Catégorie

mardi 30 septembre 2014

EMMA WATSON DANS UN FILM SUR LA DICTATURE CHILIENNE



L'ACTRICE BRITANNIQUE ET LE COMÉDIEN HISPANO-GERMANIQUE SERONT LES HÉROS DU THRILLER COLONIADIGNIDAD, FILM DU RÉALISATEUR FLORIAN GALLENBERG.
Sa fiancée Lena, interprétée par Emma Watson, le cherche désespérément dans toutes les prisons du Chili avant de le retrouver dans le sud du pays, dans un endroit appelé Colonia Dignidad (Colonie Dignité).

«La Colonie est un endroit qui ressemble à une mission humanitaire du prédicateur laïc Paul Schäfer, mais c'est en réalité un lieu duquel personne n'échappe», explique la société Majestic dans un communiqué.

En dépit du danger, Lena décide d'entrer dans la mission pour y rejoindre Daniel.

Le réalisateur est l'Allemand Florian Gallenberger, qui en 2001 a remporté l'Oscar du meilleur court métrage pour Quiero ser, dont il signe aussi le scénario avec Torsten Wenzel.

Le film sera tourné d'ici la fin de l'année à Munich, à Berlin, au Luxembourg ainsi qu'en Amérique latine.

Daniel Brühl, qui a joué dans Inglourious Basterds (2009) et Au revoir Lénine! (2003), a été nommé cette année pour le Golden Globe du meilleur second rôle dans Rush.

Emma Watson, qui été nommée en juillet première ambassadrice de bonne volonté d'ONU Femmes, est connue pour avoir incarné Hermione Granger dans la saga Harry Potter.

jeudi 18 septembre 2014

LA CHILICON VALLEY : LA RÉVOLUTION START-UP DU CHILI

[ Pour écouter, cliquer sur la flèche ]

          
 GRAND REPORTAGE -  RFI « LA CHILICON VALLEY : LA RÉVOLUTION START-UP DU CHILI » DIFFUSÉ LE JEUDI 18 SEPTEMBRE 2014
DURÉE : 00:19:29 

mercredi 17 septembre 2014

RONDES DE JOUR PLACE DE MAI

PHOTO OWEN FRANKEN
Car depuis qu’en 1580 don Juan de Garay a fondé la ville de Santa Maria de los Buenos Aires, sa plaza Mayor, qui ne s’appelait pas encore «place de Mai», a tourné le dos au fleuve, comme pour nier le temps ; et, dans les bâtiments qui la ceinturaient - le cabildo [conseil municipal, ndt] où siégèrent les représentants du roi, le fort, qui devait la défendre contre les pirates et les invasions anglaises, la cathédrale et les autres édifices de l’Eglise -, elle voulut représenter un ordre politique d’origine divine, donc éternel.

Mais, depuis le début et pendant des siècles, Buenos Aires ne fut rien de plus que le dernier bastion, et le plus oublié, de l’empire espagnol - tout juste le port Cerbère de ce fleuve qui conduisait au cœur du continent et à ses mines d’argent, la dernière escale avant le voyage à travers les eaux funestes de la Patagonie et du cap Horn. Sans carrières et sans forêts, Buenos Aires était à peine plus qu’un décor de boue et de roseaux ; et la plaza Mayor, pendant des siècles, un bourbier où s’enlisaient les charrettes, barbotaient les troupes, tremblaient les échafaudages sur lesquels travaillaient les esclaves, et de temps à autre passait en tanguant le carrosse d’un vice-roi faisandé par l’ennui et la paresse. Pour le reste, l’Espagne avait interdit tout commerce avec l’extérieur ; et la vraie vie de Buenos Aires a sans doute commencé dans le port où, inspiré par les contrebandiers français, un groupe de révolutionnaires décida de porter au cabildo le projet de rejeter l’autorité du roi d’Espagne. La foule qui suivit ces débats en mai 1810 lui a donné son nom actuel, place de Mai, et c’est ainsi que le lieu est devenu célèbre dans toute l’Amérique, à mesure que se répandait l’étincelle de la révolution et de l’indépendance.

Mais il a fallu attendre soixante-dix ans, la consolidation de l’Argentine et la consécration de Buenos Aires en tant que capitale de la République, pour que la place de Mai prenne sa nouvelle physionomie ; centre névralgique d’un pouvoir soumis au nouvel ordre mondial et aux implacables décrets de la division internationale du travail, qui avait assigné à notre pays l’emploi exclusif de producteur de matières premières. Depuis la Maison du gouvernement, installée dans les anciens locaux du fort, jusqu’au nouveau Congrès, situé de l’autre côté de la place, c’est ici qu’on a décrété et organisé l’extermination des peuples indigènes de Patagonie et du Chaco, l’immigration de millions d’Européens affamés qui travailleraient les terres ainsi dépeuplées, pour la gloire et la fortune des nouveaux latifundistes, petits-bourgeois convertis en oligarques tout-puissants. Jour après jour, décennie après décennie, des immigrants italiens, espagnols, français descendaient des bateaux, regardaient cette ville, scandaleusement enrichie par les droits de douane sur les matières venues de l’intérieur et partant vers l’Europe, et croyaient voir dans la place de Mai le centre d’un ordre éternel non plus inspiré par Dieu, mais par la Raison, la Science et le Capitalisme. Cette scénographie, le fleuve de l’histoire n’allait pas tarder à la bouleverser de nouveau.

