evelyn Flores a dû attendre ses 16 ans pour avoir une nationalité, une situation ubuesque qui touche 2500 mineurs et que le gouvernement de Michelle Bachelet entend régler.

«La reconnaissance d'un droit»

Ces milliers d'enfants d'immigrés péruviens, équatoriens ou boliviens en situation irrégulière étaient jusqu'ici des apatrides, ne pouvant obtenir ni la nationalité chilienne, bien que nés sur place, ni celle de leur parents.

Avec le projet «Le Chili reconnaît» («Chile reconoce»), la présidente socialiste compte régulariser ces jeunes nés avant 2014, date à laquelle le gouvernement a modifié sa loi. Désormais, seuls les enfants de touristes, de diplomates et des personnels de bord des compagnies aériennes nés au Chili font l'objet de limitations pour obtenir la nationalité de ce pays.

«Ce n'est pas une faveur et encore moins un cadeau. C'est la reconnaissance d'un droit: avoir la nationalité du pays où l'on est né», a déclaré Michelle Bachelet lors d'une cérémonie officielle au palais présidentiel de La Moneda, où elle a remis les certificats de naturalisation à une douzaine de jeunes.

«Je sens que j'appartiens (à ce pays), que je peux sortir du pays, que je peux demander une bourse pour étudier», confie Evelyn Flores, fille biologique d'Equatoriens qui était condamnée à vivre comme une citoyenne de seconde zone, même si elle n'avait pas «connu d'autre réalité que la chilienne».

Dans ce pays, les enfants apatrides sont scolarisés et ont accès au système de santé, mais dans la catégorie «indigents», raconte la Péruvienne Zoila Aguilar, dont la fille aînée vient d'être régularisée à 10 ans, tandis que sa cadette, née après 2014, est Chilienne depuis la naissance.

Pour Cinthia Pereda, autre Péruvienne dont le fils vient d'être naturalisé, ces dernières années ont été «un peu compliquées», car son fils n'a pas pu profiter «des mêmes droits que n'importe quel enfant né au Chili».

Vide juridique

Jusqu'à présent, une centaine de mineurs des régions d'Arica et Parinacota, Tarapaca, Antofagasta (nord) et de la capitale Santiago ont obtenu la nationalité chilienne dans le cadre de ce projet conduit par les services d'immigration, la société civile et le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

Une personne est apatride lorsqu'elle n'est reconnue comme citoyenne par aucun pays. Quelque 10 millions de personnes dans le monde se trouvent dans cette situation de vide juridique et n'ont qu'un accès très limité à la protection légale ou internationale, ainsi qu'à des droits de base comme la santé et l'éducation, explique le représentant local du HCR, Michele Manca Di Nissa, qui participait à la cérémonie.

Le HCR a lancé en novembre 2014 la campagne internationale «#IBelong» («j'appartiens») pour éradiquer à l'horizon 2024 ce phénomène de privation de nationalité.

Il appelle les Etats à permettre aux enfants d'obtenir la nationalité du pays dans lequel ils sont nés s'ils risquent autrement d'être apatrides, à abroger les lois qui empêchent les mères de transmettre leur nationalité, à supprimer les lois et les pratiques discriminatoires et à garantir l'enregistrement universel des naissances. «Les apatrides ne peuvent pas jouir des mêmes droits attachés à une nationalité», souligne M. Manca Di Nissa à l'AFP.

Le Chili et le Venezuela sont les deux seuls pays de la région à ne pas avoir signé la Convention de 1954 sur les apatrides, destinée à aider ces personnes, ni celle de 1961 sur l'éradication de l'apatridie.

La chef de l'Etat a avoué «ne pas en connaître les raisons», mais a appelé ses services à mettre les bouchées doubles pour combler cette lacune. (afp/nxp)

