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jeudi 31 mai 2018

LA CHUTE DE SALVADOR ALLENDE

Chili 1973, un coup d’État militaire de Pinochet assassine la démocratie. Invité Ivan Levaï écrivain, journaliste, qui a rencontré Salvador Allende et Augusto Pinochet.
En mars dernier, le nouveau président chilien a officiellement pris ses fonctions : Sebastian Piñera, homme d’affaires de droite, élu démocratiquement, a remplacé la socialiste Michelle Bachelet. 

Il y a 45 ans, le mardi 11 septembre 1973, c’est par un coup d’Etat militaire que le général Augusto Pinochet renversait le socialiste Salvador Allende, plongeant le pays dans la dictature. 

Pourtant, Salvador Allende avait de grandes ambitions pour son pays :  Réduire les inégalités, en premier lieu.

Juste après son élection, le 4 novembre 1970, il entreprend des réformes majeures : il nationalise les secteurs clés de l’économie chilienne et distribue des terres aux paysans. Mais ces nouvelles mesures déplaisent aux riches familles chiliennes qui voient d’un très mauvais œil l’expropriation de leurs terres. Très vite, des mouvements contestataires émergent, les grèves s’intensifient et le pays est plongé dans une grave crise économique. 

Salvador Allende est de plus en plus isolé dans son pays, mais également sur la scène internationale. Car rappelons-le, le monde est en pleine Guerre froide et les États-Unis refusent de laisser une menace marxiste s’installer sur le continent voisin. Et ils sont prêts à tout pour éviter cela… 

Quoi qu'il en soit, le putsch qui provoquera la chute de Salvador Allende marquera toute l’Amérique latine. 

Ivan Levaï, écrivain, journaliste, a rencontré Salvador Allende et Augusto Pinochet lors d’un reportage au Chili, à l’occasion de la première fête du travail du parti d’Allende, le 1er mai 1971. 

Ressources:

Chili 1970-1973 Mille jours qui ébranlèrent le monde de Franck Gaudichaud, aux Presses Universitaires de Rennes
La bataille du Chili, film de Patricio Guzman, 2004, Montparnasse
Chili 11 septembre 1973 : la démocratie assassinée, dirigé par Carmen Castillo, Serpent à plumes, 2003
Le Chili sous Allende, préfacé par Alain Joxe, Gallimard, 1974
Le Chili d'Allende et de Pinochet dans la presse française, de Pierre Vayssière, L'Harmattan, 2005
Le livre noir de l'intervention américaine au Chili, de Armanda Uribe, Seuil, 1974
Allende, la cible des médias chiliens et de la CIA, de Patricio Tupper, Ed de l'Amandier, 2003
Chili au cœur, de Luis Vaja et Pierre Senart, Ed de la Courtille, 1974
Le livre noir de la CIA, de Yvonnick Denoël, Ed Nouveau Monde, 2017
Pinochet un dictateur modèle, de Jean-Christophe Rampal et Marc Fernandez, Hachette, 2003
Les enfants cachés de Pinochet, de Maurice Lemoine, Don Quichotte, 2015

Programmation musicale:
Colette Magny : Gracias a la vida
Angel Parra : La libertad
Delgres : Mr Président

UN ENQUÊTEUR DU PAPE REPART AU CHILI


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JORDI BERTOMEU À ROME
PHOTO SISMOGRAFO
Cette visite de la cheville ouvrière de l’enquête papale pourrait annoncer de prochaines décisions sur l’Église chilienne.
JORDI BERTOMEU ET CHARLES SCICLUNA 
À SANTIAGO DU CHILI, PHOTO LA TERCERA
Mgr Jordi Bertomeu, l’un des deux envoyés dupape pour enquêter sur les abus sexuels à Santiago, s’apprête à repartir pour le Chili, annonce le site d’information Il Sismografo.

Ce Catalan, officiel de la Congrégation pour la doctrine de la foi depuis 2012, avait été la cheville ouvrière de la « mission spéciale » mandatée par le pape en février pour faire la lumière sur les abus sexuels commis par des prêtres au Chili et leur gestion par l’Église locale, notamment quand Mgr Charles Scicluna avait dû être hospitalisé pour des calculs biliaires.

Il est aussi celui qui a établi le rapport de 2 300 pages remis au pape et qui a servi de base à ce dernier lors de ses rencontres avec les évêques chiliens, du 15 au 17 mai.

« La visite de Mgr Bertomeu, ecclésiastique de grand prestige au Chili, admiré, aimé et respecté par tous, est interprétée comme le début des nombreuses décisions qui devront mener à la guérison, la réhabilitation et la renaissance de l’Église chilienne », explique Il Sismografo. 

Le site, proche de l’entourage du pape, annonce aussi « des décisions dans les prochains jours » sur certaines des démissions que les évêques chiliens ont remises au pape à la fin de leur séjour romain. 