En 1916, la place accueille Hipólito Yrigoyen, premier président élu au suffrage dit «universel» - quoique sans les femmes -, représentant de la classe moyenne montante. Mais c’est un événement de 1945 qui changea véritablement le sens de la place : ici, au cœur même du «Paris du Sud», un flot intarissable de «damnés de la terre» vient exiger la libération du colonel Juan Domingo Perón qui, en deux ans à peine comme ministre du Travail, leur a donné plus d’avantages que tous ceux dont avaient rêvé les mouvements et partis de gauche. Comparés par les intellectuels du système aux malones, car beaucoup descendaient des peuples aborigènes, qualifiés «d’alluvion zoologique», car la majorité appartenait au prolétariat immigré, ces marcheurs de la vérité furent un mouvement aussi puissant que pacifique, qui provoqua non seulement la libération de Perón, mais aussi son arrivée au pouvoir, une chose à laquelle lui-même ne semblait pas avoir pensé.

Pendant la décennie la plus déterminante du XXe siècle, faisant du souvenir de son premier discours du 17 octobre un rite, lui et sa femme Evita apparaissaient au balcon de la Maison du gouvernement. C’est peut-être pour ça que, lorsque l’oligarchie menacée commença d’organiser leur chute, son premier acte fut de bombarder la place de Mai, assassinant des centaines de civils, le 16 juin 1955. Le coup d’Etat qui suivit, trois mois plus tard, provoqua deux décennies de résistance et de répression. Elles ne semblèrent dépassées que lorsque le leader revint d’exil et apparut au balcon, face à la place bondée. Mais Perón était déjà vieux et mourant, et l’oligarchie profita de sa décadence pour installer la dictature qui, à partir de mars 1976, se proposa de vider la place de Mai pour toujours.

Cependant, le 30 avril 1977, un groupe de femmes de toutes origines sociales, fatiguées de voir leurs demandes égarées dans le labyrinthe bureaucratique, arriva sur la place pour réclamer au dictateur Videla leurs enfants «disparus». Pour se reconnaître, elles se couvrirent la tête d’abord avec des couches de leurs enfants, puis avec des mouchoirs blancs. On reste bouleversé par les photos de ces années-là. Les mouchoirs révèlent le drame d’une vie secrètement confinée au camp d’extermination, la tragédie d’une subjectivité ancrée dans un deuil impossible, l’angoisse de vivre avec l’image d’une horreur qu’on ne peut signifier. Comme les militaires leur ordonnaient de «circuler», les Mères commencèrent à marcher en cercle autour du centre de la place de Mai, les jeudis, jour central de la semaine, suggérant une éternité supérieure à n’importe quel monument, et qui, jusqu’à ce jour, ne s’est pas éteinte, pas même avec la confirmation de la mort des disparus, pas même avec la mort de la plupart des Mères elles-mêmes. Car tout ce qui a suivi - l’arrivée de la démocratie, la lutte pour sa défense et sa consolidation - n’a été rien d’autre qu’une manière d’entrer dans la lente ronde des Mères de la place de Mai, de les perpétuer. La place de Mai, deux siècles après sa création, n’est pas qu’un espace public ; c’est le lieu où, lorsqu’un pouvoir prétend devenir absolu, du fond le plus imprévu et ignoré de nous-mêmes, surgit la libération.

Dernier roman : «la Nuit recommencée», Seuil, 2014.

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Philippe Lançon.


Leopoldo BRIZUELA Ecrivain

mardi 16 septembre 2014

« LE FEU » D'HENRI BARBUSSE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

« LE FEU » EST D'ABORD PUBLIÉ, EN 1916, SOUS FORME DE FEUILLETON DANS L'OEUVRE, LE JOURNAL RADICAL-SOCIALISTE DE GUSTAVE TÉRY. PHOTO : RUE DES ARCHIVES

Henri Barbusse (1873-1935) est un des témoins majeurs de la Grande Guerre. En 1914, il s'engage dans l'infanterie. Partant de son expérience au front, il raconte la vie des poilus, d'abord publiée en feuilleton dans L'œuvre par Gustave Téry dès août 1916, puis en livre. Il obtient le Prix Goncourt en 1916.

