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dimanche 28 février 2010

UNE SECOUSSE PARMI LES PLUS VIOLENTES JAMAIS ENREGISTRÉES


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«La survenue de ce séisme n’est pas tellement une surprise pour nous », admet avec un peu d’embarras Rolando Armijo, sismologue d’origine chilienne travaillant à l’Institut de physique du globe de Paris. Le foyer de ce séisme est localisé en mer à 90 km au large du Chili et entre 30 à 40 km de profondeur. Il s’étend sur quelques centaines de kilomètres. Sa magnitude est de 8,8 sur l’échelle ouverte de Richter.Le séisme maximal sur cette échelle, le «Grand tremblement de terre du Chili » de magnitude 9,5 a eu lieu voici cinquante ans, tout près d’ici: au large de Valdivia, à environ 700 km au sud de Santiago. «Toutefois, le Chili ayant commencé à construire des bâtiments selon les normes parasismiques, les dégâts devraient être bien inférieurs à ceux enregistrés à Haïti il y a plus d’un mois », poursuit le chercheur.

PROJET SUB-CHILI
La tectonique des plaques en Amérique du Sud. Les flèches montrent la vitesse de convergence de la plaque Nazca par rapport à la plaque Amérique du Sud, telle que déterminée par la géodésie spatiale (GPS). la courbe jaune/rouge montre la subduction entre les deux plaques le long des côtes du Chili, du Pérou, et de l'Equateur. La bande brune en arrière de la subduction, bordée par le trait en tireté noir montre la zone de déformation de la plaque Amérique du Sud.
Aider les sismologues à être plus précis dans leurs prévisions
Aujourd’hui comme en 1960, le tremblement de terre s’est donc produit sur la faille qui longe toute la côte sud-américaine, depuis Panama jusqu’à Punta Arenas. Cette faille sépare la grande plaque sud-américaine à l’Est de la plaque de Nazca à l’Ouest. Cette dernière se déplace vers le nord-est à une vitesse de 7,55 centimètres par an en moyenne et plonge sous sa voisine (phénomène de subduction), la plaque sud-américaine.


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CARTE DES ZONES TOUCHÉES PAR LE TSUNAMI GÉNÉRÉ PAR LE SÉISME DE 1960 AU CHILI. SOURCE NATIONAL GEOPHYSICAL DATA CENTER ( NOAA ) 

En revanche, il semble que le séisme de samedi n’ait pas eu de signes annonciateurs, contrairement à celui de 1960 où il avait été précédé par une série de tremblements de terre d’une magnitude supérieure à 8 sur une bande de 1 300 kilomètres au nord de l’épicentre. La plaque de Nazca avait alors glissé d’environ 18 m sous la plaque sud-américaine, entraînant une élévation du plancher océanique de plus de 6 m, rehaussement à l’origine d’un tsunami qui a dévasté la côte chilienne et s’est propagé dans tout l’océan Pacifique, jusqu’à Hawaï, le Japon et la Nouvelle-Zélande.

Combiné au tsunami, ce séisme avait causé la mort de 3000 personnes, essentiellement des Chiliens. Le scénario observé samedi 27 février se rapproche beaucoup de celui de 1960. Cette ressemblance pourra peut-être, à l’avenir, aider les sismologues à être plus précis dans leurs prévisions.

Denis SERGENT

samedi 27 février 2010

SÉISME AU CHILI : LA CHRONOLOGIE

- Une alerte au tsunami au Chili, au Pérou et en Equateur est lancée.

- L'épicentre de la secousse, enregistrée à 3h34 heure locale (6h34 GMT), a été localisé à 117 km au nord de la ville chilienne de Concepcion et à 99 km au sud-ouest de Talca, également au Chili, annonce l'observatoire américain US Geological Survey (USGS).

- Aucune victime ni dégât n'a été signalé dans un premier temps.

- L'état de vigilance est rapidement étendu à la Colombie, au Panama, au Costa Rica et à l'Antarctique, et la magnitude est revue à la hausse (8,8)

- Le Japon émet à son tour une alerte au Tsunami pour l'ensemble du Pacifique

- 6h52 GMT (3h52 locale) : Une première réplique de magnitude 6,2 secoue le centre du Chili

- 7h33 GMT (4h33 locale) : Une seconde réplique, moins intense (5,6), frappe à nouveau

- Un premier bilan, annoncé par la présidente chilienne Michele Bachelet, fait état d'au moins six morts

- La vigilance s'étend à l'Amérique centrale et à la Polynésie française

- La présidence chilienne annonce un nouveau bilan humain faisant état d'au moins 16 morts

- 8h01 GMT : Une troisième réplique, de magnitude 6,9, la plus puissante, est enregistrée une heure et demi après la première secousse

- Les autorités américaines étendent l'alerte tsunami à l'ensemble des pays du Pacifique

- Un troisième bilan fait état de 64 morts. Un quatrième le suit de peu, et porte le nombre de victimes à 78

- Face au risque, l'île de Pâques, située à 3.500 km des côtes, en plein Océan Pacifique, est partiellement évacuée

- Une quatrième réplique, de magnitude 6,1, est à nouveau enregistrée. Plus d'une vingtaine de répliques de magnitude supérieure ou égale à 5 ont été enregistrées depuis le séisme

