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jeudi 31 octobre 2019

COP25 ET APEC.SOMMETS ANNULÉS : AU CHILI, L'URGENCE EST AILLEURS


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PHOTO EL DÍNAMO
Le président chilien Sebastián Piñera a annulé deux sommets de première importance, celui de l’Apec et la COP25, qui devaient se tenir respectivement en novembre et en décembre au Chili. Une décision lourde de conséquences, mais aussi l’aveu que le pays a d’autres urgences à traiter.
À SANTIAGO AU CHILI 
LE 30 OCTOBRE 2019.
 PHOTO / REUTERS / JORGE SILVA
Le gouvernement a décidé, avec une profonde douleur, car c’en est une pour le Chili, de ne pas accueillir le sommet de l’Apec programmé en novembre, ni la COP25 en décembre prochain”, a annoncé le président Sebastián Piñera le 30 octobre, dans une allocution devant les médias. Le chef de l’État a expliqué qu’il devait se concentrer sur la crise sociale qui agite le pays.

Ce ne fut pas une décision facile, écrit El Mercurio. Tous les objectifs du gouvernement pour cette année étaient focalisés sur ces deux événements.” Et, aux yeux du monde, “ce pays n’est plus la nation sûre qui avançait à bon pas”.

L’Apec, un forum de coopération intergouvernemental des régions du Pacifique – réunissant des pays d’Asie, d’Amérique et de l’Océanie – devait se tenir à Santiago les 16 et 17 novembre. La prochaine rencontre internationale sur le changement climatique, la COP25, devait quant à elle être accueillie par le Chili du 2 au 12 décembre.

Depuis deux semaines, le Chili traverse une profonde crise sociale qui a conduit à l’instauration de l’état d’urgence et à l’intervention de l’armée pour réprimer les manifestations, avant que le gouvernement ne fasse un pas en annonçant des mesures sociales et un remaniement ministériel. Les émeutes ont fait une vingtaine de victimes et des centaines de blessés.

Une image plus vraie du Chili


Le 29 octobre, le président russe Vladimir Poutine annonçait au gouvernement chilien qu’il n’assisterait pas au sommet de l’Apec – sans donner de raisons – mais enverrait son premier ministre, Dmitri Medvedev, rapportait le site Biobiochile.

La Russie n’était pas la seule à soupeser les risques de ce sommet, ajoute El Mercurio dans un éditorial :
« Dix-neuf chancelleries des pays membres [de l’Apec] ou observateurs examinent depuis une semaine la situation au Chili pour savoir si la rencontre pourrait avoir lieu en toute quiétude. »
L’annulation des ces rencontres internationales ternit l’image du Chili et aura des répercussions négatives sur le plan économique, estiment des experts interrogés par le site 24horas : “Le commerce, le tourisme, l’hôtellerie et un grand nombre de PME vont perdre le profit qu’ils espéraient tirer de ces rencontres.”

Mais au fond, assène Osvaldo Rosales, un ancien responsable des relations internationales sous le gouvernement de gauche de Ricardo Lagos (2000-2006), “il vaut mieux que le monde ait une image plus réelle et plus claire de ce qu’est le Chili”.

Un coup dur et malvenu


Le sommet de la COP25 sur les changements climatiques, auquel devait assister la jeune militante suédoise Greta Thunberg, avait été “récupéré” en décembre 2018 par le Chili après que le Brésil de Jair Bolsonaro, en novembre 2018, eut refusé de l’accueillir.

Outre les chefs des États membres, 25 000 personnes devaient y assister à Santiago. Le coût de l’événement était de 62 millions de dollars, dont 35 financés par le budget du pays hôte, précise 24horas.

Quant au sommet de l’Apec, l’ensemble de ses vingt-et-un pays membres représente 64 % des échanges commerciaux mondiaux du Chili. Selon un ancien ministre et membre de l’opposition qui s’exprime dans El Dínamo, “c’est un coup dur pour la politique extérieure” du pays.

Sans compter, ajoute un député vert du pays, dépité, que “ce sont les compagnies pétrolières qui s’en réjouissent”, arguant qu’il est urgent que le gouvernement se charge de réformer la politique énergétique du Chili.