Mobilisés ou engagés volontaires, de nombreux écrivains témoignent des combats et de la vie dans les tranchées. Cette littérature du front triomphe auprès du public et surtout des jurys littéraires. Ces romans ont une valeur documentaire, ils sont des témoignages précieux.

La rubrique littéraire du Figaro de l'époque consacre des critiques sur ces romans couronnés par le Goncourt ou le Femina. Voici celle consacrée au «Le Feu» d'Henri Barbusse.



Henri Barbusse : LE FEU  

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

ARTICLE PARU DANS LE FIGARO DU 3 JANVIER 1917.
L'auteur de Le Feu, M. Henri Barbusse, représente depuis la guerre, le troisième lauréat du prix Goncourt. M. René Benjamin en fut, en 1916, le premier titulaire avec Gaspard, roman agréable et non sans mérite où l'écrivain dispose avec adresse, autour d'un personnage grossi, et violemment enluminé à la manière d'une affiche, les panoramas pittoresques de la nouvelle épopée. Nous avons dit tout le bien qu'il faut penser de L'Appel du sol, de M. Adrien Bertrand, le bénéficiaire du prix de 1914 demeuré en souffrance; œuvre éminemment distinguée d'un philosophe que sert une sensibilité très fine et dont la pensée garde, dans le tumulte des éléments déchaînés, sous le fracas des shrapnells et des marmites, l'orgueil et comme la coquetterie de sa clairvoyance.

Le Feu, de M.Henri Barbusse, se distingue tout à fait de ces ouvrages qui sont, à des titres divers, intéressants ou remarquables. Il affecte de négliger les artifices ou même l'habileté professionnelle dont M. René Benjamin ne dédaigne jamais les ressources; et son attitude dans le grand drame où il est jeté paraît exactement contraire à celle que choisit M. Adrien Bertrand; tandis que celui-ci s'efforce à sauvegarder sa personnalité, comme Stendhal pendant la retraite de Russie, en se détachant provisoirement du groupe que forment ses compagnons de bataille, M. Henri Barbusse met une sombre ardeur et une sorte de volupté farouche à s'y confondre et s'y abîmer. «Journal d'une escouade», porte, en sous-titre, Le Feu; et les hommes parmi lesquels il vit et qu'il observe sont, en effet, les plus simples, les plus modestes, et aussi les plus, émouvants des guerriers; aucun d'eux qui soit poussé en avant ou, accapare l'attention par la complaisance ou l'intrigue du romancier; ils restent égaux et sur le même plan, à peine distincts, sous le casque uniforme, à quelques traits de physionomie qui semblent presque négligeables quand on voit en eux des effigies de ce type sublime et douloureux, de cet être superbement représentatif sculpté dans un bloc de boue et qu'anime un idéal: le soldat de France.

Terribles tableaux de la misère quotidienne des tranchées
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

 PHOTO COLLETION ARCHIVES LARBOR
Dans un de ces colloques de tranchées que note avec un scrupule d'exactitude méticuleux M. Henri Barbusse, un poilu déclare que de toutes les horreurs de la guerre telles qu'il se les représentait, ce ne sont pas les massacres ni les assauts qui lui parurent le plus redoutables, mais la pluie qui, nuit et jour, pénètre et trempe les hommes en leurs «boyaux» étroits et parfois, après les grosses averses noie dans les trous d'obus les guetteurs surpris par une avalanche d'eau et dont les lourdes bottes n'ont point de prise sur la terre gluante qui les entoure. M. Henri Barbusse trace des tableaux terribles de cette misère quotidienne qui compose un aspect nouveau de la tragédie de la guerre dont elle aggrave la souffrance d'une cruauté encore inconnue. Les anciens conflits préservaient les soldats de telles épreuves; ils avaient leurs trêves, leurs armistices, leurs hivernages; on pu même, au dix-huitième siècle, donner à une forme de guerre, alors en faveur, une dénomination qui, a distance, lui confère une apparence de jeu héroïque: la guerre de consentement mutuel. La conflagration présente, au regard de M. Henri Barbusse, a dépouillé le soldat de son caractère professionnel en le ramenant à un spécimen d'humanité élémentaire dont les plaisirs se confondraient avec les besoins immédiats de la nature; et quant au lustre que lui promet un admirable héroïsme, il n'aime point, il supporte mal qu'on l'en vante, comme si l'héroïsme comportait une sorte d'élégance, un divertissement accepté dont il accomplirait les rites avec allégresse. Il y a, sur ce chapitre, une petite scène épisodique et bien significative entre des civils guêtrés de fauve ou bottés de vernis, qui viennent dans les tranchés complimenter les «poilus» de leur courage. Le courage, c'est leur affaire; et ils écartent, dirait-on, avec une pudeur farouche, les éloges qui touchent avec imprudence des coins réservés de leur cœur dont ils estiment, non sans raison peut-être, demeurer les seuls juges; ils se calomnieraient plutôt que de les accueillir ingénument.