vendredi 26 mai 2017

VIDEO TEST

LA RANÇON ET LA RENTE


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PHOTO GCHQ/PA

La récente contamination par le virus « WannaCry » (1) de centaines de milliers d’ordinateurs — dont ceux des hôpitaux britanniques, d’opérateurs télécoms et autres entreprises du monde entier —, ne doit pas être balayée d’un revers de la main comme l’énième arnaque de quelques cybercriminels. Les assaillants ont utilisé des failles découvertes par les agences de sécurité américaines pour assurer leur propres missions de cyberguerre. Dès lors, il n’est plus possible d’ignorer cette réalité dérangeante : la nature de plus en plus féodale du monde de la cybersécurité — que l’on peut résumer par cette alternative : être rançonné ou disparaître —, est une conséquence de l’épuisement des idéaux du capitalisme démocratique sous l’effet de la surveillance permanente.
par Evgeny Morozov
Le capitalisme démocratique, cette curiosité qui nous a promis la fin de l’histoire et se targue aujourd’hui d’être le seul rempart à l’extrême droite, tire sa légitimité politique d’une distribution des rôles bien établie entre gouvernements et entreprises : aux premiers le soin de réguler les seconds, afin de protéger le consommateur contre les effets ponctuellement indésirables d’une activité par ailleurs si pleinement bénéfique. Ce système est réputé démocratique car les gouvernements sont élus et révocables par le peuple ; il est capitaliste parce que les entreprises obéissent à une logique de compétition qui valorise l’efficacité, l’innovation et l’expansion sans limites. Une logique dont l’inclination à la destruction créative de toute chose peut produire des résultats toxiques, raison pour laquelle nous avons besoin de la tutelle bienveillante des gouvernements. C’est du moins ce que proclame le consensus qui règne au centre-gauche et au centre-droit du spectre politique (lire « État et Silicon Valley, une servitude volontaire »).

Les questions relatives à la guerre et à la sécurité — ainsi que les impératifs existentiels qu’elles imposent aux démocraties — ont toujours confronté ce schéma à des problèmes épineux, comme en témoignent les inquiétudes à propos du complexe militaro-industriel exprimées dans l’histoire par tant d’hommes politiques vieillissants. Les garanties démocratiques s’affaiblissent à mesure que les gouvernements resserrent leur contrôle sur les flux d’informations, verrouillent la confidentialité de leurs échanges internes et renforcent leurs activités de surveillance sans réels garde-fous ni contre-pouvoirs. Face à ces pratiques, la parade la plus courante consiste à dénoncer l’opacité d’un « État profond » (« deep state ») traître à ses principes car n’ayant plus de comptes à rendre. À en croire les critiques, il suffirait d’un éventail de mesures légales visant à restaurer des règles de transparence et de respect de la vie privée pour que l’État recouvre ses vertus d’origine. En somme, nous pourrions parfaitement ignorer la part capitaliste du « capitalisme démocratique » et nous en sortir en tirant la bride aux agences de renseignement.

Hélas, le monde de 2017 ne se laisse pas aisément ranger dans des compartiments aussi étroits. Ne prenons qu’un seul exemple, celui de la cybersécurité. On le sait, des pays voyous s’appliquent à hacker les serveurs de leurs adversaires en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord. On sait également que des groupes de hackers privés, agissant pour des raisons commerciales ou politiques, causent des torts considérables à leurs cibles. Rien de tout cela n’égratigne le mythe fondateur du capitalisme démocratique, à savoir son rôle protecteur face aux dérives les plus extrêmes du monde de l’argent — au contraire, ces nouveaux dangers consolident plutôt le mythe. Ce qui le menace, en revanche, c’est la prise de conscience que les gouvernements démocratiques, via leurs agences de renseignement, creusent eux-mêmes des failles dans nos réseaux de communication, piratant sans vergogne nos téléviseurs connectés ou nos systèmes d’exploitation. La divulgation par Wikileaks des techniques de hacking de la CIA a donné récemment un nouvel aperçu du phénomène.

Certains diront que l’État nous espionne pour de nobles motifs : afin de repérer les signes avant-coureurs d’opérations terroristes, de suivre à la trace des réseaux criminels, de déjouer des complots sophistiqués. Quelles que soient les raisons invoquées, nous ne devrions cependant pas perdre de vue les retombées politiques plus larges produites par les nouveaux pouvoirs d’intrusion des pouvoirs publics.

