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jeudi 30 septembre 2010

Le sort des Mapuches au Chili

Depuis des années, ces derniers dénoncent des lois d’exceptions qui valident des détentions préventives à rallonge, le recours à des témoins «sans visages », anonymes, payés par la police pour dénoncer les militants les plus actifs, et qui condamnent à de lourdes peines des Mapuches accusés de banals incendies de véhicules. A la veille de trois procès les concernant, ils ont lancé le plus important mouvement collectif de grève de la faim que ce pays ait connu. Ils dénoncent aussi l’acharnement des autorités à qualifier de « terroristes » des pratiques communes au reste du continent — occupations de propriétés d’entreprises ou de grands propriétaires par des groupes ethniques paupérisés . Enfin ils demandent la récupération de leurs terres et leur autonomie administrative.
Pour réprimer leurs actions revendicatives, les pouvoirs publics appliquent depuis longtemps une loi antiterroriste, qui impose des peines bien plus lourdes que celles de la législation civile ordinaire. De plus, certains des accusés sont soumis à une double condamnation, par les tribunaux civils et par les tribunaux militaires. L'ironie de cette histoire c'est que la loi antiterroriste fut créée par la dictature de Pinochet. Et par la suite, cette loi a été maintenue et appliquée par les gouvernements élus démocratiquement, présidés par Ricardo Lagos et par Michelle Bachelet, non pas contre les coupables de crimes sous la dictature, mais contre les indigènes qui revendiquent la récupération de terres qu'ils considèrent leur appartenir.
Pour enrayer cette menace, l’oligarchie chilienne sort souvent casques, boucliers et matraques pour bâillonner les populations indigènes, au grand dam des défenseurs des droits humains. Ces protestations ont été relayées par l’Organisation des Nations unies . En 2007, le Comité des droits de l’homme, puis, en 2009, le rapporteur spécial sur la situation des droits et des libertés des autochtones ont dénoncé les politiques de discrimination raciale en vigueur. En réalité , le Chili renâcle à reconnaître sa composition multiculturelle et laisse peu d’espace d’expression à ses huit peuples autochtones. La convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), seul accord international relatif aux peuples indigènes, n’est entrée en vigueur qu’en septembre 2009. Mais l’impasse est encore solide sur le plan politique. Les Mapuches se heurtent au blocage des élites de Santiago qui verrouillent tous les chemins débouchant sur une autonomie des peuples indigènes . L’arrivée au pouvoir d’une droite sans complexe, alliée aux barons de « l’ère Pinochet », ne facilite pas la situation. L'actuel président de la république ne se préoccupe pas plus du sort du peuple Mapuche que ses prédécesseurs. En témoignent les suites du violent tremblement de terre de février 2010, dont l’épicentre se situe à la limite nord du pays mapuche. Alors que de nombreuses villes où habitent des mapuches ont été ravagées par les tsunamis postérieurs à la secousse tellurique, l’Observatoire citoyen, une organisation non gouvernementale, observe qu’elles figurent au nombre des grands oubliés de la reconstruction. Parallèlement, le gouvernement Piñera intensifie la répression. Les descentes musclées de bataillons de carabineros se multiplient dans les communautés.
Cependant, devant la détermination des grévistes et les protestations internationales, le gouvernement semble aujourd'hui un peu plus sensible à leur demande . Il appelle désormais à la « réouverture » d’un dialogue qui n’a jamais été engagé. Il promet une réforme imprécise des vestiges de la dictature. En attendant la conrétisation de ces belles paroles les grèvistes continuent leur résistance.

Soutien aux grévistes mapuche

Photos Collectif pour les Droits de l’Homme au Chili
Deux cents personnes se sont réunies à la manifestation qui a au lieu à la Place Salvador Allende dans le septième arrondissement de Paris, en face de l'Ambassade du Chili en France.
Les revendications de leurs communautés et de leur peuple sont :
• La fin de l’utilisation de la loi 18.134, connue sous le nom d’antiterroriste, appliquée tout spécialement contre le peuple Mapuche ;
• La fin de la double procédure – civile et militaire – imposée aux seuls inculpés Mapuche pour des délits relevant du droit pénal civil ;
• La révision de tous les jugements antérieurs concernant les membres de communautés Mapuche condamnés au titre de la loi antiterroriste.
• La reconnaissance de leurs droits environnementaux, sociaux, culturels et politiques, en accord avec la Convention 169 de l’OIT approuvée par le Congrès chilien et en vigueur depuis septembre 2009.

mercredi 29 septembre 2010

Montréal : Soutien aux Mapuche du Chili

Dans l’espace-temps d’une soirée , une partition improvisée mêlant musique, poésie ,installation vidéo et concert, propose de partager l’émotion de notre rencontre avec le peuple Mapuche et l’expression de notre solidarité avec sa lutte. Cette soirée est l’occasion pour nous de rendre sensible une actualité politique héritière d’une longue histoire de résistance, encore peu médiatisée et peu connue par la société. Cette soirée est aussi l’occasion pour les artistes et le publique d' apporter une aide concrète aux communautés Mapuches victimes de la répression militaire et juridique.
Tous les fonds récoltés seront envoyé directement au Comité des Familles des Prisonniers Politiques Mapuches (FPPM), avec lesquels nous sommes en contact direct par le biais de Maria Tralcal, werkén (porte-parole) et représentante des familles des prisonniers politiques à Temuco et du Comité des Organisations Autonomes Mapuches (COOAMS).
Venez en grand nombre soutenir cet acte de conscience, d'amour et de solidarité!!
Avec la participation de:
Conseil Traditionnel Mohawk de Kanawake
Kebeko (Pérou-Haiti)
Sergiu Popa (Moldavie)
Surkalén (Chili-Russie)
Werkén (Chili-Guatemala-France)
Marcela Pizarro (Chili)
Aspasia Worlitzky (Chili)
José D'Amodio (Argentine)
Date: Samedi, 2 Octobre, 2010 - 19:30 - 21:30
Emplacement

Al Sur Tango
370 Jean Talon Est, deuxieme étage coin St Denis
Montréal, QC
Canada
Voir Ici
Billets: 10$ à l'avance
15$ à l'entrée

mardi 28 septembre 2010

30 000 pèlerins au Chili, dont le président

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Le milliardaire conservateur Sebastián Piñera, Président de la République, a participé à dimanche 26 septembre 2010 à procession de la Vierge "Notre Dame du Mont-Carmel" (Virgen del Carmen) dans les rues de Santiago du Chili.. Photo Alex Ibañez.
C'était sans doute la dernière liturgie du cardinal Francisco Javier Errázuriz, qui doit laisser sa charge d'archevêque de Santiago. Le Président Sebastián Piñera, accompagné d'un groupe d'enfants, a participé à la cérémonie. Il a hissé l'étendard du pays, lequel avait été offert à la Vierge le 19 décembre 1926, quand elle a été proclamée par le Pape Pie XI comme Reine et Patronne du Chili.
En outre, une délégation de 33 mineurs a marché avec l'image de la Vierge pour la remercier d'avoir maintenu en vie les 33 collègues mineurs bloqués. Cette procession est une des manifestations religieuses les plus anciennes de l'Église de Santiago. Ses origines remontent au XVIIe.

