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lundi 28 juin 2010

LE HONDURAS, PAYS FRAGILISÉ ET ISOLÉ SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

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Après 129 jours passés dans l'enceinte de l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa, le président du Honduras, victime d'un coup d'Etat en juin 2010, a quitté le pays, direction: la République Dominicaine. Manuel Zelaya sort de l'avion à son arrivée à la base aérienne de de San Isidro, dans les environs de Saint-Domingue. Photo AP 29-01-2010

Les alliés du président vénézuélien, Hugo Chavez, ainsi que l'Argentine et le Brésil, s'opposent à sa réintégration. Ils soulignent que le putsch a constitué un précédent néfaste pour la région et exigent le retour au Honduras de "Mel" Zelaya, qui est exilé à Saint-Domingue. Les pays membres du Système d'intégration centraméricain vont se réunir les 29 et 30 juin à Panama pour étudier la réadmission du Honduras, qui avait été suspendu après le coup d'Etat.
Dans une lettre "au peuple hondurien", rendue publique un an après son renversement, M. Zelaya accuse "les vieux faucons de Washington, associés aux capitalistes honduriens et aux représentants de multinationales américaines" d'être les auteurs intellectuels du coup d'Etat. "Ils sont parvenus à faire changer la position du président Barack Obama [qui avait initialement condamné le coup d'Etat]", soutient Mel Zelaya.

"FAILLITE VERTIGINEUSE DE L'ÉTAT DE DROIT ET DES LIBERTÉS PUBLIQUES"

Regroupés au sein du Front national de résistance populaire (FNRP), les partisans du président déchu ont organisé une série de manifestations à l'occasion du premier anniversaire du putsch. Ils ont lancé une campagne de signatures pour exiger la convocation d'une assemblée constituante. Selon Juan Barahona, l'un des leaders du FNRP, 600 000 signatures ont déjà été recueillies et l'objectif est de doubler ce chiffre.

Les opposants à M. Zelaya avaient justifié le coup d'Etat en soutenant qu'il voulait faire voter son maintien au pouvoir par le biais d'une réforme constitutionnelle. La Commission interaméricaine des droits de l'homme, Amnesty International et Reporters sans frontières (RSF) ont dénoncé la poursuite de graves violations des droits de l'homme depuis l'arrivée du président Lobo au pouvoir, en janvier 2010. Selon RSF, le coup d'Etat a provoqué "une faillite vertigineuse de l'Etat de droit et des libertés publiques" et le Honduras est aujourd'hui "au pire rang planétaire pour la sécurité des journalistes".

Huit journalistes honduriens ont été assassinés depuis mars 2010. RSF concède que tous ces crimes ne sont sans doute pas liés à la violence politique, comme l'affirment les autorités. La criminalité a explosé au Honduras, l'un des points de passage de la cocaïne sud-américaine vers les marchés du Nord. Mais une partie de ces assassinats a clairement une motivation politique.

Des cas récents de répression contre les médias sont cités par RSF, qui s'étonne que le chef militaire des putschistes, le général Romeo Vasquez, ait été récompensé par la direction de Hondutel, l'entreprise publique de télécommunications. Près d'une trentaine de membres démocrates de la Chambre des représentants ont écrit à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton pour demander "une enquête fiable" sur la situation des droits de l'homme au Honduras. Les Etats-Unis ont repris leur aide au Honduras après l'élection du président Lobo.
Jean-Michel Caroit

Mondial: le Brésil ne fait qu'une bouchée du Chili

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Juan s'élève plus haut que tout le monde et inscrit le premier but brésilien sur corner (1-0, 35e). Photo Reuters

Juan de la tête sur corner et Luis Fabiano sur une passe d'orfèvre de Kakà ont scellé le sort de ce huitième de finale lundi en l'espace de quatre minutes (34e et 38e). Robinho a corsé l'addition en seconde période.

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Robinho a corsé l'addition en seconde période. Photo AFP

Le Brésil va retrouver en quart de finale les Pays-Bas pour un classique de la Coupe du monde. Battus en 1974 en match de poule, les Brésiliens ont pris leur revanche en quart de finale, déjà, en 1994 (3-2) et en demi-finale en 1998 (1-1, 4-2 aux tirs au but).
Les Pays-Bas ont battu la Slovaquie (2-1) dans l'après-midi à Durban.
"On doit s'améliorer dans tous les secteurs de notre jeu", a estimé le sélectionneur brésilien Dunga. "Le Chili a très bien joué, avec une grosse possession de balle mais le Brésil a été capable de garder le contrôle."
Privé des milieux de terrain Felipe Melo et Elano, blessés, le Brésil récupère pour affronter le Chili Kakà et Robinho, dont l'absence s'était cruellement fait sentir contre le Portugal (0-0) en match de poule.
Les Auriverde testent dès le début de match la défense centrale chilienne expérimentale, composée d'Ismael Fuentes et de l'ex-Monégasque Pablo Contreras, les titulaires habituels, Waldo Ponce et Gary Medel, étant suspendus, comme le milieu Marco Estrada.
Lancé en profondeur, Luis Fabiano croise trop son tir alors qu'il était en bonne position, puis Gilberto Silva et Ramires chauffent les gants de Claudio Bravo sur des tirs lointains.
Fidèle à la philosophie offensive du sélectionneur argentin Marcelo Bielsa, le Chili essaye de rendre coup pour coup. Humberto Suazo essaye de lober Julio Cesar, sans succès (14e).
Le ballon va d'un camp à l'autre mais les deux équipes pêchent par précipitation ou en tentant des gestes techniques plus spectaculaires qu'efficaces.
LE BRÉSIL EN CONTRE
C'est un coup de pied arrêté qui va débloquer la situation. Sur un corner tiré par Daniel Alves, le défenseur central Juan s'élève plus haut que tout le monde et catapulte le ballon de la tête sous la barre de Bravo (1-0, 34e).
Sans briller, les quintuples champions du monde sont devant et vont aussitôt enfoncer le clou avec une ouverture de Kakà pour Luis Fabiano qui efface Bravo d'un crochet et marque dans le but vide (38e).
Le Chili, qui n'a battu le Brésil que sept fois en 65 confrontations, accuse le coup et paye sans doute sa débauche d'énergie face à l'Espagne dans son dernier match de poule.
"On est amers, on est déçus car on espérait autre chose", a reconnu le gardien chilien. "On a fait ce qu'on a pu. Il a fallu qu'on tombe sur le Brésil dès les huitièmes de finale. C'est la meilleure équipe du monde."
Les deux changements opérés par Bielsa à la pause ne changent rien à l'affaire, même si le remplaçant Jorge Valvidia réveille un peu l'attaque de la Roja.
Bien organisés défensivement à défaut d'être séduisants, les Brésiliens se régalent en contre-attaque et après une percée plein axe de Ramires, Robinho place son tir enroulé de l'entrée de la surface hors de portée de Bravo (3-0, 59e).
Robinho d'un côté, Suazo de l'autre ont l'occasion de faire évoluer le score mais sans réussite, la demi-volée du Chilien échouant sur le haut de la transversale de Julio Cesar (77e).
Le carton jaune reçu par Ramires à vingt minutes de la fin, qui le privera du quart de finale, est le seul bémol à une belle soirée brésilienne.
Comme en 1998 (4-1), la Seleçao corrige donc la Roja en huitième de finale. Les Chiliens, qui n'ont plus dépassé ce stade de la compétition depuis leur demi-finale en 1962, ont encore montré trop de lacunes.
Tangi Salaün pour le service français

