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mercredi 31 janvier 2018

CIVILIZATION VI : LES MAPUCHES PRENNENT LES ARMES

 « LES MAPUCHES PRENNENT LES ARMES»
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CIVILIZATION VI : LES MAPUCHES PRENNENT LES ARMES


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JEU VIDÉO CIVILIZATION VI : 
LES MAPUCHES PRENNENT LES ARMES 
CAPTURE D’ÉCRAN 


Alors que les joueurs pourront en profiter dans une grosse semaine, Civilization VI : Rise and Fall dévoile aujourd'hui Lautaro, célèbre dirigeant et chef de guerre chilien.
Avec la construction de tous les forts espagnols, le territoire des Mapuches recula de plus en plus et Lautaro, le fils d’un chef mapuche, fut capturé. Réussissant à s’évader environ trois ans plus tard, Lautaro rentra finalement auprès des Mapuches. Un conseil de guerre déclara que Lautaro servirait en tant que vice-Toqui (Porteur de Hache) à Caupolican, et ils menèrent un assaut sur les forts espagnols qui entouraient leur territoire. Voilà pour le contexte du personnage, maintenant, penchons-nous sur sa version Civilization et les attributs qu'il possède dans cette extension.

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UNITÉ EXCLUSIVE : CAVALIER MALÓN

Au cours des raids des cavaliers malóns, appelés ainsi pour leurs expéditions punitives sur les envahisseurs, ces derniers lançaient des offensives-éclair sur l’ennemi, qui, s’il tentait une contre-attaque, tombait dans une embuscade. De ce fait, cette unité unique disponible durant la Renaissance, reçoit des bonus de combat lorsqu’elle se bat près d’un territoire allié et le pillage nécessite moins de mouvements.

AMÉNAGEMENT EXCLUSIF : CHEMAMULL

Les Chemamull étaient des grandes stèles funéraires en bois sculptées dans un tronc, ensuite placé près de la tombe. Elles étaient de taille humaines et représentaient les défunts. Dans le titre, construire les Chemamull apporte de la culture égale à 75% de l'attrait de la case, mais également un avantage en tourisme plus loin dans la partie.

COMPÉTENCE EXCLUSIVE DE LAUTARO : VIF FAUCON

Lautaro (initialement appelé Leftrarü en mapudungún, ce qui se traduit par « Vif Faucon ») trouva le moyen d’exploiter les faiblesses de la cavalerie espagnole. Ainsi, vaincre une unité ennemie sur son propre territoire fait baisser la loyauté de sa ville propriétaire.

COMPÉTENCE EXCLUSIVE DES MAPUCHES : TOQUI

Vous recevrez un bonus lorsque vous combattrez des civilisations se trouvant déjà dans un âge d’or. Toutes les unités entraînées dans les villes où se trouve un gouverneur gagnent plus d’expérience au combat.

Civilization VI Rise & Fall sera disponible sur PC le 8 février prochain.


dimanche 28 janvier 2018

SCIENCE, INFORMATION ET RÉVOLUTION. L’EXPÉRIENCE CYBERSYN DANS LE CHILI D’ALLENDE


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L’EXPÉRIENCE CYBERSYN DANS LE CHILI D’ALLENDE
À propos d’Eden Medina, Le projet Cybersyn. La cybernétique socialiste dans le Chili de Salvador Allende, préface et postface de Marc Frochaux, Paris, Éditions B2, 2017, 139 p.
Jérôme Lamy 
L’implication des scientifiques, de leurs programmes de recherche ou de leurs découvertes dans l’action politique est désormais bien étudiée. Le marxisme, lui-même conçu comme une science, a donné lieu à très large éventail d’articulations entre les projets savants et l’émancipation révolutionnaire : des tentatives de Nikolaï Vavilov pour une gestion située des ressources biologiques et alimentaires en URSS[1] jusqu’au dévoiement de la science officielle sur l’égide de Lyssenko[2], les formes d’investissement sont nombreuses. Mais il est plus rare que ce soit la logique infrastructurelle de l’action publique qui soit guidée par un corpus scientifique et technique spécifique. Le cas du Chili d’Allende, pour n’être probablement pas unique, constitue cependant un laboratoire singulier d’une révolution démocratique socialiste appuyée sur les savoirs de la cybernétique. C’est cette histoire d’une expérience simultanément politique et scientifique que Eden Medina retrace dans Le projet Cybersyn, avec beaucoup de soin et d’attention. Les Éditions B2 publient avec profit un élément central de son travail : l’article[3] qui précède et annonce sa thèse[4]. Complété par une préface et une postface de Marc Frochaux à propos du designer allemand Guie Bonsepi, qui fut impliqué dans Cybersyn, l’ensemble forme une approche originale des problèmes politiques interrogés sous l’angle de l’infrastructure, de la communication et de l’usage des technologies.

