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jeudi 31 mars 2016

L’ÉCRIVAIN HONGROIS IMRE KERTÉSZ, EST MORT

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IMRE KERTÉSZ EN 1942, DEUX ANS
AVANT SA DÉPORTATION À AUSCHWITZ 
On le revoit en compagnie de son épouse, Magda, dans son lumineux appartement de Meinekestrasse à Berlin – ou bien à deux pas de là, à l’hôtel Kempinski où il avait ses habitudes près de la cheminée –, les mains croisées sur le pommeau de sa canne, son fameux chapeau mou jamais très loin, ses lunettes rondes pendant sur son ventre – rond lui aussi. «Vous remarquerez que je ne me suis pas suicidé, nous avait-il dit un jour avec un sourire. Tous ceux qui ont vécu ce que j’ai vécu, Celan, Améry, Borowski, Primo Levi… ont préféré la mort. »



Créer à partir du non-sens

PORTRAIT, 1955 © IMRE KERTÉSZ
Kertész, lui, avait un fol appétit d’exister. Ce pessimiste qui avait fait le pari de la vie entendait la boire jusqu’à la dernière goutte. Parce que vivre était synonyme de créer et que créer était transformer la matière la plus abjecte de l’humain en quelque chose de fortifiant, d’éclairant et d’intemporel, la littérature. Faire du sens avec du non-sens. L’art comme réponse. Recours et secours à la fois. Dans L’Holocauste comme culture (Actes Sud, 2009), Kertész avait eu cette formule saisissante :
« Je peux dire peut-être que cinquante ans après, j’ai donné forme à l’horreur que l’Allemagne a déversée sur le monde (…), que je l’ai rendue aux Allemands sous forme d’art.»
Né le 9 novembre 1929, à Budapest, dans une modeste famille juive, d’un père marchand de bois et d’une mère employée, Kertész – prononcer Kertéss, un nom qui signifie «jardinier» en hongrois – est déporté en 1944, à l’âge de 15 ans. D’abord à Auschwitz puis à Buchenwald et dans le camp satellite de Zeits, en Allemagne. L’écrivain racontait sobrement son retour d’enfer, en 1945. Lorsqu’il avait voulu prendre un bus à Budapest et qu’on lui avait demandé de payer son ticket. Lorsqu’il s’était aperçu que l’appartement où il avait grandi avec ses parents était « occupé » par d’autres. Lorsqu’il avait compris que sa famille avait été exterminée et qu’il était seul… «C’était étrange, dira-t-il. Comme j’étais encore un enfant, je devais aller à l’école, alors que j’avais, si l’on peut dire, une certaine expérience de la vie…» Cette «expérience» est d’une certaine façon synthétisée dans Liquidation (Actes sud, 2004), où le personnage principal expose son « idée de base » : « Le mal est le principe de la vie (…). Ce qui est véritablement irrationnel, c’est le bien. » Toute l’œuvre de Kertész interroge la façon dont on peut survivre à cette idée.

Une langue qui « entre dans la chair »

IMRE KERTÉSZ JEUNE 
Dans les années 1950, sous la dictature stalinienne, Imre Kertész devient journaliste. Mais le journal pour lequel il travaille se transforme bientôt en organe officiel du Parti communiste. Incapable d’écrire sur ordre, Kertész est mis à la porte. Il décide alors de devenir écrivain et vit avec sa femme dans une chambre minuscule, totalement en marge de la société hongroise. Il survit en écrivant des comédies musicales et en traduisant de grands auteurs germanophones – Nietzsche, Freud, Hofmannsthal, Canetti, Wittgenstein, Joseph Roth… « L’allemand reste pour moi la langue des penseurs, pas des bourreaux », disait-il non sans panache.

En 1960, il commence son grand «roman de dé-formation ou de formation à l’envers» qu’est Etre sans destin. Il mettra treize ans à l’écrire. Lorsque le livre sort en Hongrie, en 1975, il est accueilli de façon glaciale – de même que le sera son prix Nobel quelque trente ans plus tard. Interrogé par Le Monde en 2005, Kertész expliquait que le titre de ce qu’il persistait à appeler «roman» était « une conséquence éthique » de la Shoah :
« Ce que je voulais décrire, c’est comment, dans un univers concentrationnaire, un adolescent pouvait être méthodiquement spolié de sa personnalité naissante. C’est l’état dans lequel vous vous trouvez lorsqu’on vous a confisqué jusqu’à l’idée même de votre histoire. Un état où il est interdit de se confronter à soi-même. Tout le défi du roman consistait à inventer une langue qui lie ces notions et indique une existence verrouillée. »