Tels paraissent être, du moins, les sentiments de l'escouade de M. Henri Barbusse, poète d'un talent rare que son âge autorisait à chanter à loisir la guerre en dentelles, mais qui préféra en août 1914, endossé la capote du fantassin et, sous ce modeste uniforme, mérita d'être cité deux fois à l'ordre du jour ; et l'on écoute avec la gravité qui convient la déposition de ce témoin doublement recommandable dont le livre fait une peinture sinistre du spectacle qu'il connait bien. Cependant il est permis de penser que la sensibilité particulièrement vive de M. Henri Barbusse a pu les colorer ou que, du moins, sa vision ne correspond point, sur tous les points du front, à la réalité des choses.

« LE FEU »  D'HENRI BARBUSSE 
On pourrait étendre la même remarque aux opinions politiques que l'auteur du Feu prête aux soldats dont il se constitue l'interprète. Son livre, qui est en partie un ouvrage descriptif, où l'auteur, pour présenter ses personnages, montre le souci d'un réalisme minutieux et violent, enferme par surcroit une sorte de dogmatisme; et alors les soldats qu'il a peints et dont la vision obsède, étreint, attriste l'imagination, semblent être, sous la direction de l'auteur, des porte-paroles complaisants, des comparses auxquels il confie le soin d'illustrer des idées qui deviennent plus pathétiques en passant par leurs bouches.
Faire la guerre à la guerre

Il faut établir d'abord une distinction entre les mérites pittoresques du Feu et son enseignement. Les premiers sont, quelquefois très remarquables. M. Henri Barbusse appelle son journal un roman, et ce titre, sans doute, est devenu assez souple, assez vague, pour désigner des œuvres de caractère très différent; signalons seulement que les notations prises au jour le jour par M. Henri Barbusse peuvent être, sans inconvénient, transposées, et qu'aucune logique apparente ne règle l'ordre et la succession des chapitres. Mais, parmi ces croquis d'une valeur inégale et dont quelques-uns ne paraissent avoir qu'une importance de hors-d'œuvre, deux au moins sont du premier ordre, et atteignent presque à la vigueur, à la sobriété, à la puissance du chef d'œuvre: c'est la Permission et le portique, bas-reliefs saisissants que le poète sculpte sur une nouvelle porte de l'Enfer et où la pauvre humanité, emportée dans le grand drame qui la dépasse, regarde avec étonnement les sentiments de douceur, de tendresse et de pitié que des siècles de civilisation déposèrent en son âme. J'avoue goûter moins la philosophie que les poilus de M. Barbusse professent ou que professe M. Barbusse par l'entremise de ses poilus. Que l'auteur du Feu entende faire la guerre à la guerre plutôt que de combattre une autre nation, c'est une conception à laquelle chacun souscrirait volontiers si elle ne se confondait, dans l'espèce, avec l'idée même de patrie dont M. Henri Barbusse se propose de la disjoindre.

On rencontre dans Le Feu un caporal très brave et attaché à son devoir, quoique pacifiste
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PHOTO FRED STEIN
On rencontre dans le Feu un caporal très brave et attaché à son devoir, quoique pacifiste, le caporal Bertrand qui, avant de mourir, confesse pour la première fois ses préférences politiques en saluant la bravoure de Liebknecht. Le caporal qui me parait admirable jusqu'à ce propos- exclusivement- ignore ou oublie un seul fait mais considérable: c'est que le social démokrate, avant de devenir le martyr provisoire de l'impérialisme boche, en fut le complice et prit sa part de l'attentat qui exalta la colère légitime du caporal Bertrand en votant, le 4 août 1914, l'emprunt de guerre. Si la combinaison lui parut, ensuite, moins agréable ou avantageuse, soit pour son pays, soit pour son parti, le souvenir de son attitude initiale ne doit être oublié, et M. Henri Barbusse le rappellerait avec profit aux camarades que peut troubler d'aventure la dernière parole de son ami Bertrand, moins sûr comme penseur que comme militaire. Quant à la doctrine qui attend d'un socialisme fondé sur l'égalité des hommes un «progrès» et une garantie, en quelque sorte, de la paix universelle, il importe extrêmement d'y prendre garde; de bons esprits, en effet, et prudents, témoignent que la guerre fut décidée, voici trente mois, beaucoup plus par le peuple allemand, et, comme dit M. Henri Barbusse, par les «esclaves» que par le Kaiser dont l'esprit inclinait à assurer le triomphe de l'Allemagne par le long travail des conquêtes pacifiques.

L'enseignement de le Feu ne semble pas être un manuel d'usage pour la France dont la patience à l'égard des provocations boches atteignit à l'extrême limite de la longanimité. C'est d'ailleurs, à ce qu'il paraît, le sentiment des braves gens dont M. Henri Barbusse dresse de si vivantes images et qui n'accepteraient peut-être point les sacrifices imposés par une guerre de luxe, si l'on peut dire, mais prétendent grâce à leurs rudes efforts, assurer aux foyers français des garanties que la meilleure philosophie politique et la plus disposée à l'optimisme leur promettrait en vain.