Chili: risques oculaires, d'infection, de stress pour les 33 une fois sauvés

"Ils pourraient avoir des problèmes comme l'exposition à la lumière intense du soleil", a déclaré le ministre de la Santé Jaime Manalich samedi à la presse près de la mine San Jose (nord). "Il devront protéger leur vue", car ils risquent une affection "qui abîmerait gravement la rétine".
Les hommes pourraient aussi présenter "des problèmes d'infections par des germes" présents dans l'environnement, malgré les vaccinations qui leur ont été administrées dans les jours suivant leur découverte en vie à 700 m sous terre, le 22 août.
Le passage à l'air libre pourrait aussi entraîner pour certains d'entre eux des problèmes respiratoires ou des problèmes de tension, a ajouté M. Manalich.
Enfin il y a le stress post-traumatique, "qui peut durer plusieurs semaines ou plusieurs mois", et qui nécessitera une réadaptation à la "vie normale" après cette situation de confinement sur plusieurs mois.
Les 33 mineurs pris au piège dans une vaste galerie depuis un éboulement le 5 août devraient être remontés à la surface via une nacelle treuillée le long de puits de secours, "aux premiers jours de novembre", a réaffirmé samedi le ministre des Mines Laurence Golborne.
Cette échéance pourrait être avancée "si tout va très bien", mais aussi retardée, en cas de difficultés, a-t-il ajouté.
"On ne peut pas faire de conjecture sur une date de la fin des secours", a-t-il souligné.

Mapuche : appel à manifester

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« ESPRIT INDOMPTABLE » POCHOIR DE SOUTIEN AU PEUPLE MAPUCHE À SANTIAGO



La manifestation aura lieu : Mercredi 29 septembre à 18h30, Place Salvador Allende face à l’Ambassade du Chili (2, av. de la Motte Piquet - Paris) M° Latour-Maubourg
"Collectif de soutien au Peuple Mapuche"
Ce Collectif regroupe la Fondation France-Libertés, l’AFAENAC (Association des Familles Adoptives d’Enfants Nés au Chili), le MRAP (Mouvement Contre le Racisme et Pour l’Amitié entre les Peuples), le Collectif pour les Droits de l’Homme au Chili, le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA Nitassinan), Comité Éthique Contre la Torture France, France Amérique Latine, l’Association des Ex-réfugiés politiques de Fontenay-sous-Bois, l’Association Pueblo, l’Association RELMU Paris, l’Association Terre et Liberté pour Arauco, l’Association Nuevo Concepto Latino, l’Association La Bizikleta, l’Association des ex-prisonniers politiques chiliens - France

dimanche 26 septembre 2010

Chili: ... et le "Phénix" hissera les mineurs du fond de la terre

La capsule destinée à remonter les mineurs chiliens de la mine de San Jose arrive sur place le 25 septembre 2010.
Conçue spécialement dans les chantiers navals de la Marine chilienne, elle ressemble à un long cigare métallique de 4 mètres de long, pour un diamètre de 53 cm, comprenant une cage cylindrique grillagée de 2 m de haut, le "module de vie" où prendra place le mineur.
Par un complexe système de treuils et de poulies, elle hissera les mineurs vers la surface, un par un, à travers les puits de secours distincts en train d'être percés. Le premier terminé sera utilisé.
"Nous l'avons appelée Phénix (...) parce que je crois que ce sera un processus de renaissance, de nouvelle vie pour les mineurs", explique le ministre des Mines Laurence Golborne aux abords de la mine San José (nord).
"Phénix 1", la première de trois nacelles en construction, donc a été longuement exhibée samedi à la presse et aux familles des "33", campant près de la mine. Enthousiastes, elles avaient applaudi son arrivée en camion, saluée de cris de joie: "Chi-chi-chi, le-le-le, Viva Chile !"
Des ingénieurs, puis le ministre Golborne, ont pris place dans l'habitacle de la nacelle, et expliqué son fonctionnement aux familles, dont quelques membres ont pu eux-mêmes s'y glisser un moment.
"La partie supérieure en blanc est entièrement détachable, par l'intermédiaire de trois leviers que le mineur peut actionner depuis l'intérieur du module de vie", a précisé le ministre de la Santé Jaime Manalich, associé aux secours.
En cas de problème lors de l'ascencion, l'occupant de la nacelle pourrait ainsi contrôler une redescente dans les puits de secours, facilitée par des roues visibles sur les cotés de la nacelle.
Le mineur casqué, ganté, disposera de réserves d'eau, de nourriture, d'oxygène, d'un système de communication constant avec les secours. Son rythme cardiaque et de respiration seront suivis en permanence, a souligné M. Manalich.
Mais les premiers voyageurs du Phénix seront non pas les mineurs, mais un secouriste et un médecin qui descendront jusqu'à 700 m sous terre, pour préparer les reclus à l'ascension.
Chaque remontée prendra autour d'une heure, a estimé le ministre Manalich samedi.
L'arrivée du premier Phénix, en attendant ses deux frères dans les prochains jours, a ravivé l'espoir d'un dénouement proche pour les 33 hommes prisonniers depuis bientôt deux mois. Mais les autorités s'en tiennent à leur estimation des "premiers jours de novembre" pour la remontée des mineurs.
Et le ministre Golborne a invité à ne pas spéculer incessamment sur la fin des opérations selon le rythme de percement des puits de secours.
"Je vais utiliser les mots de Michel Ange", a-t-il lancé en référence à une réplique attribuée à l'artiste italien à propos du plafond de la Chapelle sixtine: "Ce sera fini quand ce sera fini".

samedi 25 septembre 2010

La plus vieille marguerite fossilisée du monde découverte en Argentine

"Cet exemplaire de la famille des marguerites date d'environ 47 millions d'années", a estimé M. Corsolini, âgé de 57 ans. "Des traces de pollen ont également été trouvées", a ajouté le directeur de ce musée situé à 1.600 km au sud-ouest de Buenos Aires, près de la frontière avec le Chili.
La découverte a été réalisée en 2008 près du Pichi Leufu, un fleuve situé dans les environs de Bariloche. Des recherches ont confirmé depuis l'origine et l'âge de cette fleur fossilisée, et la revue américaine Science en fait état dans son dernier numéro.
"Nous marchions avec mon fils (Julian) lorsque nous avons été frappés par cette feuille fossilisée sur une pierre : l'exemplaire était en très bon état", a raconté M. Corsolini dans une interview téléphonique.
"C'est très frappant car les fleurs ne laissent en général aucune trace fossilisée : elles se désintègrent", a-t-il expliqué.
Cette découverte pourrait permettre de prouver que cette fleur de la famille des marguerites (asteraceae) est originaire de Patagonie, selon Viviana Barreda, du Musée de sciences naturelles Bernardino Rivadavia (Buenos Aires), qui a participé aux recherches.

