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lundi 29 juin 2015

QUAND LE CHILI ET LE PÉROU NE FORMAIENT QU'UNE SÉLECTION

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RÉCRÉATION D'AFFICHE POUR LE MATCH DU FC BOHÈME CONTRE «LE COMBINÉ DU PACIFIQUE»  EN 1933.
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ARTICLE DE PRESSE DU « MUNDO DEPORTIVO » 
Entre octobre 1933 et janvier 1934, une sélection nommée « All Pacific » composée de Chiliens et de Péruviens parcourt l'Europe pour une tournée dans dix pays. L'intention diplomatique se transforme vite en calvaire pour les joueurs. Entre l'Allemagne d'Hitler et des humiliations face au Real et au Barça.
ARTICLE DE PRESSE DU
« MUNDO DEPORTIVO » 
Tous les moyens sont bons pour enterrer la hache de guerre. La guerre du Pacifique, qui opposait le Chili au Pérou (et son allié bolivien), est terminée depuis presque cinquante ans quand les premiers efforts diplomatiques sont entrepris. C'est seulement en 1925 et 1929 que des traités sont signés pour cicatriser les blessures laissées par le conflit. Le football servira à réunir le Chili et le Pérou. En 1928, le Santiago Football Club est la première équipe à se présenter pour un match à Lima : les joueurs chiliens entrent sur le terrain avec des drapeaux péruviens et des rameaux de fleurs. Un mois plus tard, l'Atlético Chalaco rend la pareille, en affrontant Colo-Colo à Santiago. Il n'en faut pas plus pour Walter Sanhueza, président du club « albo », pour se réveiller avec une brillante idée, lors d'une tournée au Pérou en 1933 : former une sélection binationale et parcourir l'Europe. L'organisation sera confiée à Jack Gubbins, entrepreneur péruvio-irlandais, et à son frère Reynaldo. Dix-sept Péruviens et quatre joueurs chiliens embarquent sur le navire l'Alkmaar. La sélection All Pacific (ou Combiné du Pacifique) est née.

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 «LE COMBINÉ DU PACIFIQUE»

Voyage épique et défaite écrasante




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ARCHIVE DU QUOTIDIEN EL COMERCIO DE LIMA
L'équipe s'amuse et écrase tous les clubs péruviens pour la première étape de la tournée. La sélection qui porte un maillot blanc avec les deux drapeaux se joue aussi des équipes de Panama et de Curaçao, lors du passage du bateau dans les eaux de la mer des Caraïbes. Puis seize jours de calvaire attendent le Combiné du Pacifique, qui doit rejoindre Liverpool. De l'autre coté de l'océan Atlantique, un calendrier très chargé a été concocté par un entrepreneur plutôt vénal. Lors de la traversée de l'Océan, le Péruvien Luis de Souza Ferreyra souffre d'une appendicite. Évidemment, aucun médecin n'est présent à bord. Le journal quotidien tenu par le Chilien Roberto Luco raconte : « 19 septembre : Souza est toujours malade. Personne ne sait ce qu'il a. 22 septembre : Nous avons froid et faim. On a essayé tous les remèdes pour Souza, mais rien ne fonctionne. 24 septembre : On ne sait pas quoi faire de Souza. Il est en grand danger. On aimerait que le bateau vole, mais il manque encore trois jours pour arriver en Angleterre. », cite The Clinic, journal satirique chilien. 


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PHOTO 
Souza sera opéré lors de l'arrivée au port de Liverpool, mais devra abandonner la tournée. La fête peut alors commencer. Sur les bords de la Mersey, puis en Irlande, les All Pacific seront reçus en grande pompe par les gouvernements respectifs. Le premier match a lieu à Dublin. Devant 35 000 personnes, le combiné des deux anciens belligérants fait match nul (1-1) contre les Bohemians. L'enthousiasme du public donne des idées à Jack Gubbins. L'entrepreneur organise de plus en plus de rencontres. Le quatrième jour, la sélection joue son troisième match contre le Celtic Galsgow, perdu sur le score de 2-1. Au Royaume-Uni, le Combinado del Pacífico n'obtiendra aucune victoire. Mais la presse anglo-saxonne notera chez les footballeurs sud-américains « une technique exquise, un abus de passes courtes et surtout un étrange refus de frapper de l'extérieur de la surface. » Après que son club a giflé la sélection (6-1), le président de Newcastle reçoit les joueurs dans un hôtel luxueux : « J'ai apprécié le football sud-américain, plein d'élégance et de malice. Si vous le complétez avec des frappes, les buts et les victoires arriveront » déclare-t-il dans son discours, repris par The Clinic. 

Hitler, le Real et le Barça


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La prochaine étape a lieu en Allemagne après un long voyage en train depuis la Tchécoslovaquie. Les blessures et le manque de repos frappent le groupe. Surtout, les Péruviens et Chiliens se plaignent du mauvais état des terrains en Europe, et de la « tenue des matchs même en temps de fortes pluies ou de tempêtes». Les All Pacific croient bénéficier d'un jour de repos quand la neige vient empêcher le déroulement de la rencontre face au Bayern Munich. Mais après le déjeuner, l'équipe est convoquée d'urgence : six mille personnes sont déjà présentes dans les travées du stade pour assister à la rencontre entre le club plus tard démantelé pour être « l'équipe des juifs » et le combiné latino. Les joueurs seront reçus par Adolf Hitler après la défaite (2-1) face au Bayern. Eduardo Schneeberger, Chilien d'ascendance allemande, surnommé «le tas de lettres», sera même ciblé par le Führer pour rejoindre les rangs de l'armée allemande et du Herta Berlin. 