Cette langue – un phrasé extrêmement personnel, mélange unique de détachement apparent et de distance sarcastique –, cette langue « atonale », comme il la qualifiait, mais dont il a toujours voulu qu’elle « entre dans la chair » de son lecteur, Kertész expliquait qu’elle lui venait indirectement de Camus. Il avait souvent raconté comment à 25 ans il était un jour, par hasard, tombé sur L’Etranger. « Je me suis dit : ce livre est si mince qu’il ne va pas me coûter trop cher… J’ignorais tout de son auteur et j’étais loin de soupçonner que sa prose allait me marquer à ce point. En hongrois, L’Etranger était traduit par L’Indifférent. Indifférent au sens de détaché – du monde, de lui-même. Mais aussi au sens d’affranchi, c’est-à-dire d’homme libre… »

L’« affect » de l’Histoire

Un homme libre. Imperméable à toute sorte de pose, sociale ou littéraire : voilà ce qu’aura été Imre Kertész toute sa vie. A travers ses livres traduits tous chez Actes sud, dont Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas (1995), Liquidation (2004), Le Refus (2002) ; Journal de galère (2010), Le Chercheur de traces (2003)… – l’écrivain se présentait comme quelqu’un qui, « du nazisme au stalinisme, aura accumulé suffisamment de savoir intime sur la dictature » pour la traduire en une expérience créatrice. Une œuvre où « l’affect » de l’Histoire est aussi présent que la mémoire des crimes. Où l’écrivain cherche à cerner comment l’un et l’autre façonnent nos destins, fût-ce à notre insu. Une œuvre où l’humanisme triomphe toujours, du moins sur la page. Et où la notion de liberté rejoint toujours celle du langage. « Briser de l’intérieur des limites de la langue », voilà l’objectif que s’était imposé Imre Kertész.

Dans La Vocation de l’écriture : la littérature et la philosophie à l’épreuve de la violence (Odile Jacob, 2014), le philosophe Marc Crépon note ainsi que pour Kertész, l’écriture n’est pas seulement « une technique de survie », une manière d’échapper au « bourbier de l’inexistence ». C’est aussi un acte de résistance profondément éthique. «Dans les sociétés totalitaires, le “consentement au meurtre” va de pair avec le renoncement à la vérité, le culte de son illusion (sous la forme d’un dogme imposé) et les ruses du mensonge organisé. Le langage ainsi livré à la puissance de ceux qui ont tout pouvoir de le manipuler est d’abord un enfermement.» Marc Crépon souligne que pour Kertész, qui s’est toujours appliqué à étudier la façon dont s’élabore la langue de toutes les dictatures, écrire consiste justement à «ouvrir une brèche à travers laquelle luit l’étincelle d’une liberté possible».

« Auschwitz n’a pas été un accident de l’Histoire »

IMRE KERTÉSZ, 2005
 PHOTO PEER GRIMM
Kertész avait « mal » lorsque les Hongrois lui reprochaient d’être le seul prix Nobel national alors même qu’il ne glorifiait pas la «hungaritude». Il avait mal lorsqu’il voyait la Hongrie d’aujourd’hui «envoûtée par Viktor Orban comme par le joueur de flûte de Hamelin». Il ne cachait pas son désarroi face à la situation d’un pays gangréné par l’antisémitisme et la « culture de la haine », où les rampes de métro, disait-il, sont couvertes d’affiches qui lui rappelaient douloureusement « celles du Parti des Croix fléchées en 1938 », parti pronazi fondé en 1939 par Ferenz Szalasi. Il ne cachait pas son «effarement» devant la recrudescence de l’antisémitisme tout comme le risque de voir «les gardes-frontières qui entreprennent de défendre l’Europe contre la barbarie montante» devenir « à leur tour des fascistes». «Auschwitz n’a pas été un accident de l’Histoire», déclarait-il au Monde en 2015, «et beaucoup de signes montrent que sa répétition est possible».

Pourtant – hormis peut-être dans son dernier ouvrage, L’Ultime auberge (2015) où l’on trouve ça et là quelques remarques déconcertantes de sa part (mais peut-être dues au grand âge ?) sur l’Europe et sur l’Islam – il y a toujours quelque chose de profondément lumineux et d’éminemment généreux chez Kertész. Qu’il vous prenne par la main et vous emmène en promenade au bord du lac Balaton ou le long des rives du Danube, qu’il vous parle de musique, de Bach, Wagner ou Schönberg, ou encore de « ses vieux amis », Musil, Arendt, Thomas Mann, Beckett et surtout Kafka, l’écrivain nous apprend humblement et intelligemment à tout savourer. A ne rien attendre. Dans son Journal de galère (2010), il note cette phrase de Lao Tseu qui lui va comme un gant : « “Non pas vivre en esclave de son avenir” mais “dans la liberté infinie de sa finitude”. »