Il y a d’abord le fait que l’expansion (ou même la seule conservation) des capacités de surveillance des États présuppose une insécurité structurelle permanente de nos réseaux de communication. Laquelle, en retour, fait le jeu non seulement des gouvernements démocratiques, mais aussi de toutes les autres officines de hacking, qu’elles opèrent pour des pays voyous ou des intérêts privés. Or, une fois structurelle, l’insécurité n’appelle pas plus de sécurité, mais plus d’assurance. C’est la raison pour laquelle la cyberassurance est devenue l’un des segments les plus prometteurs du marché de l’assurance. Même des secteurs comme celui de l’industrie manufacturière, elle aussi de plus en plus connectée et interconnectée, dépensent des sommes extravagantes pour s’assurer contre les cyberattaques.

L’expansion des capacités de surveillance des États présuppose une insécurité structurelle permanente de nos réseaux de communication. Or, une fois structurelle, l’insécurité n’appelle pas plus de sécurité, mais plus d’assurance

Dans ce domaine-là comme dans les autres, l’assurance reste d’abord une affaire de rentiers qui excellent dans l’art de majorer les primes perçues pour leurs services. La seule nouveauté, ici, tient au fait que les risques couverts par cette nouvelle classe de rentiers découlent en bonne partie — pour ne pas dire essentiellement — de l’action des gouvernements. On en arrive à un point où la logique du capitalisme démocratique ne consiste plus à amortir les dégâts causés par le secteur privé, mais au contraire à les surpasser par ses propres agissements toxiques — dont les compagnies d’assurance pourront ensuite tirer profit de manière plus ou moins nocive, selon le jugement que l’on porte sur la nature parasitaire de leur activité économique.

La deuxième conséquence de l’extension sans fin de l’appareil de surveillance réside dans les dommages qu’elle occasionne aux entreprises plus petites et aux organisations à but non lucratif, sans parler des individus. Que l’on songe à la vision utopique que nous chérissions naguère, celle d’un monde digital où nous contrôlerions nous-mêmes nos serveurs de messagerie électronique et même, petit à petit, la mise en œuvre de notre propre conception d’un foyer connecté. Eh bien, aujourd’hui, c’est à nos risques et périls que nous tentons de conquérir un peu d’autonomie. Compte tenu de la sophistication croissante des cyberattaques — destinées tout autant à pirater des données qu’à noyer les cibles en générant du faux trafic —, il n’échappe plus à personne que les seuls acteurs capables de défendre les usagers — les particuliers comme les entreprises — sont les grandes compagnies technologiques telles que Google, Apple et Microsoft. Là encore, il s’agit d’une violation frontale des prémices du capitalisme démocratique : le citoyen est invité à se chercher une protection chez les mastodontes du privé et non plus auprès de son gouvernement — contre les intrusions duquel il s’agit précisément de se protéger.

Quand l’industrie du spam et du hacking utilise le dernier cri de l’intelligence artificielle, c’en est fini de l’espoir qu’un acteur plus petit puisse encore rivaliser avec les géants de la « tech » qui profitent de l’insécurité structurelle créée par les gouvernements pour bétonner un peu plus leur statut de quasi-monopole. Le capitalisme démocratique est déjà devenu un capitalisme monopolistique, et c’est encore plus vrai dans sa version digitale. Que les grandes compagnies de la Silicon Valley puissent être soumises aux principes classiques de la concurrence capitaliste paraît une idée hautement saugrenue : il n’existe pas d’entrepôt assez grand pour héberger la start-up qui battra Google — pas avec les trésors de données personnelles et d’intelligence artificielle dont celle-ci regorge.

Lire aussi Finn Brunton, « Une histoire du spam », Le Monde diplomatique, mars 2014. Ce nouveau compromis post-démocratique soulève un autre problème : en présentant la cyberinsécurité comme une catastrophe quasi naturelle, il délégitime le rôle qui incombe à la loi et à la politique d’arbitrer les conflits entre citoyens et corporations. Face au risque d’une inondation ou d’un tremblement de terre, il peut certes paraître imprudent de se fier à la seule puissance des pouvoirs publics : de ce point de vue, contracter une assurance n’est pas absurde. Mais cela ne doit pas nous empêcher de réclamer des normes plus exigeantes, par exemple en matière de construction, afin de minimiser les dégâts éventuels causés par un désastre climatique. Or le monde de la cybersécurité échappe totalement à cette logique de bon sens. Imagine-t-on un gouvernement recruter un groupe de saboteurs surpayés et surdiplômés dans le but de démolir les défenses antisismiques de nos maisons, ne nous laissant d’autre choix que de faire appel au secteur privé pour sécuriser nos biens, que ce soit sous forme de travaux de consolidation ou de polices d’assurance ? Tel est pourtant le scénario en vigueur dans le domaine de la cybersécurité. La seule différence, c’est que les sinistres auxquels nous sommes confrontés sont d’origine presque entièrement humaine et peuvent donc être évités.