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ARCHIVE DU QUOTIDIEN EL COMERCIO DE LIMA

Conscients de la fatigue des joueurs, l'organisateur de la tournée et son frère prévoient quelques jours de repos à Nice. Une belle surprise qui cache la future humiliation en Espagne. Reynaldo Gubbins, qui a profité de cette tournée pour annoncer sa candidature à la présidence du Pérou, programme deux matchs le même jour : l'un face au Real Madrid, l'autre contre le FC Barcelone. Contraint de se séparer en deux (et de recruter au dernier moment deux Français et un Autrichien), le Combinado perd 4-1 face au Barça, et 10-1 contre l'équipe de la capitale espagnole. Scandale en Amérique du Sud : la Fédération péruvienne charge l'organisation de la tournée et « son ambition commerciale qui a causé un désastre ». La fédé consulte même la FIFA et demande le retour de ses représentants, puis fait marche arrière. Les All Pacific célèbrent le nouvel an à Cadix et jouent seize matchs de plus en Espagne face à des équipes plus faibles, pour améliorer le rendement de l'équipe. Des conflits internes explosent entre Chiliens et Péruviens qui demandent la fin de la tournée. Finalement, le 18 février 1924, après 39 matchs dans dix pays (pour un bilan parfait de 13 victoires, 13 matchs nuls et 13 défaites), la sélection embarque sur le bateau « Virgilio ». Le 7 mars, le Combinado del Pacífico arrive au port de Callao, au Pérou. Avant de rejoindre leur capitale, les Chiliens Luco, Montero et Schneeberger déclarent : «Les Péruviens se sont bien comportés avec nous.» L'ambiance risque d'être moins cordiale ce soir, à Santiago.

Par Ruben Curiel, à Santiago de Chile

vendredi 26 juin 2015

DUEL MORTEL AU QUAI BRANLY

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PORTRAIT D'ATAHUALPA  DATANT DU
XIX ÈME SIÈCLE (AUTEUR ANONYME).
Le coucher de soleil sur l’océan Pacifique, vu du Malecón, à Lima, est l’un des plus vastes au monde. Ce boulevard de bord de mer est perché en haut d’une falaise. Loin des baies repliées et tropicales de la façade atlantique du continent, celle de la capitale péruvienne, Lima, est d’un linéaire impeccable et d’une aridité pierreuse qui ne laissent aucun doute quant à l’âpreté des batailles livrées pour sa domination. Fondateur de l’identité péruvienne, le combat qui opposa Francisco Pizarro, le Conquistador (1478-1541), et le dernier empereur inca, Atahualpa (1497-1533), est l’objet d’une exposition, « L’Inca et le Conquistador », présentée au Musée du quai Branly, à Paris, jusqu’au 20 septembre.

«PORTRAIT DE FRANCISCO PIZARRO»
 1834-1835 PAUL COUTAN 
Avec cent vingt objets et tableaux réunis par la commissaire Paz Núñez-Regueiro, « L’Inca et le Conquistador » a été imaginé dans la suite des grandes expositions « d’histoire narrative, pédagogiques » du British Museum, « conçues autour d’une figure du pouvoir, Moctezuma au Mexique, Hadrien à Rome, Chah Abbas en Iran, afin de décrire une situation économique et politique», explique Stéphane Martin, président du Musée.

« Seuls 5 % du site ont été fouillés »

À l’entrée, donc, un portrait de Pizarro, dignitaire en chapeau à plumes et à la barbe lisse, réalisé au XIXe siècle par Amable-Paul Coutan, d’après une œuvre de Jean Mosnier, un peintre du XVIIe siècle. Le portrait fait face à un tableau anonyme du XIXe siècle représentant le quatorzième roi inca, Atahualpa, toque à plumes, moustache effilée, prêté par le Musée national d’archéologie, d’anthropologie et d’histoire du Pérou.

Au centre, les accessoires de la conquête, un cheval, une lourde armure empruntée au Musée de l’armée, une épée, et une flamboyante croix catholique en argent, fondue par un anonyme de Cuzco au XVIIe siècle. Pour raconter cette histoire de pouvoir et d’argent, il fallait recoller des morceaux anachroniques, des interprétations posthumes : terres cuites de l’empire Inca (1450-1530), gravures du chroniqueur Felipe Guaman Poma de Ayala (vers 1615), jusqu’à l’esquisse au fusain et pastel de La Rançon d’Atahualpa, peinture murale de Camilo Blas offerte en 1955 par l’artiste à sa ville natale, Cajamarca, au nord de Lima, où est mort le dernier empereur inca.

C’est le 29 septembre 1513 que l’Espagnol Vasco Nuñez de Balboa découvre cette « autre mer », le Pacifique, après avoir traversé l’isthme de Panama, appâté par la rumeur d’un pays où l’or brillait en abondance. La vie de conquistador n’étant pas un modèle de vertu, on retiendra que Nuñez de Balboa s’était installé en Amérique centrale après avoir fui ses créanciers de Saint-Domingue, caché dans un tonneau avec son chien Leoncico, passager clandestin sur le bateau de Martin Fernandez de Enciso, l’alcalde mayor (« administrateur ») de la Nouvelle Andalousie, (un Venezuela très élargi). Et qu’après avoir trahi ce dernier, il l’a été à son tour par un fils de prostituée ambitieux, qui désirait partir à sa place à la découverte des terres du Sud par le Pacifique : un certain Francisco Pizarro.