vendredi 24 septembre 2010

Michelle Bachelet veut combattre les violences domestiques

Une femme de Sierra Leone qui tient son enfant. Photo: La Presse Canadienne /AP/Nazia Parvez
Dans l'entretien qu'elle a accordé au Monde, Madame Bachelet indique que ses priorités seront de combattre les violences domestiques et sexuelles, ainsi que de lutter contre les conséquences de la crise qui frappe sévèrement les femmes.
Ce faisant, elle manifeste sa volonté de ne pas se laisser enfermer dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) notamment ceux concernant la réduction de la mortalité infantile et la baisse de la mortalité maternelle qui viennent de bénéficier d'un programme de 40 milliards de dollars (29,9 milliards d'euros). A 59 ans, Michelle Bachelet, qui a mûrement réfléchi cet engagement sur la scène internationale, entend utiliser toute la notoriété que lui vaut sa position d'ancien chef d'Etat et de nouvelle secrétaire générale adjointe de l'ONU, qui la place haut dans la hiérarchie des Nations unies.
Quelles vont être vos priorités dans les prochains mois?
Dans les trois mois à venir, nous allons travailler à rassembler et mettre en synergie les quatre entités (Le fonds de développement des Nations unies pour les femmes, l'Unifem, étant le plus important, NDLR) qui composent l'ONU femmes. Avec deux priorités en tête. La première sera de lutter contre les violences faites aux femmes, un champ qui n'est pas couvert par les OMD. Ce problème traverse toutes les sociétés sans exception : 70 % des femmes dans le monde subissent des violences domestiques. Nous allons oeuvrer en particulier à réduire l'immense fossé qui existe entre les législations qui protègent les femmes - il en existe beaucoup - et leur application qui reste très faible. Je souhaite également que l'ONU femmes s'implique dans la lutte contre les mutilations génitales : trois millions de femmes en sont victimes sur le continent africain chaque année. Cette guerre à la violence faite aux femmes inclut bien sûr aussi le combat contre les trafics de femmes, contre le viol, qui sévit à grande échelle dans les pays en conflit, comme la République Démocratique du Congo par exemple.
Notre deuxième priorité sera d'agir sur les conséquences de la crise. Actuellement, le partage de l'emploi est très inégalitaire entre hommes et femmes sur la planète. Hors agriculture, l'accès des femmes à l'emploi est limité : seulement 31 % des femmes travaillent dans un autre secteur. C'est un pourcentage qui recouvre de surcroît de très grandes disparités régionales (20 % seulement en Asie du Sud et en Afrique). Sans compter qu'il s'agit souvent d'emplois à bas salaires et à temps partiel. La crise a aggravé le problème.
Selon l'Organisation internationale du travail, le chômage des femmes a augmenté plus vite que celui des hommes. Plusieurs millions de femmes se retrouvent privées d'emploi avec des conséquences en cascade. Quand les femmes perdent leur emploi, on voit augmenter le nombre d'abandons scolaires par exemple. De manière générale, qu'il s'agisse de la crise financière, de la crise alimentaire, de celle de l'énergie ou du changement climatique, toutes les crises affectent durement les femmes.
Votre budget de 500 millions dollars est-il suffisant?
C'est un budget de départ et il faut le considérer comme tel. C'est un minimum et nous avons besoin de bien plus mais nous allons demander aux Etats membres d'augmenter leur participation, de faire un investissement "dans" les femmes.
Les ONG souhaitent que l'agence dispose de ses propres forces sur le terrain. Qu'en pensez-vous?
D'ores et déjà, l'Unifem est présente dans 80 pays. Ce n'est pas suffisant et je souhaite élargir cette présence. Dans ce sens, je suis d'accord avec les ONG. Mais je souhaite que l'argent aille aux communautés de femmes qui agissent sur le terrain.
Vous avez semblé hésiter à prendre la tête de l'ONU Femmes...
Ce n'est pas une question d'hésitation mais il fallait que je fasse un choix. Ce n'est pas facile quand vous bénéficiez de plus de 70 % d'opinions favorables dans votre pays ! Les gens craignaient que je les abandonne et je ne veux pas les abandonner. Je serai à New York, ce n'est pas si loin. Et je vais travailler à la cause des femmes, une cause qui concerne aussi les femmes du Chili. C'est un job merveilleux et passionnant.
Propos recueillis par Brigitte Perucca

jeudi 23 septembre 2010

Raúl Ruiz pense au retour

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Le cinéaste, qui a quitté son pays au lendemain du coup d’Etat de 1973, vit depuis plus de 30 ans en France. Lors de la présentation de son dernier film au festival international de cinéma de San Sebastián, il a indiqué que ses problèmes de santé – il souffre d’un cancer et a subi une greffe de foie l’année dernière- l'avaient incité à retourner au Chili.

UN ENNEMI BIEN PRATIQUE

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EDUARDO GALEANO, À SEVILLA. PHOTO ALEJANDRO RUESGA 11-03-2010



Le patriotisme est légitime dans l’hémisphère Nord, mais, au sud, il est perçu comme du populisme ou pis encore, comme du terrorisme. Les informations sont très manipulées, elles dépendent des yeux qui les regardent ou des oreilles qui les écoutent. La grève de la faim des Indiens Mapuches au Chili n’occupe que peu d’espace dans les médias les plus influents, alors qu’une grève de la faim au Venezuela ou à Cuba fait les gros titres. Alors qui sont les terroristes ?

Le président vénézuélien, Hugo Chávez, est un de ceux qui croisent le fer avec la presse. L’avons-nous abusivement catalogué ?

Il y a une diabolisation de Chávez dans les médias. Autrefois, c’était Cuba qui jouait le rôle du méchant, mais tout change. Et s’il n’y a pas de méchant, il n’y a pas d’histoire. S’il n’y a pas d’ennemis dangereux, que fait-on des dépenses militaires ? Le monde fonctionne sur une économie de guerre et a donc besoin d’ennemis. S’ils n’existent pas, on les invente. Il ne faut pas toujours prendre les anges pour des anges et les démons pour des démons. C’est un scandale qu’actuellement dans le monde, à chaque minute, on destine 3 millions de dollars aux armes de guerre, un euphémisme pour désigner l’industrie du crime. Le monde a besoin d’ennemis. Dans le théâtre du bien et du mal, les rôles sont parfois interchangeables, comme pour Saddam Hussein, un saint pour l’Occident un jour et un diable un autre jour.
Propos recueillis par Oscar Gutiérrez

Note :* Ecrivain uruguayen, auteur notamment de Les Veines ouvertes de l’Amérique latine – Une contre-histoire (éd. Plon).

Chili/mineurs : trois excavateurs de nouveau en action, encore des à-coups


La foreuse pétrolière "RIG-421", arrêtée près de 48 heures, le temps de cimenter les parois du puits, a repris du service mercredi. Elle a déjà atteint 27 mètres de profondeur et visait 40 m mercredi soir, l'objectif final étant de 597 m, a annoncé l'ingénieur en chef des travaux Andrès Sougarret.
Cette machine, présentée comme le "Plan C" des secours, est celle sur laquelle les familles fondent le plus d'espoirs, en raison de sa vitesse et de sa puissance, mais aussi parce qu'elle perce directement un puits de 70 cm de diamètre, le diamètre requis pour extraire les hommes un à un.
L'excavateur "T-130", chargé du "Plan B" des secours, élargissant à 70 cm un puits-pilote de 30 cm de large et de 630 m de profondeur, a pour sa part été arrêté quelques heures mercredi, car il a perdu une de ses quatre têtes foreuses, qui a dégringolé 600 m plus bas.
"Les mineurs l'ont récupérée (...) mais n'ont pas été exposés, car ils se trouvent à l'écart de la zone de forage", a précisé Andrès Sougarret.
"Ce type d'impondérable" souligne la nécessité d'être prudent sur les délais, a ajouté M. Sougarret, alors que le quotidien El Mercurio a affirmé mardi que les mineurs pourraient retrouver la surface dès la mi-octobre.
"Nous continuons de penser que nous les sortirons début novembre", a-t-il ajouté.
La mise en oeuvre de ce plan "B" a repris à la mi-journée et l'excavateur a atteint 85 m dans son second passage.
Le "Plan A" des secours, un puits-pilote qui n'en est encore qu'à 30 cm de diamètre, a pour sa part atteint 376 mètres, l'objectif final étant de 702 m.
Les 33 mineurs - 32 Chiliens et un Bolivien- sont prisonniers d'un large tronçon de galerie à 700 m sous terre depuis un éboulement le 5 août. Ils ont été découverts en vie il y a un mois, le 22 août, et sont depuis ravitaillés et suivis à partir de la surface. Ils peuvent en outre communiquer avec leurs proches.

