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mercredi 31 mars 2010

Claudio Bravo est rassuré

Claudio Bravo blessé est soigné par le docteur González de Suso. Photo El Mundo Deportivo
Blessé au genou droit lors de la défaite de la Real Sociedad à Cordoue (0-2), samedi dernier en deuxième division espagnole, Bravo ne « veut rien précipiter parce que la question du genou est très délicate. Je veux bien récupérer, me sentir bien et puis retourner à l'entraînement. Je pense que j'aurai besoin de trois semaines d'arrêt » a-t-il dit à la radio chilienne Radio Cooperativa. A 26 ans, Claudio Bravo sera le gardien titulaire de la sélection entraînée par Marcelo Bielsa. Le Chili sera dans le Groupe H de la Coupe du Monde, avec le Honduras, la Suisse et l'Espagne.

mardi 30 mars 2010

CARITAS CHILI LANCE UN PLAN D’AIDE POUR 542.000 PERSONNES

Les fonds récoltés serviront non seulement à apporter des vivres, des articles de premières nécessités et à lancer des programmes pour que pêcheurs et agriculteurs, les deux catégories les plus touchées par le séisme, puissent retrouver leurs moyens de subsistance élémentaires.
Parallèlement, Caritas Chili offrira également un soutien spirituel et psychologique aux personnes traumatisées par le séisme : «Il ne suffit pas de distribuer des rations alimentaires», explique l'évêque Manuel Camillo Vial, président de Caritas Chili. «Nous devons écouter les personnes. Elles ont souvent besoin de nous raconter ce qu'elles ont vécu et ce qu'elles continuent de vivre avec les répliques des secousses sismiques».
D'une durée de neuf mois, le programme d'urgence aidera 542 000 personnes au centre et au sud du Chili, en particulier autour de la capitale Santiago et à Concepción, une des villes les plus touchées par le séisme.
Le séisme d'une magnitude de 8,8 sur l'échelle de Richter, parmi les plus violents séismes jamais enregistrés, a touché près de deux millions de chiliens, causant la mort de plusieurs centaines de personnes entraînant d'importants dégâts matériels, notamment au niveau des routes, des hôpitaux et des écoles
Le tremblement de terre a détruit le bureau de la Caritas diocésaine de Concepción et endommagé le bureau national Caritas à Santiago, où le travail se poursuit toutefois relativement normalement.
Globalement, le tremblement de terre au Chili a causé moins de dégâts que celui qui a frappé Haïti six semaines auparavant. Les édifices au Chili, reconstruits selon des normes de construction strictes après un autre séisme en 1960, ont mieux résisté aux secousses.
L'épicentre du séisme se trouvait au large de la côte et n'a donc pas touché les zones fortement peuplées, tandis que le tremblement de terre en Haïti s'est produit très près de la capitale Port-au-Prince.

lundi 29 mars 2010

La Patagonie chilienne: une région grandiose et fascinante

Un nimbe de magie et d'exotisme s'empare aussi bien du mythe que de la réalité dès lors que l'on fait allusion à la Patagonie. Le nom même de cette région du globe a une résonance manifestement exotique, au point d'évoquer des images d'ancien royaume auréolé de mystère.
C'est sans doute que cette terre de montagnes et de glaciers, de canaux et de fjords, de forêts et d'élevages de moutons, voisine de milliers d'îles inhabitées, gît aux confins méridionaux du continent, parfaitement isolée de tout et à proprement parler au-delà des derniers retranchements de la civilisation.
Son seul éloignement a d'ailleurs suscité les plus vives fascinations des siècles durant, et ce n'est que depuis la flambée des marchés mondiaux de la laine à la fin du XIXe siècle que la Patagonie a commencé à se peupler de façon significative. Avant, on n'y trouvait qu'une poignée de minuscules communautés éparses d'Autochtones dont il ne reste aujourd'hui que peu de descendants. Ceux qui ont entrepris de coloniser la région il y a maintenant un siècle, venaient en partie de la Croatie, ce qui explique que les patronymes slaves y soient aussi omniprésents.
Un relief géographique tourmenté
La Patagonie n'est pas le fait exclusif du Chili. Sa portion argentine, dans le bassin hydrographique de l'océan Atlantique, se révèle même plus large, plus plate et plus propre au peuplement humain. Son pendant chilien souffre d'un isolement et d'un recul accrus du fait que sa partie méridionale se voit coupée du reste du territoire continental chilien par une géographie cruelle.
En effet, la bande étroite qui sépare la chaîne côtière de l'océan Pacifique est comprimée par les fjords, les montagnes et les champs de glace. Les déplacements par route s'avèrent pratiquement impossibles sur une grande partie du territoire. Pour tout dire, les seules routes terrestres reliant cette partie du monde passent par l'Argentine. Il n'en reste pas moins que la Patagonie chilienne s'auréole d'une beauté renversante, rarement égalée à la surface du globe.
Région frontière fascinante, la Patagonie chilienne débute au sud de Puerto Montt pour se terminer au-delà de Punta Arenas, à la Tierra de Fuego, quelque 2500 km plus loin.

