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jeudi 27 février 2020

BANCARROTA

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« NIDO DE TÁBANOS »
El sistema político chileno se ha declarado unánimemente en bancarrota. No ha logrado encauzar la inmensa energía del alzamiento de su pueblo realizando la reforma más necesaria para recuperar su confianza. Ni con el país ardiendo en barricadas ha sido capaz de enfrentar con decisión a quiénes han venido abusando desde el 11 de septiembre de 1973. El proyecto de pensiones de Piñera recién cursado por la Cámara de Diputados lo demuestra. No acaba, no toca un pelo siquiera, sino agrava brutalmente, el abusivo ahorro forzoso, que desvía salarios de por vida a beneficiar unos pocos empresarios a costa de jubiladas. Fue aprobado estrechamente, pero la oposición que rechazó tampoco se pronunció claramente por acabar de raíz con este abuso intolerable. Peor aún, sectores de ésta se concertaron con los abusadores en su diseño. Tras intercambiar cachetadas de payaso y conceder migajas de yapa, todos juntos pretenden aprobarlo en el Senado. Poderoso Señor es Don Dinero. Pero en esta mano jugó todas sus cartas. Quedó al desnudo. La codicia ha roto el saco. Su ganancia durará muy poco. Sólo logró confirmar que con estas reglas y estos bueyes no se puede arar. El pueblo bien despertado reconstruirá un sistema auténticamente democrático. Acabará con el ahorro forzoso de una buena vez. Ahora. Bien unido, aprobará con mayoría aplastante redactar una Nueva Constitución en Convención Constitucional íntegramente elegida, en el plebiscito del 26-A.
Par Manuel Riesco
6Tiempo de Lectura 13 min.
MANUEL RIESCO LARRAÍN
En el cuarto mes del alzamiento popular más masivo y el más extendido sin tomarse respiro, de la historia, la defección de unos diputados opositores dio curso a un proyecto de Piñera que, sin mejorar las pensiones, no acaba sino agrava el ahorro forzoso. Precisamente el mayor y más irritante abuso que ha provocado el alzamiento. Esa misma noche reventó la mayor ola de destrucción desde el 18-O, con cinco víctimas fatales.

CHILI: LA CAMPAGNE POUR LE RÉFÉRENDUM DE CHANGEMENT DE CONSTITUTION A COMMENCÉ

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INFOGRAPHIE AFP
Au Chili, une campagne pour encourager les citoyens à voter le référendum du 26 avril a été lancée le mercredi 26 février. Les Chiliens devront se prononcer sur un changement de Constitution, l'une des principales revendications dans les manifestations souvent violentes qui émaillent le pays depuis plusieurs mois.
RFI 
« CONSTITUTION ZOMBIE »
DESSIN ALEN LAUZAN
Au Chili, le texte actuel date de la dictature militaire d'Augusto Pinochet, votée en 1980. Le 26 avril prochain, 14 millions de Chiliens seront appelés à se prononcer alors que le dernier référendum dans le pays sur des changements constitutionnels remonte à 1989. Un an auparavant, le référendum historique de 1988 avait ouvert la voie à une transition démocratique et entériné la fin du régime militaire.

Outre les demandes pour plus de justice sociale, un changement de Constitution figure en bonne place dans les revendications des manifestants depuis le début de la contestation sociale le 18 octobre dernier. Le 15 novembre, près d'un mois après le déclenchement d'une crise sociale sans précédent qui a fait une trentaine de morts, la coalition gouvernementale et les principaux partis d'opposition étaient parvenus à un accord historique sur l'organisation d'une consultation par référendum.

Les partis de gauche défendent le vote en faveur du « apruebo » (je suis d'accord), tandis que la majorité des partis de la coalition de droite au pouvoir et ceux de l'extrême droite militent pour le « rechazo » (je rejette), selon l'alternative qui sera proposée aux électeurs lors de la consultation.

Favoriser la participation des Chiliens


« Le gouvernement s'engage à favoriser une forte participation des Chiliens et à garantir un référendum juste, démocratique et transparent », a déclaré le chef de l'État, le lundi 24 février.