dimanche 27 juin 2010

Festival pour et avec l' Amérique latine


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Avec la participation de : Osvaldo Torres (auteur compositeur Chilien), Alejandra Pardo (humoristes- Chilienne), Faiwe (musique traditionnelles - Mapuches), Ivan Treskow (Poete écrivain - Chilien), Alejandra Roni Gatica et Claire Meynadier (Chansons latines), Groupe Loa (Word music), Carlos Miguel ( Musique -Cubaine), Dj Inti aka L-Chino
Surprises...empanadas et boissons sur place
Avec la participation des Association des Chiliens de Fontenay, Association des anciens Refugies Politiques, Association Relmu Paris, S.O.S Chili, Avec le soutient de la Ville de Fontenay Sous bois, Avec le patronage de la Fondation France et Liberté.

samedi 26 juin 2010

L'Espagne bat le Chili, les deux sont qualifiés

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Match : Chili - Espagne, Andrés Iniesta célèbre le deuxième but du match près de David Villa. - Photo GETTY
Sans être exceptionnels, les hommes de Del Bosque ont remporté ce match décisif au métier face à des Chiliens un peu tendres dans la gestion d'un tel match. Car malgré une belle occasion pour le Gonzalez à la 9e minute, la Roja prenait rapidement le dessus grâce à son attaquant David Villa. Ce dernier faisait preuve d'un réalisme à toute épreuve en récupérant un mauvais dégagement du portier adverse, parti à l'aventure pour contrer Torres, pour expédier le ballon au fond des filets désertés. Troisième but en autant de matches pour le néo-Barcelonais.
ESTRADA EXPULSÉ
L'erreur de l'arrière-garde sud-américaine était rapidement suivie de sa petite sœur. A la 37e minute, Iniesta mettait la défense chilienne à mal avec son pressing haut à la barcelonaise, puis lançait un contre rapide, qu'il concluait comme un grand d'un plat du pied parfait (2-0). Pour le Chili de Marcelo Bielsa, la double peine était en fait triple. Car l'arbitre M. Gonzalez se montrait fort peu inspiré en infligeant un carton jaune à Estrada, lequel avait crocheté Torres sur la même action, mais de manière involontaire. Un petit fait de jeu pour de plus grandes conséquences, puisque le Chilien avait déjà un avertissement, et qu'il se voyait donc indiqué le chemin des vestiaires.
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Match : Chili - Espagne, Andrés Iniesta célèbre le deuxième but du match près de David Villa. - Photo GETTY

En infériorité numérique, le Chili tentait bien quelques coups, et trouvait même du réconfort au retour des vestiaires sur un but chanceux de Millar, dont la frappe était déviée par Piqué dans ses propres filets (2-1). Informées du score vierge de la Suisse, les deux équipes en restaient là, assurant chacune son ticket pour le prochain tour. Pour l'Espagne, la première place du groupe permet certes d'éviter le Brésil, mais c'est tout de même le Portugal qui se profile à l'horizon pour un huitième qui s'annonce chaud. Côté chilien, la satisfaction de la qualification est déjà éclipsée par le défi qui vient. Car après l'Espagne, les Chiliens vont se mesurer au deuxième grand favori de ce Mondial, le Brésil. Et cette fois, la défaite sera éliminatoire.

jeudi 24 juin 2010

Les Grand-mères sont candidates au Prix Nobel de la paix

Proches des Mères de la Place de mai qui se consacrent à la recherche des «disparus», (desaparecidos) et à la revendication de justice, les Grand-mères sont candidates au Prix Nobel de la paix. Elles ont elles-mêmes été frappées par la répression, avec notamment la séquestration et l'assassinat, à Lima, en 1980, de Noemí Gianetti de Molfino par le Bataillon d'intelligence 601.

mercredi 23 juin 2010

ARCHITECTURE D’INFLUENCE FRANÇAISE AU CHILI

Érigés pour la plupart vers la fin du XVIIIe et surtout au début du XIXe, ils sont l’œuvre de plusieurs générations d’architectes français –comme Émile Jéquier, Victor Auclair, Claude-François Brunet de Baines, Eugène Joannon, Paul Lathoud–, parmi d’autres bâtisseurs qui se sont installés et longtemps exercé au Chili.

Des commandes de l’archevêché local et des Municipalités, des universités et des riches familles de la bourgeoisie minière et du salpêtre, ces pièces d’architecture ont dû aussi s’adapter et résister à un environnement sismique particulièrement agité.

Demeures monumentales, des églises imposantes et ouvrages publiques, matérialisent encore avec un riche éclectisme ce courant fort et durable de l’influence culturelle française en Amérique latine, qui fait de nos jours l’objet d’expositions, publications thématiques, des thèses universitaires et films documentaires.