mercredi 22 septembre 2010

Au Chili, les mineurs forment une aristocratie ouvrière enviée

En 2007, la mine fut fermée après la mort d'un ouvrier. Elle rouvrit en 2008 sans avoir été équipée de toutes les installations de sécurité nécessaires. Le 3 juillet, le mineur Gino Cortes perdit un pied, écrasé par un rocher... Nouvelle fermeture de trois semaines.
L'éboulement du 5 août, lui, a résulté d'une "explosion" de la roche, provoquée par la rupture de l'équilibre naturel de la structure de la mine qui peut résulter de l'extraction du minerai. Ce phénomène est la principale cause des sinistres miniers au Chili. L'absence d'un escalier de secours près de la cheminée de ventilation, aménagement exigé par les règlements, a privé les "33" d'une sortie rapide. Autre défaillance : il n'y avait qu'une seule rampe d'accès.
Contraste total
"On n'éliminera pas les accidents par décret, a déclaré le ministre des mines, Laurence Golborne. Rien ne remplace l'éthique et la conscience de sécurité des entreprises et des travailleurs." Mais l'Etat n'est pas au-dessus de tout reproche : le Service national de géologie et des mines (Sernageomin), organe régulateur, n'a que 16 inspecteurs pour contrôler plus de 4 000 mines.
Depuis l'accident, le gouvernement a annoncé un train de mesures. Le budget sécurité du Sernageomin va plus que doubler, comme le nombre d'inspecteurs. Une nouvelle superintendance des mines veillera à tous les aspects de la sécurité ; elle autorisera, ou non, l'exploration et l'exploitation. Un comité d'experts indépendants fera des recommandations.
Le drame des "33" de San José et l'opération en cours pour les sauver ne doivent pas faire oublier l'essentiel : la grande majorité des mineurs chiliens travaillent dans d'excellentes conditions de sécurité. Le dernier gros accident (21 morts) remonte à 1994, dans une mine de charbon.
De fait, le contraste est total entre les grandes mines gérées par des géants du secteur, chiliens ou étrangers, et les mines "petites et moyennes" où ont péri la plupart des accidentés (31 en moyenne par an depuis quinze ans). Ces dernières ne produisent que 60 000 tonnes de cuivre par an, soit environ 1 % de la production nationale.
Avec 345 employés (mineurs, administratifs, sous-traitants et collaborateurs divers), San José, propriété du groupe San Esteban, est une mine "moyenne". La plupart des petites mines ne respectent pas toutes les exigences de sécurité. Il y manque une issue de secours, ou une cheminée de ventilation, ou un refuge. Dans la région d'Antofagasta, 277 gisements sur 300 sont exploités sans être aux normes. Depuis l'éboulement de San José, 18 mines ont été fermées ; 89 autres vont l'être.
Bons salaires
Nombre de petites mines, aux mains de propriétaires qui les louent à des exploitants, recrutent, légalement ou non, des pirquineros, mineurs au statut précaire. Ces perforateurs qui travaillent à l'explosif, souvent sans machines, et à la lueur de leur lanterne, sont les plus exposés.
La mise aux normes d'une mine de taille moyenne coûte 20 millions de dollars (15 millions d'euros), affirment les chefs d'entreprise. Tous n'ont pas, disent-ils, les moyens de s'y plier sans l'aide de l'Etat. Ils demandent la création d'un fonds national de sécurité.
Premier producteur, et de loin, devant le Pérou et les Etats-Unis, le Chili extrait plus du tiers du cuivre mondial. Le métal rouge représente 60 % de ses exportations, et 15 % de son produit intérieur brut. Le géant public Codelco et quelques grandes multinationales (BHP Billiton, Barrick, ou Xstrata Copper) se taillent la part du lion. Leurs employés forment une aristocratie ouvrière enviée : ils ont de bons salaires, assortis de primes et d'allocations, des syndicats puissants, et de bonnes conditions de travail et de sécurité.
Mais même les mineurs de San José assurent que leur métier, dur et dangereux, fait d'eux des travailleurs plutôt privilégiés dans le milieu ouvrier chilien, souvent encore très pauvre : ils touchent par mois jusqu'à trois fois et demie le salaire minimum, équivalant à 262 euros.

Jean-Pierre Langellier

mardi 21 septembre 2010

Isabel Allende: "La maison des esprits", une catharsis après le coup d'Etat

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L'écrivain chilien Isabel Allende Photo de presse
"L'écriture a été une catharsis, une tentative de récupérer le monde perdu suite au coup d'Etat militaire chilien en 1973" dirigé par le général Augusto Pinochet, a déclaré l'écrivain à l'hebdomadaire cubain, Trabajadores.
Salvador Allende, élu président du Chili en 1970 à la tête d'une coalition de gauche, s'était suicidé le 11 septembre 1973 dans le palais présidentiel, pendant le putsch mené par le général Augusto Pinochet.
Isabel Allende se souvient de cette oeuvre avec beaucoup de tendresse car elle a "fait d'elle un écrivain" et "lui a gagné des lecteurs et des éditeurs dans le monde". "Après ce livre, je n'ai plus jamais dû supplier un éditeur pour qu'il me publie", a-t-elle ajouté.
Elle a écrit ce roman avec "innocence, fraîcheur et sans peur parce que je ne pensais pas qu'il serait publié", mais son succès "m'a donné une voix, a déterminé mon destin et a ouvert un chemin pour les livres que j'ai écrits ensuite", a-t-elle commenté.
Cependant, "je n'ai jamais relu ce livre, pas plus que mes autres romans, mais je m'en souviens avec émotion", a-t-elle confié.
"Ma carrière de journaliste m'a beaucoup servi en littérature. J'ai appris à gagner l'attention du lecteur à partir des premières lignes, à enquêter, à tâcher d'être objective (sans jamais y arriver pour autant), à utiliser le langage efficacement, à mener une interview à bien, à ne jamais oublier le lecteur", a-t-elle ajouté.
L'auteur de 68 ans reconnaît être une personne "ouverte et perméable". Elle a subi diverses influences, des "romanciers russes classiques à Garcia Marquez", sans oublier "le cinéma, le voyage et les expériences accumulées".