Le creuset chilien de la cybernétique 

Le texte s’ouvre sur la rencontre entre Stafford Beer et Salvador Allende en novembre 1971. Cet entretien entre un cybernéticien anglais et le président socialiste du Chili constitue l’officialisation d’un parti pris techno-politique, celui de l’introduction d’un « système technologique capable de réguler la transition économique du Chili dans le respect des principes socialistes de la présidence d’Allende » (p. 34). Il s’agissait de construire une infrastructure de gestion en temps réel des établissements nouvellement placés sous le contrôle de l’État. L’enjeu est alors capital, car la situation économique s’est progressivement dégradée après la prise de fonction d’Allende.

La cybernétique est un projet technique qui date du second conflit mondial. Appuyées sur les travaux de Norbert Wiener, les premières recherches visaient « à créer des servomécanismes antiaériens capables de pointer la position future d’un appareil ennemi » (p. 49). Le principe reposait sur une « théorie du contrôle de feedback capable de réaliser des calculs prédictifs à partir d’une série incomplète d’informations (…) » (p. 49). L’intrication entre les mathématiques, les sciences de l’ingénieur et le traitement de l’information permettaient d’envisager la résolution de problèmes systémiques qui ne soient pas seulement biologiques ou physiques. Les questions sociales et politiques pouvaient dès lors entrer dans le champ de la cybernétique.

Eden Medina rappelle que le lien entre « la communauté cybernétique » et le Chili ne date pas d’Allende : dans les années 1960, à l’Université du Chili, Humberto Maturana, biologiste formé aux États-Unis qui s’est intéressé aux structures des organismes vivants, travaille avec son élève Francesco Varela sur la mise en relation des sciences biologique et cybernétique. Ils développent en commun la « théorie novatrice des systèmes auto-organisés » (p. 51). Même si ce travail conceptuel se déroule au Chili, Maturana et Varela ne vont pas directement participer à la création du projet Cybersyn. Ce n’est qu’après le début de l’expérience que Maturana interviendra parfois auprès de Stafford Beer. Mais c’est ce dernier qui va initier la jonction entre cybernéticiens et acteurs politiques de la révolution socialiste chilienne.

Beer a un parcours pour le moins inhabituel : ses études de philosophie n’ont été sanctionnées par aucun diplôme (il est parti combattre dans l’armée britannique durant la Seconde Guerre mondiale) et travaille dans le domaine de la métallurgie dès les années 1950. Sa lecture de Cybernetics, l’ouvrage séminal de Norbert Wiener, constitue un moment de rupture dans sa carrière : il applique alors les « principes cybernétiques dans l’industrie métallurgique » (p. 52). Il se forme à ce nouveau domaine interdisciplinaire auprès de Warren McCulloch mais aussi de Wiener et de « l’ingénieur en électricité (…) Heinz von Foerster » (p. 52). Beer défend l’idée d’un usage social et politique de la cybernétique. Employé de la société française Science in General Management (SIGMA), il œuvre à une cybernétisation des procès industriels. C’est dans le cadre de son travail à SIGMA que Beer est appelé, en 1962, par « le directeur de l’industrie du Chili » (p. 54). Son équipe se rend sur place et fait « régulièrement appel à des étudiants pour lui venir en aide (…) » (p. 54). À cette occasion Fernando Flores s’immerge dans l’expérience cybernétique au point d’entamer une carrière dans les sciences de l’ingénierie à l’université de Santiago. Le positionnement politique de Flores évolue aussi pendant cette période : il participe au Mouvement de l’Action Populaire Unitaire (MAPU) qui servira d’appui à l’Unitad Popular d’Allende lorsque celui-ci arrivera au pouvoir. Flores, à cette occasion, est nommé « responsable technique de la « Corporación de Fomento de la Producción » (p. 55) (CORFO) qui doit mettre en œuvre la nationalisation des usines réquisitionnées.

Loin de consacrer une vision téléologique de la cybernétique socialiste d’Allende, Eden Medina prend soin de suivre (et de livrer) toutes les pistes qui permettent d’expliquer l’émergence de Cybersyn, mais elle ne surinterprète pas les connexions qui s’établissent et ne cherchent pas des jonctions hypothétiques. C’est bien dans l’entrelacs des attentes économiques (celles notamment d’une meilleure efficacité économique dans le Chili des années 1960), des mouvements politiques et des développements scientifiques que s’opèrent des mises en relation entre des acteurs aux intérêts (partiellement) convergents.

La nationalisation des industries essentielles à l’économie chilienne est une priorité de la présidence d’Allende, dans la double perspective d’une lutte contre les logiques capitalistes et d’une sortie du « sous-développement » (p. 56). La relance keynésienne donne, dans un premier temps, des résultats importants et spectaculaires. Mais l’« inflation et la « chute vertigineuse de la consommation » (p. 57) douchent rapidement les espoirs d’une embellie économique. L’effort de nationalisation est, de plus, contré par les « investisseurs étrangers » (p. 58), particulièrement dans le secteur minier. La gestion de la nouvelle puissance publique industrielle ainsi nationalisée posait d’immenses problèmes de coordination – sans compter les « querelles politiques » que se livraient les partis politiques sensément alliés (p. 58-59). C’est pourtant à ce moment-là que Flores prend contact avec Beer avec l’objectif d’organiser la gestion cybernétique à l’échelle du Chili.