mardi 29 mai 2018

APRÈS LA DÉMISSION DES ÉVÊQUES CHILIENS, DES SCANDALES D’ABUS EN CASCADE


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NOMMÉ SAMEDI 26 MAI À LA TÊTE DU CONSEIL DE PRÉVENTION
DES ABUS SEXUELS, MGR JUAN IGNACIO GONZÁLEZ ERRÁZURIZ
(À GAUCHE), 61 ANS, ÉVÊQUE DE SAN BERNARDO ET MEMBRE
DE L’OPUS DEI, EST LUI-MÊME TRÈS DÉCRIÉ PAR LES VICTIMES
DE FERNANDO KARADIMA. PHOTO DE LA CONFÉRENCE DE 
PRESSE DES ÉVÊQUES CHILIENS APRÈS LES RÉUNIONS DE 
L'ÉPISCOPAT CHILIEN AVEC LE PAPE FRANÇOIS AU VATICAN. 
A DROITE  : MGR LUIS FERNANDO RAMOS PEREZ, ÉVÊQUE AUXILIAIRE DE SANTIAGO. 
PHOTO M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC/CATHOLIC PRESS PHOTO
Depuis la démission des évêques chiliens, à qui le pape reproche une faillite collective dans la lutte contre les abus sexuels, plusieurs nouvelles affaires viennent d’être révélées.
 LE PRÊTRE CATHOLIQUE  ÓSCAR MUÑOZ TOLEDO
PHOTO CLAUDIO CAIOZZI
La boîte de Pandore est ouverte au Chili et il semble bien qu’il faille s’attendre à des révélations en cascade, dans cette Église gangrenée par les scandales de pédophilie. Cinq jours après la démission de l’ensemble des évêques chiliens, épinglés par le pape François pour leur gestion calamiteuse de ces affaires, le diocèse de Santiago a confirmé jeudi 24 mai une information publiée dans les médias locaux selon laquelle le chancelier, le père Oscar Muñoz Toledo, c’est-à-dire l’homme chargé notamment de recueillir les plaintes des victimes de prêtres pédophiles, s’était auto-dénoncé pour avoir abusé d’une personne (mineure ou majeure, le diocèse n’a pas précisé) le 2 janvier dernier, soit deux semaines avant la visite du pape François dans ce pays.


Le père Muñoz aurait lui-même couvert des abuseurs 
Le diocèse indique, dans une note publiée sur son site Internet, lui avoir alors retiré toute fonction et l’avoir interdit de tout ministère public, lançant à son encontre une enquête préliminaire avant d’envoyer le dossier à Rome.

Mais au-delà de son cas personnel, il se pourrait que
« L'octogénaire père Fernando Karadima, un ancien formateur charismatique de prêtres, a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 80 et 90. Il a été contraint à se retirer pour une vie de pénitence. » (*)
LES ÉVÊQUES ET LEUR LEADER FERNANDO KARADIMA 
PHOTO TWITTER 
 le père Muñoz ait lui-même couvert des abuseurs : c’est lui en effet qui avait reçu en 2003 les premières plaintes des victimes de Fernando Karadima. Cet ancien curé d’une paroisse huppée de Santiago s’était révélé un redoutable prédateur sexuel, dont les abus ont été à l’origine de la violente crise qui secoue l’Église chilienne.

Or, il fallut attendre 2007 pour qu’un procès canonique s’ouvre et 2010 pour que le dossier soit transmis à Rome qui renvoya aussitôt Karadima de l’état clérical. Aux yeux de l’une des victimes, Juan Carlos Cruz, l’annonce du retrait du chancelier du diocèse est à mettre en lien avec la lettre incendiaire envoyée il y a dix jours par le pape François aux évêques chiliens, dans laquelle il affirmait que des « documents compromettants » avaient été détruits.

« La famille »,une quinzaine de prêtres aujourd’hui suspendus

La semaine dernière toujours, un autre scandale d’abus sexuels, dans le diocèse de Rancagua (centre), a été révélé qui met en cause, celui-là, une quinzaine de prêtres, suspendus en attendant que lumière soit faite sur leurs agissements. Selon des témoignages diffusés par la chaîne de télévision Canal 13, ces clercs ont fait partie d’un groupe qu’ils ont baptisé « la famille », au sein duquel ils auraient eu pendant dix ans une conduite sexuelle inadéquate et se seraient livrés à de possibles abus sexuels sur des jeunes. L’évêque du diocèse et ancien président de la conférence épiscopale chilienne, Mgr Alejandro Goic, aurait été alerté au moins à quatre reprises.


Éclaboussé par ce scandale, ce dernier a démissionné ce week-end de la présidence du Conseil national de prévention des abus sexuels, l’instance créée en 2011 au sein de l’épiscopat chilien pour empêcher, précisément, de tels abus. Mgr Goic, 78 ans, a fait valoir la nécessité de « concentrer ses forces à éclaircir » cette affaire.

Une nomination qui fait polémique

Son remplacement a suscité une nouvelle polémique. Nommé samedi à la tête de ce Conseil, Mgr Juan Ignacio González Errázuriz, 61 ans, évêque de San Bernardo et membre de l’Opus Dei, est lui-même très décrié par les victimes de Fernando Karadima. Il les avait notamment critiquées par le passé, en affirmant que « leur demande de pardon » était « exagérée », tout en défendant dans les médias Mgr Juan Barros, évêque d’Osorno accusé d’avoir couvert les agissements de Karadima.

Toutes ces affaires manifestement entremêlées mettent en évidence l’urgence, pour le pape de prendre des décisions drastiques, alors qu’il a entre les mains les 2 300 pages du rapport que lui ont remis les deux enquêteurs dépêchés au Chili et qu’il doit recevoir vendredi 1er juin un nouveau groupe de victimes.

Le retrait de Mgr Barros, et sans doute aussi de Mgr Tomislav Koljatic, à Linares, et de Mgr Horacio Valenzuela, à Talca, tous formés par Karadima qui exerçait une grande influence sur de nombreux clercs au Chili, semble acquis. Mais cela sera-t-il suffisant ? Les victimes lui ont remis 17 pages de propositions portant sur la prévention et la réparation de ces abus. Certaines suggèrent qu’une commission nationale soit mise en place sur le modèle de la Commission royale chargée d’enquêter sur les abus sexuels dans toute la société australienne.

Céline Hoyeau

lundi 28 mai 2018

CARLOS DOURTHÉ ET JEFF COHEN SONT LES INVITÉS DE MUSIQUE MATIN

[ POUR ÉCOUTER CLIQUER SUR LA FLÈCHE ]


MUSIQUE MATIN PAR SASKIA DE VILLE
   -RADIO FRANCEMUSIQUE-
«CARLOS DOURTHÉ ET JEFF COHEN »,  DIFFUSÉ LE MERCREDI 23 MAI 2018
 DURÉE : 0:49:10

CARLOS DOURTHÉ ET JEFF COHEN,
PHOTO JEAN MARC VOLTA
Le violoncelliste et chef Carlos Dourthé fête les 25 ans de l'Orchestre et le Choeur étudiant des Universités de Paris à l'auditorium de Radio France. Deuxième invité, le pianiste Jeff Cohen se produira dans le cadre de la 6ème édition du festival Pallazzetto, aux côtés de Tassis Christoyannis.
08h05 - 08h30 : Carlos Dourthé
Carlos Dourthé est violoncelliste de l’Orchestre National de France.