Guy Desmurs

mardi 22 juin 2010

Le Chili gagne mais ne marque pas

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Alexis Sánchez prend Mark González dans ses bras après que celui-ci marque le but chilien. Photo EFE
C'est sans doute le seul point noir qui doit hanter les nuits de Marcelo Bielsa, le sélectionneur argentin du Chili: comment son équipe n'a-t-elle pu remporter ses deux premières rencontres que par la plus petite des marges (1-0)?
Face au Honduras comme à la Suisse -- pourtant réduite à dix rapidement--, ses joueurs ont multiplié les offensives pour n'inscrire finalement qu'un but, faible ratio qui pourrait bien empêcher le Chili de prolonger son séjour en Afrique du Sud.
"Nous avons eu la possession du ballon pendant presque toute la rencontre, nous avons eu besoin de beaucoup d'occasions de but pour n'en marquer qu'un seul. Et pourtant nous étions en supériorité numérique !", a soupiré Bielsa.
Si ses joueurs s'étaient montrés adroits devant les buts adverses, Bielsa aurait pu aborder le duel des deux "Roja" avec moins pression. La dernière participation des Chiliens aux 8e de finale remonte à 1998, où ils furent éliminés par le Brésil.
Vendredi, le Chili sera maître de son destin: il sera en 8e s'il ne perd pas contre les champions d'Europe en titre. Mais s'il est défait par l'Espagne et que la Suisse bat le Honduras, c'est la différence de but qui départagera ces trois équipes...
A sa décharge, depuis le début du Mondial, le secteur offensif du Chili n'a pas été épargné par les blessures, avec la déchirure à une cuisse de son principal artificier Humberto Suazo.
Par mesure de précaution, le meilleur buteur des qualifications de la zone Amsud (10 buts) avait été ménagé contre le Honduras. Titularisé contre la Suisse, "Chupete" n'a pas encore tout à fait retrouvé le rythme, ratant notamment une frappe alors qu'il était en position favorable à la limite de la surface de réparation.
"Suazo a bien joué", l'a défendu Bielsa. "Les espaces étaient resserrés, les balles qu'il a reçues n'étaient pas simples pour lui, et c'était un match très difficile. La fatigue physique des Suisses a ensuite offert plus d'espaces mais lui aussi avait regagné le banc alors que c'est là qu'il aurait eu plus d'opportunités", a expliqué le technicien argentin.
Vendredi face à l'Espagne, il n'est pas sûr que "Chupete" (tétine) ait beaucoup plus d'espaces à dévorer.

Le Chili fait craquer la Suisse

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Le Chilien Humberto Suazo, gauche, et le Suisse Gokhan Imler, droite, durant le match disputé entre les sélections du Chili et de la Suisse dans le stade Nelson Ordonnez Bay, de Port Elizabeth. Photo EFE
Héroïque contre l'Espagne en ouverture (1-0) alors que son patron défensif Senderos était rapidement sorti sur blessure, la Suisse a bien failli réitérer son exploit contre le Chili. Réduite à dix pendant plus d'une heure en raison de l'expulsion de Behrami, l'un de ses cadres offensifs, la Nati a longtemps tenu face aux coups de boutoir chiliens. Très bien organisés autour de l'Auxerrois Grichting et de l'ancien Lillois Lichtsteiner, d'une solidité impressionnante, les Suisses ont pu compter sur un Diego Benaglio une nouvelle fois impérial dans le but. Le portier de Wolfsburg a sorti le grand jeu lors d'une double parade face à Vidal puis Carmona dès la 10e. A la 56e, il a gagné son duel face à l'intenable Alexis Sanchez. Ce dernier, une nouvelle fois très précieux pour fatiguer la défense mais terriblement maladroit au moment de faire les bons choix offensifs, s'est vu refuser un but à la 49e pour un hors-jeu de position de ses coéquipiers.
On n'a pas vu Suazo ni Frei
Très attendus par leur équipe respective, les revenants Suazo et Frei ont déçu lundi après-midi. "Chupete" n'a rien réussi en première mi-temps et a laissé sa place à un Valdivia qui a été précieux dans la construction. L'ancien Rennais, lui, a été remplacé par Barnetta à la 41e pour une réorganisation tactique après l'expulsion de Behrami. Cela a permis à la Suisse d'être plus compacte au milieu. Et surtout d'établir un nouveau record : la Suisse a fait mieux que l'Italie 86-90 qui avait tenu 550 minutes sans prendre de but en Coupe du monde !
Cette marque de 559 minutes d'invincibilité établie, les Suisses ont fini par craquer. Dribblant Benaglio sur une énième attaque, Paredes a trouvé la tête de Mark Gonzalez (75e). Comme face au Honduras (1-0), le Chili aurait du mettre un ou deux buts de plus. Mais l'esprit joueur de la Marea Roja, son inexpérience aussi, l'a empêché de creuser l'écart. Avec six points, le Chili n'est pas (encore) qualifié. Pour cela, il faudrait un nul entre l'Espagne et le Honduras (lundi soir, 20h30). S'il y a un vainqueur dans cette rencontre, un nul suffirait aux Chiliens contre les Espagnols lors du dernier match pour être sûrs de jouer les huitièmes. Ils seront toutefois privés de Carmona et de Fernandez, suspendus. - Cyril OLIVES