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Du Pacifique à l’Amazonie

« LES 13 DE L'ÎLE DU COQ ». 
1902 – JUAN B. LEPIANI,  
Nuñez de Balboa est décapité sur l’échafaud en 1519. Huit ans plus tard, Francisco Pizarro est chargé par la royauté espagnole de conquérir les territoires du Sud, le Pérou, donc, entrevu une première fois en 1528, et où il débarque avec des hommes en armes et ses quatre frères, en 1531. Cela tombe à point nommé. On l’informe que le riche empire Inca est fragilisé par une lutte intestine entre les héritiers de l’empereur Huayna Capac, opposant Huascar et son demi-frère Atahualpa. De la même façon qu’Hernan Cortes avait profité d’une défaillance politique de l’empereur aztèque Moctezuma II au Mexique, Pizarro va soumettre un empire qui s’étend du Pacifique à l’Amazonie, en passant par les hauts pays andins.

A Lima, c’est depuis la citadelle du sanctuaire archéologique de Pachacamac que se dévoile ce Pacifique, ainsi baptisé par le Portugais Fernand de Magellan, qui y est mort, en 1521, avant d’en avoir fait le tour. Lieu de culte, de chamanisme, où l’on continue d’apporter des fleurs lors des équinoxes et des solstices, le site est un désert de pierres, frappé par les chaleurs excessives provoquées par El Niño et traversé par la route Panaméricaine, qui s’enfuit vers la Terre de Feu. Les tremblements de terre, dont celui de 1746, ne l’ont bien sûr pas épargné. « Seuls 5 % du site ont été fouillés, explique Denise Pozzi-Escot, directrice du Musée du site archéologique Pachacamac, en partie grâce à l’argent du tourisme récolté par le Chemin des Incas, un dispositif d’Etat qui passe par les hauts lieux andins, dont Cuzco et le Machu Picchu. »

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L’INSTRUMENT DE LEURS MESURES, 
LE QUIPU, DES FILS DE COULEURS ET DES NŒUDS
C’est ici que les Incas, peuple montagnard venu des rives du lac Titicaca, ont découvert la mer, et avec cette vision océane, se sont mis à croire à la Mama Cocha, la mère de toutes les eaux. A l’arrivée des Espagnols, ce site était « à son apogée », symbole de la construction politique inca, mise en place grâce à de multiples alliances, acceptées ou forcées, avec les peuples qui composaient la mosaïque péruvienne. Les Incas étaient d’habiles administrateurs, de solides architectes, inventifs en matière d’irrigation. Ils adoraient les statistiques et avaient créé l’instrument de leurs mesures, le quipu, des fils de couleurs et des nœuds, dont l’exposition présente un modèle exceptionnel.

Le site de Pachacamac saccagé

Le Pérou moderne connaît de graves problèmes d’eau, on se contentera donc d’imaginer ce qu’a été la vallée luxuriante du Lurin, où a été bâti Pachacamac, un centre religieux créé entre 200 et 600, qui a connu son apogée avec les Wari (650-1100). Les prêtres Ychsma y ont édifié un temple peint en forme de pyramide (1100-1470), avant que les Incas (1470-1532) n’y mettent en place leur culte du Soleil, et le temple qui va avec. Ce que nous enseigne de façon frappante le site de Pachacamac, c’est que la domination inca a été brève : elle a duré quatre-vingt-dix ans, très peu en comparaison des Aztèques et des Mayas au Mexique.

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Le site de Pachacamac a été saccagé par les Espagnols, car ils sont venus y chercher la rançon promise à Pizarro par Atahualpa, après sa capture par surprise à Cajamarca. Peint par le Péruvien Juan Lepiani entre 1920 et 1927, le tableau de La Capture d’Atahualpa prêté par le Musée des arts de Lima est un embrouillamini d’Incas à boucles d’oreille et de conquistadors à cheval, avec l’empereur au centre. Une œuvre à l’intense dramaturgie : un prêtre exige la reddition du peuple inca, et tend un livre à Atahualpa, qui ignore qu’il s’agit d’une bible et le jette à terre. Prisonnier, il offre pour sa libération l’équivalent en or de la pièce où il est enfermé. Les Incas mélangeant le cuivre à l’or, il faudra en fondre beaucoup.

L’empereur Atahualpa est finalement exécuté, au garrot, en 1533. Puis le clan Pizarro se déchire. Le conquistador est assassiné en 1541. Ses ossements sont religieusement conservés à la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Cuzco, [ Le tombeau de Francisco Pizarro, se trouve dans la cathédrale de Lima NdR dans une chapelle entretenue par la communauté italienne venue au Pérou au début du XXe siècle, et qui retrouve en Pizarro la figure du migrant ayant réussi.
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Pour retracer l’époque, Paz Núñez-Regueiro a demandé au Musée Pedro de Osma, fondé à Lima par un mécène industriel et oligarque de la canne à sucre, de lui prêter un tableau de l’école de Cuzco (fin XVIIe) : on y voit la représentation de Santiago Matamoros, nouvelle figure de saint Jacques le Majeur ou saint Jacques, saint patron de la Reconquista de la péninsule ibérique, lors de l’expulsion des Maures par les rois d’Espagne. Car s’ils étaient cupides, s’ils ont participé à la culture de l’extraction, « où aucune richesse ne se redistribue », culture qui a fondé l’histoire du Pérou et perdure aujourd’hui – « celle de l’or, du guano, du caoutchouc et, aujourd’hui, du cuivre », selon l’anthropologue et professeur à l’université de Cuzco, Jean-Jacques Decoster –, les conquistadors se pensaient également messagers du Dieu chrétien.