Imagine-t-on un gouvernement recruter un groupe de saboteurs dans le but de démolir les défenses antisismiques de nos maisons, ne nous laissant d’autre choix que de faire appel au secteur privé pour sécuriser nos biens ?
Il n’est pas inconcevable que, devant l’évidence des périls qui nous guettent, les gouvernements reconnaissent la nécessité de renforcer les lois sur la protection de la vie privée. Cependant, nous savons bien à quoi aboutirait une concession rhétorique de cette nature : l’envoi de saboteurs plus nombreux, équipés d’armes encore plus redoutables, pour affaiblir encore nos défenses. Qui, dans ces conditions, miserait sur les protections de la loi et de la politique plutôt que sur celles promises par les sirènes du marché, aussi trompeuses et coûteuses soient-elles ?

La cybersécurité n’est qu’un exemple parmi d’autres de la crise de légitimité qui ronge le capitalisme démocratique et de l’état moribond des partis politiques qui ont assuré son règne pendant si longtemps. Rien d’étonnant à ce que les formations sociales-démocrates s’effondrent dans divers pays européens : elles défendent un système qui ne fonctionne plus.

Evgeny Morozov

  (1) Le logiciel malveillant, baptisé « Wanna Cry » ou «Wanna Crypt » est un « rançongiciel » qui, après s’être introduit dans un système informatique, en chiffre les fichiers (les « crypte ») avant d’exiger une rançon pour les rendre à nouveau accessibles à leurs propriétaires. Lire Amaëlle Guitton, « Ce que l’on sait des cyberattaques visant plusieurs dizaines de pays », Libération, 13 mai 2017 et Jean-Marc Manach, « “WannaCry” n’est pas une cyberattaque, mais une escroquerie, Slate.fr, 15 mai 2017.
Traduction depuis l’anglais : Olivier Cyran




DU MÊME AUTEUR  :

AU CHILI, NATALIA CUISINE AVEC UN INGRÉDIENT SECRET: DU CANNABIS


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LA CHEF CHILIENNE NATALIA REVELANT, SPÉCIALISÉE EN
GASTRONOMIE VÉGÉTARIENNE, POSE AVEC SON INGRÉDIENT
SECRET, LE CANNABIS, LE 24 MAI 2017 À SANTIAGO
PHOTO MARTIN BERNETTI


Le cannabis comme ingrédient de cuisine inattendu, tel est le pari d'une chef argentine au Chili, qui mise sur ses vertus thérapeutiques pour agrémenter des salades, des gâteaux au chocolat ou des jus de fruits.
PHOTO MARTIN BERNETTI
Natalia Revelant, spécialisée en gastronomie végétarienne, mélange depuis des années cette drogue douce avec des fruits, de la farine ou diverses graines ou fruits secs afin d'élaborer des recettes, qu'elle a présentées cette semaine lors d'un atelier à Santiago du Chili.

« J'ai découvert tout un univers avec le cannabis », raconte à l'AFP la chef de 38 ans, tandis qu'un public d'une dizaine de personnes assiste à son atelier, organisé avec la fondation Daya, ONG chilienne qui promeut l'usage médicinal de la marijuana.

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PHOTO MARTIN BERNETTI 
Dans ce pays sud-américain, les autorités ont autorisé en 2015 la culture du cannabis à des fins thérapeutiques, pour élaborer ensuite des médicaments permettant notamment de soigner les patients souffrant de cancer, d'épilepsie et de douleurs chroniques liées au cancer.

Mais la gastronomie « cannabique » est aussi une alternative pour les malades chroniques qui ont déjà recours à la marijuana, sous forme d'huile, de résine ou de médicaments, afin de soigner leurs maux, assure Alejandra Ahumada, chimiste pharmaceutique au sein de la fondation.