Après ses études au Chili, il entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il travaille avec des artistes tels que les quatuors Amadeus, Lassalle, Berg, le Beaux-arts Trio, Gÿorgy Sebök, Alexander Schneider, Bernard Greenhouse, Jean-Pierre Rampal, Daniel Shafran.

Les années qu’il a passées au sein de l’Orchestre National de France lui ont permis de se nourrir de rencontres avec les plus grands chefs et solistes, tels que Maazel, Ozawa, Masur, Haitink, Boulez, Muti, Chung, Dutoit, Järvi, Prêtre, Sanderling.

En dehors de ses activités avec les orchestres professionnels, il s’intéresse passionnément aux jeunes musiciens. 
O.C.U.P
L’Orchestre et Chœur des Universités de Paris (O.C.U.P.) a pour vocation de favoriser la pratique musicale instrumentale et vocale des étudiants de l’enseignement supérieur et de leur permettre de se produire lors de concerts dans les universités parisiennes et européennes.

Créée en 1993, l'association permet, outre la pratique musicale, des rencontres pluridisciplinaires entre étudiants venus d’horizons différents et s’attache aussi à favoriser les échanges avec les universités européennes et avec des étudiants profitant du programme européen Erasmus. 

Les deux formations regroupent des étudiants français et étrangers d’une trentaine de nationalités, ayant derrière eux de nombreuses années d’études dans les conservatoires ou les écoles de musique. Ce sont au total plus de 4.000 étudiants qui, au fil des ans, se sont retrouvés pour pratiquer en amateur ensemble la musique. L’orchestre est dirigé depuis 2008 par Carlos Dourthé, violoncelliste de l’orchestre national de France. Le chœur est dirigé depuis 2007 par Guillaume Connesson, compositeur.

Rejoignez l'O.C.U.P

Actualités
L’Orchestre et Chœur des Universités de Paris fête ses 25 ans le 28 mai avec un concert à l’auditorium de Radio France à la Maison de la Radio.

26 juillet à Bayeux et 27 juillet à Luc-sur-Mer : Musique en Côte de Nacre
Requiem de Verdi
Fabienne Conrad, Carole Marais, Patrick Garayt, Fréderic Caton,
Chœur  du Festival et Choeur Lik
Orchestre Symphonique de Lipetsk  
Carlos Dourthé, direction  

♫ Programmation musicale Carlos Douthé

Camille SAINT-SAENS
Wedding cake op.76 - valse pour piano et cordes
Jacques Duhem, Luc Héry, Carlos Dourthé, Jean-François Heisser, Gabin Lauridon, Raymond Glatard    
MUSIFRANCE

Serge PROKOFIEV
Alexandre Nevski : Entrée d’Alexandre dans Pskov
Orchestre et choeur des Universités de Paris, Carlos Dourthé
CD INVITE

Maurice RAVEL
Le Tombeau de Couperin : Prélude
Orchestre royal du Concertgebouw, Bernard Haitink
VINYL

Mayra ANDRADE
Mana
Mayra Andrade
RCA

08h30 - 08h55 : Jeff Cohen

Pianiste et compositeur, Jeffrey Cohen (né à Baltimore, USA) mène une carrière où se mêlent des répertoires et des genres habituellement séparés. Chef de chant au Théâtre de la Monnaie (Bruxelles), responsable musical au Théâtre du Châtelet (Paris), il se produit aussi bien avec June Anderson, Cecilia Bartoli, Veronique Gens, Sumi Jo, François Le Roux, qu'avec Jane Birkin ou Ute Lemper. Il a composé des musiques de scène et de cinéma, et a conçu et animé une émission télévisée pour les enfants (Jeff d'orchestre).

Il est actuellement professeur au Conservatoire de Paris.

Actualités
25 mai à 20h30 : "Night & Day" à la maison des 3 quartiers à Poitiers

04 juin à 20h30 : Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, au côté de Tassis Christoyannis, pour la 6ème édition du festival Palazzetto

♫ Programmation musicale Jeff Cohen
Fernand DE LA TOMBELLE
Les papillons
Tassis Christoyannis, Jeff Cohen
APARTE

Edouard LALO
6 Romances populaires de Pierre-Jean Béranger : Les petits coups
Tassis Christoyannis, Jeff Cohen  
APARTE

Claude DEBUSSY
Hymnis : Il dort encore . FL 34
Véronique Dietschy, Emmanuel Strosser
ADES 

Christian SINDING
Rustle of spring op 32 n°3
Vincent Billington
YOUTUBE

Ted KOEHLER / Harold ARLEN
Get happy - Happy days are here again
Judy Garland, Barbra Streisand
SAVOY

L'équipe de l'émission :
Saskia de VilleProduction
Pauline BoisaubertProduction Déléguée
Claire LagardeRéalisation
Marjolaine Portier-KaltenbachCollaboration
Valentin CarpentierCollaboration 

mercredi 23 mai 2018

LA PARABOLE DITE DU « PREMIER DE CORDÉE »


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LA PARABOLE DITE DU « PREMIER DE CORDÉE »
 « LA PARABOLE DITE DU "PREMIER DE CORDÉE" »


Mai 2018... Premier de cordée... Frédéric Lordon répond à Emmanuel Macron depuis Chamonix Mont-Blanc... Le lien de la corde est une solidarité de destin...