vendredi 18 juin 2010

Chili- La traversée du désert d'Atacama

La cité est une improbable agglomération de routards tout droit issus d’une communauté cévenole téléportée au milieu de nulle part. La ligne rase des cabanes aux toits de tôle, des maisons d’adobe se dessine sur le fond du volcan Licancabur. Le jour est un four. La nuit, il gèle.
Natividad, faut-il s’en étonner, est né un 25 décembre. Quand on lui demande s’il vient de San Pedro, il répond sèchement que ce sont les Espagnols qui ont baptisé l’endroit San Pedro. Les Indigènes l’appellent Atacama. Donc, Natividad est Atacameño. Soit un mélange de Licanhuasi, de Licanantay, d’Inca, d’Aymara, et bien qu’il s’en défende, sans doute aussi un peu d’Espagnol.
Le tambo de Katarpe est à l’abandon. En contrebas, un berger pousse un troupeau de brebis étiques sur le Grand Chemin qui vient de Bolivie. Non loin de là, la “pierre de la Coca” borne encore la halte où les caravanes rendaient hommage à l’esprit du lieu, matérialisé par un très ancien pétroglyphe. De la coca mâchée adhère encore à la paroi où elle a été projetée il y a bien longtemps. «Les Incas n’ont pas développé la région. Ils se sont contentés de lever l’impôt. Qui ne pouvait payer devait donner l’un de ses enfants à l’Empire », s’emporte Natividad. Parmi les villes les plus anciennes de la région, Tulor, érigée vers 800 avant J.-C. par les Licanantays. Des huttes d’adobe circulaires, semi-enterrées, portes tournées vers l’est, regardent le Licancabur. Tulor aurait été abandonnée à la suite d’une période de sècheresse avant de devenir une nécropole. Maritza vient de la communauté Tulor-Coyo. Pour expliquer la fin de Tulor, elle raconte une histoire : «À cette époque, il n’y avait que la Lune. Le peuple de Tulor vivait dans sa lueur et ne connaissait pas le jour. Mais une nuit, un messager annonça la venue du Soleil. Le peuple eut peur d’être brûlé par l’astre. Il construisit un village enterré pour y vivre jusqu’à ce que le Soleil disparaisse. C’est ainsi que le peuple de Tulor vécut enterré car jamais le Soleil ne disparut. Les membres du peuple de Tulor moururent sans avoir jamais su que le soleil ne brûlait pas.»
Du haut de ses 20 ans, Maritza sait reconnaître le sexe des cent volcans qui bordent le désert. Dans la pensée autochtone, les montagnes sont des personnes. «Quand mon grand-père sacrifie un mouton ou un lama, il positionne toujours l’animal de telle façon que celui-ci ait, au moment de quitter ce monde, les yeux tournés vers le Licancabur.» Papa Licancabur et ses 5916 mètres est un monsieur. Au sommet, les Incas bâtirent des temples. Il est hélas périlleux d’aller y voir. L’autre versant du volcan est bolivien. Côté chilien, le terrain est miné.
De modestes familles de mineurs vivent dans les communautés réparties depuis des siècles sur les bords de El Salar, cette mer de sel qui grille les rétines. Comme à Peine, où Fernando guide les rares visiteurs à travers les ruines de l’ancien village abandonné peu après l’installation des conquistadores. Fondée par les Atacameños, Peine fut colonisée par Tiwanaku puis par les Incas et enfin par les Espagnols. Elle fut longtemps une étape entre le nord de l’Argentine, la Bolivie et la côte. Les échanges y étaient intenses : «La grand-mère de ma grand-mère parlait quechua, aymara et kunza. La coca venait de Bolivie», explique Fernando. Et maintenant ? Il sourit : «La coca est tolérée, bien qu’encore proscrite. Mais les gens d’ici connaissent les vieux chemins. Pour nous, il n’y a pas de frontière. À Peine, la tradition se transmet par l’oralité, les vieux parlent des heures entières. Quand les Incas sont arrivés, ils ont remis en cause le pouvoir absolu des kunzas (chamans) dans la sphère publique. Ils ont imposé les Kurakas, chefs séculiers. Mais au moins, les Incas nous traitaient bien. Pas comme les Espagnols. Après, nous avons été Boliviens. Puis Chiliens. Mais en réalité, les frontières ne sont rien pour nous. Nous avons des cousins en Bolivie, en Argentine. C’est ça, la culture andine.» La région regorge de pétroglyphes et de peintures rupestres à l’abandon dont certaines témoignent d’émouvante façon, comme au Rio Salado, d’un instant décisif : la domestication du lama qu’une fragile silhouette habilement tracée capture à l’aide de son lasso de fibre.
À dix heures de mauvaise piste de là, collé à la frontière bolivienne, El Tatio éructe. El, car le volcan est masculin. Tata io, c’est le grand-père montagne qui pleure, la montagne aux geysers. L’eau sort de terre à 85°C. Il fait -15°C au lever du jour. L’écart de température lève de fantomatiques colonnes de vapeur qui emprisonnent le soleil levant. Il faut redescendre par Caspana pour rejoindre le Grand Chemin, au fond de la Quebrada de Chita.
Un panneau à peine lisible à la sortie du village intime : «Camino Inca. No Entrar.» Le chemin se perd ici.
Une piste sablonneuse mène à Turi. Le pukara de Turi n’est plus qu’une ville fantôme. Turi fut une ville caravanière, une halte pour transhumants entourée de pâtures. Les Incas surent tirer profit d’un tel havre. À l’arrivée des Espagnols, pourtant, la population s’évanouit dans le désert, de crainte de subir le sort généralement réservé aux assiégés. Difficile d’imaginer la vie, vitrifiée par la chaleur du désert. Le sol est jonché de tessons de poteries, de pointes de flèches, de meules brisées, comme si une soudaine catastrophe avait vidé les rues en quelques minutes. Seules quelques fermes trapues évoquent encore ce que fut sans doute Turi. Le vent lève des tornades de sable sur la route de Lasana, pukara aux innombrables silos. Les Incas eurent bien du mal à conquérir la ville par la persuasion. C’est par la force qu’ils s’en emparèrent. La vallée nous ramène à San Pedro par Chiu-Chiu. Les Quechuas ont durablement influencé la langue, l’architecture, les techniques d’irrigation, le terrassement et les tissages de cette région d’Amérique latine. C’est ici que fut définitivement scellé le sort de l’empire.
À l’époque de la conquête espagnole, Chiu-Chiu était le plus important pukara du Qollasuyo, la région sud. Le nord perdu, l’Inca rebelle Manco Capac vint tenter de lever une armée capable de repousser les Espagnols. En vain. Les Atacameños n’étaient pas des guerriers. Ils ne le suivirent point. L’église San Francisco de Chiu-Chiu est la plus ancienne du Chili. Sa charpente en bois de cactus, tenue par des nœuds en cuir de lama, fut érigée en 1540. Elle abrite l’étrange statue d’une Vierge endeuillée, vêtue de noir, qui n’est autre que Marie-Madeleine, représentée sous les traits de la Virgen de los Dolores. Singulière relecture des Évangiles dans les églises indigènes. La boucle nous a ramenés vers San Pedro de Atacama. Les notes hypnotiques d’un techno-tango montent d’un bar situé sur Caracoles, l’artère principale du bourg. Les feux s’allument comme le froid descend. À 5 kilomètres de là, un lourd silence tombe sur les ruines du “village des Têtes”. Les habitants du pukara de Kitor ne détalèrent pas à la vue des conquistadores. Pire, ils tentèrent de résister à l’abri des murs de la ville-forteresse. Pour fêter la prise de Kitor, la future San Pedro, Lope de Aguirre, “Colère de Dieu” et commandant des troupes espagnoles, fit couper les têtes des trois cents guerriers qui avaient tenté de le repousser.
Patrick Bard et Marie-Berthe Ferrer