La Patagonie, paradis des amants de la nature
L'économie régionale dépend principalement de l'élevage du mouton et du bétail, de l'extraction du pétrole, du gaz et du charbon, du traitement du méthanol et du tourisme. L'attrait touristique de loin le plus important est le Parque Nacional Torres del Paine, honoré de cimes enneigées, de lacs et de glaciers plus spectaculaires les uns que les autres. Mais bien d'autres découvertes vous attendent encore, qu'il s'agisse des colonies de manchots à visiter, des croisières panoramiques sur les canaux maritimes, des gauchos (cowboys) gardant leurs troupeaux comme aux temps anciens, des excellentes occasions de pêche ou du délicieux sentiment que procure le fait de se retrouver au bout du monde.
Les infrastructures d'accueil n'ont cependant rien de primitif, puisqu'on a prévu de confortables hôtels et complexes touristiques, tout aussi bien qu'un assortiment de lieux d'hébergement à plus bas prix et de pavillons de pêche éloignés de tout. Punta Arenas reçoit fréquemment des vols de Santiago, et le réseau téléphonique des principales localités est moderne, quoique certains villages isolés ne communiquent encore avec le reste du monde que par radio VHF
Quand aller en Patagonie?
Le fait le plus évident dont il faut tenir compte au moment de planifier un voyage au Chili tient à ce que les saisons de l'hémisphère Sud s'opposent à celles de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Ainsi, l'été commence en décembre et l'hiver en juin. Une autre considération importante se rattache au fait que le Chili englobe plusieurs zones climatiques distinctes, des régions extrêmement arides du nord aux régions fraîches et humides du sud.
Les principaux mois de vacances au Chili sont janvier et février; les écoles ferment alors leurs portes, et beaucoup de familles sud-américaines prennent les routes d'assaut. C'est également à cette époque de l'année que les parcs nationaux, les hôtels et les différents moyens de transport sont les plus encombrés. Les saisons intermédiaires, en particulier les mois de novembre, décembre et mars, offrent une combinaison idéale de temps doux et de facilités accrues en matière d'hébergement, de restauration et d'excursions. Les Chiliens, tout comme les Argentins, d'ailleurs, qui forment une part importante du contingent des visiteurs étrangers à destination du Chili, passent traditionnellement la période des fêtes de fin d'année à la maison, la haute saison touristique ne débutant vraiment qu'autour du Nouvel An.
La température annuelle moyenne à Punta Arenas est de 6,5°C et ne varie pas beaucoup au fil des saisons. Les étés y sont modérément frais, et l'on n'y dénombre que peu de jours vraiment chauds, tandis qu'en hiver le mercure s'élève le plus souvent au-dessus de zéro le jour, pour redescendre, fût-ce de quelques degrés, sous le point de congélation la nuit. Les froids extrêmes sont rares et les chutes de neige peu abondantes.
Le Parque Nacional Torres del Paine révèle pour sa part une variété de microclimats, entre autres des températures glaciales aux points les plus élevés et des températures passablement plus clémentes en été autour de la Laguna Azul. Quant aux régions côtières du Pacifique et de nombreux canaux maritimes, elles présentent généralement des climats frais et humides.
Source
Extraits du guide Ulysse Chili, par Éric Hamovitch

Chili: séisme de magnitude 6,1

Selon le service de sismologie des Etats-Unis, l'épicentre du séisme a été localisé à une profondeur de 19 km, à 175 km au nord de Concepcion, l'une des villes du pays les plus sinistrées par le tremblement de terre.
Quelques habitants sont sortis de leur maisons, par mesure de précaution, mais ont repris rapidement leurs activités. Le Bureau national d'urgence (Onemi) a indiqué que "ce séisme n'avait provoqué ni victimes, ni dégâts".
Le séisme en février dernier avait fait 452 morts et 96 disparus et causé 30 milliards de dollars de dégâts, selon le dernier bilan officiel. Plus de 400 répliques ont été enregistrées au Chili depuis.

dimanche 28 mars 2010

Séisme au Chili: le président Piñera annonce un plan "de grande ampleur" de reconstruction

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Le Samedi, 27 mars 2010, le milliardaire conservateur Sebastián Piñera, a assisté à une Messe Oecuménique à un mois du tremblement de terre à Concepción sud du Chili. Photo Alex Ibañez
"Le gouvernement n'a pas seulement un plan de reconstruction. Le gouvernement a déjà un plan en ordre de marche" a affirmé Piñera, qui a succédé à Michelle Bachelet à la tête du Chili, réfutant ainsi les critiques qui estiment que les projets de reconstruction tardent.
Il s'agit d'un plan "de grande ampleur" a souligné le président milliardaire, qui a assisté à Concepción à une veille à 3h34 du matin, à l'heure où la terre avait tremblé au Chili le 23 février à une magnitude de 8,8. Un peu plus tard, le président chilien a participé à une messe en plein air.
Le plan de reconstruction prévoit entre autres la livraison de 40.000 logements d'urgence et de 20.000 tentes de camping pour affronter l'arrivée prochaine de l'automne et de l'hiver.
Même si le plan complet devrait être annoncé aux Chiliens la semaine prochaine, Piñera a d'ores et déjà promis que les victimes du séisme auront droit à un bon qui leur permettra d'acquérir du matériel de construction. Quelque 200.000 Chiliens devraient pouvoir profiter de cette mesure qui coûtera 11 millions d'euros au gouvernement.
Le dernier bilan officiel du tremblement de terre et du tsunami du 27 février est de 342 morts et 97 disparus. AP