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mardi 22 mai 2018

AU CHILI, UN NOUVEAU SCANDALE SEXUEL SECOUE L’ÉGLISE



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L’ÉVÊQUE JUAN BARROS FUT NOMMÉ PAR LE PAPE EN JANVIER
2015 À LA TÊTE DU DIOCÈSE MÉRIDIONAL D’OSORNO,
BIEN QU’ÉTANT ACCUSÉ D’AVOIR COUVERT LES AGRESSIONS
SEXUELLES COMMISES PAR UN PRÊTRE.
PHOTO ALESSANDRA TARANTINO  
Une enquête journalistique a révélé qu’une vingtaine de prêtres ont eu des conduites sexuelles inappropriées, notamment avec des garçons mineurs, sans être inquiétés.  
Par Angeline Montoya
Le jour où l’ensemble des évêques chiliens, accusés d’avoir couvert des actes pédophiles, remettaient leur démission au pape, vendredi 18 mai, l’Eglise chilienne était secouée par un nouveau scandale sexuel, révélé par « Teletrece », l’émission d’information de la chaîne de télévision Canal 13. Quatre jours plus tard, mardi 22 mai, l’évêché de Rancagua, à 80 kilomètres au sud de Santiago, a annoncé la suspension de quatorze prêtres qui ont « commis des actes qui peuvent constituer des crimes dans les domaines civil et canonique ».

Tout est parti d’une paroissienne de la ville de Rancagua qui a confié à une équipe de journalistes l’existence d’un groupe de dix-sept prêtres qui se faisaient appeler « la famille » et avaient des relations sexuelles avec des personnes majeures, mais également avec des mineurs. « Je ne sais pas s’il faut les appeler confrérie, secte ou groupe de prêtres, mais ils avaient des pratiques contraires à leur condition de curé avec des jeunes de 15 à 29 ans, en tout cas à mon époque », témoigne Elisa Fernandez, ex-coordinatrice de la pastorale de jeunes.

Selon l’enquête, le groupe avait une structure pyramidale et était dirigé par un prêtre qui se faisait appeler « la grand-mère », suivi par les « tantes », les « filles » et les « petites-filles », tous prêtres de cet évêché. Selon un curé cité dans l’enquête, qui a demandé l’anonymat, cette « confrérie » existe depuis huit à dix ans. Majeurs, mineurs, « tout était bon, sans distinction », soutient le jeune homme, accusant les membres de ce groupe de se rendre régulièrement à Santiago pour avoir des relations sexuelles tarifées avec de jeunes prostitués adolescents.


Trente-quatre démissions

Elisa Fernandez dit avoir alerté à au moins quatre reprises Alejandro Goic, l’évêque du diocèse de Rancagua. Elle lui a remis la liste des dix-sept prêtres, parmi lesquels, affirme-t-elle, certains se vantaient de leurs préférences pour des mineurs. L’évêque Goic, qui fait partie des trente-quatre personnes ayant remis leur démission au pape François vendredi, a alors exigé des preuves. Quelques jours avant la visite du pape, en janvier, Mme Fernandez a également envoyé une lettre à l’épiscopat chilien, qui n’a pas non plus donné suite.

La jeune femme, explique « Teletrece », a alors piégé l’un des prêtres incriminés, le père Luis Rubio, de la ville de Paredones, se faisant passer sur Facebook pour un garçon de 16 ans. Le prêtre lui a alors répondu avec des messages érotiques et même envoyé des photographies de lui totalement nu. « Je ne demande pas que ce soient des saints, explique Elisa Fernandez à la chaîne de télévision. Je demande juste qu’une personne qui vient de me confesser n’envoie pas une photographie de son appareil génital à un jeune de 16 ans. »

Quelques jours avant la diffusion du reportage, le prêtre Rubio, qui a reconnu les faits qu’il qualifie de « honteux », avait alerté ses supérieurs de son « comportement inapproprié » et avait été suspendu temporairement de ses fonctions. À son retour du Vatican, Mgr Goic – qui est aussi président du conseil pour la prévention des abus contre les mineurs de l’épiscopat de Rancagua – a expliqué aux journalistes qu’il n’avait pris aucune mesure contre Luis Rubio, malgré les alertes, car il n’est pas « détective » : « Je me suis formé pour être pasteur et pour servir les gens », a-t-il justifié.

Des regrets tardifs

Le lendemain de la diffusion du reportage, l’archevêché de Rancagua a finalement déposé une plainte contre Luis Rubio devant le procureur de Santa Cruz. « L’évêque a fait comme le pape, souligne Mme Fernandez. Il a exigé des preuves. Et aujourd’hui, le pape demande pardon pour ce qu’il a fait. L’évêque devrait faire la même chose. »


La paroissienne faisait référence à la défense, par François, de l’évêque Juan Barros. Nommé par le pape en janvier 2015 à la tête du diocèse méridional d’Osorno. Il était pourtant accusé d’avoir couvert les agressions sexuelles commises pendant des années par un prêtre de Santiago, Fernando Karadima, condamné par l’Eglise pour pédophilie en 2011. Lors de sa visite en janvier, François s’était dit convaincu de l’innocence de Mgr Barros. Il avait accusé les victimes d’avoir proféré des « calomnies » et leur avait reproché de n’apporter aucune preuve à l’appui de leurs accusations avant de reconnaître, trois mois plus tard, « avoir commis de graves erreurs d’appréciation et de perception ».