Structures, réseaux et flux

La CORFO est le siège de la transformation technique et infrastructurelle du pays. Flores s’entoure d’une équipe interdisciplinaire qui s’imprègne – littéralement – de la culture cybernétique de Beer. Ce dernier fait circuler « la version manuscrite de son ouvrage Neurologie de l’entreprise (…) ». L’ouvrage décrit un « système capable (…) de décrire la stabilité observée dans les organisations mécaniques, sociales et politiques » (p. 64).

Les « variables » du système sont la conséquence de son « état ». Les « états possibles » définissent la « variété » du système (p. 64). Beer « élabore un modèle de système viable à cinq paliers, calqué sur le système nerveux humain » (p. 65). Pour Cybersyn, Beer imagine trois niveaux pour les « activités inférieures » et deux niveaux supérieurs pour la « gestion » (p. 67). L’enjeu n’est pas seulement de considérer les interactions entre ces différents niveaux, mais de prendre en compte les échanges de chacun de ces niveaux (et surtout des premiers, c’est-à-dire ceux des usines) avec leur environnement direct. L’usine est définie comme point nodal de la production et ceux qui y travaillent jouissent d’une relative « autonomie » (p. 67). Par la suite, une structure agissant comme une « moelle épinière » fournit les « indicateurs de productions générés, puis les fait remonter jusqu’au directeur des opérations (…) » (p. 67). Les alertes concernant les difficultés rencontrées remontent le long de cette chaîne d’action et peuvent atteindre les niveaux supérieurs afin qu’une solution plus globale soit trouvée. Les deux niveaux de gestion « n’interviennent dans la production que dans ce cas de figure » (p. 68). Le quatrième niveau correspond à cet état d’équilibre entre autonomie laissée aux unités productives et capacité à reprendre la main rapidement sur les défauts d’action. Le dernier niveau est celui qui opère une capture générale sur la réalisation des objectifs. Beer n’imaginait pas ce système comme une simple chaîne de commandement hiérarchique. Pour lui, chacun des niveaux devait comprendre les cinq niveaux d’action et de décision qu’il avait imaginés comme système générique de production.

LISTE DE TÂCHES DU PROJET CYBERSYN 

Néanmoins, les difficultés logistiques sont importantes : le Chili dispose de ressources informatiques fort limitées. Finalement, les concepteurs de Cybersyn déploieront le projet sur « un processeur central Burroughs 3500 » (p. 70). Il fallait encore connecter les usines, mettre en place la structure matérielle capable d’acheminer le flux des données. C’est le réseau de télex qui va constituer l’ossature de cette « toile d’échange d’informations à grande vitesse » (p. 72).

Le système cybernétique complet devait comprendre « quatre sous-projets : Cybernet, Cyberstride, Checo et Opsroom » (p. 71). C’est cet ensemble qui prend le nom de Cybersyn afin d’« exprimer toute la portée du système » (p. 71). Cybernet correspond au déploiement « d’un réseau de communication national couvrant les 4500 kilomètres le long du territoire chilien » (p. 72). Cyberstride rassemble « une suite logicielle de programmes informatiques écrits pour collecter, traiter et distribuer les données de chaque entreprise d’État » (p. 72). Checo (Chilean Economy) envisageait la « modélisation de l’économie chilienne – mais l’impérieuse nécessité de données en temps réel n’a pas permis une réalisation satisfaisante de cette initiative. Enfin Opsroom constitue une fascinante tentative de supervision démocratique de la situation économique du Chili. Dans une pièce bardée d’écrans délivrant « les données collectées auprès des entreprises nationalisées » (p. 77), sept fauteuils disposant d’un clavier avec des icônes devaient accueillir ceux qui piloteraient le système. Eden Medina insiste à juste titre ce deux points : d’une part, Beer et l’équipe Cybersyn conçoivent les claviers iconiques pour se dispenser des dactylographes, ce qui signale « les préjugés sexistes inhérents à la conception même du système », d’autre part, cette limitation à des représentations graphiques pour se saisir des commandes du système devait autoriser la venue de « comités d’ouvriers » (p. 78). Beer avait même envisagé de « présenter son système “socialiste” aux comités de travailleurs afin que ces derniers apprennent eux aussi à utiliser ces nouveaux outils de gestion (…) » (p. 80).

Même si tous les projets n’ont pas été menés à bien, le déploiement de Cyberstride a concouru à une meilleure compréhension politique des déplacements économiques en cours. Ainsi, lorsque « l’opposition grémaliste » tente de bloquer le pays en octobre 1972, l’afflux de données offrait aux opérateurs une « forte réactivité face aux actions contestataires » (p. 82). De même la « cartographie » quotidienne des productions économiques offrait une vue synoptique sur les nœuds de crispation ou les afflux attendus.