- Les organisations humanitaires britanniques se mobilisent rapidement, et annoncent dès le début de l'après midi l'envoi d'aides : la Croix rouge britannique annonce le déblocage de 50.000 livres (56.000 euros); l'antenne britannique d'Oxfam a prévu d'envoyer depuis la Colombie une équipe d'ingénieurs et de logisticiens dès samedi ; "Save the children" a lancé un appel urgent aux dons ; et ShelterBox, spécialisé dans l'envoi d'abris humanitaires, se préparait samedi à dépêcher plusieurs personnes du Royaume-Uni et des Etats-Unis

- De son côté, l'Union européenne se tient prête à fournir l'aide nécessaire aux victimes du séisme, affirmant rester "en contact étroit" à ce sujet avec la présidente chilienne

SÉISME: « PROFONDE ÉMOTION » DE SARKOZY

Dans un communiqué, la présidence française a souligné que le président Nicolas Sarkozy avait « appris avec une profonde émotion le séisme qui a frappé le Chili cette nuit et fait de très nombreuses victimes ».

« Dans ces circonstances tragiques, le chef de l'Etat tient à exprimer au peuple chilien et à ses autorités sa profonde solidarité, ainsi que celle du peuple français », conclut la présidence.

Au moins 78 personnes ont été tuées dans un puissant séisme de magnitude 8,8, samedi dans le centre du Chili, qui a entraîné des alertes du tsunami étendues à l'ensemble des pays de l'océan Pacifique.
C'est ainsi qu'une alerte au tsunami a été émise en Polynésie française par le Haut commissariat.

jeudi 25 février 2010

ÉCRIVAINS SOUTIENNENT LA DROITE AU CHILI

Les écrivains chiliens Jorge Edwards et Roberto Ampuero, qui par le passé avaient appuyé la "Concertation", la coalition de centre gauche au pouvoir depuis la fin de la dictature du généralAugusto Pinochet (1973-1990), ont annoncé qu'ils voteraient pour M. Piñera. Mais le plus inconditionnel est l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa. Il est venu à Santiago du Chili, invité par le candidat de droite. "Le triomphe de Piñera sera une grande date dans l'histoire de l'Amérique latine", affirme le romancier, qui loge dans la demeure de la famille Piñera, dans le quartier résidentiel de Las Condes.

Un "anti-Chavez"

Candidat libéral malchanceux à la présidence du Pérou en 1990, face à Alberto Fujimori, M.Vargas Llosa ajoute, dans un entretien accordé au quotidien conservateur El Mercurio, que M. Piñera représente "une droite moderne, démocratique et libérale qui n'a rien à voir avec la droite militariste, putschiste et antidémocratique".

Mario Vargas Llosa salue en M. Piñera un "anti-Chavez", le président du Venezuela. Il cite parmi les pays "très intéressants" d'Amérique latine, le Brésil et l'Uruguay, "où des gouvernements de gauche appliquent une politique qui n'a rien à voir avec la gauche".

Alors que les intellectuels latino-américains ont longtemps été davantage attirés par la gauche, il rejette ce "monopole". "Ne pas être de gauche en Amérique latine oblige l'écrivain à se battre pour répondre aux calomnies qui le satanisent", assure-t-il. L'écrivain péruvien a été chahuté par une partie du public à l'inauguration du Musée de la mémoire, en hommage aux victimes de la dictature militaire, le 11 janvier, à Santiago. Il avait été invité à la cérémonie par la présidente socialiste chilienne, Michelle Bachelet, en tant que président d'un projet de musée similaire au Pérou.

Milliardaire, chef d'entreprises, M. Piñera, qui se présente comme le candidat d'une droite modérée, bénéficie d'une avance de cinq points sur son adversaire, selon les derniers sondages. Il est allié à la très conservatrice Union démocratique indépendante, qui a soutenu le régime Pinochet. Sa capacité d'attraction n'est cependant pas sans limites. La romancière Isabel Allende, nièce de l'ancien président Salvador Allende, renversé par le coup d'Etat du 11 septembre 1973, a apporté, elle, son soutien au démocrate-chrétien Eduardo Frei, candidat du centre gauche.

Christine Legrand

vendredi 19 février 2010

Fernando Krahn est mort


Photo Pedro Madueño
Né au Chili en 1935, Krahn s'était établi dans la localité barcelonaise de Sitges après avoir abandonné son pays natal après le coup d'État du 11 septembre 1973.


LE MENEUR DU CHILI COMPTE SUR LE MONDIAL POUR SE MONTRER

Parmi les cadres de cette sélection, Jorge Valdivia (26 ans), exilé aux Émirats Arabes Unis à Al Aïn, souhaite donner le maximum pour être à la hauteur du rendez-vous. Le talentueux milieu offensif espère ainsi attirer l’attention de clubs européens cet été, comme il l’a confié au site officiel de la FIFA.
« Bien sûr, je serais ravi d’avoir à nouveau l’occasion de jouer en Europe mais mon objectif prioritaire est de participer à la Coupe du Monde. Je compte travailler dur dans les mois à venir pour être sûr d’être du voyage. Si je fais partie du groupe, je donnerai le maximum pour être titulaire mais, même si je ne joue pas, je ferai tout ce que je peux pour aider l’équipe à aller le plus loin possible. En admettant que je sois sélectionné, mes performances en Coupe du Monde détermineront certainement en partie mon avenir ».