samedi 27 mars 2010

Mauricio Segura : sombre retour

Eucalyptus , SEGURA, MAURICO © BOREAL 2010
Au Chili, on les appelle les «retornados», ceux qui sont revenus d'exil et à qui l'État a accordé certaines faveurs depuis le retour de la démocratie. Et qui ne sont pas partout les bienvenus, même dans leur propre famille.
Le père de Maurico Segura est de ceux-là. Député socialiste sous Allende, il s'est installé avec sa famille à Montréal en 1974. Après le départ de Pinochet, il est retourné dans le Sud rural, d'où il vient, et a refait sa vie avec une Autochtone.
Mauricio Segura s'est appuyé sur cette histoire pour bâtirEucalyptus, du nom de la plante envahissante dont l'importation par des multinationales a fait des ravages dans les terres du Sud. Dans le roman, l'arbre maudit cause aussi des drames, soulève la haine et la cupidité, dans la famille et entre les communautés.
«Je tenais à raconter cette trajectoire familiale après m'être rendu compte que beaucoup d'amis immigrants ont vécu la même chose: le père est retourné et a quitté la famille», explique Mauricio Segura.
Alberto, jeune écrivain et professeur montréalais, se rend au Chili avec son garçon de 4 ans pour assister aux funérailles de son père Roberto, mort dans des circonstances nébuleuses. Revenu au pays après la dictature, Roberto avait hérité de la terre paternelle, ce qui avait créé de la jalousie dans la fratrie. Il s'était aussi lié à ses voisins, des Indiens Mapuche, au moment où ceux-ci amorçaient une nouvelle émancipation avec l'élection d'un premier maire autochtone.
Qui était véritablement son père? Comment et pourquoi est-il mort? Comme dans un polar, chaque personnage dévoile une facette du personnage, une vision de la réalité. Mais la vérité est beaucoup plus complexe. Alberto devra choisir celle qui lui convient.
«Ce n'est pas un roman à thèse, mais c'est un roman politique. Parce que c'est un roman sur le racisme, souligne-t-il. Les trois quarts du roman, on a une version officielle qui est remise en question. Pourquoi est-ce qu'on ne légitime pas la version des Autochtones?»
C'est aussi un choc des cultures et des civilisations. L'auteur fait naître Roberto dans la petite communauté juive du Sud. «Les Juifs comme les Autochtones se battent tous les deux pour des terres. C'est une obsession millénaire. Le rapport qu'on a à la terre est aussi émotif, imaginaire, sentimental, symbolique.»
En 1998, Mauricio Segura a fait une entrée remarquée dans le paysage littéraire en publiant Côte-des-Nègres, une fresque sociologique sur le monde des gangs et des nouveaux immigrés. Cinq ans plus tard, il publiait Bouche à bouche, un roman totalement différent qui dépeint sur un mode mi-onirique mi-hallucinatoire la sexualité débridée de mannequins vieillissants.
Eucalyptus est d'une tout autre mouture, encore une fois. Quand il a commencé à l'écrire, l'auteur, comme son personnage, enseignait la littérature (à Concordia et McGill). Comme lui, il n'avait plus assez de temps pour se consacrer à l'écriture. Il avait aussi des relations difficiles avec sa famille. Et lisait beaucoup de romans policiers, ce qui a sans doute teinté l'atmosphère du récit.
Bien sûr, il y a beaucoup de lui et de son père dans le roman. Mais il est inutile de savoir précisément où commence la fiction pour y plonger et y croire. Sachons que le paternel vit toujours au Chili et que le fils ne s'inquiète pas de sa réaction à la lecture du livre. «Il comprend que c'est de la fiction...»
Maintenant scénariste de documentaires et directeur du contenu à la maison de production Pimiento (qui prépare aussi un projet de film sur Côte-des-Nègres), il a travaillé à une étude pour la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Pour L'actualité, il s'est fait blogueur en 2008 en couvrant la vie de Montréal-Nord au lendemain de l'affaire Villanueva.
Si chaque livre est une thérapie, ce nouveau roman aura permis, entre autres, de comprendre un peu mieux l'appel du pays natal qui a frappé son père. Au départ, Mauricio Segura souhaitait raconter l'histoire des quatre membres de la famille d'exilés. Mais celle du père a fini par écraser les autres. Non sans douleur, il les a sacrifiées.
Le résultat? Un roman beaucoup plus court, mais très condensé. Des lieux et paysages réalistes car très documentés. Une écriture toute en retenue. Des personnages bien vivants, lourds de tout ce qu'on soupçonne, mais qui n'est pas raconté.


Montréal, un homme rentre au Chili. Son père est mort. Il vient lui rendre les derniers hommages. Très vite, il se rend compte que ceux qui ont fait le choix de partir ne sont pas nécessairement les bienvenus quand ils rentrent au pays des ancêtres. Entre les enracinés et les déracinés plane un malentendu qui rend le retour impossible. Surtout dans cette famille juive qui, d'Andalousie en passant par Thessalonique, est venue enfin s'échouer dans ce finistère qu'est le sud du Chili, terre à la fois d'une folle générosité et d'une indicible cruauté. Terre ancestrale des Indiens mapuches, que domine la cime neigeuse du volcan Llaima et qui est recouverte du vert intense des eucalyptus, cet arbre venu de l'autre côté du monde qui pousse à une vitesse phénoménale et qui menace de tout engloutir. Dans ce roman bref, construit comme un polar, Mauricio Segura propose une réflexion à la fois grave et profondément émouvante sur les liens, insaisissables, indénouables, qui unissent les hommes à la terre. Le profond pessimisme qui hante son récit donne un relief remarquable au destin de ses personnages, écartelés entre plusieurs cultures, plusieurs âges et plusieurs continents.

Détails
Prix : 21,95 $
Catégorie :
Littérature Québec - Canada
Auteur :
Maurico Segura
Titre : Eucalyptus
Date de parution : mars 2010
Éditeur : BOREAL
Sujet : litterature quebecoise
ISBN : 9782764620090 (2764620098)
Référence Renaud-Bray : 100071303

Puissant séisme dans le nord du Chili: aucun dégât, ni victime

Le séisme s'est produit à 11h52, heure locale (14h52 GMT). Son épicentre était situé près de Copiapo, à 600km au nord de Santiago, la capitale.
Le tremblement de terre de fin février, de magnitude 8,8, a fait au moins 342 morts, selon le bilan officiel. AP

vendredi 26 mars 2010

LUIS SEPULVEDA, EXPLORATEUR DES MÉMOIRES MILITANTES

Il sera un des quatre invités de la table ronde Rue89, pour laquelle nous sollicitons vos questions.

« Un nom de torero », « Le vieux qui lisait des romans d'amour », « Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre » : des titres qui disent d'eux-mêmes le ton Sepulveda. La nostalgie, la poésie, le réalisme magique typiquement sud-américain, le sens du combat.

Condamné à s'exiler en Suède, il s'arrête en Argentine

1975 : Luis Sepulveda a vingt-quatre ans lorsque, militant à l'Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d'office, est… un lieutenant de l'armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques.

Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d'exil en Suède. Il n'ira jamais, s'arrêtant à l'escale argentine du vol.

Sepulveda va arpenter l'Amérique du Sud : Equateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n'abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l'impact des colonisations, engagement aux côté des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979.

Il devient aussi reporter, sans abandonner la création: en Equateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l'Alliance française.

Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud, et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis dorénavant à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace.