L’urgence est ailleurs


L’annulation des sommets est à la fois l’aveu par le pouvoir d’une “incapacité à garantir l’ordre public” et la volonté de “montrer aux citoyens que personne, y compris le président, n’est sorti indemne de cette crise”, épilogue El Mercurio.

Le 30 octobre, le président a cherché à composer avec le mouvement de protestation en déclarant que des “réformes structurelles” ne sont pas exclues, indique La Tercera, citant le président, mais que pour l’heure l’important était d’entendre les Chiliens, “qui demandent de meilleurs salaires, de meilleurs revenus, de meilleures retraites, de la sécurité, et que le prix des services publics n’augmente pas”.

La réforme structurelle qui est sur le tapis est celle, désormais appuyée par le magistrat porte-parole de la Cour suprême, de l’élaboration d’une nouvelle Constitution pour mettre fin à celle qui prévaut au Chili depuis la dictature de Pinochet.

mercredi 30 octobre 2019

NOUVELLES VIOLENCES À SANTIAGO DU CHILI


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 PHOTO PABLO SANHUEZA 

   « NOUVELLES VIOLENCES À SANTIAGO DU CHILI »
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Au lendemain de la levée de l'état d'urgence, 10 jours après le début de la contestation au Chili, les rues de Santiago se sont de nouveau embrasées à la faveur de groupes radicaux : barricades en flammes, incendie d'un centre commercial, violences, interventions des forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogènes et de canons à eau...
Euro News

Le rassemblement de plusieurs milliers de personnes pour dénoncer les inégalités socio-économiques avait pourtant commencé de manière pacifique sur la Plaza Italia. D'autres manifestations ont eu lieu à Concepcion, Valparaiso.

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CHILI: SOUPÇONS DE VIOLATION DES DROITS DE L'HOMME


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MANIFESTATION ANTI-GOUVERNEMENTALE 
À SANTIAGO (CHILI), LE 28 OCTOBRE 2019.
© PHOTO EDGARD GARRIDO
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JOURNAL D'HAÏTI ET DES AMÉRIQUES RFI

RADIO FRANCE INTERNATIONALE - RFI, EXTRAIT DE
L'ÉMISSION « JOURNAL D'HAÏTI ET DES AMÉRIQUES », 
CHILI: SOUPÇONS DE VIOLATION DES DROITS DE L'HOMME
PAR ADRIEN DELGRANGE DIFFUSION : PMARDI 29 OCTOBRE 2019

    CRISE SOCIALE: LE CHILI RENONCE À ORGANISER LA COP25 ET LE SOMMET DE L'APEC ANNONCE PIÑERA

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    LE RENONCEMENT DU CHILI À ORGANISER LA COP25 EN
    DÉCEMBRE 2019 RISQUE DE FREINER LA DYNAMIQUE DES
     EFFORTS DANS LA LUTTE CONTRE LE DÉRÈGLEMENT DU CLIMAT.
     (PHOTO D'ILLUSTRATION) AFP.COM/LUCAS BARIOULET 
    Crise sociale: le Chili renonce à organiser la COP25 et le sommet de l'APEC annonce PiñeraCrise sociale: le Chili renonce à organiser la COP25 et le sommet de l'APEC annonce Piñera.  
    DESSIN OSVAL
    Le Chili renonce à organiser la conférence mondiale sur le climat COP25 qui devait s'y tenir en décembre, ainsi que le sommet du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) en raison du mouvement de contestation qui agite le pays, a annoncé le président Sebastian Piñera mercredi.

    « C'est avec un profond sentiment de douleur, parce que c'est douloureux pour le Chili, que notre gouvernement a décidé de ne pas organiser le sommet de l'Apec (...), ni celui de la COP25 », a déclaré le chef de l'Etat conservateur.

    Le sommet de l'Apec devait avoir lieu à Santiago les 16 et 17 novembre et la COP25 du 2 au 13 décembre.

    Le Chili est depuis 12 jours secoué par un mouvement de contestation inédit contre les inégalités socio-économiques avec des manifestations qui ont parfois été émaillées de violences à Santiago et dans d'autres villes.

    « Cela a été une décision très difficile à prendre. Une décision qui nous cause énormément de peine parce que nous comprenons parfaitement l'importance de l'APEC et de la COP pour le Chili et pour le monde entier », a poursuivi M. Piñera, en fonction depuis mars 2018.