Alexis Pereira

Mort de Abdoulkhakim Ismaïlov

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Photo Evgueni Khaldeï
Abdoulkhakim Ismaïlov, qui avait été déclaré héros de l'Union soviétique, est mort mardi à Khassaviourt, au Daguestan, une république du Caucase russe, a précisé la mairie de la ville sur son site internet.
"Son énorme expérience de la vie et les services qu'il a rendus à la patrie resteront à jamais gravés dans les mémoires des générations d'aujourd'hui et de de demain", selon le communiqué publié sur xacavurt.ru.
Ismaïlov, qui servait dans l'armée Rouge dès 1939, avait participé à la terrible bataille de Stalingrad (1942-1943), remportée par l'URSS et qui a marqué le début du recul des troupes nazies.
Abdoulkhakim Ismaïlov. Photo xacavurt.ru
Mais c'est dans les ruines de Berlin qu'il aura eu rendez-vous avec l'Histoire, devenant l'un des trois soldats photographiés par le journaliste de l'agence TASS, Evgueni Khaldeï, alors qu'est brandi le drapeau soviétique sur le Reichstag, le siège du Parlement allemand.
Si ce cliché est en réalité une mise en scène, il n'en est pas moins devenu le symbole de la défaite du troisième Reich d'Adolf Hitler.
Cette image, de part sa portée symbolique, est souvent comparée à la photographie montrant six soldats américains dressant la bannière étoilée en février 1945 sur l'île d'Iwo Jima au Japon.

Du matériel de l'Arc jurassien pour les pompiers chiliens

C’est l’Amicale Bomba Chile-Suiza qui a mis en place ce partenariat entre les deux pays. Plusieurs conteneurs ont déjà été envoyés. Un 4e a été rempli jeudi matin à Sonvilier. Il contient plusieurs tonnes d’habits, des moto-pompes et même des véhicules.
L’idée a germé dans l'esprit de Douglas Barahona. Le chilien d’origine est pompier volontaire et habite au Locle. Le partenariat ne s’arrête pas à l’envoi de conteneurs au Chili. Plusieurs pompiers suisses et chiliens ont déjà effectué des échanges entre les deux pays.
L’envoi d’un 5e conteneur est d’ores et déjà prévu. Si vous souhaitez faire des dons à l'Amicale Bomba Chile-Suiza, vous pouvez utiliser l'adresse e-mail suivante: Laurent.Stofer@ne.ch /sam

jeudi 18 février 2010

Chili: découverte des plus vieilles étoiles hors de la Voie lactée

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La galaxie naine du Sculpteur

Ce Très grand télescope (VLT) de 8,2 m de diamètre, installé dans le désert de l'Atacama, à 1.200 km au nord de Santiago, a permis d'observer "les plus vieilles étoiles de notre environnement galactique, des informations cruciales pour notre compréhension des premières étoiles de l'Univers", affirme l'ESO dans un communiqué. Selon les scientifiques ces étoiles "primitives", également appelées "étoiles extrêmement pauvres en métal", se sont formées juste après le Big Bang, la grande explosion qui aurait donné naissance à l'univers il y a 13,7 milliards d'années, détaille l'ESO. Elles étaient jusqu'ici difficiles à repérer, mais une nouvelle technique a permis aux astronomes européens de "découvrir les étoiles primitives cachées parmi toutes les autres étoiles communes", explique Else Starkenburg, principal auteur de l'étude, dans le communiqué.

L'ESO, principale organisation astronomique intergouvernementale en Europe, bénéficie du soutien de 14 pays, dont la Belgique. Il construira à partir de 2011 le futur télescope géant européen (E-ELT), annoncé comme "l'oeil le plus puissant" ayant jamais observé l'espace avec son miroir d'un diamètre sans précédent de 42 mètres. Le site d'Armazones, lui aussi dans le désert du nord chilien, est en concurrence avec l'archipel des Canaries (Espagne) pour l'accueillir. (MJN)

mardi 16 février 2010

On les appelle « les mamies dealeuses ». Ces grand-mères souvent exemplaires, âgées de 60 à 80 ans, sont les nouvelles trafiquantes de drogue au Chili

Seize personnes âgées ont été arrêtées depuis le début de l’année. Un phénomène qui explose dans un pays où les retraites, très faibles, ne permettent pas de vivre correctement. Pour boucler des fins de mois difficiles, ces grand-mères sans antécédents judiciaires ont accepté de devenir des délinquantes d’un nouveau genre. Une aubaine pour les grands trafiquants qui espèrent ainsi ne pas éveiller les soupçons de la police. « Ceux qui financent les opérations recrutent des personnes âgées parce qu'elles ne correspondent pas aux délinquants-types et bénéficient du soutien de leurs voisins », a expliqué Claudio Salazar, chef des service antidrogue, au quotidien « El Mercurio ».

Pas dénoncées par les voisins

La majorité d’entre elles vivent dans les quartiers pauvres de la capitale Santiago. Malgré leurs activités illégales, connues du voisinage, elles bénéficient de la solidarité du quartier. « Les voisins ne les dénoncent pas car ils savent qu'elles se retrouveraient dans la précarité », a ajouté Claudio Salazar, au quotidien « El Mercurio ».

S.P.