Paulina Vodanovic est présidente de la fondation « Horizon citoyen ». Elle incite les Chiliens à se rendre aux urnes. Ce n'est pas évident de les convaincre, explique-t-elle, compte tenu de l'histoire du Chili : « Le principal objectif est de faire comprendre aux gens la nécessité et l'urgence de la mise en place d'une nouvelle Constitution, dans le contexte des manifestations et des graves atteintes aux droits de l'Homme qui ont eu lieu au Chili. Il faut les éduquer, leur faire savoir que la Constitution est quelque chose qui nous concerne au quotidien. Ce n'est pas quelque chose d'accessoire dans notre vie, comme le prétend la droite. »

Sous la dictature de Pinochet, les droits civiques ont été supprimés rappelle la présidente de la fondation « Horizon citoyen » : « Nous n'avons pas de culture du vote, car le vote obligatoire a été remplacé par un vote volontaire il y a quelques années. Cela explique pourquoi les Chiliens se rendent peu aux urnes. Donc le défi, c'est de parvenir, grâce à ce vote, à un changement constitutionnel. Une modification qui avant la manifestation du 18 octobre 2019, croyez-moi, n'était pas possible dans l'esprit des gens. Selon nous, il faut changer la Constitution, l'écrire sur une page blanche, aussi vite que tout ce qui s'est passé ces derniers mois. »

Vers la possible rédaction d’une nouvelle Constitution


La campagne électorale prendra fin le 23 avril. Le jour du vote, les Chiliens devront répondre à deux questions : l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger. Cette seconde question devra déterminer quel organe rédigera la future Constitution. Une « Convention mixte » composée à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, ou une « Convention constituante » intégralement composée de citoyens spécifiquement élus à cette fin.

Si le principe d'une nouvelle Constitution est approuvé le 26 avril, l'élection de la « Convention mixte » ou de la « Convention constituante » aura lieu en octobre 2020. L'organe chargé de la rédaction aura neuf mois pour élaborer un nouveau texte, une période qui pourra être prolongée de trois mois.

Le ministre des Finances, Ignacio Briones, a rappelé que dans le cas d'une victoire des partisans d'un changement de Constitution, chaque article du nouveau texte devra ensuite être approuvé par un quorum des deux tiers. « Cette disposition claire garantit que nous n'allons pas passer d'un extrême à l'autre », a déclaré Ignacio Briones.

Selon un dernier sondage de l'institut Activa Research, 69% des Chiliens sont favorables à un changement de Constitution, contre 14,5% qui s'y opposent.
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mercredi 26 février 2020

AU CHILI, DES CAPTEURS DANS LES ARBRES UTILISENT L’IA POUR MIEUX DÉTECTER LES FEUX DE FORÊT

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AU CHILI, DES CAPTEURS DANS LES ARBRES UTILISENT
 L’IA POUR MIEUX DÉTECTER LES FEUX DE FORÊT
Suite aux incendies de 2017, le Chili s’est doté de capteurs installés dans les arbres. Les données récoltées sont utilisées par un système d’intelligence artificielle qui permet de mieux détecter un départ de feu et de procéder plus rapidement à son extinction.
Ils sont tout petits mais peuvent sauver des forêts. 300 capteurs blancs peuvent aujourd’hui sauver d’immenses espaces verts au Chili. C’est Entel Ocean, l’unité numérique de la plus grande entreprise chilienne de télécommunications Entel, qui utilise le service américain d’intelligence artificielle de DataRobot. Une association qui porte ses fruits, avec 12 minutes de gagnées entre la détection d’un incendie et l’intervention sur le site concerné.

Comment fonctionne ce système ? Les « nez numériques » (nom donné à ces capteurs) sont chargés de collecter un nombre important de données concernant la forêt où ils sont installés. Cela va de la température aux particules, en passant par l’humidité de l’air. Ces données sont ensuite envoyées sur la plateforme d’intelligence artificielle DataRobot. Celle-ci va alors utiliser sa technologie de machine learning (en français « apprentissage automatique »), en confrontant les données collectées à celles relevées lors des précédents incendies.

Des forêts toujours plus propices aux feux


Ce type de technologie sera de plus en plus utilisé face à la hausse du nombre d’incendies et leur intensité dans le monde. Ces dernières années, le Chili a particulièrement été touché par la question. Le pays est confronté à un important débat autour de la sylviculture et la présence importante d’eucalyptus et de pins. En plus de remplacer les forêts millénaires des régions comme l’Araucanie, ces arbres sont hautement inflammables. Résultat : des incendies toujours plus dévastateurs, les derniers en dates (janvier 2017) ayant brûlés plus d’un million d’hectares de terre et tués au moins 11 personnes.