LA FOLIE ROUGE GAGNE LE CHILI

Cette victoire survient 48 ans après la dernière victoire du Chili dans un match de Coupe du monde. "La folie rouge", titre le quotidien en faisant référence au surnom de l'équipe, "La Roja". Ce résultat a donné lieu à d'intenses célébrations dans les rues de la capitale chilienne qui se sont soldées par l'arrestation de 81 personnes.

jeudi 17 juin 2010

LE CHILI RETROUVE DE L'APPÉTIT

Quatre mois après le puissant séisme qui a dévasté le pays andin, l'épreuve africaine apporte un peu de joie et de réconfort à tous les Chiliens.

58 points d’audimat à 7h30, des rues désertées, des écoles vides, de grandes entreprises qui n’ouvrent pas leurs portes : de 7 à 77 ans, tout le pays a vécu intensément cette rencontre qui lui aura permis de retrouver le goût de la victoire après près de 50 longues années de frustrations.

Le dernier succès chilien sur la plus prestigieuse des scènes remontait à l’édition 1962, à l’occasion d’une petite finale disputée à Santiago face à la Yougoslavie et conquise grâce à un but solitaire d’Eladio Rojas. Un but légendaire, à l'ombre duquel ont grandi plusieurs générations de joueurs et de supporters chiliens, et qu'ils ont parfois porté comme un fardeau...

Zamorano s'emballe

Après le match contre le Honduras, le légendaire buteur chilien Iván Zamorano, qui officie aujourd’hui en tant que commentateur télé, a signalé : "Le Chili a joué un très bon match. C’est sans doute l’équipe qui a proposé le meilleur football depuis le début de la Coupe du Monde. On a vu très peu de jeu offensif et c’est un plaisir de voir une équipe qui va de l’avant, qui cherche à provoquer et qui sait à quoi elle joue".

Au terme de la rencontre, les fans de tout le pays ont été emportés par une vague d’enthousiasme, sur laquelle a également surfé le Président Sebastián Piñera. Depuis Dichato, l’une des villes les plus marquées par le séisme, sous la pluie et flanqué de son épouse, le chef d’État a tenu à dire un mot à ses compatriotes : "Je félicite toute l’équipe parce que nous avons fait un grand pas. C’est toujours difficile d’entamer une compétition comme celle-ci, parce que les joueurs sont tendus et les attentes sont élevées. Mais je suis sûr que la Roja va démontrer l’étendue de son potentiel lors des matches à venir".

"J’espère que nous l’emporterons aussi contre la Suisse. Les joueurs savent qu’ils peuvent compter avec le soutien et la joie d’un peuple qui a beaucoup souffert et qui mérite à nouveau de sourire", a conclu M. Piñera.

Une génération dorée

Nelson Acosta, sélectionneur de la Roja lors de sa dernière Coupe du Monde de la FIFA, à France 1998, a suivi la rencontre depuis la ville de Duao, également aux côtés de victimes de la tragédie. Son avis allait dans le sens général : "C’est toujours bien de pouvoir commencer par une victoire. L’équipe a réussi un match digne de cette superbe génération de joueurs. Au terme du premier tour, ce sont le Chili et l’Allemagne qui ont proposé le football le plus intéressant".

Plus au nord, Santiago a vécu une journée marquée par les confettis, les coups de klaxon, les drapeaux, les caravanes et le bonheur d’être ensemble. Le centre-ville, notamment le Paseo Ahumada, la Plaza de la Constitución devant le siège du gouvernement, et la Plaza Baquedano ont accueilli des milliers de Chiliens qui avaient décidé de prendre leur journée pour faire la fête.

"Une victoire qui fait rêver", a titré le quotidien La Tercera dans sa version électronique, tandis que El Mercurio a estimé que ce "Succès historique alimente le rêve de la Roja en Afrique du Sud". Le journal du soir La Segunda, de son côté, se projetait déjà vers la suite : "Bielsa en veut plus : il faut se qualifier pour le second tour". Après 50 ans d’abstinence, le Chili a déjà retrouvé l’appétit.

Bielsa salue la victoire chilienne

Le technicien Argentin a réussi son retour en Coupe du Monde avec la Roja sud-américaine. Un jeu vers l’avant, de bons petits ailiers et un joueur d’origine haïtienne buteur, il n’en fallait pas plus pour satisfaire l’entraîneur : « Nous aurions pu marquer plus de buts. Défensivement, nous n’avons pas concédé beaucoup d’occasions nettes. Le Honduras est arrivé avec pas mal de problèmes de joueurs indisponibles, ce qui fait qu’il n’a pas joué sur sa vraie valeur ».

L’Espagne, qui vient de perdre contre la Suisse, peut s’attendre à connaître encore quelques difficultés.