« Je n'ai pas fait un repas sans secousses, depuis un mois »

Lorsque vous le verrez au Salon du Livre, dont il est un des 90 invités d'honneur, Sepulveda reviendra du Chili. Où il a acheté une maison, 150 km au nord de la capitale Santiago du Chili. Il était sur place au moment des élections, et aussi durant le récent séisme.

Dans un mail à son éditrice française il y a deux jours, il évoquait ce drame, survenu dans un contexte de changement de pouvoir au Chili. Il disait aussi : « Je n'ai pas fait un repas complet, sans secousses, depuis un mois », et en signalait de niveau 7 sur l'échelle de Richter toute les deux heures.

Si vous avez lu Sepulveda, vous connaissez sa vie. Ses romans mêlent roman noir, histoire des peuples premiers, dictature de Pinochet bien sûr, guerres et conflits dans toute l'Amérique latine, hommages aux écrivains et poètes du XXème siècle.

Ses personnages sont tous des guerilleros militants, qui ont perdu des combats et l'ont payé de leurs exils. De quoi les former à une altérité dénuée de tout dogme : l'amour, la rencontre, mais aussi les espaces, la nature, et le respect de l'histoire d'un lieu.

Ce dernier peut être un hôtel en forêt amazonienne (une nouvelle de « La Lampe d'Aladino »), la jungle où vivent les Indiens shuars (« Le vieux qui lisait des romans d'amour »), la Patagonie du merveilleux « Un nom de torero ».

A travers ses livres, qui se font de plus en plus ironistes au fur et à mesure, Sepulveda fait un travail de mémoire chilienne bien sûr, mais in fine un travail de remise en cause personnelle.

« Je suis l'ombre de ce que nous avons été »

Une remise en cause qui est au centre de « L'ombre de ce que nous avons été », paru en janvier aux Editions Métailié. Un roman à tiroirs, qui oscille entre récit cocasse, mémoires militantes, polar déjanté et fable politique.

« Je suis l'ombre de ce que nous avons été et nous existerons aussi longtemps qu'il y aura de la lumière », dit un des personnages, petit-fils d'un homme qui réalisa le premier braquage de la Banque du Chili à Santiago.

Plus de trente-cinq ans après le coup d'Etat de Pinochet du 11 septembre 1973, trois ex-militants de gauche se retrouvent dans un vieux hangar d'un quartier abîmé de la capitale.

Ils sont cassés par la défaite, usés par l'exil, mais décidés à agir dans ce pays qu'ils retrouvent. Une énergie qui nous vaut des festivals de répliques sonnantes. Ils mangent du poulet industriel acheté à « Poulets non stop ». Ils préparent une action, qui sera un écho au braquage cité plus haut.

Le cours du livre est modifié par un vieux tourne-disque qui tue un passant. Donnant à voir ces jeunes policiers « pas encore nés ou étaient trop petits pour pratiquer la torture ou s'allier aux narcotrafiquants ».

Deux Chili se téléscopent ici. Et pour Sepulveda, c'est aussi une manière de refaire écrire l'Histoire par les perdants. Alors qu'elle est souvent écrite par les vainqueurs pour l'édification et le dressage des vaincus. D'où la cocasserie, la grâce, l'humour, la puissance.

Rencontres Rue89

L'écrivain sera donc un des invités du débat Rue89 au Salon du Livre. Intitulé « Identités mondiales – le monde vu par… », il réunira :Leonora Miano (« Les Aubes écarlates », Plon, 2009)Véronique Ovaldé (« Ce que je sais de Vera Candida », L'Olivier, 2009)Mathias Enard (« Zone », Actes Sud, 2008)Luis Sepulveda (« L'ombre de ce que nous avons été », Métailié, 2010).Bienvenue à vos questions à Luis Sepulveda, ainsi qu'aux autres auteurs dans les commentaires à cet article. A vos claviers ! Par ailleurs, à l'heure où sont écrites ces lignes, il reste encore quelques entrées gratuites pour ce débat.
Rencontre Rue89 au Salon du Livre espace « La Place des Livres » - mardi 30 mars 17h-18h.

CHILI: UN MOIS APRÈS, CONCEPCION A PEUR QUAND ÇA TREMBLE TROP, OU PAS ASSEZ

"Je te parie que celle-là était de magnitude 4,9", avance Nelson après une secousse en milieu de semaine. "Non, ça doit avoir atteint 5 !", rétorque à ses côtés Juan Bernales, conforté un peu plus tard par les services sismologiques.

Les habitants de Concepcion se sont mués en experts en sismographie au bout d'un mois, et de centaines de répliques du séisme de magnitude 8,8 -l'un des plus puissants en un siècle- du 27 février à 3H34, suivi d'un tsunami sur le proche littoral. Ils ont fait 452 morts et 96 disparus.

Dans Concepcion "la grise", surnom qu'elle doit à son climat et ses façades, maussades, l'activité la plus forte est celle des travaux, omniprésents: des engins lourds et camions enlevant des gravats, des ouvriers sur les toits, des électriciens affairés sur l'éclairage public.

Ici de petits monts de décombres, une maison écroulée, là des rues fermées à cause d'une faille, d'un bâtiment menaçant de s'effondrer, voisinent avec des terrasses de café pleines, des magasins ouverts, des embouteillages à l'heure de pointe.

Concepcion l'indemme coexiste avec la sinistrée. Ou l'observe, comme cet édifice-symbole devenu un lieu de visite: un immeuble de 15 étages, affalé d'un bloc sur le dos, et où 10 personnes ont péri, 80 parvenant à s'extraire.

Non loin, aux portes de la ville, 35 familles campent encore dans un parc. Leur immeuble n'est pas tombé, mais les lézardes qu'il arbore les dissuadent de rentrer. Comme eux, quelque 70.000 foyers chiliens attendent des maisonnettes en bois, en cours de livraison par les autorités.

"Je sais que d'autres en souffert plus que nous, mais on n'en peut plus dans le campement, entre les rats, les infections", s'impatiente Roberto.

"Au centre commercial, des gens font du shopping, nous ici on en bave", se lamente Daniel, sans emploi depuis la destruction de son magasin qu'il aide son patron à déblayer au centre-ville. "C'est comme s'ils avaient oublié, comme s'il ne s'était rien passé".