"Ilusiones opticas" : scènes d'une galerie marchande des antipodes

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Dans les allées protégées des intempéries par de grandes verrières, le scénario convoque un échantillon représentatif de la société chilienne : les employés en voie de licenciement d'une entreprise de santé issue de la privatisation d'un hôpital public ; une autre catégorie d'employés, qui se voit offrir, en guise d'encouragement à la tâche, des opérations de chirurgie esthétique ; un aveugle qui recouvre la vue et s'en trouve très malheureux ; un vigile chargé de surveiller la galerie marchande - il tombe amoureux d'une riche kleptomane.
Ce premier long métrage manie avec un brio certain les artifices d'une école du cinéma moderne qui aime à mettre à plat les comportements et les situations les plus absurdes de l'époque pour les réarranger en une chorégraphie censée en exprimer l'essence. Le procédé n'est pas facile, mais il est aussi limité. Dans cet environnement géométrique, les personnages ne sont que des figures propulsées d'un point à un autre.
Et Cristian Jimenez ne laisse pas assez de place à ses acteurs pour qu'ils parviennent à exister. Malgré sa volonté affichée d'esquisser le portrait d'une société dessinée par les seuls rapports d'argent, malgré un talent graphique évident (Jimenez tire tout le parti possible des paysages pluvieux et banals), Ilusiones opticas reste un exercice formel qui finit par dégrader ces personnages manipulés dans l'espace et le temps pour qui le réalisateur doit pourtant ressentir une certaine compassion.
Film chilien de Cristian Jimenez avecIvan Alvarez de Araya, Gregory Cohen,Paola Lattus. (1 h 45.)

Thomas Sotinel

lundi 15 février 2010

« Checho » Galleguillos, aussi engagé à Villeneuve que sous la dictature chilienne

Il a été embauché au centre social comme animateur, parce qu'il savait jouer de la guitare. C'était au milieu des années quatre-vingt. Douglas Galleguillos, dit Checho, arrivait de Santiago-du-Chili. Hier après-midi, il n'avait rien oublié du besoin d'aider les autres qui a guidé sa vie, à Santiago, puis ici. «Je suis venu en Europe pour témoigner de la répression au Chili et pour continuer le travail politique et culturel qu'on menait là-bas avec mes camarades», explique-t-il dans un coin de l'estaminet de la Ferme d'en-Haut. Aux murs de la salle, une expo photo sur la Bolivie de deux jeunes femmes parties aider une ONG. Il monte sur scène avec elles, pour qu'elles parlent de leur voyage. Ensuite, des Boliviens joueront de la musique. L'association Cordillera (du nom de la Cordillère des Andes, la chaîne de montagne qui sépare le Chili de l'Argentine), que "Checho" préside, co-organise l'après-midi.

Une ville pour Allende

À Santiago, Checho Galleguillos, né vingt ans avant le coup d'État de 1973, réunissait des jeunes de son quartier autour de la musique traditionnelle et leur montrait la répression du régime du général Pinochet. Il militait aux côtés de la gauche chrétienne, un parti d'extrême-gauche. Même s'il reconnaît avoir « toujours connu un niveau de dangerosité », son exil a été volontaire : « J'avais la possibilité d'être utile depuis l'extérieur, et de continuer nos activités ». À Villeneuve-d'Ascq, il collecte des fonds, participe à des débats et des conférences : «Je venais d'arriver, les gens voulaient des nouvelles fraîches ». L'accueil est chaleureux. « Pour Villeneuve-d'Ascq, le Chili était un combat, se souvient-il. Le gouvernement d'Allende,signifiait beaucoup d'espoir pour la gauche française.»
Il travaille au centre social, apprend le français. La mairie lui propose une formation "carrières sociales". Il passe le diplôme, l'obtient, devient responsable du secteur enfance et jeunesse.

Et le militantisme ? Tous les ans, le 11 septembre, Cordillera organise la commémoration du coup d'État et du suicide du président Allende. Et même si la démocratie est revenue au Chili depuis 1989, «le combat n'est pas fini», assure-t-il. Cordillera diffuse des informations sur les discriminations dont souffre la communauté des Indiens mapuche, ainsi que sur les violations aux droits de l'homme commises sous la dictature, et jamais élucidées. •

samedi 13 février 2010

Chili : coquille coûteuse sur des pièces de monnaie "chiiennes"

La malfaçon a été découverte fin 2009, et s'ajoute à plusieurs irrégularités constatées sur des pièces et médailles commémoratives, ce qui a conduit au limogeage cette semaine du directeur de l'institution, Gregorio Iniguez, et du responsable des frappes, Pedro Urzua.

La Banque centrale a affirmé que les "mauvaises" pièces de monnaie, frappées il y a plus d'un an, conservaient leur valeur, et resteraient en circulation, même si les usagers peuvent les changer s'ils le souhaitent.

Ni la Banque ni la Maison de la Monnaie n'ont précisé le nombre de "mauvaises" pièces en circulation, mais il y en aurait plusieurs milliers, selon la presse.

L'erreur est intervenue en 2008, année où la Maison de la Monnaie, entité publique, est devenue société anonyme, générant protestations et inquiétude de son personnel pour l'emploi. "Il y a encore de l'inquiétude", a expliqué à la presse la présidente du directoire, Maria Eugenia Wagner.

Cet arrière-plan socio-politique a motivé des soupçons de sabotage, dont Urzua s'est défendu.