mardi 25 février 2020

MON LAFERTE PORTE AVEC ELLE LES MANIFESTATIONS SOCIALES AU CHILI LORS DU FESTIVAL DE VIÑA DEL MAR


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MON LAFERTE LORS DE SA PERFORMANCE
À VIÑA DEL MAR, LE 24 FÉVRIER 2020.
 PHOTO JAVIER TORRES. AFP
Santiago du Chili, 25 février 2020 (Prensa Latina) Dépassant toute attente, la chanteuse Mon Laferte a apporté hier soir par sa seule présence les protestations sociales sur la scène de la Quinta Vergara, lors de la deuxième nuit du Festival de la Chanson de Viña del Mar.
 «PLATA TA TÁ - MON LAFERTE, GUAYNAA » 

Avec sa voix puissante et sa sympathie naturelle, la chilienne Laferte a offert presque sans interruption 18 chansons de toute sa discographie sur un diapason allant de la ballade et du bolero à la cumbia, de la musique urbaine à la cueca traditionnelle, pour laquelle elle a invité sur scène 50 chanteuses populaires du pays qui ont été ovationnées après avoir interprété « Por las que no estan » ('Pour celles qui ne sont pas là').

Mais comme on pouvait s’y attendre, l’artiste chilienne, considérée comme la plus internationale du moment, n’a pas pu s’abstenir de parler de la situation actuelle du pays et a évoqué en particulier le dilemme qui l’a poussé à participer ou non au festival.

À cet égard, elle a estimé qu´ 'on ne peut pas faire la fête au milieu des injustices et des violations des droits de l’Homme', expression qui a été saluée par le public.

Elle a même évoqué la crainte qu’elle a éprouvée lorsqu’elle a été appelée à témoigner devant le Bureau du Procureur à la suite d’un entretien avec la presse, dans lequel elle tenait les forces de police pour responsables des incendies de stations de métro de Santiago au début de l’explosion sociale octobre.

Tout au long de sa présentation les milliers de participants à la ont à plusieurs reprises scandé des slogans à l´encontre du président Sebastián Piñera et des carabiniers.

Cette deuxième journée a de nouveau été marquée par des incidents aux alentours du siège du festival, où les forces de police se sont déployées ce lundi pour éviter les violentes émeutes de la veille.

lundi 24 février 2020

CHILI: VIOLENTES MANIFESTATIONS LORS D'UN FESTIVAL À VIÑA DEL MAR


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HOTEL O’HIGGINS. 

PHOTO PABLO OVALLE ISASMENDI / AGENCIAUNO
De violentes manifestations anti-gouvernementales et des heurts avec la police se sont produits dimanche dans la ville chilienne de Viña del Mar au moment où s'ouvrait un festival international de la chanson, le plus important d'Amérique latine. 
   «CHILI: DE VIOLENTES MANIFESTATIONS 

ÉCLATENT LORS D’UN FESTIVAL DE MUSIQUE»
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    AFP 
          DESSIN ALEN LAUZAN 
          Des milliers de manifestants munis de pierres, de bâtons et de cocktails Molotov, dont beaucoup étaient masqués, ont provoqué des troubles à l'entrée du site du festival, un grand parc appelé Quinta Vergara, a constaté un journaliste de l'AFP.

          La police, qui avait déployé un important dispositif de sécurité, a barré le passage aux manifestants et les a repoussés avec du gaz lacrymogène et des camions lanceurs d'eau.

          Viña del Mar est une cité balnéaire située à environ 120 kilomètres à l'ouest de Santiago. La manifestation avait été convoquée dans le cadre du mouvement de protestation sociale qui a débuté il y a quatre mois au Chili et qui a fait 31 morts et de nombreux saccages et incendies d'établissements commerciaux et autres.


          RICKY MARTIN À VIÑA DEL MAR 2020. 
          PHOTO CRISTOBAL ESCOBAR/AGENCIAUNO
          À Viña del Mar, lorsque les manifestants ont été bloqués par les policiers anti-émeutes, ils se sont mis à attaquer des locaux commerciaux situés non loin du site du festival, dont l'hôtel O'Higgins, l'un des établissements les plus anciens et élégants de la cité balnéaire. C'est dans cet hôtel que sont traditionnellement logés les principaux artistes participant au festival, et une partie du jury international, des artistes et des journalistes s'y trouvaient dimanche.

          Des dizaines de manifestants masqués ont lancé des pierres et ont brisé les vastes baies vitrées de la façade de l'hôtel, puis ont lancé à l'intérieur des cocktails Molotov ainsi que des grenades lacrymogènes de la police qu'ils avaient récupérées. Ils ont aussi incendié au moins sept véhicules.

          Cela a suscité la panique parmi les occupants et le personnel de l'hôtel. La montée du gaz lacrymogène dans les étages a fait fuir des clients. Le public du festival a finalement pu rentrer dans le parc avec trois heures et demie de retard, après avoir franchi deux contrôles de sécurité.