Mais même chez ceux qui n'ont rien perdu, personne n'a oublié. Le séisme du 27 février alimente conversations, rumeurs, croyances.

"J'ai entendu dire que la Terre cherche à se replier sur elle-même, s'ajuste. Si ça continue, la ville pourrait s'ouvrir littéralement, devenir une île, voire disparaître", avance fiévreusement Luis, qui vient se mêler à la conversation.

"Si cela ne tremble plus pendant plusieurs heures, c'est dangereux. Cela signifie qu'une forte secousse va venir", affirme Juan Bernales, péremptoire.

"Les gens avancent, mais ils sont préoccupés, par ce qui se dit dans les nouvelles, par la possibilité de quelque chose de bien pire", résume un policier de Concepcion.
A la fois rassurants, et signe d'anormalité, des soldats, en armes et bien en vue, patrouillent les rues par deux ou trois: l'agglomération et son demi-million d'habitants demeurent depuis un mois sous couvre-feu nocturne, même s'il a été réduit, de 23H00 à 6H00 du matin.

Près de 15.000 militaires furent déployés dans la région après les pillages des jours suivant la catastrophe. "Les gens nous remercient d'être là, nous demandent de ne pas quitter la ville", assure un conscrit. Pas encore tout à fait prêts pour la normalité.

Le Chili remercie la Chine

La cérémonie de signature du document d'un financement à hauteur d'un million de dollars a eu lieu au ministère chilien des Affaires Etrangères. Fernando Schmidt, ministre chilien par intérim des Affaires Etrangères et Lu Fan, ambassadeur de Chine au Chili y ont assisté.
Fernando Schmidt a déclaré lors de la cérémonie que le Chili était « très reconnaissant envers la Chine pour l'aide financière et matérielle d'urgence –à hauteur de deux millions de dollars- octroyée aux régions chiliennes sinistrées ».
Lu Fan a indiqué quant à lui que le tremblement de terre et le tsunami, qui ont eu lieu le 27 février, avaient causé de lourdes pertes humaines et matérielles. Le peuple chinois, qui a subi un tremblement de terre terrible dans le Wenchuan en 2008, soutient le Chili dans cette épreuve. Si la Chine et le Chili sont éloignés géographiquement, « les peuples de ces deux pays ont noué une amitié profonde et entretiennent des relations bilatérales très proches ».

CHILI : LE TREMBLEMENT DE TERRE FAIT GRIMPER LES PRIX DU VIN EN VRAC

«L’arroba (@ : unité chilienne de mesure du vin en vrac) qui coûtait 12 000 et 13 000 dollars avant le tremblement de terre se négocie aujourd’hui au-dessus de 19 000 $», a déclaré le propriétaire de Viña Sutil, Juan Sutil.

L’industrie accuse la faiblesse des stocks, amputés de 20% à cause du tremblement de terre et surtout la spéculation lancée par les producteurs eux-mêmes: « Si j’ai des vins dans mes cuves et qu’il me faut répondre à la demande, je dois acheter du vin à l’extérieur. Certains producteurs l’ont remarqué et commencent à spéculer pour faire monter les prix», commente un professionnel interrogé par Diaro del Vino.

Chez Casa Lapostolle, Patrick Eguiguren constate que le vrac a grimpé en valeur d’environ 20 % pour «restaurer les stocks». A Santa Carolina, le vin en vrac produit essentiellement pour le marché intérieur a vu son cours progresser de 40% à 50%.

«Compte tenu de la hausse des prix qui touche le vrac destiné au marché domestique, celui destiné à l’export devrait voir son prix augmenter», poursuit Juan Sutil. La hausse sur les marchés d’export est toutefois bridée par la perspective immédiate de perdre des acheteurs au profit de leurs concurrents et notamment de l’Australie, car la sanction d’une hausse de prix est immédiate sur un marché de prix comme celui du vrac.

En attendant, les prix des vins embouteillés ne seraient pas à l’abri d’une hausse à terme, d’autant explique-t-on chez ViaWines, que « la situation difficile du Chili, frappé par le séisme est déjà intériorisé par les clients de l'étranger ».

jeudi 25 mars 2010

Marie Eugenia Villegas joue Mozart

La grande harpiste chilienne Marie Eugenia Villegas, joue une belle pièce de Mozart

Chili : Proximité de Benoît XVI «en ces moments de difficulté».

Le pape a en effet salué, à l'issue de l'audience du mercredi, place Saint-Pierre, une délégation du Chili conduite par l'archevêque de Santiago, le cardinal Francisco Javier Errázuriz Ossa, et le président de la conférence épiscopale chilienne, Mgr Alejandro Goić Karmelić, évêque de Rancagua.
La délégation était spécialement présente pour recevoir cette icône de Notre-Dame du Mont Carmel.
« Je vais la bénir, a dit le pape, en signe d'affection pour les enfants de ce pays, qui célèbre son bicentenaire, et elle les accompagnera en ces moments de difficulté après le récent tremblement de terre ».
On sait l'importance du Carmel au Chili, notamment du Carmel de Los Andes, et de sa sainte, sainte Thérèse de Los Andes, canonisée par Jean-Paul II en 1993.
Anita S. Bourdin