RP

mercredi 16 juin 2010

Le Chili s'impose sans peine face au Honduras (1-0)

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Le chilien Jean Beausejour, à gauche, après avoir battu le gardien de but hondurien Noel Valladares et après avoir marqué le but du Chili. Photo AP
L'attaque chilienne menée par l'excellent Valdivia a ainsi multiplié les assauts sur l'arrière-garde hondurienne et son gardien Valladares.
Ne refusant pas le jeu, le Honduras s'est tout simplement retrouvé trop limité pour parvenir à se mesurer à un jeu chilien construit et ambitieux. Les permutations de Sanchez, Beauséjour et Valdivia ont souvent mis en danger une défense qui s'est battue comme elle a pu. Un pied, une tête, un tacle de dernière seconde, les joueurs de Reinaldo Rueda se sont beaucoup bagarrés pour préserver leur but. Mais une fois aura suffi. A la 33e minute, Millar décale parfaitement Isla sur le côté droit, le latéral lève la tête et voit Beauséjour seul au premier poteau. Son centre à ras de terre trouve l'ailier gauche, qui marque l'unique but de la rencontre. Dans l'incapacité de sortir de leur camp, les joueurs honduriens se sont ensuite regroupés, essayant à peine de concrétiser les rares occasions qu'ils se procuraient.
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L'ex-présidente du Chili, Michelle Bachelet, chante l'hymne de son pays dans le stade Mbombela de Nelspruit. Photo Reuters

Au retour des vestiaires, c'est pourtant la défense du Chili qui va avoir l'occasion de s'illustrer avec un tacle litigieux de Medel aux abords de la surface de réparation. L'arbitre, M. Maillet, ne siffle pas. Sur les ralentis, le défenseur joue bien le ballon avant de crocheter le pied de Alvares. Faute ou pas, de toute façon, l'action avait lieu en dehors des 16 mètres et n'aurait pas provoqué de penalty. C'était sans doute la meilleure occasion du Honduras.
Le Chili aurait malgré tout pu doubler la mise à la 63e minute lorsque, seul face au but, Ponce plonge pour mettre une tête dans les cages presque vides. Presque, car Valladares effectue un spectaculaire retour et empêche l'équipe chilienne de prendre le large.

mardi 15 juin 2010

Chili: décès d'un Français blessé dans le crash de son avion de tourisme

Le jeune homme, résidant au Chili et identifié sous le nom de Nikau Boussert, est décédé de multiples défaillances d'organes, après de graves contusions et une insuffisance respiratoire, selon un communiqué de l'hôpital de l'Université du Chili. Le pilote, qui possédait son permis depuis quelques mois, avait décollé lundi matin d'un aérodrome proche de Santiago à bord d'un Piper-Tomahawk.
Après un problème de carburant ou d'ordre mécanique, il avait tenté d'atterrir à la mi-journée sur un aérodrome de Los Andes, a 100 km à l'est de Santiago, mais s'était écrasé pour une raison encore inconnue non loin de la piste après une approche difficile, selon des témoins cités dans la presse.

Zamorano compte sur le Chili

El Helicóptero a également été un joueur emblématique de la sélection chilienne, avec laquelle il a disputé trois campagnes qualificatives pour la Coupe du Monde de la FIFA ainsi que la phase finale de France 1998.
À quelques heures de l'entrée en scène du Chili, Zamorano, qui travaille aujourd'hui en tant que consultant pour la chaîne de télévision chilienne TVN, a accordé un entretien exclusif à FIFA.com à Johannesburg.
Quelles sont vos attentes par rapport à la sélection chilienne ?
Les mêmes que tout le Chili : elles sont très grandes. Aujourd'hui plus que jamais, nous avons une très bonne équipe, un grand entraîneur, qui a inculqué sa philosophie au groupe, et des joueurs qui s'investissent à fond. Ça s'est vu avec le jeu pratiqué sur le terrain et les résultats. Aujourd'hui, je suis absolument convaincu que nous pouvons faire une grande Coupe du Monde.
Le Chili a tout de suite adopté le système Bielsa. Avez-vous été surpris ?
Non, ça ne m'a pas étonné. Cela dit, pour les footballeurs chiliens, c'était un grand défi que de se retrouver sous les ordres d'un entraîneur comme lui, très professionnel, qui est très attaché à tous les détails pour atteindre la perfection. Mais nous savions qu'au bout du compte, le Chili arriverait à développer son propre style sous ses ordres.
Cette équipe est-elle comparable à celle dont vous faisiez partie à France 1998 ?
La joie et la foi des Chiliens sont très comparables à celles de l'époque, mais ces deux équipes ne se ressemblent pas du tout au niveau footballistique. Nous, nous jouions en 4-4-2 et eux, ils évoluent en 3-1-3-3. Cela tient essentiellement au profil des joueurs disponibles à l'époque et aujourd'hui. Les gens ne pourront jamais s'empêcher de faire des comparaisons, mais ce sont deux générations très différentes.
Que pensez-vous des adversaires du Chili ?
L'Espagne est la grande favorite de ce groupe, mais aussi de la Coupe du Monde, car elle possède la meilleure épine dorsale avec Casillas, Xavi, Torres et Villa. Les Honduriens ont ajouté de la puissance physique à leur technique. Ils méritent donc le respect, mais c'est le premier match et il faut le gagner à tout prix. Quant à la Suisse, sa valeur ajoutée s'appelle Ottmar Hitzfeld, un entraîneur habitué à gagner qui joue tous les coups à fond. Je crois que le Chili va se disputer la deuxième place aussi bien avec le Honduras qu'avec la Suisse.
Pensez-vous que le trac peut jouer des tours aux jeunes Chiliens ?
J'ai vu beaucoup d'équipes nerveuses. On n'arrive jamais sur une Coupe du Monde en toute décontraction. Mais le trac n'est pas forcément une mauvaise chose. Il faut savoir s'en servir pour pouvoir atteindre les objectifs. La plupart de ces joueurs auront l'occasion de disputer une autre Coupe du Monde, mais ils doivent jouer celle-ci comme si c'était la dernière. Mais bon, je crois qu'ils en sont bien conscients.
Dans quelle mesure le Chili sera-t-il handicapé si Humberto Suazo ne peut pas jouer ?
Ce qui ressort du mode de fonctionnement de Bielsa, c'est l'accent qu'il met sur la notion de groupe. Je considère Suazo comme une pièce fondamentale, que ce soit pour ses qualités de buteur ou pour la confiance qu'il instille à ses coéquipiers, mais je m'en remets davantage à la performance collective. De toute façon, Bielsa doit avoir un plan B et même un plan C. Il faut faire confiance aux joueurs qui sont derrière Suazo dans la hiérarchie.
Quel est votre joueur préféré dans l'effectif chilien ?
Je crois qu'Alexis Sánchez est légèrement au-dessus du lot. Il est formidable en ce moment et après la Coupe du Monde, j'aimerais qu'il aille dans un grand club européen.
Vous êtes ici en tant que consultant pour la télévision. Qu'est-ce qui est le plus difficile : jouer une Coupe du Monde de la FIFA ou se mettre devant une caméra ?
Se mettre devant une caméra ! (rires) Croyez-moi, c'était plus facile que faire ce que je fais en ce moment, mais je suis un homme de défis, j'aime prendre des responsabilités. C'est pour ça que je suis là.
Vous n'avez pas envie d'entrer sur le terrain ?
Ce genre de chose, ça ne passe jamais ! En général, avant de commenter un match, je commence à avoir des fourmis dans les jambes, comme à l'époque où je jouais. Je me vois déjà mercredi, très ému à l'idée de vivre une nouvelle Coupe du Monde avec le Chili. Et je n'ose pas imaginer dans quel état je serai au moment de l'hymne.
Quelle autre équipe avez-vous envie de voir jouer ?
Le jeu proposé par les Pays-Bas vaut le coup d'aller au stade. Ils pratiquent un jeu offensif et spectaculaire, avec des pointures. Ils pourraient créer la surprise sur cette Coupe du Monde. Et puis j'aime aussi les favoris : le Brésil et l'Espagne.
Vous avez joué de nombreuses années en Italie. Que pensez-vous des tenants du titre ?
L'Italie tient toujours les premiers rôles. Les deux dernières fois où elle a remporté le titre, en 1982 et en 2006, elle a connu un départ laborieux. C'est pour ça qu'il faut toujours faire attention à elle. Sa force, c'est l'expérience de ses joueurs et Marcello Lippi. En plus, elle est tombée dans un groupe relativement accessible. Il faut donc se méfier d'elle.
Une équipe que vous considérez comme un épouvantail ?
Personne n'aime jouer contre l'Allemagne. C'est toujours pareil, quand on tombe contre elle, on se lamente toujours. Ce n'est pas cette fois que ça va changer.
Quel joueur avez-vous envie de voir à l'œuvre ?
J'avais envie de voir Messi et je dois dire que je n'ai pas à me plaindre ! Il démontre de la plus belle des façons qu'il est le meilleur joueur du monde. Il y a aussi Cristiano Ronaldo : je veux savoir où il en est sur les plans physique et footballistique. Je suis également curieux de savoir comment le Portugal va jouer autour de lui. Et puis il y a Luis Fabiano, qui pourrait être une grande star ici.
Pour finir, parlons des buteurs. Comment expliquez-vous que jusqu'ici, la plupart des buts aient été marqués par des défenseurs ou des milieux ?
En règle générale, j'explique ça par la frilosité des entraîneurs, qui pensent davantage à défendre qu'à attaquer. Du coup, les attaquants ont moins d'occasions. Ensuite, il y a peut-être un peu de fébrilité dans le dernier geste : c'est arrivé à Forlán, à Higuaín, à Rooney… Mais ils restent quand même tous candidats pour le titre de meilleur buteur de la compétition.