Les gros mots

Du reste, la dialectique un peu doctrinale que l'auteur du Feu prête à ses compagnons d'escouade et qui communique à certains coins des tranchées des airs imprévus de parlotes, ne présente qu'une importance accessoire, sinon dans les intentions de l'auteur, du moins dans l'économie du livre, et M. Henri Barbusse, en général se montre plus soucieux du pittoresque que du dogmatique; il pousse même le respect de la réalité jusqu'au scrupule et presque à des coquetteries d'esthète.

Au milieu de cet ouvrage si gravement douloureux, on lit avec un peu de surprise un chapitre intitulé: les Gros Mots et qui apparait à la 182e page comme un rappel de préface oublié: c'est le dialogue de deux philosophes du Portique ou peut-être de Médan qui, dans la tranchée, abordent sous le feu un délicat problème de littérature. S'avançant à quatre pattes à travers la paille, le soldat Barque, qui a «des petits yeux vifs au dessus desquels se plissent et se déplissent des accents circonflexes», éprouve le besoin de savoir si son camarade l'écrivain, c'est-à-dire M. Henri Barbusse lui-même, gardera à ses récits de guerre la crudité «des choses que les imprimeurs n'aiment pas besef imprimer» ; et comme son interlocuteur proteste avec conscience, avec dignité qu'il saura mettre «les gros mots à leur place», il s'écrie avec admiration:

-Veux-tu mon opinion? quoique je n'y connais pas en livres, c'est courageux…

Le soldat Barque exagère; une telle évocation de courage entre les hommes qui depuis deux ans et demi vivent une telle vie, est même assez étrange, mais non expressément démonstrative. Je me souviens d'avoir publié voici quelques dix ans, dans le Supplément littéraire du Figaro, un document bien curieux et piquant: le rapport d'un ancien clerc de notaire devenu sergent dans la Grande Armée; il se rapportait à un ordre du maréchal Bessières engageant les troupes sous ses ordres à ne point trop réparer le désordre de leur tenue avant de faire leur entrée dans la capitale. Le maréchal Bessières, qui n'était pas un homme de lettres, avait le souci d'être pittoresque; comment l'auteur du Feu y eût-il échappé? Il ne faut pas vernir les épopées, c'est entendu ; d'aucuns estimeront que M. Henri Barbusse abuse des «effets» qu'offre d'aventure à un peintre militaire l'argot des corps de garde. Quoi qu'il en soit, ceux-là mêmes qui accueilleront avec réserve les rudesses ou les obscénités de ce langage spécial reconnaîtront la force et l'intérêt du Feu, tout, à fait digne du suffrage dont vient l'honorer l'Académie Goncourt.
Par Francis Chevassu


Repères biographiques

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PHOTO FRED STEIN
Henri Barbusse est né le 17 mai 1873. Il est d'abord journaliste et nouvelliste (L'Écho de Paris, Le Matin). En 1908, il écrit un premier roman naturaliste L'Enfer. Son grand succès est Le Feu, journal décrivant l'horreur des combats, paru en 1916, qui obtient le Prix Goncourt. On le surnomme alors le «Zola des tranchées». En 1923, Barbusse adhère au parti communisme. Admirateur de la Révolution russe, il en fait un livre en 1921 Le couteau entre les dents. Il cherche à définir une «littérature prolétarienne». Pacifiste, il prend la tête du mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel avec Romain Rolland et Albert Camus, au moment de la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne. Il meurt à Moscou le 30 août 1935 lors d'un de ses voyages en URSS. Il est enterré au Père Lachaise à Paris.

LE MATCH DE FOOTBALL LE PLUS POLITIQUE DE L’HISTOIRE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

11 septembre 1973, la CIA et les généraux chiliens mettent un terme à une révolution démocratique, socialiste et pacifique.









PAR BERNARD GENSANE 

Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]   
DES PRISONNIERS POLITIQUES 
AU STADE NATIONAL À SANTIAGO. 
LE 22 SEPT 1973
Alors qu’une bonne partie de l’Occident regarde ailleurs (Pompidou déniera à Allende son titre de président : «le docteur Allende», dira-t-il), l’Union Soviétique décide de marquer le coup dans le domaine du sport.

Le 21 novembre 1973, un match de football oppose l’équipe du Chili à celle de l’URSS. Dans le cadre de la qualification pour la coupe du monde de football de 1974. Face à l’équipe chilienne : personne. Francisco Valdés Muñoz marque à la deuxième minute dans un but vide. Le match aller s’était terminé à Moscou sur le score de 0 à 0. Onze joueurs chiliens restèrent 90 minutes sur la pelouse, sous contrôle arbitral et devant 40 000 spectateurs.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


FRANCISCO « CHAMACO » VALDÉS MUÑOZ, LE BUTEUR DU « MATCH ».