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« SANTIAGO MATAINDIOS »
1615,POMA DE AYALA  
Au Musée du quai Branly, qui a ajouté à ses emprunts péruviens de beaux objets de sa propre collection « Amériques » dont Paz Núñez-Regueiro s’occupe, l’histoire est fort scrupuleusement racontée. Au Pérou, elle nourrit les conversations quotidiennes, et se rejoue dans les conflits souvent violents entre la population indigène et les compagnies minières, qui veulent exploiter le cuivre à ciel ouvert, comme la mexicaine Southern Copper, à Tia Maria (1,2 milliard d’euros d’investissement), dans le sud, ou le groupe chinois Chinalco à Morococha (ouest). La propriété privée n’existait pas chez les Incas, car tout leur appartenait.


« L'Inca et le conquistador », Musée du quai Branly, jusqu’au 20 septembre. Catalogue Actes Sud/Musée du quai Branly, 192 pages, 35 euros.


jeudi 25 juin 2015

LE CHILI FAIT SAUTER LE VERROU URUGUAYEN

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PHOTO AFP
COPA AMÉRICA 2015 - QUARTS DE FINALE - CHILI/URUGUAY (1-0). L'opposition de styles attendue a bien eu lieu. Jeu léché chilien contre garra charrúa, sauf que la Roja a longtemps été stérile et que l'Uruguay a fait plus qu'empêcher de tourner en rond les hommes de Sampaoli. Le Chili a d'ailleurs dû attendre l'expulsion de Cavani pour faire sauter la banque. Un rouge injuste, mais ça, Santiago s'en fout. Le Chili a vaincu la malédiction.
« Je ne sais pas si l'Uruguay jouera un jour

comme le Chili ou l'Argentine, mais nous avons nos propres caractéristiques » disait Óscar Tabárez avant le match, ce à quoi Sampaoli répondait que pour gagner, le Chili devait attaquer et jouer comme d'habitude, car c'était la seule manière pour son équipe de remporter de grands matchs.

Un condensé parfait de l'opposition de styles qui a eu lieu pendant toute la partie. Ce que maître Tabárez n'avait en revanche pas prévu, c'était l'arbitrage maison offert par l'homme en noir brésilien. À la suite d'un doigt dans le c** de Jara sur Cavani qui ne se laisse pas faire, le défenseur chilien s'écroule. À tort, l'officiel croit à la simulation du numéro 19 et assène un deuxième jaune à Edi. On joue la 64e minute et le match vient de basculer. Vingt laborieuses minutes plus tard, Mauricio Isla reçoit une passe de Valdivia et envoie le ballon au fond des filets. Une délivrance pour un Chili jusqu'alors peu tranchant. 

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PHOTO AP
« Je ne sais pas si l'Uruguay jouera un jour comme le Chili ou l'Argentine, mais nous avons nos propres caractéristiques » disait Óscar Tabárez avant le match, ce à quoi Sampaoli répondait que pour gagner, le Chili devait attaquer et jouer comme d'habitude, car c'était la seule manière pour son équipe de remporter de grands matchs. Un condensé parfait de l'opposition de styles qui a eu lieu pendant toute la partie. Ce que maître Tabárez n'avait en revanche pas prévu, c'était l'arbitrage maison offert par l'homme en noir brésilien. À la suite d'un doigt dans le c** de Jara sur Cavani qui ne se laisse pas faire, le défenseur chilien s'écroule. À tort, l'officiel croit à la simulation du numéro 19 et assène un deuxième jaune à Edi. On joue la 64e minute et le match vient de basculer. Vingt laborieuses minutes plus tard, Mauricio Isla reçoit une passe de Valdivia et envoie le ballon au fond des filets. Une délivrance pour un Chili jusqu'alors peu tranchant.


Jeu léché contre garra charrúa

C'est désormais un classique. Le sale Chile retentit vigoureusement, avant l'entrée des joueurs. La pression monte à l'Estadio Nacional, le public réclame un titre pour changer les triomphes moraux en victoires authentiques. Sauf que dès le début, la Celeste met à l'épreuve la défense chilienne. L'Uruguay chauffe les 5 premières minutes et enflamme un duel physique que le Chili craignait, tant Vargas répond en allumant la première mèche chilienne après une action typique de l'escouade de Sampaoli. Valdivia, lui, réussit encore un petit pont génial, tranquillement posé. Le Mago est une fête, et Santiago s'enflamme. Mais voilà, à chaque contre, le Chili est en difficulté. Medel et Jara, positionnés très haut, n'hésitent pas à se faire de dangereuses passes dans l'axe malgré Cavani qui rôde. On craint qu'une fois de plus, le Chili ne soit prêt à mourir avec ses idées. Car tous les Rouges attaquent. Minutieusement le Chili cherche à casser le verrou. Vidal et Aránguiz s'y essayent sans succès. Mais la Celeste est dans la gestion, ils ne se font pas trop de mouron, la jouent à l'expérience et forcent sur tous sur les coups de pied arrêtés où Godín et l'arrière-garde monte systématiquement. Si l'opposition de style attendue a lieu, le spectacle n'est pas extraordinaire. 