    Environ 25.000 délégués étaient attendus à la COP25 à Santiago, dont la jeune militante suédoise pour le climat Greta Thunberg.

    Le président américain Donald Trump avait quant à lui laissé entendre lundi que la signature d'un accord commercial avec Pékin aurait pu intervenir avant le sommet de l'APEC, un forum économique qui réunit une vingtaine de pays riverains du Pacifique.

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    PHOTO MATIAS DELACROIX/AP/SIPA

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    mardi 29 octobre 2019

    CHILI : LES ACCUSATIONS DE VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME SE MULTIPLIENT

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    CET HOMME A ÉTÉ ARRÊTÉ PAR LA POLICE LORS D'UNE
    MANIFESTATION CONTRE LE GOUVERNEMENT, SAMEDI À SANTIAGO.
    PHOTO RODRIGO ABD
    (Santiago du Chili) Les accusations de violations des droits de l'homme de la part des forces de l’ordre se sont multipliées ces derniers jours au Chili secoué par une violente crise sociale, alors que des enquêteurs de l’ONU sont attendus lundi dans le pays. 
    PHOTO RODRIGO ABD  
    Torture, violences sexuelles, tabassages ou sévères blessures provoquées par des tirs de plombs : les organisations de défense des droits de l’homme ont fait état ces derniers jours de nombreux abus perpétrés par les forces de sécurité pendant l’état d’urgence, finalement levé dimanche à minuit.

    Face à la multiplication des dénonciations, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Michelle Bachelet, qui a été à deux reprises présidente du Chili, a annoncé jeudi l’envoi d’enquêteurs. Amnistie internationale a également annoncé une mission dans le pays.  

    « On m’a retiré le lobe oculaire pour enlever le plomb» qui s’était logé derrière, a raconté Emerson Yarcan, 30 ans, un bandage sur son œil gauche, rencontré par l’AFP à la sortie des urgences d’un hôpital du centre de Santiago.  

    EMERSON YACAN
    PHOTO PEDRO UGARTE
    Le trentenaire, qui devra désormais vivre avec un œil artificiel, a été blessé par des tirs de la police anti-émeutes alors qu’il se trouvait à proximité de la plaza Italia, où près d’un million de personnes s’étaient rassemblées vendredi soir pour dénoncer les inégalités sociales dans le pays.

    Alors qu’il faisait déjà nuit et que les manifestants commençaient à se disperser, la police a commencé à lancer des gaz lacrymogènes. « Ils attendent qu’il y ait de la fumée et commencent à tirer pour que vous ne puissiez pas les reconnaître. Mais celui qui m’a tiré dessus […], j’ai vu qu’il m’a tiré directement dans la figure » raconte le jeune homme.  

    Les plaintes visent en particulier la police anti-émeutes (Carabineros de Chile) chargée de disperser les manifestations, alors que les militaires déployés dans le cadre de l’état d’urgence étaient plutôt positionnés en appui, en particulier dans la capitale.

    « Pour l’heure, la grande majorité des cas de violations des droits de la personne impliquent les Carabineros de Chile », a indiqué à l’AFP Rodrigo Bustos, responsable juridique de l’Institut national des droits humains (INDH), un organisme public indépendant qui tient un décompte des blessés à partir d’observations directes dans les hôpitaux et les commissariats.  

    Humiliations sexuelles


    Sur les 20 personnes tuées depuis le début des troubles le 18 octobre, cinq sont mortes à la suite d’une intervention des forces de sécurité, selon les chiffres concordants diffusés par le ministère de l’Intérieur, le parquet et l’INDH.  

    L’armée est ainsi impliquée dans quatre décès, tandis qu’une autre personne est morte après avoir été tabassée par la police. Deux autres victimes ont été tuées percutées par un conducteur ivre. Les autres victimes ont péri dans des incendies lors de pillages ou ont succombé à leurs blessures.

    Selon le rapport le plus récent de l’INDH, 3193 personnes ont été interpellées et 1092 blessées. Parmi celles-ci, 596 l’ont été par des tirs (balles, plombs ou balles de lanceurs de défense).  

    L’organisme a précisé que 88 plaintes ont été déposées, dont cinq pour homicides et 17 pour actes de torture et violences sexuelles.  