Politique de l’infrastructure socialiste

Eden Medina insiste longuement – et à juste titre – sur l’engagement politique total de Beer – celui-ci parlant même, à propos de Cybersyn de « science du peuple » indiquant ainsi le « caractère anti-technocratique du projet (…) » (p. 101). Allende souhaitait que toute sa politique soit fondée sur le respect des « institutions démocratiques chiliennes » (p. 103). L’architecture marxiste de la pensée d’Allende se démarquait très nettement du modèle centralisé soviétique ; son objectif était de construire une émancipation des individus par la dispersion du pouvoir. Cela ne signifiait pas pour autant que « la main ferme » de la révolution ne devait pas agir lorsque les forces réactionnaires et capitalistes entravaient la bonne marche de son projet politique (p. 104). Cette tension entre la félicité de chaque citoyen et le règlement collectif des difficultés économiques est conçue avec l’idée d’une résolution « au sommet » du « conflit de valeurs » (p. 104). C’est de cette recherche d’un équilibre difficile que naît également Cybersyn – et Eden Medina souligne bien qu’il n’y rien là de hasardeux. Beer affirmait la solidité de son projet cybernétique en s’appuyant sur l’idéologie marxiste. L’implication de chacun dans les tâches productives, régulatrices et auto-correctrices devait permettre de se détacher du travail aliéné pour viser une émancipation des ouvriers, notamment en leur demandant d’apporter leurs connaissances dans tous les procès d’activité. Cependant, note Eden Medina, Cybersen n’est pas « intrinsèquement marxiste » (p. 107) : Beer envisageait la cybernétique comme une grammaire informationnelle et infrastructurelle relativement « neutre », suffisamment flexible dans ses techniques d’organisation pour résister à une orientation politique donnée (p. 108). Potentiellement (et Beer en était conscient), le système cybernétique ainsi élaboré pouvait soutenir une structure capitaliste qui l’aurait incorporé à ses procès de production.


IBM 360
Pour aller plus loin encore, Beer avait songé à l’implantation, dans un « échantillon représentatif de foyers chiliens », de « compteurs algédoniques (…) afin que les citoyens transmettent en temps réel leur approbation ou leur désapprobation des discours politiques télévisés (…) » (p. 109). Bien sûr, nombre de propositions de Beer ont été rejetées ou contestées, le plus souvent, jugées « politiquement irréalistes » (p. 110). Les réseaux de critique de la science (comme Science for the People) ont ainsi dénoncé une technostructure centralisée en même temps qu’une « violence à l’égard du peuple chilien » (p. 112). Les tenants de la science (comme Herb Grosh « chef de file de la recherche sur les unités centrales ») abhorraient Cybersyn dans lequel il ne voyait qu’un « mauvais rêve » (p. 112).

Dans les réalisations concrètes, c’est bien la gestion technique qui a pris le pas sur l’ambition politique du projet : « la plupart des ouvriers n’avaient pas connaissance du système Cybersyn et des outils de gestion qu’il pouvait fournir » (p. 115). Eden Medina constate que c’est davantage dans le sens d’une « conservation des relations de pouvoir dans le processus de production » que dans sa « transformation » que s’orientait Cybersyn (p. 115) – la preuve en est la domination masculine réaffirmée dans l’Opsroom. Mais il faut également tenir compte du fait que l’expérience révolutionnaire et démocratique chilienne a été brutalement stoppée par le putsch qui porta Pinochet au pouvoir. Et ce fut alors une autre technostructure, débarquée de Chicago, imprégnée des idées néolibérales de Milton Friedman, qui s’implanta violemment au Chili pour déployer la matrice d’un capitalisme sauvage, brutal, militarisé et dictatorial.

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L’ouvrage d’Eden Medina, tout en nuances et en précisions, offre une perspective inédite sur une articulation originale entre un système technique d’information et une offre politique révolutionnaire. L’engagement de Beer et l’implication du gouvernement chilien ont permis l’émergence d’une proto-infrastructure de communication pour une régulation en temps réel des procès de production. Cybersyn est conçu pour que s’organise une économie marxiste autocorrectrice. Sorte de pendant autonomiste du centralisme soviétique, l’expérience n’est pas exempte de faiblesses : l’absence de réflexion sur la reproduction des formes classiques de pouvoir (masculin, ingénieur) a interdit une véritable transformation des manières de concevoir le travail. Cependant, l’effort titanesque pour construire une économie auto-administrée, fondée sur des principes de feedbacks et de boucles récursives reste sans équivalent. Comme si l’affirmation d’une modernité cybernétique n’avait pu franchir le cap de l’expérimentation limitée dans le temps.