IMRE KERTÉSZ, 2007
PHOTO GEORGIOS KEFALAS
La mort, qu’il avait frôlée si précocement et de si près, Imre Kertész s’y préparait en un sens depuis toujours. Afin qu’elle ne l’atteigne pas « comme un accident ou comme un malfrat qui vous assommerait au coin de la rue », il travaillait à « atteindre la sagesse d’une vie qui enseigne le savoir de l’aboutissement ». Lui qui avait côtoyé la barbarie n’avait jamais perdu son sens de l’humour si typique des écrivains de la Mitteleuropa. Un jour qu’il était descendu à l’hôtel Raphaël, à Paris, il nous avait confié en souriant : « Il ne fait sûrement pas bon être mort, mais avec le temps on doit pouvoir s’y faire… »


mercredi 30 mars 2016

RAOUL RUIZ À LA CINÉMATHÈQUE, À L'IMEC ET À LA BNF

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À cette occasion, la Bibliothèque nationale de France organisera lundi 11 avril, dans le cadre des Lundis de l'INA, une rencontre, «Raoul Ruiz, l'image retrouvée», qui réunira d'anciens collaborateurs du cinéaste autour de la restauration de ses œuvres. 

La librairie de la Cinémathèque accueillera une séance de signature de Benoît Peeters et Guy Scarpetta, auteurs de Raoul Ruiz, le magicien (Les Impressions nouvelles, 2015). En librairie, on retrouvera d'autres titres dont le réalisateur est auteur ou coauteur, notamment Poétique du cinéma (2 volumes), À la poursuite de l'île au trésor, Le livre des disparitions, tous parus chez Dis Voir, ou son roman L'esprit de l'escalier (Fayard).

Enfin, l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (Imec), qui dispose des archives de Raoul Ruiz, un fonds exceptionnel qui comprend les versions de ses scénarios, ses notes de travail mais aussi ses documents du temps où il avait été nommé directeur de la Maison de la Culture du Havre par Jack Lang en 1985, prévoit une grande soirée le 4 mai à l'Abbaye d'Ardenne, avec des lectures et des entretiens avec auteurs, acteurs et cinéastes.

CHILI : UNE NOUVELLE ARAIGNÉE VENIMEUSE, FAUSSE VEUVE NOIRE, PREND SES AISES SUR LE TERRITOIRE

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STEATODA NOBILIS TROUVÉ À TEMUCO
 MUSÉE NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 

L’expert confirme que, jusque-là, cette espèce n’avait jamais été vue dans l’hémisphère sud. L’araignée en question présente des caractéristiques similaires à la Veuve noire, cependant elle présente des marques blanches sur l’abdomen. Au sujet de son venin, il affirme qu’il s’agit d’« une neurotoxine qui affecte directement le système nerveux. Bien que le venin ne soit pas aussi sévère que celui de la veuve noire, il est douloureux et a certains effets qui sont similaires, tels que la transpiration, la fièvre, dans certains cas la paralysie à proximité de la morsure et autres effets». L’effet du venin après une morsure est caractérisé par une douleur modérée à sévère sur la région concernée d’une durée moyenne de six heures, des nausées, des maux de tête et la léthargie. En outre, la piqûre d’une femelle est plus grave que celle d’un mâle en raison de sa plus grande taille.
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 AIRE DE LA MORSURE DE STEDATOA NOBILIS, 
ZONE ENFLAMMÉE MARQUÉE AVEC STYLO À BILLE
Andrés Taucare Ríos, chercheur, membre du groupe Facebook « Insectos de Chile – OFICIAL » a confié en interview « elles vivent généralement dans des endroits sombres et humides. C’est une araignée chasseuse qui vit la nuit, durant la journée, elle se cache derrière des meubles, des machines à laver ou des réfrigérateurs ». Concernant les mesures à adopter en cas de morsure, il a précisé « il n’y a pas d’antidote contre le venin, même sur l’île de Madère. Mais les recommandations générales minimales à prendre en cas de morsure d’araignée sont à adopter : mettre de la glace pour que cesse l’action du poison, et se rendre immédiatement à une clinique ou un hôpital ».

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 EXEMPLAIRE MÂLE DE STEDATOA NOBILIS RESPONSABLE DE LA MORSURE.
Malgré les symptômes qu’induit sa morsure, les spécialistes affirment qu’elle n’est pas l’araignée la plus dangereuse présente sur le territoire chilien, la plus redoutée est la Loxoceles Laeta (qui est établie entre Arica et Magallanes). « Si nous analysons uniquement la dangerosité du venin, nous avons l’araignée Loxosceles laeta dont le venin a des effets nécrosants de grand impact ».

Le toxicologue a également rappelé que l’araignée du blé (présente d’Arica à Magallanes principalement dans les zones agricoles) ou Lactrodectus mactans, «peut causer un priapisme et dans le cas de femmes enceintes peut conduire à des contractions utérines pouvant causer des avortements ».

La Steatoda nobilis a été enregistrée à Santiago et Valparaiso, sur la côte, elle a une forme ronde, en forme de bulbe avec grand abdomen et une taille de 7 mm à 14 mm. La steatoda Nobilis est connue comme « la fausse Veuve noire », elle est originaire des îles Canaries. En 1870, elle est arrivée en Angleterre et se trouve couramment dans les pays d’Europe occidentale et d’Afrique du Nord.