    Parallèlement, le mouvement d’intégration et libération homosexuelle (MOVILH) a dénoncé deux cas d’« abus et actes de torture homophobes » dans deux commissariats de la banlieue de Santiago.  

    Un cas, fortement médiatisé au Chili, concerne un étudiant en médecine.  

    Selon l’avocat de l’INDH, Pablo Rivera, le jeune homme a « été soumis à de graves humiliations constituées d’actes de torture, les plus graves étant d’ordre sexuel. Il a été forcé de se déshabiller totalement, a été menotté et battu. Il apparaît qu’il a été abusé sexuellement par les Carabineros avec leur matraque ».

    L’autre cas concerne un autre jeune homme de 21 ans « détenu cinq jours à Santiago », selon le MOVILH.  

    Le site d’information The Clinic a également publié plusieurs récits de femmes qui ont raconté avoir subi des violences sexuelles alors qu’elles avaient été arrêtées et enfermées dans des cellules.  

    La mission d’Amnistie internationale aura pour but de « recueillir les témoignages et d’obtenir des documents pour corroborer les accusations de violations des droits de l'homme et possibles crimes de droit international afin d’accompagner les victimes», a indiqué dans un communiqué Erika Guevara Rosas, la directrice Amériques de l’organisation.  


    CHILI : LA PLUS GRANDE MINE DE CUIVRE DU MONDE EN GRÈVE


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    PHOTO DIARIO FINANCIERO
    Les mineurs chiliens d'Escondida entament ce mardi une grève de 24 heures, en soutien au mouvement de p'rotestation. Des nouveaux heurts ont eu lieu lundi à Santiago. 

    C'est une marque de soutien au mouvement de protestation contre les inégalités socio-économiques qui ne faiblit pas depuis 10 jours, au Chili. Les mineurs chiliens d'Escondida, la plus grande mine de cuivre au monde, entament ce mardi une grève de 24 heures, a annoncé le syndicat des mineurs dans un communiqué.

    Le motif de l'arrêt de travail? "L'adhésion à la protestation sociale contre les politiques économiques et sociales qui nous affectent en tant que travailleurs et plus généralement la grande majorité de la société" chilienne, justifie l'organisation syndicale. Cette dernière rassemble quelque 2500 salariés, soit 90 % du total des travailleurs de la mine de cuivre.  

    Les mineurs appellent par ailleurs les membres du gouvernement et du Congrès à "prendre en charge les besoins" d'une grande partie de la Nation et à réconcilier un dialogue entre syndicats et organisations sociales afin d’œuvrer pour aboutir à "un pacte social juste (...) seul moyen de surmonter la crise actuelle", selon eux.  

    C'est la deuxième fois que les travailleurs d'Escondida se mettent en grève depuis le début de la grave crise sociale qui a fait vingt morts dans le pays, dont cinq par suite de l'intervention des forces de sécurité, et des centaines de blessés.  

    La mine d'Escondida, située en plein désert d'Atacama, dans le nord du Chili, à 3100 mètres d'altitude, produit environ un million de tonnes de cuivre par an. Sa production et celles des autres mines chiliennes font du Chili le principal producteur de cuivre au monde, avec près de 5,6 millions de tonnes par an, soit un tiers de l'offre mondiale du métal rouge. 

    De violents heurts quelques heures après le remaniement


    Lundi, le président chilien Sebastián Piñera avait procédé à un remaniement gouvernemental, comme il l'avait annoncé samedi, mais sans réussir pour l'heure à apaiser la crise sociale alors que de nouvelles violences ont éclaté à Santiago. Quelques heures à peine après les déclarations du chef de l'État, de violents heurts entre manifestants et forces de l'ordre avaient lieu dans le centre de la capitale, non loin du palais présidentiel de La Moneda. 

    Un rassemblement pacifique de plusieurs milliers de personnes sur la Plaza Italia, devenue l'épicentre des manifestations depuis le début de la contestation sociale, a progressivement laissé place à des troubles, alors que des groupes de protestataires radicaux souhaitaient se rendre jusqu'au siège du gouvernement. 

    "Piñera démission!", criaient les manifestants que la police tentait de contenir à coup de gaz lacrymogène et de lances à eau. Quelques commerces ont été pillés, tandis qu'un violent incendie a touché un immeuble abritant un centre commercial, plusieurs boutiques et un hôtel, rappelant les violences qui avaient éclaté aux premiers jours de la contestation le 18 octobre. 