          L'une des vedettes du festival, le chanteur Ricky Martin, considéré comme la star de la pop latino, a exprimé devant la presse son soutien aux revendications sociales.

          Selon l'artiste portoricain naturalisé espagnol, elles sont «importantes» pour «faire comprendre aux dirigeants de nos pays ce dont nous avons besoin». Il a toutefois ajouté que les revendications devraient être présentées «d'une manière ordonnée».
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          ÉRIC DUPOND-MORETTI, L'UN DES AVOCATS DE JULIAN ASSANGE, VA DÉPOSER « UNE REQUÊTE » DE DEMANDE DE DROIT D'ASILE À EMMANUEL MACRON


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          PHOTO SIMON DAWSON
          Julian Assange est « combatif », mais également « prostré et a du mal à s'exprimer », a indiqué lundi 24 février sur France Inter Éric Dupond-Moretti, l'un de ses avocats. La demande d'extradition de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, vers les États-Unis, est examinée lundi par la justice britannique. Pour avoir révélé au grand public des documents secrets sur les activités de l'armée américaine, le journaliste australien risque 175 ans de prison.
          PHOTO ROMAIN LAFABREGUE / AFP
          Julian Assange « se heurte à l'administration américaine et c'est un combat titanesque qu'il s'apprête à livrer », a ajouté l'avocat, rappelant que la semaine dernière, « 117 médecins ont tiré la sonnette d'alarme dans la revue scientifique 'The Lancet' expliquant qu'il allait très mal, à la fois physiquement et psychologiquement ».

          Des points d'attache en France

          "J'ai demandé à ce que le président de la République, monsieur Emmanuel Macron, me reçoive", a annoncé Éric Dupond-Moretti. Il explique ainsi qu'il "va déposer une requête charpentée" de demande de droit d'asile en France. Un pays dans lequel "Julian Assange a des points d'attache" : "WikiLeaks a été hébergé pour partie en France et puis il a un petit garçon mineur de nationalité française qui vit en France", a-t-il indiqué.

          Pour étayer cette requête, Éric Dupond-Moretti précise que le 28 janvier, "l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a rappelé que sa détention et les poursuites pénales constituaient un dangereux précédent pour les journalistes". "Cette même assemblée a rappelé qu'il faisait l'objet aujourd'hui de traitements cruels, inhumains ou dégradants et que son extradition vers les États-Unis devrait être interdite et qu'il devait être libéré sans délai", ajoute-t-il.

          Quand les États-Unis se sentent concernés par leur sécurité, je pense qu'ils s'affranchissent de toutes les règles de droit international.
          Éric Dupond-Moretti
          à France Inter

          Éric Dupond-Moretti regrette par ailleurs que Julian Assange "a moins de chance d'être acquitté que Donald Trump devant le Congrès". Pour l'avocat français, "il n'y a plus de règles et on voit bien que la situation et la vision qu'a l'administration américaine changent selon la couleur politique", dénonce-t-il. "Barack Obama souhaitait abandonner les poursuites, et Donald Trump les a reprises, les enjeux ne sont plus judiciaires", pointe du doigt Éric Dupond-Moretti.

          vendredi 21 février 2020

          RETRAITES : DÉFENDRE L’HÉRITAGE D’AMBROISE CROIZAT

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          AMBROIZE CROISAT SIGNANT LES ACTES DE LA LOI
          Plébiscitant la réforme des retraites, un élu LREM a repris, à tort, les mots du ministre communiste Ambroise Croizat, père de la Sécurité sociale. La journaliste Lucie Chopin procède à quelques rappels historiques utiles.
          AMBROISE CROIZAT 
          Le 28 décembre dernier, en pleine grève des cheminots contre la réforme des retraites, Julien Bargeton, sénateur de la majorité, annonce sur Twitter sa venue sur une chaîne d’info continue en citant Ambroise Croizat : « L’unité de la Sécurité sociale est la condition de son efficacité. » Sortie de son contexte, la phrase ne dit rien du conflit en cours, l’« unité de la Sécurité sociale » désignant la prise en charge au sein d’un même organisme de plusieurs risques sociaux, comme la maladie, les accidents du travail ou la vieillesse. Mais cette intervention fait affleurer dans le débat public le nom d’Ambroise Croizat, maître d’œuvre, après la Seconde Guerre mondiale, de la Sécurité sociale et du système de retraite par répartition.