samedi 12 juin 2010

Luis Briceno, le “Géotrouvetout” de l’animation


Né au Chili en 1971, installé en France depuis 1992, Luis Briceno n’aime pas faire deux fois la même chose, déteste les films didactiques, se méfie des images trop léchées, croit aux contraintes créatives, et voudrait bien que les courts métrages d’animation touchent un public plus large que celui des festivals. Les siens, visibles sur le Net, arborent une savoureuse exubérance formelle, et nous interrogent avec humour sur la notion de liberté – métaphoriquement, comme dans le très absurde Les oiseaux en cage ne peuvent pas voler, ou plus directement, comme dans le délectable Adieu général, tourné pour une collection d'Arte sur les années 1980, qui imposait l'usage du téléphone mobile comme outil principal. Dans Adieu Général, « un film d'exorciste, plein de fantômes qui traînaient et avec lesquels j'avais des comptes à régler », Luis Briceno résume à toute allure ce que fut son enfance marxiste dans le Chili de Pinochet, avec une joyeuse causticité et un brin de nostalgie pour les solidarités (et les illusions) perdues. Sélectionné cette année à Annecy dans la catégorie Courts métrages hors compétition, Adieu Général sera projeté samedi sur grand écran dans la salle Pierre-Lamy (la séance de 14h). Il est visible sur le site d'Arte, profitez-en.
Luis Briceno a suivi des études d’ingénieur avant de s’orienter vers le cinéma, et de fonder, en 1996, avec des passionnés de films super-8, le collectif « la Poilutation Cyclique » (sic), devenu un peu plus tard la société-laboratoire de production Metronomic. De son propre aveu « nul en dessin », il s’est formé tout seul aux différentes techniques d’animation, les utilise en fonction de l’histoire qu’il veut raconter, leur préfère parfois la prise de vue réelle, et mélange volontiers les deux. Coréalisé avec David Alapont, Fard, son dernier court métrage (prix SACD au dernier festival de Clermont-Ferrand), est une fable SF tournée en rotoscopie, avec de vrais acteurs filmés caméra à l’épaule (puis redessinés à l’écran), pour « donner l’impression que l’opérateur filme à l’intérieur du monde dessiné, façon documentaire secoué ». Fard (visible également sur le site d'Arte) a obtenu un joli succès dans les festivals, et attiré l’attention des Américains. Aux dernières (bonnes) nouvelles, le « court » pourrait bien devenir un « long »

jeudi 10 juin 2010

" Dieu merci pour le football ": l'église entre en jeu

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"Dieu merci pour le football"