Rouge amer pour Cavani

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CRÉDITS PHOTOSPORT
Lors de la seconde période le Chili attend l'Uruguay 2 minutes sur la pelouse. Une manière pour la Celeste de faire monter la pression et d'entrer sous les sifflets. Les huées, les Uruguayens adorent ça et, petit à petit, un sentiment palpable de trouille s'empare du Nacional. Le public vantard ne chante plus, le jeu chilien est stérile, les hommes ratent des contrôles et n'osent pas frapper. L'habituel coup de Trafalgar uruguayen, d'éliminer systématiquement les locaux, n'est pas loin. La malédiction chilienne lors des matchs couperets non plus. Au fur et à mesure que le temps avance, les jambes chiliennes tremblent, oui mais voilà, un homme est debout, il a quelque chose à se faire pardonner. Cet homme, c'est Arturo Vidal. Un autre à l'inverse est sans doute très marqué par l'accident mortel provoqué par son père. Cet homme, c'est Edinson Cavani, expulsé injustement et à qui le Nacional dit chaleureusement au revoir. Malgré cela, le Chili est imprécis comme jamais. Du coup, Sampaoli tente d'offrir la rédemption à Mauricio Pinilla et un peu de jeu avec l'entrée du fragile mais délicieux Matigol. Mais c'est bien Isla qui finit par gratter un ballon qui traîne et envoyer son équipe en demi-finale. La fin du match est un bordel sans nom, une bataille de rue, mais ça, le Chili s'en fout. Tout Santiago s'est donné rendez-vous sur la Plaza Italia.



mercredi 24 juin 2015

LE PHOTOGRAPHE DE LA «FILLE AU NAPALM» RETOURNE SUR LES LIEUX

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HO VAN BON, 52 ANS, S'INDIQUE DANS LA PHOTO. 
PHOTO NA SON NGUYEN  
« Assis dans un van pour Trang Bang, Ut, un Leica numérique autour du cou, fit quelques clichés d'essai avec son iPhone. En quittant par le nord Ho Chi Minh ville, auparavant Saigon, le paysage révéla combien l'autoroute 1 avait changé depuis la guerre. Aujourd'hui, les attractions du bord de route sont un restaurant appelé "Sushi World" et un vendeur à la criée de statues de la Liberté miniatures ».

mardi 23 juin 2015

« LE RETOUR DE FABIOLA » : RENTRÉE AMÈRE POUR LA FILLE PRODIGUE

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UNE SCÈNE DU FILM « LE RETOUR DE FABIOLA ».

Il ne faudra sans doute pas longtemps au spectateur installé devant Le Retour de Fabiola pour se demander s’il ne manque pas un point d’interrogation au titre du film de Jairo Boisier, ou s’il ne faut pas le comprendre dans un sens ironique. Existe-t-il vraiment une possibilité de retour pour cette jeune femme de trente ans qui revient dans son village natal habiter chez son père, après une carrière dans le cinéma X à Santiago du Chili ? C’est tout ce que l’on sait de son passé, et tout ce que l’on saura. Le film démarre lorsque Fabiola descend du bus avec sa famille, et Jairo Boisier établit très vite un petit jeu visant à contourner les tentations voyeuses que l’on pourrait avoir : il montre quelques DVD des films de Fabiola, mais sur lesquels n’apparaissent qu’un titre et une photo de son visage très maquillé, ou coupe la seule scène où Fabiola consent à raconter « comment c’était » à une ancienne amie, à l’instant où elle va commencer son récit.
Ce que l’amie voulait savoir, c’est ce que nous, spectateurs, ne saurons pas : pourquoi Fabiola s’est tournée vers le cinéma X, les performances auxquelles elle s’y livrait, le succès de sa carrière – que l’on imagine cependant modeste, au jugé de la maigre valise qu’elle rapporte au village et de ses efforts pour trouver rapidement un travail. En rejetant en même temps qu’elle toutes les possibilités d’évoquer l’avant, Jairo Boisier nous contraint à la considérer presque comme les autres, et à nous demander dans quelle mesure ce « presque » suffit à faire une différence, et plus encore un mur qui la maintient en marge du monde.

Bourrue, taiseuse, maladroite

Il ne devrait assurément pas y suffire, et Fabiola ne cesse pourtant de se heurter aux murs. Elle s’y heurte au sens figuré, à chaque refus d’un employeur potentiel, à chaque réaction farouche d’anciens proches, ou même de sa sœur, de son père. Au sens propre, elle se heurte aux cadres presque toujours fixes de Jairo Boisier, qui ne la filme qu’en plans-séquences, et comme prisonnière de petitesses multiples et presque toujours inconfortables – la maison, le village, le regard des villageois.

Les choix esthétiques aussi radicaux tiennent souvent mal la durée, sentent rapidement l’artifice : c’est tout le contraire ici. Les cadres fixes, les plans-séquences disent toute la rigidité d’un monde dans lequel Fabiola ne parvient pas à se réintégrer, mais dont elle semble ne plus pouvoir sortir, dès lors qu’elle y est rentrée. Le procédé fait d’autant mieux sens que rien, chez Fabiola, ne semble petit ou mesquin. Elle est un peu bourrue, taiseuse, maladroite, mais l’interprétation très fine qu’en donne l’excellente Paola Lattus laisse sans cesse deviner un cœur immense, qui n’aimerait rien tant que les grands mots d’amour, les rires, les embrassades, et ne trouve qu’une exigence tacite de discrétion, comme pour la faire payer d’avoir tant fait parler d’elle.