          Choqué de ce qu’il appelle une « imposture », Pierre Caillaud-Croizat, petit-fils d’Ambroise, se fend d’une lettre ouverte à l’attention du sénateur, dans laquelle il lui refuse le droit de revendiquer l’héritage de son aïeul, communiste de la première heure. Rappelant « l’engagement viscéral » pour la « défense des plus démunis » de Croizat, il accuse le gouvernement de se livrer à des « turpitudes de démantèlement du système » et précise : « Une originalité du système Croizat, c’était justement de mettre les cotisations à l’abri des appétits de la finance en général et de l’assurance privée en particulier. »

          La Sécu fondée par un communiste



          L’ORDONNANCE DU 4 OCTOBRE 1945
          CRÉANT LA SÉCURITÉ SOCIALE
          Mais qui était Ambroise Croizat? Il y a soixante-neuf ans, au moment où on porte en terre son corps vaincu par l’épuisement et la maladie, il est loin d’être ce quasi-inconnu que l’on peut aujourd’hui convoquer sans rappeler ses engagements : une foule reconnaissante d’un million de personnes est alors dans la rue pour l’accompagner au Père-Lachaise.

          C’est que, ministre du Travail de novembre 1945 à mai 1947, l’homme est à l’origine de toute une série de mesures entrées dans l’histoire sociale : la Sécurité sociale (souvent attribuée exclusivement au haut fonctionnaire gaulliste Pierre Laroque), le système de retraite par répartition, les comités d’entreprise, la médecine du travail…

          De nos jours, sa mémoire n’est plus guère entretenue que par des responsables cégétistes et des militants communistes, même si cela est peut-être en train de changer 1. Son nom n’est associé communément à aucune loi. Une explication possible : un certain fétichisme du progrès qui, en se détournant de l’idée de « bien commun », fait mauvais ménage avec ce que Croizat appelait les « conquis » – dénué de connotation de lutte des classes, le mot « acquis » lui paraissait trop faible. « Le patronat ne désarme jamais », disait-il. Pourquoi nommer ce qu’on souhaite voir disparaître?

          Une fenêtre historique


          Pierre Caillaud-Croizat, né bien après sa disparition, raconte avec admiration et affection un homme qui, malgré ses responsabilités, est resté « un prolo toute sa vie », rémunéré comme un ouvrier spécialisé par le Parti, auquel il reversait l’intégralité de son salaire (cette règle vaut toujours, même si le salaire de référence n’est plus celui d’un ouvrier, mais celui de l’élu avant le début de son mandat). Apprenant qu’elle allait déménager au ministère, sa femme, Denise, s’était exclamée : « C’est beaucoup trop grand ! », inquiète à l’idée de toutes les heures de ménage qui, pensait-elle, l’attendaient. Sur les photos d’époque, on le découvre un peu austère, souvent coiffé d’un chapeau de feutre. Son regard clair semble voilé d’une mélancolie qu’on devine causée par le spectacle de ce qu’il appelait la « désespérance ouvrière ».

          La courte vie de Croizat, mort à 50 ans d’un cancer du poumon, est jalonnée d’épreuves et de luttes. Militant, ce fils d’un manœuvre en ferblanterie savoyard, qui a commencé à travailler à 13 ans, devient secrétaire général de la Fédération CGTU des Métaux en 1928. En 1936, il fait partie des 72 députés communistes élus au sein du Front populaire, à l’origine des congés payés, de la semaine de 40 heures, mais aussi des conventions collectives, du libre exercice du droit syndical… – des avancées sur lesquelles Edouard Daladier s’empressera de revenir avec ses « décrets misère ». En 1939, un mois et demi après la signature du pacte germano-soviétique, Ambroise Croizat est arrêté comme d’autres députés communistes. Condamné pour « trahison », il est déporté au bagne d’Alger. A sa sortie, en 1943, il lui reste à peine huit ans à vivre.
          En quinze mois, un ouvrier métallurgiste qui n’avait pas fait d’études aura obtenu davantage de progrès social que la quarantaine de ministres du Travail qui lui ont succédé
          Après la guerre, il est nommé ministre du Travail du général de Gaulle. Il parvient à bâtir, en quelques mois, la Sécurité sociale telle qu’elle a été rêvée par le Conseil national de la Résistance (CNR) : « Un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail », inscrit au programme « Les Jours heureux », du 15 mars 1944. Pour y parvenir, il s’adresse à ses relais syndicaux dans les départements français. La Sécurité sociale « réclame vos mains », leur dit-il. De simples travailleurs, sur leurs heures de repos, construisent des bureaux, rédigent des fiches au nom des assurés sociaux.