"On m'a accusé d'avoir intentionnellement placé le mot +Chiie+, mais c'était juste une erreur, que je n'ai pas relevée, ni moi ni toute la chaîne de personnes qui ont vu et approuvé les pièces après", a-t-il déclaré au quotidien El Mercurio.

La pièce "chiienne" de 50 pesos devrait au moins, selon les numismates, gagner en valeur auprès des collectionneurs, quoique relativement peu, étant donné le nombre important d'unités sans doute en circulation.

jeudi 11 février 2010

Un Medef gouvernemental

Voici quelques-unes des figures principales:

Rodrigo Hinzpeter

Rodrigo Hinzpeter, ministre de l'Intérieur, numéro 2 du gouvernement: Spécialiste du droit des affaires, issu d'une famille de gauche (Hinzpeter père était intime d'Allende), il a progressivement dérivé à droite et est devenu le bras droit de Piñera. C'est peut-être cela que le nouveau président appelle « l'esprit d'ouverture ».

Alfredo Moreno Charme

Alfredo Moreno Charme, ministre des Relations Extérieures, numéro 3: Spécialiste de la finance et des fusions d'entreprises, il est directeur ou vice-président de plusieurs grandes compagnies nationales et internationales. A l'image de Piñera qui a finalement vendu ses actions de Lan Chile, il devrait renoncer à la plupart de ces fonctions.


Jaime Ravinet

Jaime Ravinet, ministre de la Défense, numéro 4: Membre de la Démocratie Chrétienne qui faisait partie de la coalition gouvernementale de centre-gauche, dont il a été ministre. Figure de la politique chilienne, c'est le premier "traître" à retourner sa veste (quand il a appris sa nomination, il a quitté la DC après 49 ans de militantisme). Voilà qui va faire mal à la future opposition, et peut-être amener le centre à défaire son alliance avec les socialistes et se rapprocher de la droite piñeriste.


Cristian Larroulet

Cristian Larroulet, secrétaire général de la Présidence, numéro 6: Un autre économiste qui a fait ses classes auprès de l'école ultralibérale de Chicago, tout comme Alfredo Moreno. Piñera avait dit que son gouvernement ne compterait aucun ancien ministre de Pinochet. Peut-être, mais Larroulet fut directeur de cabinet de l'emblématique ministre des Finances de Pinochet, Hernan Buchi.

Joaquin Lavin

Et que dire de Joaquin Lavin, assesseur de la planification nationale de Pinochet, éminence de l'Opus Dei, nommé ministre de l'Education? On peut comprendre que Piñera se devait d'accorder un portefeuille à Lavin, qui fut son adversaire présidentiel il y a quatre ans et s'est depuis converti en précieux allié. Mais l'éducation? Autant la confier aux jésuites!


Six femmes, mais aucune en charge d'un ministère stratégique. Photo

Parmi les autres cadres du gouvernement, on compte également l'un des architectes de l'indépendance de la banque centrale (clairement, il a fait en sorte que l'Etat se mêle le moins possible des marchés financiers et du business local), six femmes (mais aucune en charge d'un ministère stratégique), et des vrais professionnels pour des domaines aussi spécifiques que la santé ou l'agriculture (ca, c'est plutôt bien). Et pour le côté people, on a mis un acteur de télé (qui possède aussi une compagnie de théâtre e est assesseur culturel, il est vrai). Là, sans commentaire.

Bref, moi qui espérais un gouvernement ouvert, comme Piñera lui-même l'avait annoncé, j'ai été bien optimiste et naïf. Certes, à première vue, il y a beaucoup d'indépendants (la moitié des ministres ne sont affiliés à aucun parti) et un ex-pilier du centre-gauche. Mais tous ces indépendants sont bien évidemment sympathisants du nouveau président. Et au final, c'est surtout un cabinet d'économistes et de financiers. Qui, j'en ai bien peur, risquent de gouverner un pays comme ils géreraient une fabrique de pots de yaourts. L'avenir le dira...

Sebastian Piñera forme un gouvernement à son image

Sur vingt-deux ministres, seulement quatre viennent de l’Allianza. La plupart sont des hommes d’affaires ou des économistes. C’est pourquoi la gauche s’inquiète de la multiplication des conflits d’intérêt : le pays serait désormais dirigé par ses propres chefs d’entreprise.

Piñera avait promis la formation d’un «cabinet d’union», un peu sur le modèle de celui de Nicolas Sarkozy en France. Il a concrétisé cette promesse en accordant le portefeuille de la défense à Jaime Ravinet, vielle figure de la démocratie-chrétienne, qui l’avait déjà détenu sous un cabinet de gauche. Mais on y retrouve également beaucoup de chefs d’entreprise et d’économistes formés à l’étranger – ainsi sur vingt-deux ministres, treize ont obtenu un diplôme en dehors du pays. Le ministre des Affaires étrangères, Alfredo Moreno, est, par exemple, un ingénieur de formation de 53 ans, homme d’affaires à succès et co-directeur d’une chaîne de grands magasins mais il n’a aucune expérience qui justifie son poste. Sa nomination est sans aucun doute le signe de l’impulsion commerciale internationale que souhaite donner à son pays Sebastian Piñera.
Malgré la polémique née pendant la campagne, le gouvernement comprend également Joaquin Lavin, un économiste-ingénieur de formation et ex-journaliste, mais surtout chef de file de la droite ultra-conservatrice Union démocrate indépendante (UDI) et ex-conseiller du régime d’Augusto Pinochet. Il fut candidat à la présidence de la République en 1999 et 2005 et est membre de l’influente organisation catholique conservatrice Opus Dei. Il sera ministre de l’Education.
Piñera a salué une équipe «de talents et de formations universitaires et professionnelles réelles» mais «dédiée au service publique». Il a justifié cette composition en rappelant qu’il voulait se concentrer sur la croissance économique et la création d’emplois, tout en poursuivant la politique sociale du gouvernement sortant de Michelle Bachelet.