C’est l’affaire de l’évêque Barros qui est à l’origine du scandale pour lequel François a convoqué l’ensemble des évêques chiliens, qui s’étaient vu remettre, le 15 mai, par le pontife argentin, un texte de dix pages dans lequel celui-ci leur avait reproché d’avoir abrité « de nombreuses situations d’abus de pouvoir, d’autorité et d’abus sexuels » et même d’avoir détruit « des documents compromettants ». A la suite de quoi les évêques avaient remis leur démission.

lundi 21 mai 2018

L'AÉROPORT DE SANTIAGO DU CHILI OUVRE UNE BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE


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L'AÉROPORT DE SANTIAGO DU CHILI OUVRE UNE BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Depuis ce 18 mai 2018, l’aéroport de Santiago du Chili propose un espace de lecture gratuite. À l’initiative de la Biblioteca Pública Digital (BPDigital), le modèle déjà implanté dans certaines stations de métro se généralise.
Actua Litté
L'AÉROPORT DE SANTIAGO DU CHILI
OUVRE UNE BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE
Inauguré en grande pompe par le ministère de la Culture, des Arts du Patrimoine, ce projet s’inscrit dans le plan national pour la lecture. L’aéroport qui compte 21 millions de passagers annuels – incluant les vols internes – montre ici sa volonté d’expansion culturelle.

L’espace de lecture représente 25 min 2 s où l’on peut télécharger des livres numériques, depuis son smartphone – la liseuse ne sera cependant d’aucun recours. Il faut en effet passer par un QR Code pour arriver à lire.

La bibliothèque numérique compte 25.000 titres disponibles, avec un large éventail depuis la littérature, en passant par les classiques, la poésie chilienne ou la littérature jeunesse et la bande dessinée.

Pour en profiter pleinement, une application sera à télécharger depuis cette adresse : une fois son mot de passe reçu, les utilisateurs pourront également faire des emprunts de livres, avec quatre titres simultanés durant 14 jours.

CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER 
La ministre de la Culture, des Arts et du Patrimoine, Alejandra Pérez Lecaros, souligne que cet espace représente « notre défi pour améliorer l’accès à la lecture afin que de plus en plus de Chiliens puissent voyager à travers les mondes qu’ouvrent les livres. Dans le cadre du plan national de lecture, cette association opérée avec l’aéroport cherche à faire de la lecture une habitude, une pratique accessible et quotidienne ».

Joli discours, mais encore faut-il avoir les moyens de prendre l’avion... 


LAS CUENTAS PENDIENTES DE AMBROSIO RODRÍGUEZ

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AMBROSIO RODRÍGUEZ

El actual Presidente del Tribunal Supremo de Renovación Nacional y defensor de Pinochet podría haberse ido a vivir tranquilo en alguna región apartada del país, como lo han hecho algunos que prefieren guardarse en un protector anonimato, pero desistió de eso y se quedó en el centro de los acontecimientos como desafiando a quienes tienen más de una cuenta pendiente con él.

El Siglo cl

El 10 de septiembre del año pasado, la Comisión FUNA llegó hasta la Facultad de Derecho de la Universidad de Chile para denunciar a Ambrosio Rodríguez Quiros, profesor de dicha escuela y conocido hombre de Pinochet. Entre las "hazañas" del ex funcionario público, los funeros denunciaron "la realización de los sumarios que terminaron con la expulsión, tras el golpe militar, de casi todos los académicos de la Escuela de Periodismo de la Universidad de Chile. Luego, siendo integrante del ministerio del Interior de Pinochet, firmó expulsiones del país, como la de su ex profesor Eugenio Velasco, y también impidió el ingreso al país de un niño de 4 años por ‘ser peligroso para la patria’.

A pesar de haber sido citado a declarar en reiteradas oportunidades en el caso del detenido desaparecido Alfonso del Carmen Araya Castillo, nunca se presentó a tribunales. Como Procurador General de la República, cargo inventado por Pinochet, supervisó la defensa de los violadores de derechos humanos, alargó el período de secuestro ‘legal’ determinado para la CNI y negó por meses el acceso de los querellantes al sumario por los crímenes de la Operación Albania. Ha sido parte de la defensa de criminales como Augusto Pinochet, Humberto Gordon, los culpables del Caso Degollados, el caso Valmoval -más conocido como los ‘Pinocheques’-, y en la misma Operación Albania, en conjunto con su socio Fernando Uribe-Etxeverría. También asumió la defensa del ex ministro de la Corte Suprema Hernán Cereceda Bravo, destituido por el Senado ‘por notable abandono de deberes’ en el caso de Alfonso Chanfreau, desaparecido en 1974".

MATRIMONIO STOULMAN-PESSA

También se hacía alusión a su citación a declarar "por el Juez Juan Guzmán en el caso de la desaparición en Argentina del matrimonio judío-chileno Stoulman-Pessa, en el que fue involucrado por el agente de la DINA Enrique Arancibia Clavel", caso que fue recordado por el abogado de derechos humanos Eduardo Contreras en la reciente vista de la petición de desafuero de Pinochet por el Caso Operación Cóndor.

La carta de Arancibia Clavel

ENRIQUE ARANCIBIA CLAVEL
EN BUENOS AIRES EN 2000
FOTO MIGUEL MÉNDEZ 

A pesar de que frente al ministro Juan Guzmán se escudó en el "secreto profesional" para no hablar sobre su participación en el caso de los desaparecidos Jacobo Stoulman y Matilde Pessa, una carta enviada desde Argentina por el agente Enrique Arancibia Clavel, hoy condenado a perpetua por el asesinato del matrimonio Prats-Cuthbert, lo incrimina directamente.

El confeso asesino, que firmaba sus misivas como Luis Felipe Alemparte, asegura en una de ellas que el 17 de julio de 1977 Ambrosio Rodríguez se reunió con "el gerente" (Manuel Contreras Sepúlveda) y con él para construir un relato sobre la desaparición del matrimonio judío. De allí nació la pista falsa que involucraba a Jacobo Stoulman con el financiamiento de los Montoneros argentinos y los Tupamaros uruguayos. En esos días, Rodríguez se encontraba en Buenos Aires por petición de las hijas de los Stoulman-Pessa, quienes le habían pagado una fuerte suma de dinero para que, como influyente abogado del régimen militar, les ayudara en la búsqueda de sus padres, desaparecidos el 29 de mayo de 1977.