          Le gaulliste Pierre Laroque le reconnaissait, rien n’eût été possible sans Croizat, ni sans l’enthousiasme qu’il sut transmettre sur le terrain. Rien non plus sans un rapport de force favorable : la CGT fait alors le plein d’adhérents, et les communistes, qui sont arrivés premiers aux élections constituantes de 1945, brillent de leur participation à la Résistance et de leur sacrifice – parmi les compagnons de route et de déportation de Croizat, on trouve Prosper Môquet, le père de Guy. « Ce qui se joue en 1946, c’est la démonstration de la capacité de pouvoir du mouvement ouvrier », résume l’économiste Bernard Friot, adhérent au Parti communiste, dans La Sociale (2016), le documentaire de Gilles Perret sur la « Sécu ».

          « Ministre des travailleurs »



          DESSIN DE VIRGILE BAREL, AOÛT 1941,
          SOUVENIR DE MAISON CARRÉ.
          FONDS CROIZAT
          L’antienne qui veut que nos existences, parce qu’elles n’auraient pas grand-chose à voir avec ces vies de labeur des contemporains de Croizat, nés à l’aube du XXème siècle, n’ont pas besoin de tant de compensations est contestée par de nombreux opposants à la réforme, qui rappellent que l’espérance de vie des ouvriers est inférieure à la moyenne générale (de 17 ans pour les égoutiers). Une crainte s’exprime souvent, avec le système de retraite universel par points, celle de « crever au boulot ». Pierre Caillaud-Croizat en est certain, son grand-père aurait désavoué une réforme qui nivelle par le bas le niveau des pensions. La « solidarité » et la « dignité » ont toujours été ses mots d’ordre. Avec la Sécurité sociale, il voulait « libérer les Français de l’angoisse du lendemain ». La retraite devait cesser d’être « l’antichambre de la mort » pour devenir « une nouvelle étape de la vie ».
          Afin de la préserver des convoitises qu’attirerait immanquablement un budget supérieur à celui de l’État, la gestion en avait été confiée aux assurés eux-mêmes
          Le système par points, en indexant les pensions sur des indicateurs économiques (par définition, sujets à des variations), avec un impératif d’équilibre financier, rompt avec cette résolution. La rentabilité de la Sécu n’était pas un objectif pour Croizat. Afin de la préserver des convoitises qu’attirerait immanquablement un budget supérieur à celui de l’État, la gestion en avait été confiée aux assurés eux-mêmes. « Faire appel au budget des contribuables […] serait subordonner l’efficacité de la politique sociale à des considérations purement financières. Ce que nous refusons », disait-il. Financé par des cotisations, et non par l’impôt, le dispositif se distingue, par exemple, du modèle britannique, né un peu plus tôt.

          Bien sûr, cet héritage a déjà subi de nombreuses charges de la part des gouvernements successifs : dès 1967, le général de Gaulle instituait le régime du paritarisme, donnant le dernier mot au patronat dans les décisions, quand la Sécu de 1946 confiait, elle, le pouvoir aux travailleurs. Ambroise Croizat n’aura pas assisté au démantèlement de son œuvre. En octobre 1950, quatre mois avant sa mort, devant l’Assemblée nationale, il prévenait : « Jamais nous ne tolérerons que soit renié un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir, et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès. »

          C’est là le sens du rappel à l’ordre de Julien Bargeton par Pierre Caillaud-Croizat. À la décharge du sénateur, l’histoire de Croizat n’est pas enseignée à l’école, il n’a fait son apparition dans le Petit Larousse qu’en 2011. Et même l’École nationale supérieure de la Sécurité sociale (EN3S), à Saint-Etienne, n’a pas de salle Ambroise-Croizat 2. Peut-être la cause de cette occultation est-elle à chercher du côté de l’engagement communiste et cégétiste de Croizat. Peut-être aussi, comme nous le suggère son petit-fils, faut-il y voir une forme de complexe du gouvernant : en quinze mois, un ouvrier métallurgiste qui n’avait pas fait d’études aura obtenu davantage, en termes de progrès social, que la quarantaine de ministres du Travail qui lui ont succédé. De quoi mériter son beau surnom de « ministre des travailleurs ».