En complément, la préface et la postface de Marc Frocheux à propos de Gui Bonsiepe permettent de saisir l’importance du design rénové depuis l’école allemande d’Ulm dans la conception de Cybersyn. Si le projet a pu aboutir à quelques résultats malgré tout, c’est bien parce qu’il était imaginé dans sa puissance de formation (au sens littéral) d’une structure de régulation de la production. La cybernétique articulée à l’exigence d’une modélisation flexible des outils de gestion offrait une possibilité d’achèvement politique pour le socialisme révolutionnaire et démocratique d’Allende. Le projet n’était cependant pas délesté de toutes les pesanteurs que les dominations genrées ou techniques continuaient d’exercer.


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VUE DE L'OPS-ROOM, (LA SALLE DES OPÉRATIONS)
CONÇUE  PAR  STAFFORD BEER  AU  CHILI, OÙ LES
DONNÉES  ÉCONOMIQUES  DU PAYS  CONVERGENT
CYBERNÉTIQUEMENT.   PHOTO GUI BONSIEPE 1972 
[1] Nikolaï Vavilov, La théorie des centres d’origine des plantes cultivées, trad. Hélène Chauvet, Yves-Marie Allain et Nolwenn Alain-Benmeziane, Saint-Nazaire, Éditions Petit Génie, 2015. 
[2] Dominique Lecourt, Lyssenko. Histoire réelle d’une « science prolétarienne », Avant-propos de Louis-Althusser, Paris, François Maspero, 1976. 
[3] Eden Medina, « Designing Freedom, Regulating a Nation: Socialist Cybernetics in Allende’s Chille », Journal of Latin American Studies, vol. 38, 2006, p. 571-606. 
[4] Eden Medina, Cybernetic Revolutionaries. Technology and Politics in Allende’s Chille, Cambridge (Mass.), MIT Press, 2011.

samedi 27 janvier 2018

LA BANQUE MONDIALE PERD SON ÉCONOMISTE EN CHEF, PAUL ROMER


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L'ÉCONOMISTE DE CHEF DE BANQUE MONDIALE PAUL ROMER 
RETOURNE À SON POSTE COMME LE PROFESSEUR 
D'UNIVERSITÉ À L'UNIVERSITÉ DE NEW YORK.
PHOTO SHAWN THEW

Quinze mois après sa nomination en tant que chef économiste de la Banque mondiale, Paul Romer a décidé de quitter ses fonctions avec effet immédiat. Ses méthodes de gestion seraient en cause.

 PAUL ROMER
Retour à la case départ. En claquant la porte de la Banque mondiale, au terme de quinze mois d'exercice, l'économiste en chef, Paul Romer , a décidé de reprendre son poste de professeur à la New York University.


Dans un message envoyé en interne mercredi, le président de la Banque Jim Yong Kim, a annoncé que Paul Romer lui avait fait part de sa décision de quitter ses fonctions avec « effet immédiat ». « J'ai apprécié la franchise et l'honnêteté de Paul, et je sais qu'il regrette les circonstances de son départ », a commenté Jim Yong Kim, actuellement au Forum économique de Davos.

Un style abrasif

CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER
Décrit comme une personnalité « abrasive », Paul Romer est une pointure dans le milieu académique. La Banque mondiale a pu s'enorgueillir d'avoir à sa tête une personnalité nobélisable. Son nom était régulièrement cité. Mais ses attaques sur la crédibilité des modèles macroéconomiques en vigueur en ont irrité plus d'un dans la communauté des chercheurs.
« Supposons A, supposons B,... bla bla bla... et nous avons donc prouvé que P est vrai »
Dans une critique cinglante, n'avait-il pas déclaré que les arguments des économistes actuellement en poste pouvaient être résumés comme suit : «Supposons A, supposons B,... bla bla bla... et nous avons donc prouvé que P est vrai ». Avec une telle position, il n'est pas surprenant qu'il ait heurté des membres de son « staff » à la Banque. Paul Romer était en conflit avec ses équipes quasiment depuis sa prise de fonctions en octobre 2016, notamment sur la méthodologie. La rédaction de mémos plutôt cinglants n'a pas arrangé ses affaires. C'est l'un des rapports annuels phares de l'institution multilatérale,  « doing business » publié à l'automne, qui a eu finalement raison de son engagement dans la Banque.


« Chaque pays est, en effet, évalué à l’aune de multiples facteurs, comme la qualité des infrastructures ou encore la facilité d’obtenir des crédits. Dès lors que Michelle Bachelet est arrivée au pouvoir, le Banque mondiale a ajouté des critères, anodins en apparence, mais qui ont tous joué en défaveur du Chili. Depuis 2015, par exemple, la prise en compte des délais auxquels est soumise une entreprise pour payer ses impôts et autres taxes. Une catastrophe pour le Chili : cette simple inclusion a fait chuter le pays de la 33ème place des États administrativement les plus accueillants à la 120ème place.» CIEL-FM


Controverse chilienne

PABLO LONGUEIRA ET AUGUSTO LÓPEZ EN 2011.
PHOTO ATON
Chaque année, cette étude classe les pays en fonction de la facilité d'y faire des affaires. Au début du mois, Paul Romer a émis des doutes envers l'un des économistes auteurs du rapport l'accusant à propos des performances du Chili d'avoir changé de méthodologie pour des raisons politiques non justifiées. Durant les trois premières années de présidence de la socialiste Michèle Bachelet, le Chili a perdu 23 places du fait de ce changement de méthodologie.