Le match de football le plus politique de l’histoire

L’URSS avait décidé de ne pas jouer dans un stade camp de concentration où se pratiquait la torture. Après avoir été détenu à l’Estadio Chile (qui porte désormais son nom), le chanteur communiste Victor Jara  sera torturé dans l’Estadio nacional : il aura les doigts coupés par une hache, les militaires lui intimant l’ordre de chanter pour eux. Il les défiera en se tournant vers les militants détenus et entonnant l’hymne de l’Unité populaire avant d’être fusillé avec les militants qui avaient chanté avec lui.

Pour la FIFA, l’ordre régnait à Santiago. La Fédération chilienne de football avait proposé à Viña del Mar, à 120 kilomètres de Santiago. Pinochet refusa. Une délégation de la FIFA vint inspecter le stade et estima que tout était calme à Santiago alors que le stade abritait encore 7 000 détenus. Mais les militaires avaient nettoyé toutes les traces de sang.

La Fédération de football soviétique publia le communiqué suivant :
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PRISONNIERS
TORTURÉS
« Pour des considérations morales, les sportifs soviétiques ne peuvent pas jouer en ce moment au stade de Santiago, souillé du sang des patriotes chiliens. L'URSS exprime une protestation ferme et déclare que dans les conditions actuelles, quand la FIFA, agissant contre le bon sens, permet que les réactionnaires chiliens les mènent par le bout du nez, on doit refuser de participer à ce match sur le sol chilien, ceci par la faute de l'administration de la FIFA».

L'Allemagne de l'est, la Pologne, la Bulgarie menacèrent, elles aussi, de boycotter le Mondial. Puis elles retirèrent leur menace.


SUR LE MÊME SUJET :

lundi 15 septembre 2014

CUECA

« LA ZAMACUECA » DE MANUEL ANTONIO CARO. HUILE SUR TOILE DANS LA COLLECTION DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI.

cueca.
1. f. Baile de pareja suelta, en el que se representa el asedio amoroso de una mujer por un hombre. Los bailarines, que llevan un pañuelo en sus manos derechas, trazan figuras circulares, con vueltas y medias vueltas, interrumpidas por diversos floreos. Bailado en el oeste de América del Sur, desde Colombia hasta la Argentina y Bolivia, tiene distintas variedades según las regiones y las épocas.





CUECAS CON EL DÚO REY-SILVA

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


[ Pour écouter, double-cliquer sur la flèche ]

 
 « CUECAS »  CUECAS AVEC LE DÚO REY-SILVA  ; 
 DURÉE : 00:23:34 
Compilation de «cuecas» interprétées par le mémorable duo chilien composé par Alberto Rey (voix et harpe) et Sergio Silva (voix et guitare).
 1. Recuerdos del año 20
 2. Adiós Santiago querido
 3. Aló aló
 4. La perla del norte
 5. Cantemos querido amigo
 6. El guatón Loyola
 7. Chicha de Curacaví
 8. La consentida
 9. El sacristán vivaracho
10. La rosa y el clavel
11. Las flores de mi tierra
12. La palma

samedi 13 septembre 2014

LES ATTENTATS AU CHILI PERPÉTRÉS PAR DES « DÉSÉQUILIBRÉS »

« DÉSTABILISER LA DÉMOCRATIE »

« Cela ne date pas d'aujourd'hui », a assuré la Mme Bachelet à des journalistes, au terme d'une visite en Uruguay.

« Nous espérons que les responsables seront identifiés rapidement afin qu'ils soient arrêtés et condamnés », a-t-elle ajouté, et elle a assuré que les auteurs des attentats cherchent à « déstabiliser la démocratie ».

vendredi 12 septembre 2014

CUBA ENVOIE 165 EXPERTS EN SIERRA LEONE POUR LUTTER CONTRE EBOLA

Ajouter une légende
Et de se livrer à un vibrant hommage: « la capacité de Cuba à former des médecins et des infirmiers exceptionnels et sa générosité pour aider les pays sur la voie du progrès sont reconnues dans le monde entier ».

Depuis la révolution castriste, l'aide dans le secteur de la santé a été l'un des instruments-clés de la diplomatie cubaine, notamment en Afrique.

Plus de 50.000 médecins et personnels de santé cubains travaillent dans une cinquantaine de pays à travers le monde, indiquait en mars dernier une responsable cubaine.

Il y a urgence pour la Sierra Leone, comme pour les deux autres pays les plus touchés, Liberia et Guinée: l'épidémie de fièvre hémorragique, la plus grave depuis l'identification du virus en 1976, progresse inexorablement, inquiétant le monde entier.