mercredi 10 février 2010

Walter Buschmann est parti, RIP

Un recueillement avant la fermeture du cercueil aura lieu à la Maison Jeanne Garnier 110, avenue Emile Zola, 75015 Paris le jeudi 11 février 2010 à 15 heures, départ du cercueil à 15h30.

La cérémonie d'adieu se réalisera dans la Salle du dernier hommage, le vendredi 12 février 2010 à 9h30 au cimetière du Père-Lachaise, 71 rue des Rondeaux 75020 Paris. La crémation s’effectuera à 10 heures dans le même cimetière.

Nos sincères condoléances à sa famille, en particulier à sa compagne et à ses filles.

mardi 9 février 2010

Rafael Mazzuco au Chili


Swimsuit 2010:
Models Video

BHL ET SLAVOJ ŽIŽEK : LE DÉBAT

Régulièrement, il les présente même comme «une des raisons principales de la perte d'influence de la pensée française dans le monde». Le plus emblématique d'entre eux, Bernard-Henri Lévy qui s'apprête à publier le 10 février «Pièces d'identité» et «De la guerre en philosophie» (Grasset), ne le ménage pas davantage, faisant du combat contre la mouvance de gauche radicale incarnée par Zizek et Badiou l'une de ses priorités. Rencontre animée entre deux authentiques adversaires.

Le Nouvel Observateur. - Slavoj Zizek considère que le rôle de la gauche est aujourd'hui de se poser en adversaire résolu du capitalisme global. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Bernard-Henri Lévy. - Je crois que c'est en s'exprimant ainsi qu'on précipite la décomposition et la marginalisation de la gauche. Le monde du capitalisme globalisé, c'est le nôtre. Il n'y en a pas d'autre. En tout cas pour le moment. La question n'est donc pas de le rejeter ou non, mais d'entrer résolument dans cette mêlée-là pour agir, combattre sa part de sauvagerie - je pense notamment à celle du capitalisme chinois, le plus barbare et pilleur de ressources qui soit. Quand la gauche a été grande, aux Etats-Unis ou en Europe, c'est quand elle a changé la condition des travailleurs, celle des femmes. C'est à ça que la gauche sert, pas à se replier dans des microbulles intellectuelles pour rêver d'un monde idéal en laissant les hommes s'entre-dévorer.

Slavoj Zizek. - Soyons clair. Je n'attends nullement une grande révolution anticapitaliste. Qui serait assez stupide pour ça aujourd'hui ? Ce que je dis est très pragmatique. Le lien entre capitalisme et démocratie est partout en train de se rompre au niveau mondial. Le cas chinois est seulement précurseur à cet égard. Car le capitalisme parlementaire démocratique s'avère incapable de traiter un certain nombre de problèmes vitaux pour l'avenir. Le scandale de l'échec de Copenhague l'a montré. On sait que le futur de l'humanité est menacé, mais les Etats jugent urgent d'attendre, alors que, lors de la crise financière, en une semaine à peine, ils s'étaient tous précipités pour sauver le système bancaire. Tout ça montre que seules de nouvelles formes de mobilisation populaire pourront sauver un monde commun que le capitalisme et ses fondés de pouvoir étatiques sont en train de mener au désastre.

COUVERTURE « L’IDÉE DU COMMUNISME » 
B.-H. Lévy. - Eh bien, peut-être suis-je finalement plus à gauche que vous. Pour moi, il n'y a jamais eu de lien nécessaire entre capitalisme et démocratie. Ce qui fait que le premier s'est humanisé, c'est ce truc tout bête qu'on appelle les conquêtes sociales, les luttes syndicales, le travail de la gauche en somme. Raison pour laquelle je suis justement si inquiet quand je vois les tenants de l'idée communiste, ceux qui sont regroupés dans ce collectif que vous venez de publier avec Badiou (1), s'installer dans une espèce de position de retrait utopique et hautain. Ca ne manque pas d'allure, ce que vous faites. Mais cela revient au bout du compte à ça : on fabrique notre hypothèse communiste dans notre coin, et que le monde se démerde. Pendant ce temps-là, la gauche poursuit sa régression. Elle recule sur le féminisme au nom du droit à la différence culturelle. Elle recule sur l'internationalisme au nom du souverainisme. Elle s'obstine à laisser le drapeau libéral à la droite comme une dépouille, un chien crevé.