L'attaquant de la sélection Fabian Orellana frappe dans la balle dans un stade rempli et Jésus s'élève pour l'arrêter à deux mains: l'animation du site www.iglesia.cl de l'église catholique, dominante au Chili (70%), se place astucieusement au coeur de l'actualité.
"Des millions de personnes dans le monde vont à la messe le matin et au stade l'après-midi, pose la fenêtre dédiée au Mondial. Parce que nous sommes une église en mission, nous vivons le meilleur des valeurs du football, et l'espoir de tout un peuple autour d'un maillot commun."
Le site propose des thèmes de rencontres chrétiennes, mêlant sport et réflexions-débats "sur les valeurs et menaces du football" et "la définition d'une attitude chrétienne face à la Coupe du monde".
Dans la même veine, il propose des dossiers "compte-rendus" -une sélection de déclarations de papes sur le sport- des "meilleures actions" -idées d'animations en communautés-, ou encore des "ralentis", tel l'interview d'un évêque entraîneur de football à Copiapio (nord).
L'église chilienne propose enfin une prière spéciale à l'occasion du Mondial pour demander à Dieu "le courage de jouer franc jeu au football et dans la vie, pour accéder, avec ta Grâce, au titre éternel de la vie en Toi".
Mais elle ne cache pas sa préférence pour la sélection nationale en lice au Mondial, la "Roja", décrite comme "une grande table ouverte à tous, table solidaire qui se renforce dans la joie, l'embrassade du but et de l'encouragement au frère".

mercredi 9 juin 2010

UN PINOCHÉTISTE QUI DÉRANGE

"La majeure partie du Chili n'a pas souffert de la dictature. Au contraire, elle s'est sentie soulagée. Le peuple y a gagné. Les rues ont commencé à être nettoyées, le travail a repris", a déclaré Miguel Otero. Pour le quotidien argentin Página 12, les propos de ce diplomate "rouvrent une vieille blessure qui a beaucoup de mal à se refermer". Plusieurs parlementaires chiliens ont réclamé la démission d'Otero. Ce dernier a présenté ses excuses et expliqué que ces propos avaient été mal interprétés.

Astronomie: un nouveau télescope belgo-suisse au Chili

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Le télescope TRAPPIST (petit télescope pour les transits de planètes et les planétésimaux) Photo E. Jehin / ESO
Le télescope de 60 cm est exploité à partir d'une salle de contrôle située à Liège, à 12'000 km de La Silla, a indiqué l'ESO. Il utilise deux approches: la détection et caractérisation d'exoplanètes et l'étude des comètes en orbite autour du soleil.
Les planètes telluriques semblables à la Terre sont des cibles évidentes pour la recherche de la vie hors du système solaire, tandis que les comètes sont soupçonnées d'avoir joué un rôle important dans l'apparition et le développement de la vie sur notre planète, selon l'ESO.
Le nom TRAPPIST (TRAnsiting Planets and PlanetesImals Small Telescope, en français, petit télescope pour les transits de planètes et les planétésimaux) a été donné au télescope en référence aux célèbres bières belges du même nom.

Un drapeau emblématique pour le Chili

Située proche de l'épicentre, cette commune du sud du pays a été à la fois détruite par le séisme de 8,8 sur l'échelle de Richter et engloutie par le tsunami qui a suivi. Depuis, les médias locaux suivent l'histoire de ce drapeau devenu un symbole. Il a officiellement été remis à la sélection chilienne de football, qui s'apprête à disputer la Coupe du monde. Ce drapeau a été hissé par des militaires chiliens non loin du lieu d'entraînement de la 'Roja' en Afrique du Sud, raconte le quotidien La Nación. "Ce symbole, qui représente la force de tout un pays face à l'adversité, a pour but d'inciter les 23 footballeurs qui représenteront le Chili à donner le meilleur d'eux mêmes sur le terrain", explique le journal.

mardi 8 juin 2010

MONDIAL: MARCELO BIELSA REND SON PIQUANT AU CHILI


L'entraîneur du Chili Marcelo Bielsa pendant le match de football amical contre le Mexique, au Stade Azteca au Mexique Ville le 16 mai 2010. Le Mexique a gagné 1-0. Photo GETTY IMAGES

Cette qualification a aussi une saveur particulière pour le sélectionneur argentin.

En 2002, il était l'homme le plus haï à Buenos Aires après l'élimination de l'Argentine au premier tour du Mondial au Japon et en Corée du Sud.

Deux ans plus tard, il jetait l'éponge et disparaissait de la scène publique pour, a-t-on dit à l'époque, lire des livres et profiter de sa collection de vidéos de matches de foot dans son hacienda.

C'est là que la Fédération chilienne est allée le chercher en 2007 pour relancer une sélection à l'agonie.

Absent des Coupes du monde 2002 et 2006, le Chili venait de se faire humilier par le Brésil (6- 1) en quarts de finale de la Copa America.

Pour remettre les têtes à l'endroit, rien ne valait une bonne cure de jouvence aux mains d'"El Loco" ("le fou"), l'un des entraîneurs les plus excentriques d'Amérique du Sud

"L'HOMME PERDU DANS SON LABYRINTHE"

En trois ans, Bielsa a transformé une bande de jeunes désorganisée en l'une des équipes les plus agréables à voir jouer du continent.

Les résultats ont suivi, et contre toute attente, le Chili s'est magistralement qualifié pour le Mondial sud-africain en prenant la deuxième place derrière le Brésil.

Ce succès a fait de Bielsa un héros. Outre les veillées aux bougies, de nombreuses personnalités politiques ont demandé au gouvernement d'accorder à l'Argentin la nationalité chilienne, ce qui en dit plus long que bien des discours tant les relations entre les deux peuples sont compliquées.

"Nous autres, Argentins, nous ne savons pas grand-chose de la tolérance", a dit un jour Bielsa. "C'est quelque chose que j'ai appris au Chili."

Avant de débarquer à Santiago, l'ancien défenseur sans relief, devenu entraîneur après une grave blessure, avait conduit son club de coeur, Newell's Old Boys, à deux titres de champion d'Argentine et une finale de la prestigieuse Copa Libertadores en 1992.

Il s'était ensuite exilé au Mexique et en Espagne, avant son échec avec la sélection argentine.

Réputé pour ses conférences de presse surréalistes et ses déclarations incompréhensibles, "l'homme perdu dans son propre labyrinthe" - comme l'avait appelé un journal argentin - vient d'en trouver la sortie.

Avec lui, le Chili entend souffler le chaud en Afrique du Sud.

Tangi Salaün pour le service français, édité par Clément Dossin