          Notes:
          1. Les étudiants de la 14ème promotion (2019) du master de droit et gestion publique de l’ENA ont choisi de s’appeler la promotion Ambroise-Croizat, tandis qu’à l’Assemblée nationale, à la demande du député d’André Chassaigne, on discute d’apposer une plaque à son nom sur le siège qu’il occupait.
          2. C’est l’objet d’une séquence marquante du film de Gilles Perret, La Sociale : Jolfred Frégonara, « vétéran » de la construction de la Sécurité sociale, rend visite aux étudiants de l’EN3S et leur fait découvrir une histoire dont ils ignoraient tout.

          mercredi 19 février 2020

          CHILI, « DÉMOCRATIE DANS LE PAYS, À LA MAISON ET AU LIT ! »

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          PHOTO JOSIE DESMARAIS 
          L’annonce de la rédaction d’une nouvelle Constitution, suite aux protestations qui ont fait trembler le Chili depuis le 18 octobre 2019, déchire le pays en deux.
           ILLUSTRATION ANDRZEJ KRAUZE
          Des manifestations ont été organisées le samedi 15 février 2020, à Santiago, l’une pour l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’autre pour le maintien de celle en vigueur. Plongeant le pays dans une crise sociale encore plus grave. Depuis décembre, une loi a été promulguée pour l’organisation d’un référendum le 26 avril 2020.

          Les Chiliens devront décider s’ils veulent remplacer la Constitution, qui date de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) et choisir l’organe en charge de sa rédaction. Deux choix seront présentés lors du référendum, soit un « Congrès mixte », composé à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, soit une Assemblée constituante intégralement composée de citoyens spécifiquement élus à cette fin.

          Les manifestants réclament depuis le début de la crise, des réformes sociales et l’adoption d’une nouvelle Constitution, qui n'a jamais été mise en place après le référendum du 11 septembre 1980.

          Les sources du mécontentement général

          Depuis le 18 octobre dernier, les Chiliens protestent pour réclamer des changements et ont plongé le pays dans une intense crise sociale. L’inégalité est à la base de cette explosion de colère, où une classe supérieure très riche, constituée par une vingtaine de famille, fait face au reste de la population qui se contentait jusqu’à présent d’accéder à la consommation, à l’éducation et aux soins, par le biais d’un endettement élevé.

          Le système de retraites, qui est un régime par capitalisation, hérité de la période de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) est également contesté. Les pensions des retraités sont pour la plupart inférieures au salaire minimum, tandis que les fonds de pension accumulent de gros bénéfices chaque année.

          La corruption, dont les Chiliens pensaient être épargnés, a touché des institutions jugées au-dessus de tout soupçon, comme l’armée et la police. Depuis 2006, une affaire de détournement de 40 millions de dollars éclabousse la police, quant aux derniers commandants en chef de l’armée, ils ont été renvoyés devant la justice pour corruption. Des grandes entreprises sont également concernées, comme le papetier CMPC qui a dû verser une amende très importante après s'être entendu avec d’autres entreprises pour augmenter le prix du papier toilette.

          Le Chili avait déjà connu des contestations en 2011 contre le système éducatif à deux vitesses, public-privé, faisant trembler le gouvernement de Sebastian Pinera. Le mouvement étudiant visait à décrédibiliser les actions du gouvernement au travers de compagnes. Depuis, une loi a été approuvée fin 2018 par le Parlement qui permet d’expulser des établissements scolaires, les élèves impliqués dans des troubles publics.

          Mais c’est la hausse du prix du ticket du métro qui a été la goutte de trop, déclenchant la colère de la rue. Cette augmentation de 30 pesos du ticket, s’accompagne d’autres augmentations récentes des coûts des services de base. Les tarifs de l’électricité ont subi une hausse de 10,5%, les médicaments restent les plus chers de la région, alors que le système de santé, privatisé, ne couvre que 60% des frais médicaux.

          Les femmes, au premier rang de la contestation


          Le 8 mars dernier, les femmes organisent la plus importante mobilisation depuis la fin de la dictature. 800 000 manifestants dans plus de 60 villes, notamment des petits centres urbains de province. Ce mouvement fait suite au « mai féministe », créé par les étudiantes en 2018, pour dénoncer le harcèlement sexuel et en faveur d’une éducation non sexiste. Ce qui avait conduit à l’occupation de dizaines d’universités, obligeant les institutions à réagir et à reconnaître le malaise qui grimpait depuis longtemps.

          Mais cette première grève féministe de l’histoire du Chili, dénonce la précarité des femmes où moins de la moitié d’entre elles ont accès à une activité rémunérée, 31% travaillent sans contrat ni protection sociale ou de santé. 70% des salariés gagnent moins de 730€ par mois et les femmes perçoivent un salaire inférieur de 30% à celui des hommes.