« Une analyse avec laquelle Augusto Lopez-Claros, responsable de l'établissement de ce controversé classement, n'est pas du tout d’accord. Il a déclaré ne rien regretter aux modifications apportées à la manière de calculer l'attractivité des pays. "La progression du Mexique et le recul du Chili n’ont rien de surprenant", affirme cet économiste chilien.  » CIEL-FM


Paul Romer a contesté le fait que ce pays d'Amérique latine ait pu subir en si peu de temps une telle détérioration de son environnement des affaires. Selon ses propres calculs, le Chili n'aurait perdu que deux places sans cette modification de méthode.  S'il s'est excusé peu après sur son blog d'avoir soulevé cette controverse à laquelle son successeur devra remédier, Paul Romer n'en a pas moins décidé de partir. Quant à la Banque mondiale, elle a annoncé qu'il y aurait un  audit externe indépendant de son rapport « doing business » sur la compétitivité du Chili. Il n'y a pas de fumée sans feu.


mercredi 24 janvier 2018

CHILI : PIÑERA LE PLUS VIEIL ÉVÊQUE DU MONDE


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 PIÑERA LE PLUS VIEIL ÉVÊQUE DU MONDE
PHOTO FABIÁN VARGAS
Le pape François a tenu à rencontrer le doyen d'âge de l'épiscopat mondial qui est un prélat chilien âgé de 102 ans, nommé évêque le 11 février 1958, jour du centenaire de la première apparition de Marie à Lourdes. 
« avant tout je tiens à saluer Mgr Bernardino Piñera Carvallo qui doit fêter cette année ses 60 ans d’épiscopat et qui a vécu les 4 sessions du Concile », a déclaré François à son arrivée au Chili.

Le plus ancien évêque du monde, - par ailleurs oncle du président chilien, Sebastian Piñera, qui doit entrer en fonction en mars 2018 -, est né à Paris en 1915. Il a été ordonné prêtre le 5 avril 1947 par l'archevêque de Santiago, Mgr José María Caro Rodríguez.

Nommé le 11 février 1958 évêque auxiliaire de Talca par Pie XII, il fut sacré le 27 avril suivant. En 1960, Jean XXIII l'a promu à Temuco. En 1977, il a renoncé à la direction du diocèse pour se consacrer au secrétariat de la Conférence épiscopale. En 1983, Jean-Paul II le nomma archevêque de La Serena et, l'année suivante, il fut élu président de la Conférence épiscopale chilienne. En 1990 il se retire pour vivre au couvent Saint-François de Santiago, dont il est tertiaire. « C’est une belle mémoire vivante ! » a dit de lui François.

mardi 23 janvier 2018

NICANOR PARRA, L'« ANTIPOÈTE » CHILIEN


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NICANOR PARRA REÇOIT L'ÉCRIVAIN CHILIEN ROBERT BOLAÑO
ET LE CRITIQUE LITTÉRAIRE ESPAGNOL  IGNACIO ECHEVERRÍA
CHEZ LUI DANS LA PETITE VILLE BALNÉAIREE DE LAS CRUCES
(RÉGION DE VALPARAISO).
Santiago du Chili - Poète de l'absurde, à l'humour provocateur, l'« antipoète » chilien Nicanor Parra a désacralisé la poésie, privilégiant une écriture au plus près du langage parlé car «l'antipoésie cherche la poésie, pas l'éloquence ».
«Je suis plus dadaïste qu'anarchiste, plus anarchiste que social-démocrate, plus social-démocrate que staliniste, je crois plus au verbe qu'à l'action, mais ne me jugez pas pour ce que je dis mais pour ce que je ne dis pas », écrit dans son recueil « Hojas de Parra » (1985) le poète décédé mardi à 103 ans. 

Couronné par le Prix Cervantes 2011, considéré comme le Nobel de la poésie, l'« antipoète » autoproclamé se montre alors modeste en disant le mériter mais « pour un livre qu'il me reste à écrire ». Moins humble dans d'anciennes interviews, il avait estimé que « tout allait mal depuis la Renaissance (...). Durant des siècles, la poésie a été le paradis de l'imbécile solennel, jusqu'à ce que moi j'arrive et m'installe sur ma montagne russe ». 