samedi 18 septembre 2010

Chili: un puits de secours atteint les mineurs, reste à l'élargir

L'annonce a auréolé le lancement par le président Sebastian Piñera d'un week-end de célébrations du bicentenaire de l'indépendance du Chili, le 18 septembre. Les "33" de la mine San José (nord), devenus emblématiques, seront une référence au coeur des festivités.
"Plus que mille mots, les mineurs représentent l'unité et la trempe de ce peuple", a lancé le chef de l'Etat dans un discours à Santiago, flanqué de ses quatre derniers prédécesseurs Patricio Aylwin, Eduardo Frei, Ricardo Lagos et Michelle Bachelet.
L'excavateur T-130, qui perce le puits dit "Plan B" des secours, a "perforé vers 10h45 (locales) jusqu'à l'atelier" situé à 630 m sous terre, et relié à la galerie où sont piégés les mineurs à 700 m depuis un mois et demi, a déclaré le ministre des Mines Laurence Golborne.
Des mineurs, qui ont attendu toute la nuit l'arrivée de la foreuse, étaient à proximité, et "ont même pu filmer la perforation", a-t-il précisé sur la télévision publique TVN.
L'objectif des autorités est de ramener les 33 à la surface aux premiers jours de novembre "dans un bon scénario".
"Le plan initial est début novembre, mais les choses avancent bien", a déclaré Golborne, pour qui les secours ont pris "un peu d'avance".
Mais il s'est abstenu de fixer une nouvelle échéance.
Le deuxième excavateur, la "Strata 950" qui perce un puits de 702 m -le "Plan A" - a atteint 320 m jeudi puis a été arrêté, une halte "prévue", pour remplacer les têtes de forage usées. Il devrait reprendre ce week-end.
Les deux machines ne percent encore que des "puits-pilote" de 30 cm de diamètre. Dans une seconde étape, plus lente, elles élargiront ces puits à 66-70 cm pour extraire les 33 mineurs un par un, via une nacelle.
"Nous avons terminé la première étape", a commenté vendedi l'ingénieur en chef des travaux, Andrès Sougarret. Dès samedi, la T-130 s'attaquera à l'élargissement du puits B.
Les 33 mineurs, qui disposent de machines dans leur tronçon de galerie d'1,5 km, seront mis à contribution "pour ôter des pierre (qui vont chuter) au fond du puits", a ajouté Sougarret. "Pour eux, c'est une opération légère, pas plus d'une heure par jour".
Pour le psychologue Claudio Ibanez, c'est "la meilleure chose possible d'un point de vue psychologique (...) Qu'ils se sentent acteurs des secours, comme ils le sont réellement".
Un troisième engin, une foreuse pétrolière "RIG-422", doit entrer en action lundi pour creuser un nouveau puits, le "Plan C", un peu plus court (597 m) et à un angle différent.
"Le grand avantage de cette machine, bien qu'elle commence plus tard, est qu'elle perfore directement au diamètre final" de 60 cm, a souligné Golborne.
Les autorités ont écarté l'idée de festivités aux abords de la mine pour le bicentenaire, estimant qu'il s'agit d'"une zone de secours".
En un acte symbolique samedi midi, les mineurs "hisseront" un drapeau national dans leur galerie à 700 m de fond, et entonneront l'hymne, tandis que familles et secouristes feront de même en surface avec un drapeau signé par "les 33".
Piñera sera dimanche à San Jose et dialoguera par téléphone avec les 33.
Le président de la Bolivie voisine Evo Morales, annoncé au Chili pour les festivités du bicentenaire, pourrait aussi venir saluer à San Jose son compatriote parmi les "33", Carlos Mamani.

mercredi 15 septembre 2010

Chili: "Espérance" est née, le père attend, bloqué au fond de la mine

Esperanza ("Espérance") dort dans une petite robe rose, sans savoir bien sûr que son père, âgé de 29 ans, est prisonnier des entrailles de la terre.
Epinglée au revers de la petite robe, une médaille: "C'est la Vierge", glisse sa mère, enfreignant le silence et le repos forcé prescrits par les médecins après son accouchement sous césarienne.
La naissance d'Esperanza, à 16H20 GMT, a été filmée par la famille, qui espère faire voyager la vidéo au fond de la mine pour qu'Ariel puisse vivre en différé l'accouchement de sa femme, le troisième après les deux garçons qu'elle lui a déjà donnés.
Margarita, elle, se repose sur un lit de l'hôpital de Copiapo, la ville la plus proche de la mine.
Elle prend quand même le temps de suivre les informations télévisées sur les avancées des excavatrices qui tentent d'accéder à son mari et ses 32 compagnons d'infortune.
Le bébé de 3,05 kilos tire son nom du campement "Esperanza", dressé par les familles près de la mine. Un choix qui a touché au coeur les familles des autres mineurs.
"C'est le bon prénom", plaisante Violeta Avalos, soeur de deux autres "gueules noires" coincées sous terre, Florencio et Renan.
Elle aussi, dans les mêmes circonstances, aurait choisi un prénom rappelant "ce que nous vivons", dit-elle.
Cristian, le frère d'Ariel, est le messager qui a filé à la mine, à 50 km au nord de Copiapo, pour que la vidéo soit transmise via le conduit, véritable "cordon ombilical", qui maintient le contact entre les mineurs et le monde extérieur depuis près d'un mois.
"Il savait que c'était aujourd'hui et il était serein, parce qu'il savait que cela allait bien se passer", dit une de ses soeurs, Alicia, qui tient compagnie à Margarita dans sa chambre d'hôpital.
D'ici novembre ou décembre, "quand il sortira, ce sera comme si la terre accouchait, ce sera comme une naissance", prédit Juan Ramirez Alvarez, une ancienne 'gueule noire".

mardi 14 septembre 2010

Les contradictions de la démocratie chilienne

Ils informent beaucoup moins sur un événement qui interpelle pourtant l'ensemble de la société chilienne: la grève de la faim entamée depuis deux mois par 34 membres d'une communauté indigène de l'ethnie mapuche, la plus importante du pays. Essentiellement, les grévistes demandent que cesse la discrimination judiciaire dont ils sont l'objet par la justice chilienne: en effet, pour réprimer leurs actions revendicatives, on applique la loi antiterroriste, qui impose des peines bien plus lourdes que celles de la législation civile ordinaire. De plus, certains des accusés sont soumis à une double condamnation, par les tribunaux civils et par les tribunaux militaires.
L'ironie de cette histoire c'est que la loi antiterroriste fut créée par la dictature de Pinochet, qui pratiquait le terrorisme d'État envers ceux qui se battaient contre ce régime. Et par la suite, cette loi a été maintenue et appliquée par les gouvernements élus démocratiquement, présidés par Ricardo Lagos et par Michelle Bachelet, non pas contre les coupables de crimes sous la dictature, mais contre les indigènes qui revendiquent la récupération de terres qu'ils considèrent leur appartenir.
Les élites politiques, autant du gouvernement comme de l'opposition, semblent aujourd'hui un peu plus sensibles à la demande des grévistes. Mais si jamais on parvient à une solution au conflit actuel, il faudra plus tard régler les questions de fond: la demande des terres et d'autonomie administrative pour les indigènes.
José del Pozo - Professeur d'histoire, UQAM, le 12 septembre 2010

lundi 13 septembre 2010

"Fiesta Chilena" à Savigny-le-Temple

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Musiques chiliennes et latinoaméricaines avec Cordillera, Marcus Soto, Mosaiko, Sipassy, Ayakantun Tu Infierno
Tombola, Bal, empanadas , vino tinto en bien d’autres spécialités chiliennes.
Pour s’y rendre :
Voiture : A6 sortie Melun -Senart - Savigny Plessis le Roi (Sortie 10B). Suivre->Léo Lagrande->Le Miroir d’Eau.
RER D : Gare de Lyon->Savigny-le-Temple
BUS : Domi. Arrêt Chanterraine (La Bulle)
France
Date : samedi 18 septembre 2010
Horaire : de 12:00 à 21:00
Miroir d’Eau - Complexe Sportif Léo Lagrange - Savigny-le-Temple (77) - Tél. : 01 4206 4458 - 06 6344 1245
Entrée libre

dimanche 12 septembre 2010

Chili: violences à la fin d’une marche en hommage aux victimes de Pinochet

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]Le défilé en mémoire des victimes du 11 septembre 1973 au Chili. Photo Héctor Flores
A Santiago, la capitale, 5000 personnes ont participé samedi à cette marche en mémoire des victimes. Un défilé qui s’est achevé par des affrontements entre une centaine de protestataires et des forces de l’ordre. Des casseurs qui se sont masqués le visage ont attaqué aussi un cameraman.