S. Zizek. - Vous semblez considérer que seul le libéralisme peut sauver la gauche. Je crois au contraire que seule l'aide fraternelle d'une gauche plus radicale peut à long terme sauver ce à quoi vous tenez : l'universalisme, le féminisme et l'émancipation égalitaire en général. Car la tragédie, aujourd'hui, c'est que la seule force politique majeure qui soit prête à articuler le malaise engendré par la crise du capitalisme, c'est la droite fondamentaliste anti-immigrés. Observez ce qui se passe déjà en Norvège ou aux Pays-Bas. Walter Benjamin a dit une très belle chose à ce sujet : «Chaque fascisme est l'envers d'une révolution ratée.» Eh bien, c'est exactement ce qui nous menace aujourd'hui : la montée des droites identitaires, faute d'une alternative de gauche véritable.


(1) «L'Idée du communisme», conférence de Londres 2009, Lignes.

N. O. - À l'instant, Bernard-Henri Lévy, vous définissiez la gauche par ses conquêtes sociales, ses luttes parlementaires et syndicales Pourtant, on ne peut pas dire que la «question sociale» ait été très présente dans vos engagements publics, et ce depuis l'origine. En désertant ce terrain, les intellectuels de gauche comme vous n'ont-ils pas justement ouvert un boulevard à la réémergence de ces paradigmes progressistes radicaux que vous déplorez aujourd'hui?

B.-H. Lévy. - Vous semblez de bonne foi, mais vous vous trompez. Quand, dans «Pièces d'identité», j'écris que la question fondamentale aujourd'hui c'est celle de la nouvelle misère, et que ce qui nous manque c'est un nouveau Coluche, est-ce que je ne m'occupe pas de la question sociale ? Quand, en 2005, au moment de la crise des banlieues, j'ai dit qu'on n'avait pas le droit de faire comme si c'était simplement une fièvre barbare sans signification politique, est-ce que je ne m'en soucie pas ? Est-ce que je n'ai pas dit cent fois, et dans ce livre encore, que la figure de Sartre sur son tonneau à la sortie d'une usine, cette image qui a été moquée par tous les imbéciles, est une figure, somme toute, assez magnifique ? Après, c'est vrai que le temps est compté et qu'on ne peut pas être sur tous les fronts. Et surtout, parler des massacres du Darfour, ou jadis de la guerre en Bosnie, ne me paraît pas moins crucial que de s'occuper des délocalisations.

S. Zizek. - Ces nouvelles formes d'apartheid social que vous pointez à juste titre sont intrinsèquement liées au capitalisme global. Le problème, c'est que, comme la majeure partie de la gauche aujourd'hui, vous continuez à penser que ce fonctionnement ne doit pas être changé mais seulement corrigé. Au fond, votre horizon reste fukuyamiste : un «capitalisme à visage humain» comme formule enfin trouvée de la meilleure société possible.

B.-H. Lévy. - Certainement pas. La théorie de Fukuyama sur «la fin de l'histoire» est une aberration née dans l'euphorie de la chute du mur de Berlin. Maintenant, je n'en suis pas moins inquiet quand je vois renaître une gauche radicale, euphorique, qui nous promet qu'elle n'a peut-être pas aujourd'hui la solution définitive au drame des humains, mais qu'elle l'aura demain. Ca, c'est catastrophique. C'est le passeport pour tous les cauchemars totalitaires. Benjamin, que vous citiez tout à l'heure, a dit une autre chose essentielle. A l'alternative posée par Marx dans les «Thèses sur Feuerbach», transformer ou comprendre le monde, il oppose un troisième terme : réparer le monde. Hé oui. Juste réparer. C'est moins exaltant. Mais il n'y a pas de politique honorable sans cette part de mélancolie. L'idée que le monde est imparfait, qu'il le restera, qu'il faut se battre bien sûr, et de toutes ses forces, pour qu'il le soit un peu moins, mais que le pire advient quand on s'imagine qu'on va le changer à la racine.

S. Zizek. - Oui, le monde restera imparfait, mais parfois, quand même, les ruptures radicales s'imposent comme le seul chemin pour éviter sa destruction complète. Je suis un gauchiste tout ce qu'il y a de plus pessimiste, vous savez. Je crois même que le capitalisme autoritaire est hélas l'avenir qui nous attend. Vous faites cependant comme si le seul choix possible face à ça était de s'engager dans la réalité du capitalisme mondial... Ce n'est pas le cas à mes yeux. Non seulement je ne suis pas dans une position de retrait, mais je m'engage même pleinement en faveur des processus réformistes concrets qui vont à rebours de cet avenir catastrophique. Le combat d'Obama pour un système de protection sociale, voilà par exemple un événement de portée mondiale. Cela a perturbé le coeur même de l'idéologie américaine d'une façon extraordinairement positive. Je ne suis pas un adversaire de la démocratie parlementaire, je suis simplement assez lucide pour voir qu'elle ne sera pas de taille à affronter les conséquences du nouvel ordre global.

N. O. - Il y a cinq ans encore, on n'aurait pu imaginer un tel retour en grâce de l'idée communiste chez les intellectuels, ni qu'elle trouve un tel écho chez les plus jeunes. Comment expliquez-vous cette résurgence ?