Sin embargo, el abogado también había recibido pagos de otros interesados en que la pareja judía no volviera a aparecer. Se trataba de algunos de sus familiares directos y de los socios de Jacobo Stoulman en la casa de cambio Andes, León Dobry y Enrique Chamorro, quienes de esta forma se quedarían con los bienes de la pareja, mientras que el "gran rabino" Angel Kreiman evitaba confrontaciones con la dictadura.

Los dineros y la censura

Uno de los más interesados en que la pareja Stoulman no volviera desde Argentina era el rabino Angel Kreiman Brill, quien en esos días aparecía como un importante opositor a la dictadura. Pese a que en los primeros días de la desaparición apareció haciendo gestiones en el ministerio de Relaciones Exteriores para saber de su paradero, prontamente Kreiman se olvidó del tema y ni siquiera acudió a una cita, concertada por el coronel de la FACH y funcionario del ministerio Jaime Lavín Fariña, para tratar el caso en julio de 1977. Pero Kreiman estaba preocupado de no hacer "olitas", pues tenía muchas cosas que esconder y que eran conocidas por los servicios de inteligencia.

Junto con Cambios Andes y Turismo Top Tour, los negocios de Stoulman, sus "socios" procedieron a limpiar las cuentas que se mantenían en Suiza y que hoy equivaldrían a unos 35 millones de dólares. De esta forma, además de perder a sus padres, las tres hijas de los Stoulman-Pessa quedaron sin posibilidades de recuperar parte de sus inversiones.

El caso ha sido censurado en muchas ocasiones, especialmente tras el fin de la dictadura, porque junto con acusar a empingorotados personajes del régimen militar, como los involucrados en la Operación Cóndor que van desde el abogado Ambrosio Rodríguez hasta su defendido ex Comandante en Jefe, cruza la comunidad judía nacional y sus vínculos con los más variados sectores políticos.

El periodista Iván Cabezas, luego de publicar en la Revista Semanal de La Nación el reportaje "Pregunta del millón de dólares: Quién hizo desaparecer al empresario Stoulman con su mujer, su fortuna y la plata del PC", no volvió a aparecer en la publicación. El editor Luis Alberto Ganderats presentó su renuncia poco tiempo después. Desde algunos ministerios se hicieron discretos llamados a TVN y una crónica de 5 minutos realizada por el periodista Rodrigo Espinoza fue hecha desaparecer por el Jefe de Prensa, Abel Esquivel, hasta del registro computacional de los reportajes.

También en la página periodística de internet El Mostrador fue censurado un reportaje preparado por la periodista Pascale Bonnefoy. Un llamado de León Dobry a su amigo -y compañero de Directorio del Dresner Bank- y co-dueño del diario electrónico Juan Agustín Figueroa impidió la salida del tema. Poco después, a Pascale Bonnefoy se le dio por terminada su relación contractual con El Mostrador.

Alejandra Stoulman Pessa no olvida el dinero entregado, pese a las dificultades económicas que vivían en ese momento, al abogado Ambrosio Rodríguez para que averiguara sobre el paradero de sus padres. No olvida que, de regreso de Argentina, el ex "Procurador General de la República" les relató sobre la relación de su padre con los Montoneros y los Tupamaros. El abogado de Pinochet se escuda en el "secreto profesional" frente al ministro Juan Guzmán, pero ya se había contradicho en otras declaraciones, cuando admite que viajó a Buenos Aires con el encargo profesional de buscar a la pareja desaparecida y luego sostiene que su ida era producto de "gestiones deportivas", como dirigente del fútbol.

Lo cierto es que fue a Argentina, que preguntó por los Stoulman Pessa y se reunió con "el gerente" Manuel Contreras, quien también ha conocido de su mano defensora en los tribunales chilenos.

La necesidad del desafuero

Para el abogado Eduardo Contreras, la Operación Cóndor "es uno de los episodios criminales más emblemáticos de la dictadura militar, al menos por tres de sus rasgos singulares. Primero, por la dramaticidad del horror aplicado a las víctimas, luego por su alcance internacional y finalmente porque, quizás más que en otros casos, aquí está más clara que nunca la participación personal de Pinochet como autor directo".

El desafuero del ex dictador, hoy presentado como "ex presidente", se solicita por "la existencia de los delitos y fundadas sospechas de su participación en ellos, pues para procesarlo es necesario quitarle la protección que le da el fuero de los ex presidentes de la República, creado ex profeso a favor del inculpado por la ley 19.672, publicada en el Diario Oficial de 28 de abril del año 2000", según señala Contreras.

Para los abogados querellantes, "la existencia de la asociación ilícita y de los delitos de secuestros calificados de los que trata este proceso, está sobradamente acreditada. La participación en los ilícitos de Augusto Pinochet en calidad de autor -en los términos del artículo 15 del Código Penal- ha sido demostrada plenamente.

No es un detalle menor recordar que los procesos sobre el crimen de Orlando Letelier y Ronnie Moffit, el caso de los 119 de Operación Colombo, el del asesinato del General Carlos Prats y su esposa Sofía, y el atentado contra Bernardo Leighton y su esposa, aunque hayan sido tratados separadamente por razones procesales, forman parte precisamente de la estrategia del Plan Cóndor. Las declaraciones públicas del propio inculpado, las informaciones de prensa de la época y la explícita confesión del director de la DINA, Manuel Contreras, lo confirman.

Los delitos que analizamos no sólo violan disposiciones de nuestro ordenamiento penal. Son crímenes contra la humanidad que violan además, entre otros documentos, la Declaración Universal de los Derechos del Hombre, la Declaración Americana de los Derechos y Deberes del Hombre, el Pacto Internacional de Derechos Civiles y Políticos, las convenciones de Ginebra vigentes en Chile a la época de los ilícitos y la Convención de Viena sobre el Derecho de los Tratados".