    Alors que la capitale avait semblé retrouver dans la matinée une certaine normalité, avec la réouverture de nombreux commerces et des embouteillages, le centre-ville a rapidement été déserté dès les premières fumées des barricades incendiées. Quelques affrontements ont également été rapportés par les médias locaux dans les villes de Concepcion (centre) et Valparaiso, où se trouve le siège du Parlement.  

    lundi 28 octobre 2019

    « PICO EN EL OJO » - PEDRO AYALA PEREZ

    DESSIN CHEZ ECATERINA

     SALSA « PICO EN EL OJO » - PEDRO AYALA PEREZ 
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    CRISE SOCIALE AU CHILI: LE PRÉSIDENT PIÑERA REMPLACE HUIT MINISTRES

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    MMES LES  MINISTRES KARLA RUBILAR ET CECILIA PÉREZ
    PHOTO MARCELO SEGURA
    Les Chiliens manifestent depuis plus d'une semaine contre le gouvernement en place et les inégalités qui frappent le pays.
    Par LEXPRESS.fr avec l'AFP
    LE MILLIARDAIRE CONSERVATEUR
     SEBASTIÁN PIÑERA
    PHOTO MARCELO SEGURA
    Le président chilien Sebastian Piñera a annoncé ce lundi le remplacement de huit ministres sur les 24 de son gouvernement, dont ceux de l'Économie, de l'Intérieur et des Finances.  

    Le chef de l'État conservateur avait annoncé samedi un remaniement gouvernemental, au lendemain d'une mobilisation historique contre les inégalités sociales qui avait rassemblé plus d'un million de personnes dans le pays. 
    [Plusieurs dizaines de manifestants, rassemblés devant la Moneda, où le trafic automobile a été suspendu en milieu de journée, ont accueilli les annonces du chef de l'État aux cris de "Piñera, escucha, andate a la chucha !" (Piñera, écoute : va-t-en au diable!).]  (*)

    "Un premier pas important"



    M. LE MINISTRE GONZALO BLUMEL
    PHOTO MARCELO SEGURA
    Le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, également chef de cabinet du président, Andrés Chadwick, très critiqué depuis le début de la vague de contestation sociale, a quitté le gouvernement. Il est remplacé par Gonzalo Blumel, 41 ans, jusque-là secrétaire général de la Présidence. 

    Le ministre des Finances, Felipe Larrain, est également remplacé. Il avait fait l'objet de critiques pour avoir déclaré en septembre, en annonçant les bons chiffres de l'inflation, que "les romantiques" pouvaient même acheter des fleurs, le prix de ces dernières ayant baissé. Ignacio Briones, un économiste libéral de 46 ans, prend en charge ce portefeuille. 

    Enfin, Andrés Fontaine, ministre de l'Économie, quitte également le gouvernement. Il est remplacé par le sous-secrétaire aux Travaux publics, Lucas Palacio. M. Fontaine avait suscité l'ire de la population en lui conseillant de "se lever plus tôt" pour éviter la hausse du tarif du ticket de métro qui concernait spécifiquement les heures de pointe. Cette augmentation de plus de 3% a été le détonateur de la plus grave fronde sociale depuis plus de trente ans dans ce pays d'Amérique latine réputé pour sa stabilité. 

    "Vers un Chili plus juste et plus équitable"

    LE PRÉSIDENT CHILIEN SEBASTIAN PIÑERA A ANNONCÉ
     CE LUNDI LE REMPLACEMENT DE HUIT MINISTRES 

    PHOTO MARCELO SEGURA
    "Ces mesures ne résolvent pas tous les problèmes, mais il s'agit d'un premier pas important", a déclaré M. Piñera depuis le palais présidentiel de La Moneda. "Par-dessus tout, elles reflètent la ferme volonté de notre gouvernement et l'engagement fort de chacun d'entre nous en faveur d'un Chili plus juste et plus équitable sur le plan social", a-t-il ajouté. 

    Le Chili est en proie depuis le 18 octobre à une vague de contestation sociale sans précédent qui a fait 20 morts. Vendredi, plus d'un million de personnes s'étaient rassemblées dans le centre de Santiago et dans plusieurs grandes villes du pays pour protester contre les inégalités sociales engendrées par le modèle économique ultra-libéral instauré sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) et jamais remis en cause depuis le retour de la démocratie. 