Pour éviter sa présence dans les maisons, Andrés Taucare recommande de scruter les fenêtres et la présence probable de toiles d’araignées atypiques, ce qui pourrait indiquer la présence de cette araignée.

Pour sa part, le biologiste North Dakota State University, Eduardo Faúndez a affirmé depuis les États-Unis à BioBioChile « il y a quelques cas enregistrés les régions de Valparaiso, Région métropolitaine, O’Higgins, Maule, qui sont ajoutés à ceux d’article scientifique publié par Taucare, Mardones et Zuniga».

« La grande majorité des cas de morsure d’araignée sont accidentels, c’est soit parce qu’elle a été manipulée ou a été écrasée, et en guise de défense, elles utilisent leurs mandibules (mâchoires). La vérité c’est que les araignées, habituellement, nous craignent», a affirmé Jésus Olivares, docteur en neurosciences à l’Université de Valparaiso.


jeudi 24 mars 2016

ARGENTINE : OBAMA DANSE LE TANGO AU DÎNER D'ÉTAT

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PHOTO CARLOS BARRIA 

Le président américain «m'a dit qu'il ne savait pas comment danser (le tango), je lui ai dit qu'il n'avait qu'à me suivre. Il m'a dit 'OK' et il a commencé à danser. Finalement c'est moi qui l'ai suivi parce que c'est un très bon danseur», a raconté Mora Godoy au journal argentin La Nación.

PHOTO CARLOS BARRIA
Avant le dîner d'État avec le président Mauricio Macri au centre culturel Kirchner, Barack Obama a donné un bref discours dans lequel il a cité l'écrivain argentin Jorge Luis Borges selon lequel «dans ce pays nous avons un droit inviolable à l'espoir».

Le président Obama entame jeudi le deuxième et dernier jour de sa visite en Argentine qui coïncide avec les actes de commémoration à l'occasion du 40e anniversaire du coup d'État de 1976. Sa présence a suscité la polémique, des intellectuels argentins estimant qu'un chef d'État américain n'avait pas à être là sachant que les États-Unis étaient à l'époque derrière les dictatures. Barack Obama a adouci les critiques en faisant savoir qu'il avait décidé de lever le secret-défense sur les archives américaines de la dictature. 


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PHOTO CARLOS BARRIA 
Mercredi, Barack Obama n'a pas explicitement fait de mea culpa, demandé pardon ou admis le lien de son pays avec la dictature.

Il a cependant souligné que l'époque des changements forcés était révolue, que les Etats-Unis, n'étaient «pas à court d'autocritique» et dit préférer «la démocratie à la dictature». 

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PHOTO CARLOS BARRIA 
Par ailleurs, le président américain envisage une autre visite historique, après Cuba, après sa présence pour 40ème anniversaire du coup d'état en Argentine, la Maison blanche évoque un déplacement à... Hiroshima. Barack Obama doit se rendre fin mai au Japon pour le sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays du G7, organisé cette année dans une petite ville du centre de l'archipel. Il pourrait en profiter pour se rendre dans la ville japonaise détruite par la bombe atomique en 1945. 

dimanche 20 mars 2016

« YES WE CAME », LE « BIENVENIDO » D’UN ARTISTE CUBAIN À BARACK OBAMA

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Ares, nom d’artiste d’Aristides Estaban, a dépeint un Obama souriant vêtu de la « guayabera » cubaine, un cigare glissé dans la poche, et posant devant la tour en forme d’étoile érigée en mémoire du héros national cubain José Marti. « Yes we came », proclame le dessin, dans un clin d’œil au « Yes we can » de 2008 qui a pris dimanche 20 mars, un peu après 16 heures, une saveur particulière avec l’atterrissage de l’Air Force One de M. Obama, sous la pluie.

Le président démocrate appréciera sans doute l’attention. Il a pris soin de préparer son arrivée en participant au sketch d’un des comiques les plus populaires du pays, Luis Silva, dont le personnage « Panfilo » peut avoir la dent dure avec les autorités lorsqu’il tourne par exemple en dérision des pénuries de pommes de terre. Le sketch, diffusé par l’ambassade des États-Unis à Cuba, met en scène un coup de fil impromptu entre les deux hommes. « Je suis content que vous veniez. Ne faites pas enregistrer vos bagages, sinon vous serez bloqué à la douane », conseille le Cubain.

LA PHOTO QUI A SECOUÉ LE BRÉSIL

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CLAUDIO PRACOWNICK LE VICE-PRÉSIDENT DES FINANCES DU FLAMENGO, AVEC SA FAMILLE LORS  D'UNE MANIFESTATION ANTI DILMA À IPANEMA. («LE CLUB DES RÉGATES FLAMENGO» EST UN CLUB OMNISPORTS BRÉSILIEN)  

Un couple d'une trentaine d'années arborant un T-shirt aux couleurs du Brésil ; un chien ; deux bébés. Et une employée domestique. Noire. Telle est la composition de la photo qui a agité la toile brésilienne au cours des dernières 48 heures.
par Fanny Lothaire

Le fameux cliché a été pris par un photographe anonyme lors des manifestations du 13 mars, à Ipanema, quartier phare de Rio. L'image est floue, la scène plutôt banale… Et pourtant, la photo a déclenché une véritable polémique sur les réseaux sociaux.