LE GOUVERNEMENT GUINÉEN VEUT AMÉLIORER LA PRÉVENTION DU VIRUS EBOLA EN MISANT SUR LA COMMUNICATION DE PROXIMITÉ. PHOTO AFP / SEYLLOU

La maladie a tué plus de 2.400 personnes sur 4.784 cas, selon le dernier bilan en date de vendredi annoncé par l'OMS. La Sierra Leone totalisait 524 morts, sur 1.424 cas (confirmés, probables et suspects), dans le dernier bilan détaillé arrêté au 7 septembre.

Mme Chan n'a pas précisé si ces chiffres globaux incluent le Nigeria, le pays le plus peuplé du continent (8 morts selon le précédent bilan), ou s'ils concernent uniquement les trois pays les plus affectés.
Pour venir en aide à la Sierra Leone, Cuba va « coopérer avec une brigade de 165 collaborateurs, constituée de 62 médecins et 103 infirmiers », a expliqué le ministre cubain de la Santé, Roberto Morales Ojeda, à Genève.

Il a précisé que ces médecins cubains étaient prêts à coopérer avec leurs homologues américains. Ces spécialistes, dont certains sont déjà arrivés, resteront sur place durant six mois.

« Tous ont déjà participé antérieurement à des situations post-catastrophes naturelles et épidémiologiques », se sont déclarés volontaires et ont travaillé en Afrique, a ajouté le ministre cubain.

UN AGENT SANITAIRE ACCOMPAGNE DES MALADES DU VIRUS EBOLA DANS UNE ZONE SÉCURISÉE DE L'HÔPITAL ELWA À MONROVIA, LE 7 SEPTEMBRE 2014. PHOTO DOMINIQUE FAGET 

Si l'aide cubaine est spectaculaire, les besoins restent criants.

« Dans les trois pays les plus touchés, le nombre » de cas « augmente plus vite que la capacité à les gérer », a averti la directrice générale de l'OMS.

Il n'y a plus un seul lit de disponible pour traiter les patients d'Ebola au Liberia, de loin le pays le plus touché. Et d'après le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), quelque 2.000 enfants se sont retrouvés sans parents dans ce pays.

« Nous manquons de tout (...) mais ce dont nous avons besoin le plus, c'est de gens », a souligné Mme Chan. Pour traiter entre 70 et 80 patients, il faut 200 personnes environ, dont 20% d'expatriés.

L'OMS estime qu'il manque encore dans la région entre 500 à 600 professionnels de la santé étrangers et quelque 1.000 nationaux.

L'organisation dispose d'une liste de 500 experts internationaux, mais tous ne sont pas envoyés au même moment. Près de 200 sont actuellement sur place.

De son côté, l'ONG Médecins sans frontières (MSF), en première ligne dans la lutte contre Ebola, dispose de plus de 200 expatriés internationaux dans la région.

Longtemps critiquée pour son inaction, la communauté internationale muscle progressivement sa réponse.

Les Etats-Unis disposaient début septembre d'environ 100 représentants sur place. La Chine a aussi envoyé des équipes médicales, et l'Union africaine a promis lundi le déploiement d'une centaine de personnels.
Le Royaume-Uni se mobilise aussi, et la France a fait savoir jeudi qu'elle allait renforcer son aide à la Guinée.

Dans ce pays d'où est partie l'épidémie, un « nouveau plan d'urgence sanitaire accéléré » vient d'être annoncé. Ce plan, qui doit s'étaler sur deux mois, a pour objectif de "réduire de façon drastique" les risques de contamination.

« Si l'on veut livrer cette guerre contre Ebola, nous devons disposer des ressources nécessaires pour mener le combat », a insisté Mme Chan, soulignant qu'il faut que l'aide « s'accroisse fortement ».

ASTOR PIAZZOLLA « SALVADOR ALLENDE »

[ Pour écouter, cliquer sur la flèche ]

 
JASTOR PIAZZOLLA « SALVADOR ALLENDE », DANS LLUEVE SOBRE SANTIAGO 1976, ARGENTINE  
 DURÉE : 00:05:07 

CHILI - LE PILLAGE DE L’ÉCOSYSTÈME MARIN

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PORT PRÈS D'ANCUD, CHILI 1997. PHOTO GUIDO COZZI
Quelques embarcations sont amarrées dans le 
port, en majorité des barques à moteur. En général, l’équipage de chaque embarcation se compose de quatre hommes : trois qui plongent et un qui reste à bord. D’autres bateaux viennent de rentrer au port et déchargent rapidement des sacs pleins de fruits de mer qui sont pesés immédiatement.

Alejandro Meda est le principal acheteur des produits de la pêche d’Ancud. « J’achète tout ce qui arrive au port, dit-il, les fruits de mer ou la gigartine de Skottsberg (une espèce d’algue), comme vous pouvez le voir dans ce camion. Il y a une forte demande, surtout à l’étranger. Les États-Unis, par exemple, achètent des quantités importantes. Les eaux d’Ancud ne sont pas très riches. Pour pêcher autre chose, il faut aller en haute mer là où se trouve le merlu ».