Comme l'explique Natalia Revelant, tout peut être cuisiné dans la plante aux feuilles reconnaissables entre toutes: la racine, la tige et les feuilles peuvent servir dans des salades, accompagner la cuisson d'une viande ou être incorporées dans des jus.

La fleur de cannabis et les graines sont, elles, idéales pour élaborer des desserts, des chocolats ou des biscuits, selon la chef argentine.

Mais comme le goût de la marijuana, tout seul, n'est pas très agréable, il est important de savoir la combiner avec des produits similaires en termes de composition aromatique.

« Une plante de cannabis, comme elle a un taux élevé de linalool (composant aromatique, ndlr), peut être combinée avec de la lavande pour fabriquer des biscuits au beurre délicieux », précise Natalia.

- Attention au dosage -

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 PHOTO MARTIN BERNETTI 
La chef souligne aussi les propriétés nutritionnelles de la drogue douce, riche en acides gras, oméga 3 et 6, ce qui permet de soigner certains de symptômes d'inflammation des patients.

Quant à ses valeurs thérapeutiques, elles résident dans les cannabinoïdes, ces composants responsables des effets hallucinogènes de la marijuana, comme le THC. Pour cela, il faut doser de manière très précise la quantité de drogue utilisée dans la recette.

« Il est important de prendre en compte le fait que chaque patient va réagir de façon différente à l'usage des cannabinoïdes, donc il faut toujours être prudent avec le dosage », souligne Alejandra Ahumada.

Sa recommandation: une dose de 0,1 à 0,5 gramme de cannabis par portion de nourriture, afin d'éviter les effets hallucinogènes. Car si l'on dépasse ce niveau, le risque est de causer de la somnolence voire un évanouissement, prévient Natalia Revelant.

« La plante de cannabis ne tue personne, mais il est important de connaître les effets et de s'entraîner pour savoir quelle est sa dose » appropriée selon son profil, estime la cuisinière.

Au Chili, même si la consommation privée est autorisée, la vente de marijuana est sévèrement punie. Par précaution, les personnes assistant à l'atelier de Natalia préfèrent ne pas être identifiés.

Le Parlement chilien discute actuellement un projet de loi visant à dépénaliser la consommation de marijuana à des fins médicinales et récréatives.

Ce mois-ci, deux médicaments élaborés à partir de cannabis et prescrits pour traiter les douleurs chroniques ont été commercialisés pour la première fois mercredi dans des pharmacies chiliennes.

Le pays abrite depuis mars 2016 la plus grande plantation légale de marijuana d'Amérique latine, qui donnera naissance à un médicament expérimental destiné dans un premier temps à 4.000 malades du cancer, d'épilepsie ou d'affections causant des douleurs chroniques.

dimanche 21 mai 2017

POURQUOI VOUS DEVRIEZ VOUS INTÉRESSER À L'ŒUVRE DE L'ARTISTE PEINTRE HERNAN TORO


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TOILE 115X90 CM ACRILYQUE ET
PIGMENTS SUR TOILE ET SABLE
L’image des saumons bravant les courants contraires pour se reproduire illustre bien l’attitude des artistes peintres qui prennent le chemin des Beaux-Arts aujourd’hui. Cette comparaison convient particulièrement à ceux qui, comme Hernan Toro, travaillent en retrait des circuits artistiques commerciaux. Ce retrait, que certains appellent marginalité, permet aujourd’hui au peintre de proposer ses travaux à des prix accessibles à tous.
Hernan Toro est un «artisan » plutôt qu'un «plasticien». Son travail se situe aux antipodes des œuvres éphémères et des pratiques conceptuelles qui prétendent dépasser les notions d'« artiste», et de «pérennité de l'œuvre » que le peintre a hérités de ses ancêtres, les artisans.

Le travail de longue haleine de l’artiste depuis la conception intellectuelle du projet ‒lectures philosophiques, poétiques, historiques ‒ en passant par les travaux préparatoires, les esquisses ‒ croquis en dessin et pochades en peinture ‒, sont autant de traces matérielles d’un cheminement artistique qui permet à Hernan Toro de renouer avec la pratique artisanale.