PABLO NERUDA ET NICANOR PARRA CHEZ NERUDA À ISLA NEGRA
En 1985, Parra réclame le « Prix Nobel de Lecture », affirmant être « le lecteur idéal ». Dans « Le Prix Nobel » ("Hojas de Parra"), il fait valoir qu'il lit absolument tout, « les noms des rues et les enseignes lumineuses (...) les pronostics pour le Derby et les plaques d'immatriculation". Pourtant, en conclusion, il assure avoir peu de temps libre et « lire peu maintenant ».  

Né le 5 septembre 1914 à San Fabian de Alico (sud, province de Ñuble), Nicanor Segundo Parra Sandoval est issu d'une famille modeste qui a donné plusieurs artistes célèbres. Il a pour soeur Violetta Parra, poétesse, chanteuse et peintre, auteur de « Gracias a la vida », chanson popularisée par Mercedes Sosa et Joan Baez.  

- 'Une puce dans l'oreille du Minotaure' - 

VIOLETA  ET NICANOR PARRA
DANS LE CHAPITEAU – LA CARPA DE LA REINA –
À 40 ans, il devient célèbre avec ses  «Poèmes et Antipoèmes », acte de naissance de son «antipoésie ». Dans son film "Poesia sin fin" (2016), son compatriote Alejandro Jodorowsky décrit l'univers poétique de la bohème artistique du Santiago des années 1940-1950, partagé avec Parra, Enrique Linh et Stella Dia. 

Parra se décrit alors de taille moyenne, fils d'un instituteur et d'une couturière, "mince de nature bien qu'aimant la bonne chère (...), ni très intelligent ni complètement stupide (...), un mélange de vinaigre et d'huile, un saucisson fait d'ange et de bête » ("Epitaphe"). 

Dans "Autoportrait" ("Poèmes et Antipoèmes"), adressé à ses élèves, il se plaint d'être fatigué, triste, vieilli par un travail "alimentaire", alors que, lui aussi, a été "jeune, plein de beaux idéaux". 

À 23 ans, il publie ses premiers poèmes avant d'enseigner la physique, de diriger l'École d'ingénierie de l'Université du Chili puis d'enseigner la littérature.  

Entretemps, il s'est imprégné d'influences nord-américaines et européennes et ouvert à la psychanalyse lors de deux années passées à Oxford (Grande-Bretagne) grâce à une bourse d'études, après deux autres, également comme boursier, à la Brown University (États-Unis). 

Poète novateur, il s'illustre notamment avec «Manifiesto" (1963), « Obra Gruesa" (1969, Prix national de Littérature du Chili), « Poesia politica" (1983), « Hojas de Parra (1985), « Poemas para combatir la calvicie » (1993), « Paginas en blanco » (2001). 

Outre le Prix Cervantes, Parra est récompensé par le Prix national de Littérature du Chili (1969), le Prix de Littérature latinoaméricaine Juan Rulfo (1991), le Prix Reine Sofia de poésie ibéroaméricaine (2001), le Prix ibéroaméricain de Poésie Pablo Neruda (2012). Cependant, le Nobel de Littérature, lui échappe alors que Pablo Neruda, son opposé en poésie, est nobélisé en 1971.  

Pour son centième anniversaire, le 5 septembre 2014, la présidente Michelle Bachelet a lu, à l'heure de sa naissance, son poème emblématique «L'homme imaginaire » qui « vit dans un manoir imaginaire, entouré d'arbres imaginaires, au bord d'un fleuve imaginaire... »  

Une grande banderole apposée sous un portrait géant, devant l'université du Chili, rappelait un vers de Parra: « Ne cessez jamais d'être ce que vous êtes, une puce dans l'oreille du Minotaure ». 

L'ancien séducteur, père de six enfants, vivait dans la petite ville balnéairee de Las Cruces (région de Valparaiso). Il fuyait les interviews mais était resté conscient jusqu'au bout, selon ses proches.
[ Il passa ses dernières années dans sa maison côtière de Las Cruces, à 150 km de Santiago, mais c'est dans sa maison de la commune de La Reina dans la banlieue est de la capitale qu'il décède (le 22 janvier dernier). ]
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NICANOR PARRA AU PARADIS DE L'ANTIPOÉSIE



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NICANOR PARRA AU PARADIS DE L'ANTIPOÉSIE ILLUSTRATION  LORENZO MARQUÉS 

103 ans, quelques mois après la parution de sa première anthologie en français. Nicanor Parra au paradis de l'antipoésie

Dans un pays qui a donné d’immenses poètes, de Gabriela Mistral à Pablo Neruda (tous deux prix Nobel de littérature), Nicanor Parra occupait une place singulière. Révélé en 1954 par ses iconoclastes Poèmes et Antipoèmes, il se déclarait en guerre contre les vers académiques et les contraintes, s’érigeait en ennemi de toutes les autorités établies, l’église en particulier. Son exceptionnelle longévité fera de lui, à son corps défendant, ce qu’il n’avait pas voulu être : une institution nationale. Statut que paracheva le prix Cervantès, le Nobel des lettres hispaniques, qu’il reçut en 2011. Depuis, il vivait loin du monde dans la ville balnéaire de Las Cruces, où il est mort mardi, à 103 ans. [ Il passa ses dernières années dans sa maison côtière de Las Cruces, à 150 km de Santiago, mais c'est dans sa maison de la commune de La Reina dans la banlieue est de la capitale qu'il décède (le 22 janvier dernier). ] Le public français a pu tardivement découvrir la richesse et l’humour de son œuvre grâce à la parution en juin 2017 d’une imposante anthologie bilingue (1).