Meda est commerçant et donne l’impression de bien connaître le métier, mais il brosse un panorama pessimiste de la situation de la pêche.

« La mer ne donne pas beaucoup car elle a été surexploitée. Il fut un temps où les bateaux rentraient chargés de poisson. Maintenant ils rentrent avec de bien plus petites quantités, peut-être le tiers de ce qu’on pêchait avant. C’est ce qui explique que le nombre des pêcheurs qui pratiquent la pêche artisanale diminue. Il n’est pas nécessaire de faire une recherche très poussée : il suffit de voir que le nombre de bateaux dans le port diminue constamment » explique-t-il.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PHOTO PECHEURS AUTOUR DUMONDE


Une loi qui privilégie la pêche industrielle

Dans les entrepôts du port s’entassent des sacs de moules qui paraissent énormes. Néanmoins, Meda affirme que« la quantité a diminué drastiquement au cours des dernières années. Durant cette période, les prix ont doublé en raison de la grève contre la nouvelle loi sur la pêche ».

Selon la majorité des petits pêcheurs artisanaux, la loi votée en février 2013, loin d’assurer la pérennité de l’activité, contribue au contraire à favoriser les entreprises de pêche industrielle.

Face au quai du petit port de Dalcahue, à quelques kilomètres de Castro, la plus grande ville de Chiloé, Víctor tient un petit étal de moules installé à deux pas de sa porte. C’est un pêcheur artisanal, mais les moules qu’il vend, ce n’est pas lui qui les a pêchées.

« Mon bateau est là », dit-il, en indiquant la direction de la plage. Víctor nous parle du saumon et des dommages causés par sa production intensive. Depuis la crise de 2007, due à la propagation du virus de l’anémie infectieuse qui a dévasté les élevages de saumon, les entreprises — presque toutes norvégiennes, canadiennes ou japonaises — ont licencié des milliers de travailleurs. « Actuellement la production est en hausse, mais les problèmes subsistent. Pour commencer, à cause de l’usage scandaleux des antibiotiques », dit Víctor.

Les installations d’élevage de saumons sont des structures flottantes, installées en pleine mer, constituées de citernes délimitées par des filets, appelées radeaux-cages, dans lesquelles on élève et engraisse les saumons. Dans ces installations, on place des sacs d’aliments pour l’engraissement des poissons, mais aussi des sacs d’antibiotiques prêts à être jetés à l’eau. Ces« fermes à saumon » ont des conséquences néfastes. D’énormes quantités d’aliments, de substances pharmaceutiques et de déjections se dispersent dans l’eau et ont des effets dévastateurs sur l’écosystème marin.

On estime qu’en 2013 l’élevage industriel du saumon, au Chili, a utilisé entre 150 et 230 grammes d’antibiotiques par tonne de saumon produit. Dans les élevages industriels norvégiens et canadiens la moyenne normale se situe entre 5 et 50 grammes par tonne.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
« SAUVONS LA MER CHILIENNE » DES MILITANTS DE GREENPEACE MAQUILLÉS EN POISSONS PROTESTENT CONTRE UNE LOI CHILIENNE ACCUSÉE DE FAVORISER LA PÊCHE INTENSIVE, À VALPARAISO, LE 30 OCTOBRE 2012. PHOTO GREENPEACE CHILE
Les problèmes sanitaires subsistent

À Castro, Mauricio Muñoz, journaliste du quotidien La Estrella, confirme les propos de Víctor : après la crise, « les élevages de saumon ont repris le travail. Les contrôles sont beaucoup plus stricts que par le passé, mais la menace de problèmes sanitaires est toujours présente ».

Le Chili est le second producteur mondial de saumon, derrière la Norvège. La demande de ce produit est en croissance constante et, par conséquent, l’activité de la salmoniculture répond aux exigences du marché. Un secteur qui brasse plusieurs milliards de dollars ne s’embarrasse pas de problèmes environnementaux ou sanitaires, aussi graves soient-ils.

Comme c’est presque toujours la règle quand on donne carte blanche à l’économie de marché, la question de l’élevage du saumon est devenue une lutte entre pauvres, dans ce cas précis, entre les travailleurs des élevages de saumon qui défendent le secteur et les pêcheurs artisanaux.

« Je comprends les uns et les autres », déclare Muñoz. « D’un autre côté, quand on répand dans la mer des quantités d’aliments artificiels pour engraisser les saumons, on pollue l’eau. Et l’effet domino est inévitable. »

Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3294.
Traduction de Françoise Couëdel pour Dial.
Source (espagnol) : Noticias Aliadas, 18 juin 2014.


Notes
[1] Nous utilisons la règle de l’accord de proximité.

[2] L’île de Chiloé se trouve au sud du Chili au large de Puerto Montt, la capitale de la région des Lacs — note DIAL.