    [ Les protestataires appelaient toutefois à maintenir la pression sur le gouvernement. Un appel à manifester mardi devant le palais présidentiel du La Moneda circulait sur les réseaux sociaux.]  (*)


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     AVANTI CHILI

    EL DERECHO DE VIVIR EN PAZ (VIDEO OFICIAL 2019)

     «EL DERECHO DE VIVIR EN PAZ 
    (VIDEO OFICIAL 2019) » 
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    dimanche 27 octobre 2019

    LE PRÉSIDENT CHILIEN CONFIRME LA LEVÉE DE L’ÉTAT D’URGENCE


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    PHOTO RODRIGO ABD 
    Sebastian Piñera a signé les décrets relatifs à la fin de l’état d’urgence, qui sera effective à minuit dimanche, a annoncé la présidence.
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    Fin de l’état d’urgence au Chili. La mesure sera levée dimanche à minuit dans toutes les régions du pays où elle avait été mise en place, a fait savoir la présidence chilienne. Le président Sebastian Piñera «a signé les décrets nécessaires pour qu’à partir de lundi 28 octobre à 0 h 00 (soit levé l’état d’urgence dans toutes les régions et les communes où il avait été instauré », indique un message diffusé sur le compte Twitter de la présidence chilienne.

    Le chef de l’État avait annoncé la levée de la mesure samedi 26 octobre en réponse à la manifestation historique de la veille qui a réuni plus d’un million de participants contre les inégalités sociales dans le pays. Le Chili fait actuellement face à une explosion sociale inédite depuis des décennies.

    Vingt morts recensées depuis le début des manifestations

    L’état d’urgence avait été décrété le 18 octobre dans la capitale Santiago et la région métropolitaine avant d’être étendu à plusieurs régions du pays face aux violences et saccages nés d’une révolte contre une hausse de plus de 3 % du prix du ticket de métro dans la capitale.

    Des milliers de militaires avaient été déployés dans les rues du pays, une première depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), alors que des dizaines de supermarchés, stations-service, véhicules, stations de métro étaient saccagés ou incendiés. L’armée avait également décrété un couvre-feu dans la capitale, qui a été suspendu samedi.

    Le bilan de ces troubles a été revu à la hausse samedi soir à 20 morts. Le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’« un cadavre calciné » avait été découvert dans un supermarché incendié quelques jours plus tôt.

    Parmi les vingt morts recensés, une majorité ont péri dans des incendies lors de pillages. Cinq ont été tués par des tirs des forces de l’ordre, selon des chiffres officiels.


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    samedi 26 octobre 2019

    CHILI : PLUS D’UN MILLION DE MANIFESTANTS METTENT LE GOUVERNEMENT SOUS PRESSION

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    GRAND JETÉ ET ARABESQUE
    La mobilisation de vendredi représente le plus grand rassemblement depuis que la contestation a éclaté et donné lieu depuis une semaine à des débordements violents.
    Le Monde avec l'AFP
    LE GOUVERNEMENT SOUS PRESSION
    Le gouvernement du président chilien conservateur, Sebastian Piñera, se trouvait, vendredi 25 octobre, plus que jamais sous pression : plus d’un million personnes ont défilé au Chili dans une mobilisation historique pour protester contre les inégalités sociales.

    Une semaine après le déclenchement d’une vague de contestation sans précédent depuis des décennies dans un pays considéré comme un des plus stables d’Amérique latine, la mobilisation ne cédait pas.

     PLUS D’UN MILLION DE MANIFESTANTS
    La gouverneure de la région de Santiago, Karla Rubilar, a fait part de son « émotion » face à la participation massive à cette manifestation qui a réuni, selon elle, « plus d’un million de personnes à Santiago et différentes régions du pays ».

    Auparavant, la mairie de Santiago a déclaré dans un Tweet que, selon la police, « plus de 820 000 personnes » étaient rassemblées dans le centre de la capitale.

    « Un Chili plus juste et solidaire »


    Dans sa première réaction, M. Piñera a dit avoir « entendu le message » délivré par les manifestants. «La foule, joyeuse et pacifique, défile aujourd’hui, avec des Chiliens qui demandent un Chili plus juste et solidaire, cela ouvre de grands chemins d’avenir et d’espérance », a déclaré le chef de l’État sur Twitter. « Nous avons tous entendu le message », a-t-il ajouté.