Dans sa fratrie, issue de la petite bourgeoise provinciale, tout le monde jouait de la guitare, chantait du folklore, composait ou écrivait. En premier lieu sa sœur cadette Violeta (1917-1967), aujourd’hui considérée comme la plus grande autrice-compositrice de la langue espagnole. Après un premier recueil de poésie sous l’influence de Garcia Lorca, en 1937, il s’affranchit des formes mais ne bascule pas dans l’avant-garde. Ses armes sont le paradoxe et l’ironie. « Qu’est-ce qu’un antipoète ? » demandait-il. «Un prêtre qui ne croit en rien ? Un général qui doute le lui-même ?» La longue énumération s’achève par : « Marquez d’une croix la réponse qui vous semble correcte. » (1)

Duchamp et Hamlet

Au fil des années et de ses voyages, il avait digéré les apports de Marcel Duchamp et de la Beat generation. Sur sa passion pour Shakespeare, son admirateur Roberto Bolaño rapportait une anecdote. Quand il lui rendit visite, Parra l’accueillit en anglais, avant de préciser : « Ce sont les paroles de bienvenue qu’offrent des paysans du Danemark à Hamlet. » Mathématicien, professeur de physique, il avait pour gagne-pain l’enseignement, et avait un poste à l’université de Santiago en 1973 quand survient le coup d’État du général Pinochet. La gauche lui reprochera d’être resté dans le pays, au moment ou de très nombreux artistes et intellectuels prenaient le chemin de l’exil (d’autres furent emprisonnés ou assassinés).

Auparavant, il n’avait pas épargné les socialistes. En 1972, dans la série de vignettes dessinées Artefacts, il détournait le célèbre slogan de l’Unité populaire de Salvador Allende en montrant une foule arborant la pancarte : «La gauche et la droite unies ne seront jamais vaincues». Mais en 1977, son récital de poésie intitulé Feuilles de Parra (ce qui signifie aussi «feuilles de vigne») était rempli d’allusions à la situation politique. Exemple : «Le renard fait la loi dans le poulailler.» Après onze représentations, le chapiteau qui abritait le spectacle fut détruit par un incendie.

Nicanor Parra a reçu mardi les hommages de la présidente Michelle Bachelet et de son successeur Sebastian Piñera, qui prendra ses fonctions le 10 mars. Deux jours de deuil national ont été décrétés.

(1) Anthologie 1937-2014, Le Seuil/Librairie du XXe siècle. Traductions de Bernard Pautrat avec la collaboration de Felipe Tepper. 725 pp., 34 €

MORT DU POÈTE CHILIEN NICANOR PARRA


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L'ÉCRIVAIN CHILIEN NICANOR PARRA EST MORT À 103 ANS
Nicanor Parra, écrivain chilien iconoclaste et prophète autoproclamé de l'anti-poésie, est décédé à 103 ans, a annoncé mardi le ministre de la Culture du Chili Ernesto Ottone.
Lauréat de nombreuses récompenses dans son pays, Nicanor Parra avait remporté en 2011 le prestigieux Prix Cervantes, considéré comme le prix Nobel de la littérature hispanique.

Le vieux poète, qui vivait retiré loin du monde dans la petite ville balnéaire de Las Cruces (centre), refusait toute interview.

Parra est né le 5 septembre 1914 à San Fabian de Alico, dans la région de Chillan, au sud du Chili, dans une famille modeste qui a donné plusieurs artistes célèbres, comme sa sœur Violetta Parra, l'auteur de "Gracias a la vida", chanson popularisée par Mercedes Sosa et Joan Baez.

En 1937, ce physicien et mathématicien de formation publie ses premiers poèmes ("Cancionero sin nombre") et reçoit deux bourses pour étudier deux ans à la Brown University (États-Unis) et à Oxford (Royaume-Uni). À son retour, il enseigne la physique, dirige l'École d'ingénierie de l'Université du Chili puis enseigne la littérature.

Il devient célèbre en 1954 avec ses Poèmes et Antipoèmes, acte de naissance de son "antipoésie", écriture irrévérencieuse, mondaine et simple à la fois, cherchant à faire sortir la poésie de son carcan et qui a caractérisé son oeuvre.


[ Il passa ses dernières années dans sa maison côtière de Las Cruces, à 150 km de Santiago, mais c'est dans sa maison de la commune de La Reina dans la banlieue est de la capitale qu'il décède (le 22 janvier dernier). ]



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