Un géant pas si métissé ….  

« Cette photo illustre parfaitement ce qu'il se passe aujourd'hui au Brésil », explique Vinicius, étudiant de 21 ans originaire de São Paulo. À l'instar de Vinicius, pour beaucoup de Brésiliens, ladite photo constitue un véritable symbole : le symbole d'un pays profondément inégalitaire, marqué par des divisions socio-raciales prégnantes.

Les principaux médias du pays insistent sur la dimension considérable des manifestations, soulignant leur caractère historique. Le Brésil serait en ébullition, animé et uni par un même ras-le-bol politique. Néanmoins, à y regarder de plus près, le pays semble bien plus divisé qu'il n'y paraît. En effet, parmi les quelques 3,5 millions de manifestants du 13 mars, l'immense majorité était blanche. Et pourtant, depuis 2011, plus de la moitié de la population brésilienne, soit 110 millions de personnes, est noire. Autre détail : 77% des personnes qui participaient aux manifestations jouissaient d'un niveau d'éducation largement supérieur à celui de la population brésilienne. Et 40% recevaient un salaire 10 fois supérieur au salaire brésilien moyen.

Ce dimanche 13 mars, ce n'est donc pas le Brésil tout entier qui est sorti dans les rues. Les rangs de manifestants ne comptaient (quasiment) ni noir, ni pauvre. À l’exception, bien entendu, des employés domestiques, des vendeurs ambulants et des employés de la Police Militaire. Les cris de colère étaient ceux d’une élite, la voix d’une minorité.

La Bolsa Familia, ce nouveau péril «communiste»

Et si la minorité a défilé, ce n'est pas au nom de tous, bien au contraire. À en croire Vinicius et de nombreux internautes, l'élite blanche utilise le fléau de la corruption comme prétexte pour attaquer le Parti des Travailleurs (PT), actuellement au pouvoir. « L'élite perçoit le gouvernement comme une menace pour ses privilèges. En réalité, elle n'est pas concernée par la moralité ou l'honnêteté, elle a toujours été dirigée par un gouvernement corrompu » dénonce Antonio Nascimento, militant pour les droits de l'homme dans la région de Bahia.

Depuis l'arrivée au pouvoir du Président Lula, en 2002, le PT a mis en place plusieurs mesures en faveur des groupes sociaux les plus défavorisés. Parmi elles, la politique des quotas et la fameuse « Bolsa Familia », programme destiné à lutter contre la pauvreté. Une initiative fructueuse, qui a permis de sortir 36 millions de Brésiliens de l'extrême pauvreté. Mais pour une tranche de la population, ces actions constituent des tentatives pour « communiser » le Brésil.

C’est cette même tranche de la population qui a défilé ce 13 mars, allant jusqu’à arborer des T-shirts ornés du slogan « 100% Anti-communisme ». Certains prônaient ouvertement la fin de la Bolsa Familia, perçue comme un assistanat. Ainsi, pour l’une des manifestantes de São Paulo, «Les pauvres passent leur temps à boire de la pinga (NDLR : rhum brésilien) et à faire des enfants. Personne ne veut travailler».


LA PLUPART DES MANIFESTANTS ÉTAIENT DES BLANCS. ICI À  DANS SÃO PAULO.
PHOTO OPÉRA MUNDI

Barbouillage et concert de rock : en avant la démocratie ! 

Brouillé par des considérations d‘ordres distincts, le discours des manifestants se révèle donc quelque peu confus. Officiellement, les protestations du 13 mars se revendiquent porteuses de transparence, par opposition aux scandales de corruption entachant l’action du gouvernement. Mais elles expriment surtout un désir de préservation de l’ordre, une volonté de conserver la hiérarchie sociale actuelle. Les manifestations incarnent la réaction conservatrice d’une minorité soucieuse de maintenir ses privilèges, angoissée par les avancées sociales des plus vulnérables. « Cette marche n’est pas seulement contre Dilma et en faveur de sa destitution. Elle est aussi contre les droits de l’homme et les conquêtes sociales », analyse Antonio Nascimento. Sous couvert du combat politique, c’est donc une véritable lutte sociale que semble initier l’élite blanche.

PHOTO EDGAR BUENO
Une lutte qui s’est matérialisée à travers plusieurs scènes de racisme explicite. Dans les rues de São Paulo, un homme blanc a par exemple arboré un panneau représentant le visage de la présidente Dilma Roussef peint en noir, en allusion à l'artiste noir brésilien Mussum, accompagné d'un slogan imitant l'accent de ce dernier. Dans le même genre, un homme au visage barbouillé de noir a simulé un acte de pendaison, devant plusieurs familles amusées (voir ci-dessous). À Rio de Janeiro, des Noirs ont été traités d’ « infiltrés » et expulsés de la manifestation par la Police Militaire.