La "demencia incurable"

Los querellantes realzaron el hecho de que "ante la imposibilidad de demostrar la inocencia del inculpado, su defensa alegó su demencia sobreviniente. Más allá de las irregularidades de la pericia a que fue sometido en el caso Caravana de la Muerte, que fueron oportunamente denunciadas, el examen demostró que su memoria, atención y funciones de reconocimiento eran muy buenas y que distinguía perfectamente lo bueno de lo malo. Es decir, es perfectamente imputable, y hoy tenemos nuevas pruebas de eso. Adjuntamos el video de la entrevista para la televisión de Miami de diciembre pasado, junto a su transcripción, donde se le aprecia perfectamente lúcido.

Además, el propio inculpado nos muestra día con día que no está ni loco ni demente. Hace pocas noches, según informó ‘El Mercurio’, Pinochet concurrió a una animada cena al restaurante ‘Lily Marlene’, donde escuchó esas marchas nazis que tanto le agradan. Se le ve sonriente, rebosante de salud, por lo que practicarle nuevos exámenes mentales es absolutamente posible y necesario" 

QUATRE QUESTIONS SUR LES FAILLES DE L’ÉGLISE CHILIENNE



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L’ARCHEVÊQUE DE SANTIAGO, RICARDO EZZATI,
CÉLÈBRE LA MESSE À SANTIAGO, DE RETOUR
DE LA VISITE AU VATICAN, LE 18 MAI 2018.
PHOTO LUIS HIDALGO
Les évêques chiliens ont annoncé vendredi 18 mai leur démission collective suite aux affaires d’abus sexuels qui ont secoué l’Église du pays. 

Loin de mettre un point final à la crise, cette décision marque au contraire le point de départ d’un long processus de reconstruction, qui donne au pape a le champ libre pour choisir ses hommes.

1 / Pourquoi les évêques chiliens ont-ils démissionné ?

Vendredi 18 mai, au lendemain des trois jours de prière et de réflexion auxquels le pape François les avait convoqués à Rome, les 32 évêques diocésains et auxiliaires du Chili ont annoncé « remettre (leurs) charges pastorales entre les mains du pape » afin que celui-ci « puisse, librement, disposer » d’eux. Une démission collective à l’initiative de tout un épiscopat, inédite dans l’histoire de l’Église, à laquelle les évêques chiliens étaient en fait acculés.

Mardi matin, au cours de la première de leurs quatre rencontres avec le pape, celui-ci leur a lu un texte où il tirait ses propres conclusions de la « mission spéciale » au Chili qu’il avait confiée à Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte et spécialiste des abus sexuels.

Ce texte, sans appel, soulignait « l’existence de négligences gravissimes dans la protection des enfants vulnérables de la part d’évêques » et le fait que des prêtres expulsés pour « comportements immoraux » avaient été accueillis dans d’autres diocèses, qui leur ont confié des charges impliquant « un contact quotidien et direct avec des mineurs ». François relevait aussi que de « graves problèmes » concernant « beaucoup d’abuseurs » avaient été détectés dès le séminaire et que des évêques auraient en outre confié la direction de séminaires à « des prêtres soupçonnés d’homosexualité active ».

Concernant les plaintes des victimes, le pape a pointé du doigt la légèreté et le retard avec laquelle elles ont été traitées, certaines étant jugées « invraisemblables » malgré « de graves indices d’un délit effectif », tandis que d’autres étaient classées sans enquête. Le pape évoque des pressions exercées sur les juges ecclésiastiques chargés d’enquêter et la destruction de « documents compromettants » dans les archives de l’Église.

2/ L’Église du Chili se retrouve-t-elle sans évêques ?

Après une semaine à Rome, les évêques chiliens sont maintenant de retour dans leurs diocèses. Car, même démissionnaires, ils restent en poste jusqu’à ce que le pape accepte leur départ. Dans certains cas, la décision romaine ne devrait pas tarder. Dans d’autres, François pourrait prendre le temps de la réflexion, et peut-être réexaminer les dossiers.

D’autant que, à cause sans doute du choc provoqué vendredi, de nouvelles affaires se font jour. Ainsi, à Rancagua, au sud de Santiago, des prêtres sont accusés depuis ce week-end d’avoir formé un vaste réseau sectaire d’abus sexuels. L’évêque, Mgr Alejandro Goic, aurait reçu des dénonciations il y a un an et demi mais n’aurait pas bougé, faute de preuves, alors même qu’il préside la commission de lutte contre les abus sexuels. Finalement, ce week-end, il a annoncé avoir suspendu de leur ministère 15 prêtres, près du quart de son clergé !

Toutefois, la démission collective des évêques chiliens doit permettre au pape d’avoir les mains libres, et non noyer les responsabilités. Il a prévenu dès mardi que les problèmes « ne trouveront pas de solutions seulement en abordant les cas concrets et en les réduisant au renvoi de personnes ». « Cela – je le dis clairement –, il faut que nous le fassions mais ce n’est pas suffisant, il faut aller plus loin, a-t-il affirmé. Il serait irresponsable de notre part de ne pas approfondir en cherchant les racines et les structures qui ont permis à ces événements concrets de se produire et de se perpétuer. »

Il a ainsi mis en évidence une « psychologie élitiste (qui) a fini par générer des dynamiques de division, de séparation, des “cercles fermés” conduisant à des spiritualités narcissiques et autoritaires ». Au point que les évêques chiliens n’ont pas hésité, selon ce qu’ont expliqué les victimes elles-mêmes, à « duper » le pape sur la réalité des faits, l’entraînant à prendre fait et cause pour eux, au mépris des victimes. Il faudra beaucoup de temps à l’Église chilienne pour se rebâtir sur des bases saines, mais François veut que tous soient impliqués et que, cette fois, les laïcs ne soient pas mis à l’écart.

3/ Comment réagit-on au Vatican ?

Les rencontres entre le pape et les évêques chiliens ont été de réels face-à-face. Seul le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, a assisté aux réunions, le reste de la Curie restant en marge dans une affaire où le pape avait été personnellement exposé. Pendant toute la semaine, le Vatican a d’ailleurs fonctionné comme à son habitude.