La tragédie de son retour douteux tient à ce qu’à l’exception, peut-être, de son premier employeur, Moises, ceux qui l’entourent sont tous dotés d’un cœur assez grand pour répondre au sien. L’habitude les retient, la timidité, ou les racontars : des raisons bêtes, d’autant plus bêtes que tous ces gens s’aiment bien et qu’il n’y a rien de plus que l’ombre d’un passé entre eux. Plus les personnages hésitent, plus le film s’entête souvent contre eux à les garder unis : le cadre alors, lorsqu’il est cadre familial, se met à suggérer le rapprochement des cœurs. Mais il faudrait encore que, comme le cinéma, les cœurs sachent reléguer un passé ombrageux dans l’oubli du hors-champ.


Film chilien de Jairo Boisier. Avec Paola Lattus, Catalina Saavedra, José Soza, Daniel Antivilo et Hernando Lattus (1 h 24).

lundi 22 juin 2015

LE RETOUR DE FABIOLA

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Réalisé par Jairo Boisier. Chili. Drame. 1h24 (Sortie le 24 juin 2015). Avec Paola Lattu, Catalina Saavedra, José Soza, Daniel Antivilo, Hernando Lattus et Daniela Ramirez.

Philippe Person





Si l'on parle généralement de « fantastique argentin», on n'a pas l'habitude d'accoler de qualificatif à « chilien ». Et pourtant, « Le retour de Fabiola » de Jairo Boisier en fournit la preuve, il y a une manière toute chilienne de jouer avec le banal pour en faire du singulier.





La seule référence cinématographique récente que l'on a pour appuyer cette réflexion est « La Nana », un film de Sebastian Silvera, dans lequel jouait déjà la formidable Catalina Saavedra, qui fait ici la sœur de Fabiola.

Comme dans « La Nana », « Le retour de Fabiola » expose des faits très simples, très plats. Une jeune femme revient vivre avec son père et sa sœur dans une province éloignée de Santiago où elle avait cru pouvoir réussir. Pas très bien accueillie par son père et sa sœur, maniaque du ménage, elle trouve vite un travail dans une « casse ».


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Assez mutique, Fabiola ne semble pas ravie par ce retour mais ne paraît pas trop en souffrir. On la sent seulement plus très habituée à un climat plus rude qu'à la capitale. Tout ce qui lui importe, c'est d'avoir un vélo en état de marche...

Peu à peu, on va en apprendre de belles. Mais pas directement, plutôt par allusions qui permettront de comprendre, par exemple, la mauvaise humeur de son père, vieux mineur fier de son ancienne condition, et l'intérêt pour Fabiola d'un jeune garçon et de son père.

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Disons-le tout net : Fabiola a fait du « X » et ses films ont été vus dans ce coin paumé du Chili. Sujet prétexte aussi à alimenter beaucoup de non-dits à la Kaurismaki. Car il n'y a pas que Fabiola à être une « taiseuse ». On ne s'épanche pas beaucoup dans cette contrée où l'on finit par boire plus qu'on ne parle.

« Le retour de Fabiola » de Jairo Boisier vaut pour son ambiance bien particulière, son infra-humour qui cache un désespoir qui ne cherche pas à être poli.

Vaste et froide prison des âmes, le Chili moderne donne l'impression de naviguer entre passé absent et futur introuvable. Fabiola revient pour repartir. Sa volonté est intacte et elle incarne, bonnet de laine sur la tête, l'avenir d'une voyageuse avec à peine des bagages. Elle se cherche, et c'est finalement une bonne nouvelle qu'elle ne se soit pas retrouvée dans le village de ses origines.

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Qu'elle laisse le canari de son père pousser quelques notes dans sa cage éternelle, au bout de sa route, il y a un chemin...

« Le retour de Fabiola » de Jairo Boisier est un film d'étape de montagne comme on dirait sur le Tour de France. Dans un prochain, plus roulant pour son vélo, l'excellente Paola Lattus, qui rend consistante l'inconsistance de Fabiola, saura peut-être rire ou sourire. Qu'importe, on est prêt à la suivre et sans arrière-pensées vers un autre beau film comme celui-ci, tout simplement.



Philippe Person

dimanche 21 juin 2015

CHILI: ARTURO VIDAL CRASHE SA FERRARI EN ÉTAT D'IVRESSE

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LA FERRARI D'ARTURO VIDAL AURA PLUS DE MAL À ROULER DÉSORMAIS. PHOTO TWITTER

Déjà auteur de trois buts depuis le début de la Copa America, le milieu international chilien Arturo Vidal a été arrêté après un accident de la route près de Santiago, mardi. Il a subi un test d'alcoolémie positif.
Rédaction avec S.K
Le milieu de terrain chilien Arturo Vidal a été conduit à l'hôpital mardi soir après un accident de voiture à une vingtaine de kilomètres au Sud de Santiago. Le joueur de la Juventus Turin qui dispute la Copa America avec sa sélection a été soigné pour des blessures légères. Il a été touché au cou tandis que son épouse qui était à ses côtés a été blessée à un coude.

Des photos montrant sa Ferrari gravement endommagée circulent sur les réseaux sociaux. L'accident qui a impliqué trois véhicules au total est survenu alors que Vidal comme les autres joueurs chiliens avaient quartier libre après leur nul (3-3) contre le Mexique dans leur deuxième match de poule, une rencontre pendant laquelle il a inscrit deux buts.

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Circonstance aggravante pour le vice-champion d'Europe: le contrôle d'alcoolémie s'est révélé positif et il a été placé en garde à vue en attendant d'être présenté à la justice après dégrisement. Le joueur a tweeté des propos rassurants - «Malheureusement, j'ai été impliqué dans un accident de la circulation. Heureusement, nous allons tous bien, merci pour votre sollicitude!» - avant de poster une courte vidéo via le même canal où il assure ne pas être responsable de l’accident. Sa Copa America est-elle terminée?