À São Paulo, plusieurs manifestants ont affiché un racisme explicite.

PHOTO JORNALISTAS LIVRES
Le tout dans une ambiance carnavalesque, marquée par la démesure et la profusion. Pour garantir le spectacle, les organisateurs ont déployé des moyens sans précédent. À São Paulo, les manifestants ont pu profiter d'un concert de rock en direct, de projections lumineuses et de chars diffusant de la musique. Le défilé était attractif, l'élite s'est amusée, c’est le principal.

« Le problème, c'est la corruption du Brésilien lui-même »

Ainsi, si la photo du couple et de son employée noire a déclenché une vague de réactions, c’est parce qu’elle révèle l’autre visage des manifestations. Derrière le combat politique, se trame une lutte socio-raciale. Une lutte que les internautes se sont chargés de dénoncer, à l'aide de tweets enflammés et de caricatures. Certains sont allés jusqu'à établir un parallèle entre la fameuse photo et une série de peintures réalisées par le peintre français Jean-Baptiste Debret lors de sa venue au Brésil, en 1816. Une subtile façon de souligner le poids du système esclavagiste et la prégnance de la ségrégation raciale.

Sous le voile de l’unité, se dessine de nombreuses fêlures, construites et entretenues par une élite. Cette élite blanche qui, sous couvert du combat contre la corruption politique, cherche avant tout à maintenir ses privilèges. Qui prône l'intégrité et la transparence tout en se complaisant au sein d'une culture profondément imprégnée par des inégalités socio-raciales. Qui revendique la démocratie mais la tue dans l’oeuf. « Le problème n’est pas la corruption du gouvernement, c’est la corruption du Brésilien lui-même », conclut Vinicius, la voix teintée de pessimisme.



samedi 19 mars 2016

POURQUOI CE PRINTEMPS NE COMMENCERA PAS LE 21 MARS


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ANTOINE-FRANÇOIS CALLET, PARIS, 1741 - PARIS, 1823, « LE PRINTEMPS OU ZÉPHIR ET FLORE COURONNANT DE FLEURS CYBÈLE », H. : 2,70 M. ; L. : 3,60 M. COMPARTIMENT DU PLAFOND DE LA GALERIE D'APOLLON. MORCEAU DE RÉCEPTION À L'ACADÉMIE, 1780. SALON DE 1781.

C'est le moment exact où le soleil traverse le plan de l'équateur terrestre. L'illumination quotidienne devenant alors plus longue dans l'hémisphère nord que dans le sud, ce qui marque la sortie de l'hiver et l'entrée dans le printemps de notre hémisphère. La durée du jour est alors aussi longue que celle de la nuit, le Soleil se lève plein est et se couche plein ouest.

Orbite pas tout à fait circulaire

Mais pourquoi l'équinoxe ne tombe-t-il pas toujours le 21 mars, mais parfois le 20, voire (de façon très rare) le 19? C'est justement pour éviter la dérive des dates des saisons que notre calendrier grégorien a été mis en place en 1582, mais la révolution de notre planète autour du Soleil est finalement assez compliquée à faire tenir dans un quelconque calendrier. Car d'une part l'orbite de la Terre n'est pas parfaitement circulaire (la distance Terre-Soleil varie de 147 à 152 millions de kilomètres), ce qui fait que les saisons ont une durée inégale. D'autre part, le tour complet autour du Soleil dure exactement 365,2422 jours, ce qui est un peu différent de l'année légale de 365 jours.

Les années bissextiles, comme 2016, permettent de rajouter un jour tous les 4 ans ce qui fait une année moyennée à 365,25 jours. Mais cette compensation est un peu trop forte et au bout de 130 années en moyenne, l'équinoxe tombe un jour plus tôt. Ce qui est le cas en ce moment. Au XXIe siècle, seules les années 2003 et 2007 ont eu l'équinoxe de printemps tombant un 21 mars. Très rarement, lors de certaines années bissextiles (lors desquelles février compte 29 jours) le printemps commence même le 19 mars. La prochaine fois, ce sera le cas en 2044.

Des météorologistes décalés

Pour ne rien simplifier, les saisons astronomiques, rythmées par le ballet de la Terre autour du Soleil, ne correspondent pas aux saisons telles qu'elles sont définies par les agences météorologiques internationales. Car les saisons astronomiques ne font pas toutes de la même longueur (l'hiver dure 89 jours et l'été 93 dans l'hémisphère nord), et comme nous venons de le voir elles ne commencent pas à date fixe.