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Le « conflit mapuche, la honte nationale » au Chili. Photo Héctor Flores
Les manifestants ont exprimé également leur solidarité avec les détenus indiens Mapuche qui font une grève de la faim dans le sud du pays. Ils réclament le retrait d’une loi antiterroriste datant de la dictature Pinochet.Le gouvernement a annoncé la semaine dernière une révision de cette loi.
En 37 ans de dictature, de 1973 à 1990, 3.000 personnes ont été assassinées ou ont disparu. Augusto Pinochet a fait l’objet de plusieurs poursuites en justice. Il est mort en 2006 sans avoir été condamné.

Chili : L’impossible domestication du peuple mapuche

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]Photographie de l'exposition "Mapuche: Semences du Chili"
L’occupation militaire de l’Araucania, territoire situé au sud de la rivière Bio Bio, a mis un terme à 260 années d’autonomie mapuche qu’avait dû accepter la Couronne espagnole par décision du Parlement de Quilín, le 6 janvier 1641, par laquelle avait été reconnus la frontière et l’indépendance de fait du peuple mapuche.
Après l’occupation de l’Araucania, les Mapuches ont été confinés dans des “réductions” [réserves], ont perdu les 10 millions d’hectares qu’ils contrôlaient et ont été transformés en agriculteurs pauvres, forcés de changer leurs coutumes, leurs manières de produire et leurs normes juridiques. La dictature du général Pinochet a accentuer la dépossession. Si, en 1960 chaque famille mapuche possédait en moyenne 9,2 hectares, à la fin de la dictature, il ne leur restait à peine plus de 5 hectares. Le bouquet final, c’est la démocratie qui l’a fourni grâce à la mainmise progressive des grandes entreprises forestières et la construction de complexes hydro-électriques : aujourd’hui, chaque famille mapuche ne dispose plus que de 3 hectares en moyenne.
En effet, l’ensemble des terres mapuches n’atteint pas les 500 mille hectares, où vivent quelques 250 mille membres de communautés rurales dans quelque 2 000 réserves qui sont autant d’îlots dans une mer de pins et d’eucalyptus. Les familles indigènes disposent de la moitié des revenus moyens des non indigènes ; seulement 41% des logements mapuches ont des égouts et 65% l’électricité. Dans certaines communautés indigènes, la mortalité infantile dépasse de 50% la moyenne nationale. Quand ils prétendent récupérer leurs terres, c’est-à-dire leur dignité, on leur applique la loi antiterroriste (Loi 18.314, de 1984) promulguée par Pinochet.
La grève de la faim de 32 prisonniers mapuches entamée il y a 60 jours s’inscrit dans cette longue guerre de l’État contre un peuple. Ils exigent qu’on ne leur applique pas la loi antiterroriste, la fin du double traitement juridique (car beaucoup de prisonniers sont soumis à la justice militaire et à la justice civile), que ne soient pas utilisés contre eux des témoins encapuchonnés qui restreignent les droits de la défense et que soit mis fin à la militarisation du territoire mapuche.
Le Comité des Droits Humains des Nations Unies a publié un rapport, le 18 mai 2007, dans lequel il note que la définition du terrorisme dans la loi chilienne « pourrait s’avérer trop vaste et qu’elle a permis que des membres de la communauté soient accusés de terrorisme pour des actes protestation ou de revendication sociale ». Il ajoute que l’application de cette loi se prête à des arbitraires et à des discriminations, car au Chili «elle a été majoritairement appliquée pour la persécution pénale des Mapuches ».
D’autre part, la loi antiterroriste est seulement appliquée au peuple mapuche. Si les organisations mapuches brûlent un camion d’une entreprise forestière, ils sont accusés de terrorisme. Mais, quand des travailleurs en grève brûlent un autobus, comme c’est arrivé à de multiples occasions, on leur applique la législation civile. Pour l’avocat de droits humains Hernán Montealegre, ceci est du au fait que les propriétaires terriens « ont beaucoup d’influence sur les gouvernements » (El Mostrador, 3 septembre 2010).
C’est « la justice du colon », comme l’indique le politologue mapuche José Marimán. Le Chili poursuit les Mapuches avec des lois qui ne s’appliquent pas aux autres citoyens, en les traitant comme des êtres de seconde catégorie ou colonisés. Les Mapuches sont soumis à la torture, y compris envers des enfants et des personnes âgées, dans une impunité totale ; on les accuse sur la base de montages et de faux, « sans que personne ne les dédommage quand est prouvée la fausseté des accusations », et « certains sont jugés à la fois par des tribunaux militaires et civils (double jugement), pour des infractions semblables à celles que commettent des Chiliens protestant pour d’autres raisons, comme le fait de jeter des pierres ou des crachats sur les policiers et leurs véhicules de combat » (El Quinto Poder, 7 septembre 2010).
La manœuvre la plus récente est la tentative d’appliquer la Convention 169 de l’OIT, qui établit les droits collectifs, mais sans procéder à une consultation préalable et vidée de tout contenu, de sorte que sont reconnus formellement l’existence de peuples indigènes mais sans que soient inclus les droits et les pouvoirs qui leur correspondent. Le gouvernement de Sebastián Piñera, aidé par la Concertation [1], ne veut pas que la résistance mapuche ternisse les fêtes du bicentenaire et cherche à se dégager de cette grève de la faim qui, après des semaines d’isolement médiatique, commence à briser le mur du silence.
Malgré la répression et la cooptation, il ne sera pas possible de faire plier le peuple mapuche. Trois raisons de fond s’y opposent. La première est la propre histoire et la cosmovision mapuche. « Dans le Wallmapu il ne s’est pas développé une société indigène de type étatique, comme cela s’est produit dans les Andes et en Méso-amérique », a écrit l’historien Pablo Marimán Quemendo. Les colons, « en incorporant par la force une société indigène de type horizontale, matriarcale et segmentaire comme celle des Mapuche, ont ouvert une situation complexe et difficile à résoudre jusqu’à aujourd’hui ». Des mondes tellement différents ne peuvent coexister qu’en se reconnaissant mutuellement.
À ce fossé culturel, économique et politique profond, s’ajoute une seconde scission de caractère colonial : « On nous parle d’égalité, de fraternité et de liberté, mais on nous on traite comme des Indiens vaincus, des citoyens de seconde catégorie dont on fait les victimes de politiques racistes », indique Marimán. En troisième lieu, le modèle néo-libéral a poussé de vastes secteurs non mapuches à éprouver des modes de vie et d’exclusion semblables à celles dont souffre ce peuple. Il les a transformé en ses alliés potentiels, en particulier les jeunes des villes qui subissent le triple encerclement de la pauvreté, de la répression et des politiques sociales discriminatoires.
Le peuple mapuche n’a été vaincu ni par la guerre d’extermination, ni par la dictature, ni par la démocratie progressiste qui a combiné la répression avec la corruption. Traqués par l’État, méprisés par les gauches électoralistes, ils mettent de nouveau leurs corps en jeu, pour sensibiliser ceux d’en bas, mapuches et blancs, pour continuer à vivre, pour continuer à être un peuple.
Traduction : XYZ… pour le site OCLibertaire, reproduction vivement recommandée