COPA AMÉRICA : CHILI-BOLIVIE, LE MATCH DE LA MER

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Chili-Bolivie. Ce n’est pas l’affiche la plus alléchante de la 44e Copa America, qui réunit les meilleures nations d’Amérique du Sud au Chili. La première place du groupe A se joue certes dans la nuit de vendredi à samedi au tristement célèbre Estadio nacional de Santiago, centre de détention et de torture sous la dictature militaire de Pinochet. 
Mais pour la Bolivie, affronter le voisin chilien su

sur ses terres dépasse très largement le cadre sportif. Evo Morales, le très populaire président bolivien, a en effet saisi la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye afin d’obliger le Chili à négocier « un accès souverain à la mer » pour son pays.
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« LE ROI ARTHUR »
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Un conflit qui remonte à la fin du XIXe siècle. Des hausses d’impôts et des vues chiliennes sur les ressources naturelles de la région d’Antofagasta, alors territoire bolivien, plongent le Chili, la Bolivie et son allié péruvien dans la guerre du Pacifique (1879-1884). Battue, la Bolivie doit signer un traité de paix quelques années plus tard, en 1904, dans lequel elle cède l’Antofagasta (120 000 km2, 400 km de côtes) au Chili. Plus d’un siècle plus tard, Evo Morales entend « mettre fin à l’injustice » et rendre à son peuple un accès à la mer. « La Bolivie est née avec la mer, c’est fondamental pour notre économie, défend Liborio Flores Enriquez, ambassadeur en Argentine et proche du premier président indigène de Bolivie. Avec les nationalisations des hydrocarbures, Evo a rendu aux Boliviens leur dignité. La demande de La Haye s’inscrit dans ce processus. » Le sujet a été mis sur la table en 2013, à la suite de l’échec des négociations bilatérales avec le gouvernement chilien. Deux livres (« Le livre de la mer » et « Je veux une mer, une mer bleue pour la Bolivie », non traduits) et un hymne (La Marche navale) officiels ont été écrits pour l’occasion. Après avoir déposé le dossier auprès de la CIJ en mai, Evo Morales, fan de football, a osé cette métaphore : « Je compare l’argumentation de la délégation bolivienne avec le but de Messi contre le Bayern Munich en Ligue des champions : démolisseuse. »

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« Contre le Chili, ça va au-delà du football »

Le dernier duel entre les deux voisins, le 14 octobre 2014, n’avait pas eu grand-chose d’un match amical. Après avoir ouvert le score, Carlos Saucedo, le buteur bolivien, s’était jeté au sol, imitant un nageur dans la mer. « Contre le Chili, ça va au-delà du football », justifiait-il en fin de match. Le peuple bolivien et son équipe soutiennent massivement le gouvernement dans sa requête. Marcelo Martins, l’auteur du troisième but contre l’Equateur (3-2), lundi 15 juin, a dédié la victoire à Evo Morales. A son arrivée à Mendoza, en Argentine, tout près de la frontière chilienne, l’équipe avait été reçue par des banderoles « Les Malouines pour l’Argentine » et « La mer pour la Bolivie ». « La sélection dans cette Copa America est à l’image du pays : après tant de déception et de souffrance, il y a de l’espoir et de l’enthousiasme, explique Jaime Galarza, journaliste sportif bolivien. La victoire et la probable qualification sont déjà une grande fierté pour nous. Maintenant, si on bat le Chili… »

Car la performance de la Verde à cette Copa America est déjà remarquable. La victoire face à l’Equateur a mis fin à dix-huit ans de disette en Copa America. La dernière victoire remontait à la demi-finale contre le Mexique, le 25 juin 1997, à La Paz… à 3 700 m d’altitude.



ROUGEOLE – CHILI



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Bulletin d’information sur les flambées épidémiques 12 juin 2015. Le 10 juin 2015, le point focal national RSI du Chili a notifié cinq cas de rougeole à l’OMS.


Un homme de 31 ans originaire de Santiago a présenté des symptômes le 12 mai et donné un résultat positif pour la rougeole le 15 mai. Il avait voyagé en Chine du 4 au 28 avril. Selon l’enquête épidémiologique, la période d’incubation coïncide avec la date de son voyage Chine-Hawaï-Santiago; le patient a signalé avoir eu des contacts avec des passagers symptomatiques durant la première étape (Beijing-Honolulu) de son voyage de retour à Santiago.

Un nourrisson de moins de 10 mois de la municipalité de Maria Pinto, à Santiago, a présenté des symptômes le 25 mai et donné un résultat positif pour la rougeole le 29 mai. Il n’avait pas reçu le vaccin ROR car il n’avait pas encore atteint l’âge prévu par le calendrier national de vaccination. À ce jour, aucun lien épidémiologique direct n’a été établi avec le premier cas. Cependant, il a été confirmé que le virus chez ce nourrisson était de génotype H1, ce qui constitue un indice virologique d’un lien possible entre les cas 1 et 2, avec appartenance à une même chaîne de transmission.

Un homme de 38 ans originaire de Santiago a présenté des symptômes le 1er juin, pendant la période d’incubation du cas 1. Comme pour le cas 2, le génotype viral a été déterminé comme étant le H1.
Un agent de santé de 44 ans de la municipalité de Las Condes, à Santiago, a présenté des symptômes le 3 juin et donné un résultat positif pour la rougeole le 6 juin. Après avoir été hospitalisé, il est actuellement en convalescence chez lui.