«En météorologie, l'été correspond à la période de l'année la plus chaude, précise le site de Météo-France. La durée d'ensoleillement maximale se situe autour du solstice d'été (20 ou 21 juin). Mais en raison de l'inertie de l'atmosphère, ce n'est qu'environ trois semaines plus tard que la température moyenne est généralement à son maximum, c'est-à-dire à la mi-juillet.» Si on considère que la période la plus chaude correspond au milieu de l'été, celui commence alors début juin et fini fin août. Les météorologues considèrent que chaque saison dure trois mois. Le printemps commence donc pour eux bien avant l'équinoxe, dès le 1er mars.

vendredi 18 mars 2016

UN PETIT PAS AU CHILI : LES DÉPUTÉS AUTORISENT L'AVORTEMENT THÉRAPEUTIQUE


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UN MANIFESTANT PRÉSENTE UN MARCEL 
«ÉDUCATION SEXUELLE POUR NE PAS AVORTER,
AVORTEMENT LIBRE POUR NE PAS MOURIR » 
LORS DE LA MARCHE POUR LA LÉGALISATION 
DE L’AVORTEMENT LE VENDREDI 6 MARS 2015 
À SANTIAGO, CAPITALE DU CHILI. 
PHOTO CAMILLE RUSSO
Les femmes comme les hommes renonçaient, à peine venaient-elles de tenter de mettre le sujet sur la table comme les adversaires de 2013 Evelyn Matthei (centre droite) et Michelle Bachelet (centre gauche), la deuxième ayant même exercé comme médecin.

Sur ce continent farouchement catholique, rares sont les pays à autoriser, même a minima les femmes à disposer de leur corps.

Jusque là, le Chili était le pays plus verrouillé. C'est dire si ce minuscule pas légal en cette fin d'été austral a eu le retentissement d'un changement constitutionnel.

Un effet Zika ?

Est-ce un effet de la menace Zika ? Depuis l'explosion de l'épidémie déclenchée par le moustique tigre, au Brésil et en Colombie surtout, et la naissance de bébés atteints de microcéphalies, sur tout le continent latino américain, les militants du droit des femmes à disposer de leurs corps pouvaient espérer des changements législatifs à l'occasion de cette catastrophe sanitaire.

La Chambre des députés du Chili a autorisé 17 mars 2017 jeudi l'avortement, totalement interdit depuis la dictature de Pinochet, en cas de viol, de foetus non-viable et de risque pour la santé de la mère, un premier feu vert qui doit désormais être validé par le Sénat.
UNE MANIFESTANTE AVEC UN BANDEAU SUR LA BOUCHE LORS DE LA MARCHE POUR LA LÉGALISATION DE L’AVORTEMENT À SANTIAGO, CAPITALE DU CHILI, LE 6 MARS 2015.
PHOTO CAMILLE RUSSO

Ce dont il est question aujourd'hui, c'est de la dignité des femmes

Maya Fernandes Allende, députée

"C'est incroyable, c'est approuvé", a annoncé le président de la Chambre des députés, Marco Antonio Nuñoz, alors que le pays sud-américain est l'un des rares au monde à appliquer une interdiction stricte de l'interruption de grossesse. Mais la correspondante de TV5MONDE à Santiago du Chili, Laurie Fachaux, raconte un vote émaillé d'insultes - "fascistes, assassins," tandis que pro et anti-avortements manifestaient dans les tribunes par pancartes interposées, les opposants à cette petite ouverture usant comme partout dans le monde d'images de foetus ensanglantés.

Maya Fernandes Allende, la petite fille du président assassiné par les troupe de Pinochet ne pensait plus voir ce jour arriver malgré un combat quotidien : "Ce dont il est question aujourd'hui, c'est de la dignité des femmes. Même si ce n'est qu'un début, c'est un jour pour être heureux."

Chacun des trois motifs d'avortement envisagés ont fait l'objet d'un vote séparé : en cas de risque pour la santé de la mère, 67 députés ont voté pour, 47 contre. En cas de foetus non-viable, 62 ont voté pour, 46 contre. Enfin, le cas ayant suscité le plus de polémique, celui d'une grossesse due à un viol, a recueilli 59 votes en faveur, 47 contre.

Pendant plus de 50 ans, jusqu'en 1989, l'avortement était autorisé au Chili en cas de danger de mort pour la mère ou de fœtus non-viable.

Mais juste avant de quitter le pouvoir, l'ex-dictateur Augusto Pinochet (1973-1990) avait décrété une interdiction en toutes circonstances, maintenue ensuite sous la pression de l'Eglise catholique et des groupes conservateurs.


«AQUÍ NO HA PASADO NADA» OU LA LOI DU PLUS RICHE, AU GAUMONT WILSON

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PHOTO PROMO DU FILM

Ce flagrant délit de justice de classe a révolté l'opinion Chilienne et le réalisateur Alejandro Fernández Almendras a immédiatement décidé d'en faire un film. C'est «Aqui no ha pasado nada» («Ici, il ne s'est rien passé» qui est présenté en compétition à Cinélatino.