L’écrivain Bernardo Toro en résidence au lycée Jean Rostand de Mantes-la-Jolie


Inscrite dans le cadre de la réunion de rentrée du lycée, cette rencontre avait pour but la présentation du projet de résidence autour du thème «Construire une œuvre, se construire soi : construire une voix». Un projet soutenu par la Délégation académique à l’action culturelle, en liaison avec l'inspection pédagogique régionale de lettres, et mis en œuvre grâce à la Région-Ile-de-France. La C.N.H.I. est l'un des principaux partenaires culturels de ce projet.
« Merci à ceux qui ont pensé à moi, a indiqué Bernardo Toro. J’ai été touché par l’accueil et la motivation de l’équipe du lycée, tout particulièrement de sa proviseure. Je voudrais montrer aux élèves que la littérature est faite de matière vivante. J’aimerais partager avec eux la dimension d’enquête qui est au cœur de mon projet littéraire. J’aimerais aussi leur faire partager mon activité d’éditeur en les faisant participer au comité de lecture et à la réalisation d’un numéro de la revue (de nouvelles) "Rue Saint Ambroise", que je dirige ».
Après avoir entendu Martine Poulain lire des extraits de romans de l’auteur, les enseignants ont visité la Cité et l’exposition "Repères" présentée par Christiane Audran-Delhez, professeur relais.
De nombreuses actions révélatrices de la diversité des champs disciplinaires concernés par cette résidence d’écrivain verront le jour au lycée. Ainsi, sur une idée de Bernardo Toro, les élèves écriront le scénario d’un court métrage autour du thème : "l’adolescent entre recherche et rupture de soi". Autres actions prévues : l’écriture de fictions (nouvelles, courts récits, chansons), la transposition d’un extrait du roman de Bernardo Toro "De fils à fils" en courtes scènes, la réalisation d’une sculpture en métal par les élèves de RCI (Réalisations en Chaudronnerie Industrielle) à la suite de la lecture des œuvres de Bernardo Toro. L’écrivain leur proposera également des recherches historiques et documentaires sur les dictatures du Chili, de l’Argentine, de l’Uruguay.
Une journée de restitution des travaux conduit dans le cadre de cette résidence sera organisée fin mai à la Cité qui exposera dans sa médiathèque les productions écrites des lycéens et les mettra en ligne sur son site internet.
Une affaire à suivre…

vendredi 10 septembre 2010

Un troisième puits de secours sera bientôt creusé

«L'ingénieur André Sougarret (chef des opérations de forage) a dit que les camions commenceraient à arriver à partir de trois heures de l'après-midi (19h00 GMT) sur le chemin qui monte à la mine», a déclaré une source au sein de l'équipe de secours.
Cette route en terre étroite et sinueuse s'étend sur 40 kilomètres jusqu'à la mine de San José, où les 33 mineurs sont bloqués depuis plus d'un mois. Leur sauvetage n'est pas attendu avant début novembre, voire début décembre.
Ce troisième engin, spécialisé dans le forage pétrolier, percera un troisième puits de secours jusqu'à 700 m de profondeur, à un angle légèrement différent des deux premiers, une fois sa plate-forme installée, vers le 18 septembre. Il a une capacité de progression de 20 à 40 m par jour, selon la roche à perforer.
Les équipes de secours continuaient en revanche leurs «réglages» mécaniques sur l'une des deux autres machines déjà à l'oeuvre, la T-130, arrêtée mercredi après-midi, après avoir atteint 268 mètres de profondeur en trois jours.
Elle doit continuer à creuser jusqu'à 630 mètres pour élargir à 30 cm un étroit conduit de 12 cm déjà foré, par lequel les mineurs étaient ravitaillés. Ensuite viendra une deuxième étape d'élargissement au diamètre final voulu pour évacuer les mineurs à bord d'une nacelle (70 cm).
La T-130 a dépassé la «Strata 950», en action depuis dix jours et qui avait progressé mercredi jusqu'à 141 mètres sous terre, selon l'ingénieur Sougarret.
Mais cet engin là fore un puits totalement nouveau dans la roche et est donc plus lent dans sa progression.

JE N’ÉCRIRAI PAS SUR LES MINEURS CHILIENS

ne transformez pas cette longue saison en enfer de nos compatriotes en une vulgaire émission de télé-réalité
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L'auteur chilien Hernán Rivera Letelier, à bord d'un train français à grande vitesse (TGV). Photo Daniel Mordzinski, 23-03-2010
On m’a même offert d’écrire un scénario pour un film. “Vous qui avez été mineur, votre opinion nous intéresse, nous voulons savoir ce qui se passe dans la tête de ces 33 hommes.” J’ai refusé systématiquement toutes ces propositions. Je n’ai accepté que les interviews. Et si aujourd’hui j’écris sur le sujet, c’est pour expliquer mon refus. J’ai refusé parce que justement moi aussi, j’ai été mineur. Ecrire sur ces compagnons enterrés vivants, faire de la littérature avec leur tragédie, reviendrait à écrire un conte ou un poème sur le lit de mort de mon père, de mon fils ou de mon frère. Je ne suis pas là pour ça. Mon éthique me l’interdit. J’ai beau être un salaud parfois, il y a tout de même des limites.
Comme tout le monde, cette tragédie m’a profondément attristé, comme tout le monde, j’ai pleuré et comme tout le monde j’ai hurlé de joie quand j’ai appris qu’ils étaient encore en vie. Et je dois avouer que, même si je n’ai jamais été un fervent patriote, mon cœur a manqué lâcher dans ma poitrine quand j’ai entendu les premières strophes de l’hymne national sortir des entrailles de la terre portées par les voix rauques de ces 33 humbles Chiliens. J’étais en Amérique centrale quand j’ai appris la nouvelle. Au premier journaliste qui m’a appelé depuis le Chili j’ai répondu que si ces hommes n’étaient pas morts écrasés, ils allaient survivre jusqu’à ce qu’on les retrouve. Je lui ai dit que je les imaginais en train de s’organiser, de se réconforter les uns les autres, de se raconter des histoires et des blagues, de s’inventer des mensonges. Que les mineurs, comme les pêcheurs, étaient des hommes habitués à lutter contre l’adversité, contre les forces de la nature. Qu’ils ne se laisseraient pas mourir facilement et qu’ils étaient très croyants. Maintenant qu’ils savent que nous savons qu’ils sont en vie, maintenant qu’ils savent que leurs familles les attendent et qu’ils ont compris qu’ils devraient endurer une longue attente, leur courage ne faiblira pas. J’en suis persuadé. Ils sont 33, c’est un nombre sacré. Quand j’étais petit et que je vendais des journaux dans la rue – une expérience que j’ai racontée dans un de mes livres –, je ne vendais que 33 journaux, cela me suffisait pour manger et il ne m’est jamais resté un seul journal sur les bras. Trente-trois ans, c’était l’âge du Christ, et cela me portait chance. Je suis superstitieux, comme tous les mineurs. 33, c’est le chiffre de la mort et de la résurrection.
Et ces hommes sont morts et ressuscités. Laissez-moi demander deux choses pour ces mineurs. Seulement deux. La première s’adresse au gouvernement : ne manquez pas cette opportunité en or de passer à la postérité en réformant profondément la législation du travail pour que des malheurs de ce genre ne se produisent plus jamais – et profitez-en au passage pour suspendre par les couilles les propriétaires de la mine. La seconde s’adresse aux médias : ne transformez pas cette longue saison en enfer de nos compatriotes en une vulgaire émission de télé-réalité. Une fois qu’ils seront tirés d’affaire, vous ferez ce que vous voudrez – avec leur consentement ou non –, mais, en attendant, ayez la décence de respecter les tourments, l’angoisse et le supplice que cela représente d’avoir des millions de tonnes de roche au-dessus de la tête.