Pédophilie: un religieux visé par une enquête en Espagne condamné au Chili

Le père Jose Angel Arregui, 53 ans, de l'ordre catholique de Saint-Viateur, a été condamné à 817 jours de réclusion, sans possiblité de libération anticipée, après avoir été reconnu coupable de stockage de pornographie infantile.
Arregui, qui était détenu depuis août, a été condamné lors d'une comparution accélérée à Santiago.
Selon la presse chilienne, le religieux a reconnu avoir conservé plus de 400 heures de video pédophile. Le matériel incriminé porte notamment sur des attouchements et actes sexuels commis alors qu'il enseignait dans des collèges espagnols jusqu'en 2005.
Selon la procureur chilienne, aucune partie du matériel "considérable" ne porte a priori sur des actes commis au Chili, où il résidait et enseignait dans un lycée de Santiago depuis 2008, et aucune plainte n'a été reçue laissant supposer d'éventuelles victimes chiliennes.
Le quotidien espagnol El Pais a révélé récemment l'enquête en cours en Espagne depuis novembre pour "possibles délits sexuels" commis par le religieux, professeur d'éducation physique, de religion et de langue, dans plusieurs collèges en Espagne des Viatoriens, un ordre voué à l'enseignement.
L'ordre d'Arregui, "consterné", avait confirmé l'enquête en cours.
Il aurait abusé d'au moins 15 jeunes de 12 à 14 ans entre 1992 et 2005, dans des collèges à Madrid, et au Pays basque à Vitoria et Basauri, selon le journal espagnol.

mercredi 24 mars 2010

Le Dakar 2011 console le Chili

Gabriel Ruiz-Tagle le 13 janvier 2010. Photo Colo Colo
"Notre pays a souffert d'un tremblement de terre d'une grande magnitude. Le pays souffre et ce type d'événement va nous aider à nous remonter le moral, à soigner nos blessures et à sécher nos larmes", a déclaré le ministre après l'annonce du trajet du Dakar-2011 qui passera par le Chili.
Le rallye aura lieu du 1er au 16 janvier 2011 avec un départ et une arrivée à Buenos Aires, a annoncé le directeur du rallye Etienne Lavigne lors d'une conférence de presse.
"La zone (nord) du pays n'a pas été très affectée par la catastrophe", a précisé Gabriel Ruiz-Tagle.
Le séisme de magnitude 8,8 et le tsunami du 27 février ont fait 452 morts et 96 disparus au Chili. Un demi-million de logements ont été détruits ou fortement endommagés.

Chili : une banque touchée par l'explosion d'une bombe, pas de victime

L'explosion, survenue aux environs de minuit, a brisé la porte en verre de la banque et provoqué la panique parmi les habitants du quartier.
Cette incident fait suite à une série d'attaques similaires perpétrées dans la ville. Une autre banque avait déjà été touchée par l'explosion d'une bombe en décembre dernier, dans une attaque visant l'immeuble d'une compagnie d'assurance, blessant une personne et endommageant une partie de l'édifice.

mardi 23 mars 2010

Le Dakar-2011 aura lieu en Argentine et au Chili

Le rallye aura lieu du 1er au 16 janvier 2011 avec un départ et une arrivée à Buenos Aires. Le parcours détaillé sera présenté le 29 avril. Après 29 éditions en Afrique, de 1979 à 2007, le rallye avait été annulé en 2008 pour des raisons de sécurité. Les éditions 2009 et 2010 ont ensuite été organisées en Argentine et au Chili. M. Lavigne a indiqué qu'un retour un jour en Afrique n'était pas impossible même si, à l'heure actuelle, "la situation africaine est un peu compliquée". Les responsables du rallye continuent également d'explorer d'autres possibilités, notamment au Brésil et au Pérou.

Il faudra quatre années pour se remettre du séisme

Le dimanche, le 21 mars 2010 dans le programme "La Entrevista del Domingo" (l'Interview du Dimanche) le Président de la République, Sebastian Piñera avec le journaliste Mauricio Bustamante, pour la Télévision Nationale du Chili.
Au cours d'une interview télévisée, il a estimé à 30 milliards de dollars le montant des dépenses à engager pour remettre le pays sur pied. Il a cité plusieurs sources de financement, en précisant que son gouvernement pourrait procéder à la privatisation de certaines entreprises, rapporte le quotidien de Santiago.

lundi 22 mars 2010


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Ubicación: Penco


Alrededor de 300 nichos de cementerio parroquial de Penco fueron destruidos producto de terremoto.

Foto: Rolando Oyarzun y Victor Salazar– El Mercurio



Deux répliques modérées dans le sud du Chili

La première secousse a eu lieu à 15H31 et son épicentre a été localisé à 55 km au nord de Concepcion, et 550 km au sud de Santiago.
On a enregistré le deuxième tremblement de terre à 15H57, dont l'épicentre se trouvait à 53 km au nord-ouest de Santiago.
Depuis le 27 février, plus de 100 répliques importantes ont été enregistrées.

«DUR DE REPRENDRE LE COURS DE SA VIE...»

«Nous venons de subir une nouvelle secousse il y a une demi heure à peine...» Au bout du fil, Jean-Luc Praz témoigne de ce que la population chilienne vit au quotidien depuis trois semaines. Chaque jour, entre quatre et cinq répliques du terrible séisme font trembler le pays et ses habitants. «Les gens sont vraiment à bout de nerfs. A chaque nouveau bruit dans le lointain, on ressent cette peur... On ne sait jamais si la réplique sera de magnitude 5, 6 ou 7. C'est dur de reprendre le cours de sa vie...»

Des Clèves à Patagual

Après avoir sillonné l'Amérique du Sud sac au dos au début des années 90, Jean-Luc Praz est tombé amoureux du Chili - ou plutôt de l'une de ses jeunes ressortissantes - en 1992, au hasard d'une sortie au cinéma. «Je me suis retrouvé assis à côté d'une belle jeune femme... qui est devenue mon épouse peu après», raconte-t-il. Après quelques années passées à constamment changer de continent, il décide en 1999 de s'établir dans le village de Patagual, à 30 kilomètres de la ville de Concepcion. «J'y ai monté ma boîte de développement de sites internet. Ce n'est pas une grosse entreprise, mais nous avons produit le plus grand nombre de sites internet dans la région.» Une vie bien réglée qui aurait très bien pu voler en éclats le 27 février dernier.