Samedi, pourtant, la concomitance entre l’annonce de la canonisation de Mgr Oscar Romero et les obsèques du cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, figure de la reprise en main romaine de l’Église latino-américaine sous Jean-Paul II, poussait certains à s’interroger sur l’opportunité de revisiter ce passé.

Or, il se trouve qu’une autre figure de cette reprise en main romaine est particulièrement concernée par le Chili : le cardinal Angelo Sodano, ancien secrétaire d’État de Jean-Paul II. Nonce au Chili sous la dictature, il a en grande partie façonné l’Église chilienne actuelle, bien loin de ce qu’en avait connu le jeune jésuite Bergoglio dans ses années de formation. À bien des égards, la « psychologie élitiste » de l’épiscopat chilien est due à celui qui est longtemps resté très impliqué dans les affaires du Chili. L’actuel nonce, expressément prié de ne pas venir à Rome la semaine dernière, est d’ailleurs un des protégés de celui qui, malgré ses 90 ans, reste, comme doyen du Sacré Collège, un personnage très influent à la Curie.

4 / Est-ce un message pour le reste de l’Église ?

S’il ne faut pas extrapoler outre mesure le cas chilien, la manière dont le pape a géré cette crise est un message clair à tous les épiscopats qui seraient tentés de minimiser auprès de Rome les affaires d’abus sexuels, voire d’essayer d’y impliquer le pape. Le cas chilien est toutefois très particulier, enraciné dans un terreau spécifique que François a analysé avec beaucoup de finesse.

Le parallèle avec les affaires Pell, en Australie, ou Barbarin, en France, est difficile à établir : il s’agit de cas sur lesquels les justices nationales ne se sont pas encore prononcées ; François lui-même a eu l’occasion d’expliquer qu’il ne se prononcerait qu’après leurs jugements. De même en ce qui concerne l’application du motu proprio Comme une mère aimante de 2016 sur les négligences des évêques : celui-ci n’étant pas rétroactif, il ne s’appliquait pas à la plupart des affaires chiliennes.

Toute cette affaire souligne toutefois la réaffirmation de la politique de « tolérance zéro » que François entend mener à la suite de Benoît XVI. Mais elle met aussi en évidence les limites de la politique vaticane en la matière, encore trop exposée aux velléités cachottières de certains épiscopats. Plus que jamais, l’idée lancée par les conseillers du pape de créer sur les différents continents des tribunaux dépendant directement du Vatican, et non des diocèses semble d’actualité.

Nicolas Senèze, à Rome




dimanche 20 mai 2018

CHILI: L'EGLISE DE NOUVEAU SECOUÉE PAR UN SCANDALE SEXUEL


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 CATHÉDRALE DE SANTIAGO, AU CHILI.
PHOTO D'ILLUSTRATION CLAUDIO REYES  
Après la démission de 34 évêques chiliens vendredi pour la gestion d'une affaire de pédophilie, le pays sud-américain est une nouvelle fois touché par un scandale sexuel en cette fin de semaine.
LE PRÊTRE LUIS RUBIO
 CAPTURE D'ÉCRAN 
L'archevêché de Rancagua (centre) a déposé plainte samedi contre un prêtre accusé de conduite sexuelle inappropriée envers une paroissienne, nouveau scandale pour l'Église chilienne après la démission en bloc de ses évêques vendredi pour leur gestion d'une affaire de pédophilie.

Elisa Fernández, de la ville de Paredones (centre), a accusé le prêtre Luis Rubio, 54 ans, de lui avoir envoyé des photos où il apparaissait nu en septembre 2017, comme l'a révélé un reportage diffusé vendredi sur la chaîne Canal 13. 

"Nous avons déposé une plainte devant le procureur de Santa Cruz, avec les informations fournies par Canal 13 concernant Luis Rubio", a déclaré l'archevêque de Rancagua, Alejandro Goic, dans un communiqué.

Aucune enquête lancée au moment des faits

Elisa Fernández a reçu ces photos sur un compte Facebook créé en se présentant comme une mineur de 16 ans, afin d'obtenir des preuves du comportement sexuel inapproprié de Luis Rubio et d'autres prêtres depuis au moins deux ans. 

Selon Elisa Fernández, qui a été membre active de la paroisse pendant 14 ans, Luis Rubio et 17 autres prêtres faisaient partie d'un groupe au comportement sexuel inapproprié et dans lequel ils évoquaient leurs préférences sexuelles.

"Oui, c'est sûr, mais moi aussi j'ai arrêté tout cela... C'était une erreur de ma part, je le reconnais", a admis Luis Rubio dans le reportage.

Elisa Fernández affirme avoir rapporté ces méfaits à l'archevêque Goic en 2017, mais aucune enquête n'avait été lancée. 

"Je tiens à demander pardon pour mon comportement dans cette affaire. Je reconnais avoir reçu cette jeune femme qui apparaît dans le reportage et avoir ensuite agi sans la souplesse adéquate", a reconnu l'archevêque Goic.

Suspension temporaire

Quelques jours avant la diffusion du reportage, le prêtre Rubio avait alerté ses supérieurs de son "comportement inapproprié". Il a été suspendu temporairement de ses fonctions.

Vendredi, après une réunion avec le pape, les 34 évêques de l'Eglise catholique chilienne ont présenté leur démission collective pour ne pas avoir géré de manière appropriée les dénonciations d'abus sexuels. Depuis 2000, quelque 80 prêtres ont été accusés d'abus sexuels au Chili. 

En 2011, le Vatican avait condamné le prêtre pédophile Fernando Karadima à une "vie de prière et de pénitence", les faits en question étant prescrits selon la justice chilienne. 

C'est l'omerta présumée de Juan Barros, évêque chilien soupçonné d'avoir caché les actes pédophiles du père Karadima, qui est à l'origine de l'énorme scandale pour lequel le pape a convoqué les évêques chiliens.

C. P. avec AFP