Un homme de 21 ans, appartenant à la famille du second cas, a présenté des symptômes le 4 juin et donné un résultat positif pour la rougeole le 10 juin.
Action de santé publique

Les principales mesures prises en matière de santé publique ont consisté à alerter les réseaux publics et privés et à intensifier la surveillance pour permettre une investigation rapide des cas. Tous les contacts identifiés des cas suspects sont immédiatement vaccinés (sans attendre la confirmation des analyses de laboratoire) et la vaccination des enfants a été renforcée. L’objectif est d’interrompre la chaîne de transmission.

Dans le contexte de la «Copa America Chile 2015», qui se tiendra au Chili du 11 juin au 4 juillet, les autorités sanitaires nationales et l’Organisation panaméricaine de la Santé ont conseillé aux voyageurs souhaitant se rendre au Chili de vérifier qu’ils sont à jour pour le vaccin antirougeoleux et, sinon, de se faire vacciner deux semaines avant leur départ.


vendredi 19 juin 2015

LE CHILI, UNE DRÔLE DE DISCIPLINE

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« LE ROI ARTHUR »
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L'affaire Vidal enflamme le pays organisateur de la Copa America. Si le milieu de terrain n'a pas été sanctionné après son accident de la route sous l'emprise de l'alcool et devrait être alignée ce vendredi contre la Bolivie, il illustre les soucis récurrents des joueurs chiliens à se concentrer sur le ballon. Et pas de rouge.
Stéphane KOHLER 

Cest une affaire d’Ètat. Même Michelle Bachelet, la présidente de la République, a été priée de commenter le cas d’Artuto Vidal, le joueur chilien victime dans la nuit de mardi à mercredi d’un accident de la route près de Santiago, détruisant sa Ferrari sous l’emprise de l’alcool. C’est une affaire d’Etat. Même Michelle Bachelet, la présidente de la République, a été priée de commenter le cas d’Artuto Vidal, le joueur chilien victime dans la nuit de mardi à mercredi d’un accident de la route près de Santiago, détruisant sa Ferrari sous l’emprise de l’alcool. Vidal et sa femme ont été légèrement blessés, tout comme le conducteur du véhicule heurté par la Ferrari, qui sera largement indemnisé par l’international de la Juventus, privé de permis pour quatre mois mais pas sanctionné par son sélectionneur, l’Argentin Jorge Sampaoli. «Je suis contente qu’il ne se soit rien passé de grave, ni pour lui ni pour son épouse ou l’autre conducteur, c’est tout ce que je peux dire, a indiqué Bachelet. Le volet sportif ne me concerne pas.» Vidal devrait affronter dans quelques heures la Bolivie au stade Nacional, comme si de rien n’était. L’absence de sanction judiciaire importante et surtout sportive a choqué une bonne partie de l’opinion publique. De nombreux éditorialistes et responsables politiques crient au scandale, à l’impunité et regrettent que l’objectif Copa America ne passe au-dessus de l’éthique. Au sein même de la Fédération chilienne comme du groupe de Sampaoli, quelques voix, certes anonymes, relaient un certain malaise. Ce n’est pas la première fois que des joueurs de la Roja s’illustrent d’une telle manière, loin s’en faut. Rappel des principaux épisodes précédents.

Le Bautizazo


Le cas le plus sérieux de ces dix dernières années est appelé ici le Bautizazo, le Sacré Baptême pourrait-on traduire. A la base, il s’agit de fêter le baptême de la fille de Jorge Valdivia, le talentueux meneur de jeu chilien, en novembre 2011. Invités par leur coéquipier, Arturo Vidal, Gonzalo Jara, Jean Beausejour, Carlos Carmona et donc Valdivia forcent plus sur la liqueur que sur les dragées et se présentent le lendemain matin au stage de la sélection en piteux état. Alors en charge de la Roja, l’Argentin Claudio Borghi et la Fédération (l’ANFP) décident de frapper fort, même si les sanctions seront allégées par la suite : 20 matches de suspension pour les fêtards. Arturo Vidal est le premier à s’excuser.


Le petit déjeuner agité de Puerto Ordaz


Pendant la Copa America 2007 au Venezuela, la sélection chilienne est établie dans un hôtel de Puerto Ordaz. Pour casser la routine, Jorge Valdivia, Jorge Vagas, Pablo Contreras, Reinaldo Navia, Rodrigo Tello et Alvaro Ormeño ne trouvent rien de mieux que de se jeter à la figure du jambon, du pain et de la confiture en pleine salle de petit déjeuner, où il sont arrivés visiblement les idées assez embrumées après avoir fêté la qualification pour les quarts de finale. Ils cassent aussi deux ou trois chaises et prennent même à partie des serveuses de l’établissement, mais aucune charge n’est retenue contre eux. La Fédération rembourse les dégâts et punit les agités de 20 matches de suspension, réduits ensuite à 10.


Les autographes de Dublin.


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Au printemps 2006, lors d’un match amical à Dublin, le sélectionneur de l’époque, Nelson Acosta, a l’idée de faire une petite visite nocturne des chambrées à l’hôtel où loge le Chili. Dans l’une d’elles, il trouve Mark Gonzalez et Reinaldo Navia accompagnée de trois admiratrices locales, officiellement présentes «pour demander des autographes». Gonzalez et Navia arguent qu’elles travaillent à l’hôtel. Acosta évoque quant à lui des «chicas de la noche». Les deux joueurs sont immédiatement sanctionnés et priés de retourner au pays.