    Les manifestants, brandissant des drapeaux chiliens et entonnant des chants popularisés pendant la période de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), se sont rassemblés sur la Plaza Italia, devenue l’épicentre du mouvement de contestation, ainsi que dans plusieurs avenues adjacentes, ont constaté des journalistes de l’AFP.


    « Ce sera probablement le plus grand rassemblement de tous les temps », s’enthousiasmait Francisco Anguitar, 38 ans, un agent de développement en intelligence artificielle, dans le cortège de Santiago. « Nous demandons justice, honnêteté, éthique au gouvernement. Nous ne voulons pas le socialisme, le communisme, nous voulons moins d’entreprises privées, plus d’État », a-t-il ajouté.

    « Ne plus jamais subir d’abus »


    Le premier effet de cette mobilisation, « c’est que nous n’aurons plus jamais à subir d’abus, plus jamais. Les gens sont prêts à faire le sacrifice, si nous devons tout arrêter pendant une semaine, un mois, nous allons le faire, peu importe ce que cela nous coûte », a déclaré Carlos Lazo, un retraité de 77 ans. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont également manifesté dans plusieurs autres grandes villes du Chili.


    Alors qu’une grande partie du pays et la capitale restaient sous état d’urgence, avec 20 000 policiers et militaires déployés, la manifestation dans la capitale s’est déroulée globalement dans une ambiance festive.

    Une atmosphère qui contrastait avec les violentes émeutes qui ont éclaté il y a une semaine, avec des saccages et des pillages de dizaines de stations de métro, de stations-service et de supermarchés.

    Des incidents sporadiques ont eu lieu en fin de manifestation, avant l’application d’un septième couvre-feu nocturne – de 23 heures à 5 heures – pour les 7,5 millions d’habitants de Santiago.

    Devant le palais présidentiel de La Moneda, les forces de l’ordre ont eu recours brièvement à des lances à eau, des gaz lacrymogènes et des lanceurs de balle de défense pour disperser quelques manifestants, a constaté l’AFP.

    « Une deuxième transition »

    L’annonce mardi par M. Piñera d’une série de mesures sociales, dont une augmentation du minimum vieillesse, une hausse des impôts des plus riches et un gel de la hausse de 9,2 % de l’électricité, n’a pas eu l’effet escompté. Plus déterminés que jamais, les protestataires ne relâchaient pas la pression sur le pouvoir chilien.


    Dans la matinée, des centaines d’automobilistes et de chauffeurs routiers avaient participé à des opérations escargot sur les autoroutes qui relient Santiago au reste du pays pour protester contre les prix des péages, provoquant d’importants embouteillages, a constaté l’AFP. « Nous, les petits transporteurs, nous sommes accablés par les prix des autoroutes (…), nous rejoignons la mobilisation », a déclaré à l’AFP Marcelo Aguirre, un chauffeur de 49 ans.

    La question du prix du transport avait déjà été le détonateur de ce mouvement social inédit, lorsque les étudiants avaient appelé à protester contre une augmentation de plus de 3 % du prix du ticket de métro dans la capitale.

    Malgré la suspension de la mesure, la colère sociale n’est pas retombée. Le mouvement, hétérogène et sans dirigeants identifiables, s’est amplifié, nourri par le ressentiment face à la situation socio-économique et aux inégalités dans ce pays de 18 millions d’habitants.

    L’énorme mobilisation de vendredi « constitue un point d’inflexion après trente années marquées par une dépolitisation croissante depuis 1989 », alors que commençait la transition démocratique mettant fin au régime d’Augusto Pinochet, a déclaré à l’AFP Marcelo Mella, politologue à l’université de Santiago.

    Le mouvement « interpelle les dirigeants politiques pour qu’ils impulsent des changements profonds dans le modèle de développement capitaliste. Une sorte de deuxième transition », a-t-il ajouté.

    Chili. Au cœur de la contestation sociale, «l’arnaque » du système de retraites

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    À SANTIAGO, AU CHILI,
    VENDREDI 25 OCTOBRE 2019
    PHOTO  SUSANA HIDALGO