Transposant légèrement les faits, le réalisateur met en scène Vicente, étudiant malléable, le cerveau embrumé par l'herbe, un tantinet planant et sans grande personnalité qui se retrouve un soir dans une fête bien alcoolisée dans une somptueuse maison. Sur le coup de minuit, il embarque à l'arrière d'une voiture, bécotant sa voisine, pour aller en boîte. Complètement ivre, Vicente ne sent même pas le choc lorsque la voiture heurte un gars sur le bord de la route. Et le lendemain, ses «copains» passagers du véhicule le désignent à la police comme étant le conducteur…

Manipulations

Réalisé avec des textos incrustés dans l'image, une caméra très mobile, au plus près des personnages, le film affronte ce thème la justice cher à Alejandro Fernández Almendras qui avait déjà traité un autre versant de la question dans «Matar un hombre». «Si «Matar» était un film sur la justice des pauvres «No ha passado nada» traite de la justice des riches» explique le réalisateur qui souligne avoir eu d'énormes difficultés pouvoir réaliser ce film et dénonce une justice chilienne encore manipulable et manipulée par les puissants, les politiques les riches. «Avec de l'argent on peut au Chili, avoir la Justice avec soi» assène t-il…

Jeudi 17 mars à 16 h au Gaumont Wilson

Notre sélection

à 12h30, à l'ABC le film Vénézuélien « Desde alla » Lion d'Or 2015 à Venise. Armando, un homme aisé d'âge mur, racole de jeunes hommes en change d'argent. Il ne veut pas les toucher, seulement les regarder à distance. à 14h 10 à la Cinémathèque «La véridique histoire du sous-commandant Marcos ». Documentaire de Carmen Castillo et Tessa Brissac qui raconte l'histoiredecette guerilla démocratique. à 16h au Gaumont Wilson, «Aqui no ha pasado nada » (lire ci-contre). à 17h30 au Cratère « Le bouton de nacre » de Patricio Guzman. à 18h 30, à Cervantès « Frida, nature vivante », portrait de Frida Khalo. à 19h au Cratère « El club » de Pablo Larrain. à20 h au Gaumont Wilson « El acompañante » (compétition) à Cuba au début des années Sida, les porteurs du VIH étaient mis en quarantaine dans des sanatoriums militaires avec un accompagnant qui les suivaient jour et nuit. à 20h30 à Tangueado (51 rue Bayard) « Salgan & Salgan, un tango de padre e hijo» à 21h15 à l'ABC « Antes tempo não acabava » (compétition. ) Originaire de la forêt amazonienne Anderson vit à Manaus avec sa sœur. Il a du mal à s'adapter à la vie citadine. Même s'il refuse (photo) les traditions ancestrales des siens…

jeudi 17 mars 2016

LE CHILI MET FIN À L’INTERDICTION STRICTE D’AVORTER

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MANIFESTATION DE SOUTIEN À LA LOI AUTORISANT L’AVORTEMENT, À VALPARAISO, LE 17 MARS 2016. PHOTO RODRIGO GARRIDO 
Il était totalement interdit depuis la dictature de Pinochet. La Chambre des députés du Chili a autorisé, jeudi 17 mars, l’avortement en cas de viol, de malformation fœtale et de risque pour la santé de la mère.Le texte devra désormais être validé par le Sénat. 
MANIFESTATION PRO IVG, À VALPARAISO, 

LE 17 MARS 2016. PHOTO RODRIGO GARRIDO 
L’interruption de grossesse avait été possible pendant cinquante ans en cas de fœtus non viable et de danger pour la santé ou la vie de la mère.

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MANIFESTATION PRO IVG À SANTIAGO DU CHILE.
PHOTO MARIO RUIZ

Il était totalement interdit depuis la dictature de Pinochet. La Chambre des députés du Chili a autorisé, jeudi 17 mars, l’avortement en cas de viol, de malformation fœtale et de risque pour la santé de la mère.Le texte devra désormais être validé par le Sénat.

L’interruption de grossesse avait été possible pendant cinquante ans en cas de fœtus non viable et de danger pour la santé ou la vie de la mère. Mais le général Augusto Pinochet, au pouvoir entre 1973 et 1990, avait totalement interdit l’avortement en 1989, juste avant de quitter le pouvoir. Cette interdiction totale a été maintenue depuis le retour de la démocratie, en 1990, sous la pression de l’Église catholique.

En août 2015, le Congrès chilien avait approuvé un texte visant à dépénaliser l’avortement en cas de risque pour la vie de la mère, de malformation ou de grossesse due à un viol, dans un pays où l’interruption de grossesse est totalement interdite. Cette première approbation du texte est nécessaire pour légiférer sur un thème de société particulièrement polémique au Chili, un des pays les plus conservateurs d’Amérique latine, où le divorce n’a été approuvé qu’en 2005 et où plus de 70 % de la population se déclare catholique.