          Elles subissent en plus les discriminations des assurances privées à cause des grossesses potentielles, considérées comme un « risque », même chose pour les retraites, qui sont controlées par des fonds de pension depuis les années 80. Pour les militantes, la violence contre le corps des femmes est donc consubstantielle à la violence du modèle capitaliste néolibéral.

          Le 20 novembre 2019, un collectif féministe chilien organisait une performance en chant et en danse dans les rues de Valparaíso, à 120 kilomètres de la capitale chilienne. « Un violeur sur ton chemin », lancé lors de l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, a été repris mondialement. Elles déclarent : "Et ce n'était pas de ma faute, ni de l'endroit où je me trouvais, ni de comment j'étais habillée...le violeur, c'est toi!","Ce sont les flics, les juges, l'Etat, le Président. L'Etat oppresseur et un macho violeur ».

          Les revendications des féministes au Chili prennent racines dès les années 50. Le mot d’ordre « Démocratie dans le pays, à la maison et au lit ! » des intellectuelles Julieta Kirkwood et Margarita Pisano, du puissant Mouvement pour l’émancipation des femmes chiliennes (Memch), actif de 1935 à 1953, est resté fameux au Chili.

          Pour tous ceux qui ont pris la rue depuis le début des protestations comme pour ceux qui ont répondu à l’appel de la grève féministe, leur souhait est d’en finir avec l’héritage de l’époque autoritaire du Chili.

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           PHOTO  MARTIN BERNETTI 
          Le pays a adopté les mesures les plus radicales au monde pour lutter contre l'obésité. Et ça semble fonctionner. 
          Depuis 2016, le Chili s'est emparé du fléau de l'obésité. Le pays d'Amérique du Sud est particulièrement concerné, puisque près de trois quarts de la population adulte et plus de la moitié des enfants y sont en surpoids –l'un des taux les plus élevés de la planète.
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          GUERRE À LA MALBOUFFE
          Une mesure adoptée en 2014 avait déjà relevé la taxe sur les boissons sucrées à 18%, contre 13% auparavant. Grâce à la mise en place d'une nouvelle législation agressive en 2016, la consommation de ces boissons au Chili a chuté de près de 25% entre 2015 et 2017, révèle une étude publiée dans PLOS Medicine.

          Dans le même temps, l'équipe de recherche a enregistré une hausse de 5% de la consommation d'eaux minérales, de boissons light ou de jus de fruits sans sucre ajouté. «Du jamais vu» selon Lindsey Smith Taillie, épidémiologiste à l'université de Caroline du Nord à Chapell Hill, spécialisée dans la nutrition et autrice principale de l'étude.

          «Un effet de si grande ampleur au niveau national, dans la première année d'application, est un signe encourageant pour la prévention de maladies telles que l'obésité, l'hypertension ou le diabète», indique-t-elle au New York Times.

          Logo noir et pubs interdites


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          GUERRE À LA MALBOUFFE
          Loin d'être frileuse, la législation chilienne a obligé les industriels à revoir leurs packagings pour faire figurer une signalétique de couleur noire sur les produits jugés trop gras, trop sucrés ou trop salés.

          Certains personnages, tels que le célèbre basketteur Tony Le Tigre, ont été contraints de prendre leur retraite d'égérie publicitaire et leur image a disparu des paquets de céréales. La junk food a également été bannie des cantines scolaires.

          Quant aux publicités vantant les mérites de ce genre de nourriture, elles sont désormais interdites d'antenne entre 6 heures du matin et 10 heures du soir, divisant par deux le nombre de messages publicitaires de ce type auxquels les enfants sont exposés.

          Camila Corvalán, nutritionniste à l'université du Chili et coautrice de l'étude, espère qu'en visant la population enfantine, cette législation aidera la nouvelle génération à repenser sa façon de s'alimenter et à se tourner vers des produits sains.

          Le Pérou, l'Uruguay et Israël ont d'ores et déjà repris le logo noir du Chili. Le Brésil et le Mexique devraient présenter une signalétique similaire dans les mois à venir, et une dizaine d'autres pays étudient actuellement cette option.

          Face à l'approche radicale du gouvernement chilien, plusieurs grands groupes de l'industrie alimentaire ont été contraints de revoir leur copie: Nestlé, Coca-Cola et PepsiCo ont revu à la baisse le taux de sodium ou d'édulcorants de synthèse dans de nombreux aliments.

          Un porte-parole de chez Nestlé affirme à ce titre que l'entreprise aurait éliminé plus de 3.000 tonnes de sucre de la composition de ses céréales et produits laitiers vendus sur le marché chilien.
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