«Un bruit infernal»

Le tremblement de terre de magnitude 8,8 a surpris Jean-Luc Praz et son épouse dans leur sommeil, à 3 h 34 du matin. «On ne savait pas si c'était un cauchemar...Toute la maison bougeait sur ses fondations. Tout ce qui n'était pas fixé s'est mis à voler, livre, bouteilles, miroirs, bibelots... Le bruit était infernal. Nous avons pu sortir, en pyjama, par la porte-fenêtre de notre chambre et trouver un endroit découvert où nous ne risquions pas de nous faire écraser par la chute d'un arbre.» Si l'expérience a été traumatisante, la famille de Jean-Luc Praz fait partie de celles à n'avoir pas subi de trop lourdes pertes, humaines ou matérielles. «Le gros problème, l'urgence principale actuellement est que beaucoup de personnes n'ont plus de toit, vivent sous tente. L'hiver approche. Dès le mois de mai, les températures chutent et les pluies se mettent à tomber. Il faut trouver une solution au plus vite.»

La vie au ralenti

Selon le Gouvernement chilien, il faudra entre trois et quatre ans pour que la situation se régularise dans le pays. Près de deux millions des personnes ont été touchées par la catastrophe et environ 300 000 habitants n'ont toujours pas accès à l'eau courante. «Dans notre région, le problème principal est que des trois ponts qui permettent de traverser le fleuve Bio Bio pour circuler entre Concepcion et San Pedro de la Paz, un seul est encore pratiquable. Un intinéraire qui nous prenait dix minutes, nécessite aujourd'hui entre une à deux heures de voiture selon le trafic. La vie se déroule au ralenti, à moitié...» Des bouchons interminables donc, qui suscitent des scènes d'hystérie spectaculaires. «Ce que l'on voit dans les films catastrophe, des gens qui oublient toutes les règles de circulation ou de vie en société, les pillages, tout ça je l'ai vu...» A tel point que dans son quartier, le voisinage a organisé des gardes armées durant quelques nuits. «La population a très mal vécu ces scènes de pillage... Au lieu de mettre notre énergie à aider les autres, à reconstruire, nous avons dû la mettre à nous protéger. C'est triste. Nous ne sommes pas passés très loin de la guerre civile, mais la situation se tasse gentiment.»

Futur incertain

Lorsqu'on lui demande enfin si ce drame remet en cause sa vie au Chili, Jean-Luc Praz avoue avoir pensé à rentrer au pays. «Ça m'a effleuré. J'ai ici mon affaire qui tourne, mais depuis le séisme, les propositions se font rares... Nous avons encore du travail jusqu'en juin, mais après, c'est l'incertitude. J'ai cependant pu remarquer que c'est dans les moments de crise que viennent les meilleures idées, donc je garde espoir...»

dimanche 21 mars 2010

TEMOIGNAGE D’UN SEISME

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Les gens observent une autoroute et des voitures détruites par le tremblement de terre à Concepcion, Chili le 27 février 2010. Photo REUTERS / Jose Luis Saavedra

Il y a 20 ans, nous avons réussi à nous libérer de Pinochet et de la peur que la dictature nous transmettait. Depuis, j'ai toujours pensé qu'il n'y aurait plus rien qui puisse me faire peur de cette façon. La vérité est que, après le séisme du 27 février dernier, j’ai revécu l’angoisse et la détresse d’autrefois.

Se réveiller au milieu de la nuit à cause d’une secousse furieuse de la terre est quelque chose de terrible. Mais il est encore plus dévasteur de réaliser que la société où nous vivons est malade. Ceux qui ont volé des téléviseurs à écran plasma, des ordinateurs, des voitures, au lieu des denrées alimentaires dont ils avaient vraiment besoin semblaient obnubilés par le désir de possèder ce que la société leur impose, les signes du bien-être et du progrès, la course à l'accumulation dans le chaos, peu importe les dégats et les blessés. Depuis les transporteurs de bus ont triplé leurs prix, les entreprises du construction ont déposé leur bilan pour échapper à la responsabilité concernant les bâtiments n'ayant pas résisté au tremblement de terre, le président lui-même, Piñera, a décidé de ne pas vendre ses parts de LAN Chile en raison de leur baisse en bourse. Voilà quelques exemples édifiants.

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Groupe d'autodéfense pour éloigner les pillards de leur quartier, après le séisme et du tsunami qui a suivi à Concepcion le 3 Mars 2010. Photo REUTERS / Victor Ruiz Caballero

Puis sont arrivés les pillages des maisons. Nous avons dû sortir dans la rue pour nous défendre de nos propres voisins, nous avons monté des barricades comme autrefois. Mon fils de 14 ans s’est posté devant la maison, prêt à nous défendre. En le voyant, je me suis vue, au même âge, quand je luttais contre la dictature. Cela m’a fait frémir.

Le tremblement de terre a déclenché la panique. Il y a eu des dommages matériels importants, des décès d'hommes, de femmes et d'enfants, des scènes qui resteront gravées dans nos mémoires. Aujourd'hui, les autorités appellent à reconstruire le pays. Cela sera sans doute possible dans un avenir pas si lointain. Mais comment faire pour soigner la société ? Comment retrouver un Chili juste et équitable ? Comment sensibiliser les gens séduits par le succès qui leur fait miroiter la droite de Piñera ? Comment réveiller un peuple qui n'exerce pas ses droits et se contente de reproduire le modèle encore plus durement ? Sans doute ma capacité d'étonnement n'a pas été épuisée, mais mon angoisse s’ est accrue.

Nous avons beaucoup perdu en tant que société. En termes d’égalité et de justice sociale, nous sommes encore plus bas qu’en 1960, l'année d'un autre important tremblement de terre dont épicentre fut la ville de Valdivia. Notre lutte s’avère longue, dure, difficile. Mais nous devons continuer à donner le meilleur de nous-mêmes pour changer le cours des choses.