C'est ce matériau de préparation de ses projets « Querencia project », inspiré des fresques de Pompeï, et « Obrador d'oc », ensoleillé par l’amour courtois et la tradition des troubadours, que le peintre nous donnera à voir lors de la vente privée. Une façon privilégiée d’entrer dans son univers pictural et intellectuel et d'entrevoir l’œuvre en devenir.  

Hernan Toro se mesure à l’un des grands défis de l'histoire de la peinture : le nu. Le peintre, fidèle à l'école vénitienne, laisse émerger de l'addition de couches de peinture ‒technique du glacis‒, la lumière, qui révèle à son tour les contours, les nuances et les reliefs du corps. Une plongée dans l’incarnat et dans « la couleur vive », ‒ entre le rose et le rouge franc ‒ qui rappelle celle de la chair.

La sensation d'inachevé qui émane de ses toiles et dessins constitue un parti pris du peintre. C'est à l'oeil du spectateur qu'il revient de reconstituer l’image suggérée par la peinture, les matières et les oxydations. « Je ne peins pas l’être. Je peins le passage… » Cette formule de Montaigne, peintre à ses heures, pourrait résumer la conception picturale d'Hernan Toro.

jeudi 18 mai 2017

UNE MINE SÈME LA MORT AU CHILI



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DÍAZ-ETEROVIC « ROMAN GRAPHIQUE »

Amateurs de frissons glacés, de cadavres profanés et de perversité gratuite, passez votre chemin! Ce n’est pas le genre de la maison. Né en 1956 au Chili – et donc arrivé à l’âge adulte sous Pinochet – Ramón Díaz-Eterovic a suffisamment connu la barbarie pour ne pas en rajouter. 

Le portrait qu’il nous offre de la société chilienne, de ses parts d’ombre et de ses dérives louches emprunte donc d’autres chemins, moins attendus. Amoureux fou, et parfois déçu, de la ville de Santiago qui devient un personnage à part entière, ce petit-fils d’émigrés croates est en outre un humaniste qui a le goût des clins d’oeil. Non seulement son détective privé, Heredia, confie ses aventures à un mystérieux écrivain surnommé le Scribouillard mais il possède lui-même un chat fort bavard baptisé Simenon.

Pollueurs criminels

Quand commence “Negra Soledad”, le nouveau et septième polar de Ramón Díaz-Eterovic traduit en français, Heredia, comme souvent, n’est pas très en forme. Outre ses éternels problèmes d’argent, il est confronté à un sérieux dilemme: va-t-il ou non accepter de vivre avec la jeune et belle commissaire Doris Fabra qui l’a placé devant un ultimatum? Très vite, toutefois, cette angoisse – car c’est bien de cela qu’il s’agit– est reléguée au second plan par une triste nouvelle. L’avocat Alfredo Razzetti, l’un de ses amis, est retrouvé mort, assassiné dans son bureau.

Razzetti semblait un homme pourtant plutôt rangé. Heredia promet à sa veuve Raquel d’éclaircir le mystère. Fouillant dans les affaires de l’avocat et grâce à quelques coups de main – Heredia est un manche en informatique et ne possède même pas de téléphone portable – il découvre que son ami s’était engagé dans la défense des habitants de Cuenca menacés par une entreprise minière des plus polluantes. Et bien résolue à se débarrasser des gêneurs. Heredia décide alors de se rendre sur place et s’installe pour quelques jours dans ce petit village du nord du Chili. Rassurez-vous, toutefois. Simenon n’est pas abandonné sans subsistance. De toute manière, Heredia ne reste pas absent très longtemps. Il va bien vite retourner à Santiago pour poursuivre l’enquête qui désespérément piétine, reprendre sa tournée des bistrots et ses errances urbaines qui nous donnent l’impression de connaître un peu Santiago sans même jamais y avoir été.


 MIREILLE DESCOMBES  

“Negra Soledad”. De Ramón Díaz-Eterovic. Traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg. Métailié, 346 p.



mardi 16 mai 2017

CHILI: LA DERNIÈRE LOCUTRICE YAGAN, ETHNIE DU BOUT DU MONDE


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À BIENTÔT 89 ANS, CRISTINA CALDERON EST LA DERNIÈRE
LOCUTRICE NATIVE DU PEUPLE YAGAN, ETHNIE INDIGÈNE
DE LA TERRE DE FEU CHILIENNE, À LA POINTE SUD DU
CONTINENT AMÉRICAIN.
PHOTO MARTIN BERNETTI


À bientôt 89 ans, Cristina Calderon est la dernière locutrice native du peuple yagan, ethnie indigène de la Terre de feu chilienne, à la pointe sud du continent américain.