Un séisme de magnitude 6,1 enregistré au large du Chili


Aucune alerte au tsunami n'a été émise par le Centre d'alerte du Pacifique. Le séisme s'est produit à 3 h 28 (9h28 à Paris) à environ 35 kilomètres au sud-ouest de la ville côtière de Concepcion, à une profondeur de 17 kilomètres. Ce tremblement de terre a été enregistré à proximité de l'épicentre du séisme de magnitude 8,8 qui avait frappé le Chili le 27 février, déclenchant un tsunami qui avait fait 521 morts et balayé des villages entie

Soutien au peuple Mapuche à Paris

Représentants d’associations françaises, franco-chiliennes, de la culture, des étudiants et chercheurs ainsi que des journalistes, ont plaidé pour un Chili respectueux avec les peuples originaires. Par l’intermédiaire des discours, les participants ont rappelé les injustices subies par les mapuches depuis les débuts de la conquête du Sud par la jeune nation chilienne. Injustices qui se sont installées structurellement dans l’âme du pays par l’intermédiaire de la domination, de l’expropriation, de la non considération de leurs droits les plus élémentaires, du paternalisme et de l’infantilisation qui les condamnent à l’espace hybride de la folklorisassions.
Pour transformer ce processus infernal, nos frères et sœurs mapuches luttent depuis la nuit des temps et ne s’arrêteront pas d’aussitôt car leur lutte est juste ; ainsi témoigne le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies qui a recommandé à l’Etat chilien, entre autres, de « réviser l’application de la loi antiterroriste aux peuples autochtones » (recommandation du groupe de travail de l’Examen Périodique Universel du Chili, septembre 2009).
Dans l’urgence de la grève de la faim, leurs revendications se résument aujourd’hui à:
- La fin de l’utilisation de la loi 18.134, connue sous le nom de loi antiterroriste, appliquée tout spécialement contre le peuple Mapuche ;
- La révision de tous les jugements antérieurs concernant les membres de communautés mapuches condamnés au titre de la loi antiterroriste ;
- La fin du double jugement – civil et militaire – imposé aux inculpés mapuche pour des affaires à caractère civil ;
- La fin de la militarisation de leur territoire ;
- La reconnaissance de leurs droits environnementaux, sociaux, culturels et politiques, en accord avec la convention 169 de l’OIT approuvée par le congrès chilien et en vigueur depuis septembre 2009.
Les organismes signataires* font un appel aux autorités chiliennes à passer à l’acte et à arrêter de prendre les projets de loi pour des réalisations concrètes, à arrêter de planifier le futur des peuples autochtones à l’heure où ils ont le droit de participer aux décisions qui les concernent. Ces peuples ne doivent plus être seuls bénéficiaires des politiques publiques, ils sont des acteurs de leur avenir.
*Les signataires de ce communiqué sont : la Fondation France Libertés, l’AFAENAC, le Collectif pour les Droits de l’Homme au Chili, Mouvement contre le Racisme et l’Amitié entre les Peuples, Terre et Liberté pour Arauco, le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques - CSIA Nitassinan, Nuevo Concepto Latino, Relmü Paris, Association Ex-Réfugiés Politiques de Fontenay sous Bois, Association La BiziKleta.

lundi 6 septembre 2010

Trois jours dédiés à Salvador Allende

par MARIG DOUCY > marig.doucy@nordeclair.fr
Lui est un enfant de la dictature. Né en 1973 au Chili, Rodrigo Hernandez a grandi au sein d'une société malmenée par le régime du général Pinochet. « Mais tout me paraissait normal, je ne connaissais que ce monde, explique le Chilien installé à Lille depuis cinq ans.
Cette société sous emprise a eu une grande influence sur l'imaginaire collectif. » De formation artistique - il a travaillé la photo, la peinture et la vidéo durant sept ans dans une école des Beaux-Arts au Chili -, il propose une expo-installation dès le 11 septembre à la Maison des droits de l'Homme Nelson Mandela.
« Je présente des oeuvres récentes pour l'occasion à partir d'images de Salvador Allende, j'évoque son héritage. » Neuf tableaux et une projection vidéo composeront l'accrochage intitulé « De grandes avenues ». Un hommage au dernier discours du président renversé. « Le 11 septembre 1973, une radio a retransmis son manifeste chargé d'espoir et d'humanité. Salvador Allende prédisait, à l'heure du coup d'État, que "plus tard, les grandes avenues s'ouvriront de nouveau..." » Pour cette exposition-installation, l'artiste visuel a fait appel à des amis chiliens « pour échanger les souvenirs qui (les) ont marqués. Cette expérience a été pour moi une véritable occasion de m'exprimer, je prends d'ailleurs la parole de façon autobiographique. »
Défense et droits de l'Homme et promotion de la culture
Et Rodrigo Hernandez d'évoquer toute une génération d'artistes, brimés durant leur enfance, qui à présent s'épanouissent dans différents domaines artistiques. « La population est aussi très politisée en raison de notre histoire récente. » L'artiste a été invité par l'association villeneuvoise Cordillera qui organise depuis plusieurs années un hommage à Salvador Allende. Fondée en 1990, l'association a en fait pris le relais du Front des Chiliens en exil. « Notre vocation est la défense des Droits de l'Homme en Amérique latine et en France, souligne Douglas Galleguillos, président de Cordillera. Nous oeuvrons aussi pour promouvoir la culture d'Amérique latine. » Un groupe de musique, du même nom, a d'ailleurs été créé, il est la vitrine de l'association.
Derrière cette vitrine fédératrice, les combats sont multiples. En tête : le soutien à la communauté indienne Mapuche qui veut récupérer 5 000 hectares de terres au Chili et la dénonciation de « l'impunité accordée aux sanguinaires ». Douglas Galleguillos parle avec force et conviction de ces causes. On sent toute l'importance que revêt l'hommage rendu à Salvador Allende. Et il reste pourtant encore tellement de choses à dire...w Vernissage samedi 11 septembre à 12 h 30 de l'expo-installation « De grandes avenues », Maison des droits de l'Homme Nelson Mandela, 89 chaussée de l'Hôtel-de-Ville. Entrée libre.
DU 10 AU 13 SEPTEMBRE : « ALLENDE TOUJOURS PRÉSENT »
L'hommage à Salvador Allende, renouvelé depuis plusieurs années à Villeneuve d'Ascq, est constitué de multiples manifestations : de l'initiation à la cuisine traditionnelle chilienne au rassemblement commémoratif. Vendredi 10. De 14 h à 17 h, ateliers d'initiation à la cuisine traditionnelle chilienne. À la Ferme d'en Haut, 268 rue Jules-Guesde. Samedi 11. À 12 h, rassemblement commémoratif : dépôt de gerbes, minute de silence, parole des associations, discours. Place Salvador-Allende. À 12 h 30, vernissage expo-installation « De grandes avenues » de Rodrigo Hernandez, artiste visuel chilien. Pot de la solidarité. MDH Nelson-Mandela, 89 chaussée de l'Hôtel-de-Ville. À partir de 17 h, conférence « Prisonniers politiques mapuches et nouveau contexte politique au Chili ». Rencontres artistiques et militantes, dégustation de cuisine traditionnelle. Ferme d'en Haut, 268 rue Jules-Guesde. Lundi 13. À 19 h puis à 21 h, projections des films La Ciudad de los fotografos (La ville des photographes ) et El diario de Don Augustin (Le journal de M. Augustin). Ou la vie des Chiliens durant la dictature de Pinochet vue par des photographes et le rôle ambigu du quotidien El Mercurio.w Maison des droits de l'Homme Nelson Mandela. Tél. : 03.20.43.50.11. Cordillera, tél. : 03.20.05.21.35. cordillera@orange.fr.