Un voyage sans repos

Mme Alvarez n'avait pas mis les pieds au Chili depuis trois ans. Cette année, la Chilienne d'origine souhaitait partir avec son conjoint et ses deux enfants. Mais quatre billets d'avion coûtent beaucoup de sous. Son frère, qui habite Vancouver, l'a finalement convaincue de l'accompagner. Mme Alvarez est donc partie sans sa famille pour le Chili, où elle a atterri le 20 février.
Le 27 février à 3h34 dans la nuit, Mme Alvarez dormait chez sa tante à Puente Alto, une ville de 492 000habitants située à 30 km de Santiago, lorsqu'un séisme de magnitude 8,8 a secoué le pays. «Le cliquetis des fenêtres m'a réveillée. J'ai senti le lit bouger. Je me suis levée, mais c'était impossible de garder l'équilibre, raconte-t-elle. Tu attends juste que ça arrête. Ç'a duré deux minutes et demie. Quand ça tremble sous tes pieds, ça t'apparaît interminable. Nous avions l'impression que l'épicentre était à côté de nous.»
L'épicentre se trouvait à 90 km de Concepcion à 500 km au sud de Santiago. Puente Alto se situe au sud-est de Santiago, vers la cordillère des Andes. «Dans la région où j'étais, il n'y a pas eu d'effondrement majeur, relate la résidante de Bromont. Évidemment, tous les objets qui se trouvaient dans les bibliothèques étaient cassés.»

Tous les détails dans notre édition de samedi, abonnez-vous à La Voix de l'Est

samedi 20 mars 2010

DOMINIQUE PLOUY A VÉCU LE SÉISME AU CHILI

Revenu indemne physiquement de cette catastrophe, elle reste marquée psychologiquement par cette aventure et avec le recul analyse son ressenti et ses impressions.

Etre réveillée en pleine nuit avec tout qui se met à trembler n'est pas une chose facile et elle a compris rapidement qu'il fallait fuir si elle ne voulait pas ramasser le plafond sur la tête. Logée dans un grand immeuble moderne de 18 étages du centre ville, elle s'est retrouvée dans la rue en chemise de nuit après avoir dévalé les escaliers dans le noir.

Les Santiaguinos sont calmes, pas paniqués et une fois la secousse terminée, s'activent à réconforter les gens, secourir les blessés et à calmer les Européens peu coutumiers de cette situation. Par chance dans le quartier, les immeubles sont construits aux normes antisismiques et aucun ne s'est effondré, par contre tout ce qui était accroché ou pendu est au sol et la piscine sur le toit s'est vidée. Dans la banlieue et les villes autour de l'épicentre c'est une calamité, tout ce qui n'est pas aux normes est ravagé ou détruit. A Santiago, pendant trois jours, tout s'est arrêté, métro, bus, eau, électricité, restaurants, contrairement à l'Europe, les magasins encore debout ne sont pas pris d'assaut et chacun veille à ce que tout se passe bien. Aéroport fermé, on ne peut aller nulle part et il y a eu 150 répliques de plus ou moins grandes amplitudes pendant 8 jours. Les secours sont rapidement opérationnels et avec des moyens de fortune la vie reprend son cours. L'angoisse de ne pouvoir rentrer en France et le peu d'information sur un éventuel départ, sont difficiles à supporter malgré la gentillesse des Chiliens qui s'activent afin de rassurer les étrangers.

Enfin de retour à Aniane via Paris, elle dresse le bilan de cette péripétie. Pour la famille sur place, humainement, pas de soucis, par contre des dégâts matériels conséquents. Pour elle, la certitude d'avoir échappé au pire et l'appréhension de se retrouver un jour dans la même galère. Bon tornatge a l'oustau (Bon retour à la maison).

"La Buena Vida" : jours moroses à Santiago

La Buena Vida l'affiche du film
Santiago du Chili est devenue une cité comme les autres, avec des galeries marchandes ou se croisent les riches et les pauvres, des rues sans âmes où travaillent des prostituées.
Le scénario, écrit à six mains, suit le parcours de trois personnages personnages principaux : Teresa (Aline Kuppenheim) est médecin et se consacre à la prophylaxie parmi les travailleuses du sexe ; Mario (Eduardo Paxeco) est un clarinettiste de talent qui ne parvient pas à intégrer l'orchestre philharmonique et se résout à s'engager dans la gendarmerie, pour jouer dans la fanfare ; Edmundo (Roberto Farias) travaille dans un salon de coiffure, vit avec sa mère et cherche un raccourci vers l'indépendance, économique et familiale.
Tous se heurtent à l'inégalité, à la brutalité des relations sociales, aux séquelles d'un passé effacé mais omniprésent. Andrès Wood metteur en scène applique minutieusement la stratégie réaliste qu'il a mise au point avec ses coscénaristes : les situations sont généralement maintenues à distance du romanesque. Il ne faut pas compter sur de jolies coïncidences dickensiennes pour que les trajectoires se croisent autrement que par accident, sans que les protagonistes en prennent conscience.
La rançon de ce parti pris est lourde : on a deviné dès les premières séquences que La Buena Vida, le titre est une antiphrase et que la vie à Santiago est tout sauf bonne. Mais c'est à peine si c'est une vie, tant les personnages, leurs désirs, leurs mouvements sont englués dans une tristesse qui finit par confiner à l'anomie.
Film chilien d'Andres Wood, avec Roberto Farias, Aline Kuppenheim, Eduardo Paxeco. (1h48)

Thomas Sotinel

Chili : 110 millions pour reconstruire

Selon les syndicats, 15.000 personnes au moins ont perdu leur emploi, comme conséquence directe de la catastrophe sur les entreprises. Pour le principal syndicat CUT, 9.000 n'ont reçu aucune indemnisation, les employeurs invoquant parfois abusivement un "cas de force majeure" prévu par le Code du travail.
La protection des familles sans abri, la reprise de toutes les classes d'ici le 26 avril, et le retour au travail, à la pêche notamment sur le littoral, sont les priorités du gouvernement de Sebastian Pinera, investi le 11 mars, a annoncé sa porte-parole Ena von Baer.
Au niveau du logement, 20.000 maisonnettes en bois doivent être livrées dans le cadre d'une convention entre le ministère du Plan, les collectivités locales et l'organisation caritative "Un techo para Chile" (Un toit pour le Chili). Elles s'ajouteront à 20.000 logements d'urgence financés début mars par un téléthon.
L'enveloppe de 110 millions de dollars doit aussi permettre de réaliser les travaux de réparation les moins lourds dans les écoles endommagées, et d'aménager des établissements d'accueil transitoire.