B.-H. Lévy. - Tout d'abord je dois dire qu'elle m'épouvante. Je suis sidéré de voir des esprits parfois brillants nous refaire ce coup-là, étant donné tout ce que nous savons, tout ce qui a été dit. «Avez-vous déjà giflé un cadavre ?», demandaient les surréalistes. Eh bien voilà. Eux ressuscitent un mort. En même temps, j'ai toujours été convaincu que cette affaire reviendrait. Car, derrière tout ça, il y a des passions profondes - ce que j'appelle les «nombres premiers» de la raison politique. La passion du collectif, par exemple. Celle que Sartre décrit à son retour du stalag : l'ivresse de l'homme qui brusquement se sent faire corps avec une humanité collective. La passion de l'Histoire cassée en deux, aussi. L'idée que le monde est vieux et qu'il est temps de le rajeunir. Ou encore cette terrible volonté de pureté où je vois l'une des origines ultimes du désir totalitaire. C'est ce genre de passions fondamentales qui fait la source éternellement renaissante de l'illusion communiste. Et je la crois très dangereuse, vouée à produire des cataclysmes. Dans un entretien de 1976 que «le Nouvel Observateur» avait publié, Foucault me disait la chose suivante : «La question des âges anciens était : est-ce que la révolution est possible ? La question de l'âge moderne, c'est : est-ce que la révolution est désirable ?» Comme lui, je réponds que non.

S. Zizek. - A la question de savoir pourquoi le communisme intéresse à nouveau aujourd'hui, j'ai une réponse plus modeste. Quelles que soient ses naïvetés, celui-ci tente d'apporter une réponse aux antagonismes catastrophiques bien réels du capitalisme actuel. On peut en citer quelques-uns : la menace d'une destruction écologique globale, la ségrégation croissante entre inclus et exclus dans le monde entier, ou encore l'émergence de technologies biogénétiques qui font de la modification de la nature humaine elle-même une perspective tout à fait réaliste à court terme. Eh bien, cette privatisation, voire cette destruction de tout ce qui nous est commun, cette tentative d'extorsion de la substance même de notre être physique et social, tout cela suscite forcément le désir de voir émerger de nouvelles formes de décision collectives. N'abandonner le futur ni au marché ni à l'Etat, c'est ça, le communisme pour moi.

Propos recueillis par Aude Lancelin

lundi 8 février 2010

UNE FEMME ÉLUE À LA PRÉSIDENCE DU COSTA RICA

Mme Laura Chinchilla. Photo Visual
Ses deux adversaires ont admis leur défaite dès le premier tour, sans même attendre les résultats définitifs. Elle était alors créditée de 47%, bien au-dessus des 40% nécessaires à une élection.

Une première au Costa Rica
« Merci Costa Rica. Je ne trahirais pas votre confiance », a déclaré Laura Chinchilla, dans un discours adressé à son peuple. Ministre de la Justice et vice-présidente de son mentor et chef de l’état sortant, Oscar Arias, cette politologue de 50 ans avait fait de l’insécurité, de la drogue et de la crise économique, ses principaux thèmes de campagne électorale.
C’est la première fois qu’une femme est élue à la tête du Costa Rica. K.M.

samedi 6 février 2010

Loblaw cesse de vendre quatre espèces de poissons

La plus grosse chaîne de supermarchés au Canada a annoncé jeudi qu'elle cessait la vente de bar du Chili, d'hoplostète orange, de requin et de raie partout au pays. D'autres noms pourraient s'ajouter au fil d'une évaluation espèce par espèce réalisée en partenariat avec le Fonds mondial pour la nature et des scientifiques de l'Université Dalhousie. Dans cinq supermarchés de Montréal et de Québec, dont les Loblaw de Charlesbourg et de L'Ancienne-Lorette, un «programme d'éducation des consommateurs» sera implanté afin de publiciser les changements. Les clients trouveront ainsi des plateaux vides au comptoir des produits de la mer.

«L'objectif est d'envoyer un signal clair afin de sensibiliser la clientèle et la renseigner sur les produits de source durable qui s'offrent à elle», peut-on lire dans le communiqué de presse diffusé jeudi.

Loblaw a annoncé en mai son intention de s'approvisionner exclusivement en produits marins issus d'une pêche durable d'ici la fin de l'année 2013. L'objectif vaut autant pour les produits frais que congelés ou en conserve, qu'ils soient le produit d'une pêche sauvage ou de l'aquaculture. Tous les sous-produits contenant des poissons, des fruits de mer ou des huiles sont également concernés, qu'il s'agisse de mets préparés, de vitamines ou de nourriture pour les animaux de compagnie.

Beth Hunter, responsable de la campagne Océans pour Greenpeace, accueille très positivement la nouvelle du retrait d'espèces inscrites sur la Liste rouge du groupe écologique. Plusieurs grandes bannières européennes et américaines exigent déjà de leurs fournisseurs qu'ils fassent la preuve que leurs produits marins sont pêchés sans mettre les stocks et l'environnement en péril, mais rien n'avait encore été tenté au Québec.

«On espère toutefois qu'ils vont continuer à enlever des espèces ou à trouver des solutions pour s'approvisionner de façon plus durable, notamment pour les produits de l'aquaculture», souligne la porte-parole de Greenpeace, qui porte une attention particulière à la définition du mot durable.

Mme Hunter espère qu'il y aura un effet d'entraînement, puisque «tous les gros joueurs sont en compétition et se regardent de près dans le secteur» de l'alimentation, fait-elle remarquer. Au printemps dernier, Greenpeace avait publié son premier palmarès canadien des supermarchés, et aucune chaîne n'avait obtenu la note de passage. L'initiative sera répétée dans les prochains mois.