PHOTO MARTIN BERNETTI
Avec "mamie Cristina", comme l'appellent ses proches, un pan important de cette langue amérindienne risque de disparaître. 

"Je suis la dernière locutrice yagan. D'autres le comprennent mais ne le parlent pas ou n'en ont pas la même connaissance que moi", explique la vieille dame à un groupe de journalistes à Villa Ukika, où résident la plupart des descendants de cette ethnie, estimés à une centaine.


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RÉPARTITION DES TRIBUS INDIENNES FUÉGIENNES  

Cette localité se trouve à un kilomètre de Puerto Williams, la village le plus austral de la planète.

Après la mort de sa soeur Ursula, Cristina, visage buriné à la peau mate arborant de fines lunettes, a été déclarée en 2009 "trésor humain vivant" par l'Unesco, qui lui a reconnu son rôle dans la préservation et la transmission de la langue et des traditions de son ethnie.

Cette femme a partiellement transmis le yagan, langue parlée menacée d'extinction au profit de l'espagnol, à ses petites-filles et à une nièce. 

"Les générations les plus jeunes connaissent également la langue yagan mais pas au niveau de Cristina, il va donc y avoir une perte irréparable", explique à l'AFP l?anthropologue Maurice Van de Maele, qui réside à Puerto Williams.

Ce peuple nomade a atteint les confins du cône sud il y a 6.000 ans environ. Avant l'arrivée des Européens sur le continent américain, leur population était d'environ 3.000 personnes.

Outre le célèbre cap Horn, l'extrême sud du Chili est composé d'innombrables îles, archipels et canaux, qui rendent la navigation d'autant plus difficile.

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YÁMANA

- Influence occidentale -

Les yagans sillonnaient les mers agitées de cette région du globe, qui a vu disparaître plus de 10.000 marins et 800 navires depuis le 17e siècle, selon les données de la marine chilienne.

Allant d'île en île, les hommes chassaient les animaux marins, tandis que les femmes se chargeaient de construire les logements, de maintenir le feu allumé et de préparer les aliments. 

À moitié nus, ils recouvraient leur corps de graisse de lion de mer et utilisaient des peaux de loup pour résister aux basses températures de la Terre de feu, où la moyenne annuelle est de 5 degrés. 

"Pour les yagans, il s'agissait de conditions très favorables. Ils vivaient pratiquement nus, étant donné que les températures à cet endroit, un archipel entouré de mer, ne sont pas aussi basses", explique M. Van de Maele.

Mais voilà deux générations que les yagans, qui ont souffert de nombreuses épidémies et dont les traditions se sont diluées dans la vie moderne, ne pêchent plus. Ils se consacrent désormais à l'artisanat, la construction, au tourisme, au métier de femme de ménage ou à la restauration.

L'influence occidentale a commencé à se faire sentir il y a 150 ans, avec la présence de colons européens dans le secteur: les indigènes ont progressivement abandonné leurs coutumes, se sont sédentarisés et on commencé à porter des habits.

Ainsi, "mamie Cristina", qui s'habille comme n'importe quelle grand-mère chilienne, confectionne des paniers traditionnels tressés en joncs, des répliques des canoës utilisés par ses ancêtres ainsi que des tissus en laine qu'elle vend dans sa petite boutique située à l'avant de sa maisonnette de Villa Ukika.

Sa petite-fille, également prénommée Cristina, vient d'écrire un livre sur sa vie, intitulé "Mémoire de ma grand-mère yagan".

"Elle ne sortait pas beaucoup en mer. Elle a enseigné (la langue yagan) dans la crèche d'Ukika mais maintenant elle a arrêté", explique à l'AFP Veronica Morales, coordinatrice du programme de conservation bioculturelle de la région sous-Antarctique.

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YÁMANA
Outre cet artisanat traditionnel, la connaissance des lieux, des routes montagneuses, de la topographie, des contes et légendes locales perdurent parmi les yagans, souligne la spécialiste.