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Chili-Bolivie. Ce n’est pas l’affiche la plus alléchante de la 44e Copa America, qui réunit les meilleures nations d’Amérique du Sud au Chili. La première place du groupe A se joue certes dans la nuit de vendredi à samedi au tristement célèbre Estadio nacional de Santiago, centre de détention et de torture sous la dictature militaire de Pinochet.
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Mais pour la Bolivie, affronter le voisin chilien su
sur ses terres dépasse très largement le cadre sportif. Evo Morales, le très populaire président bolivien, a en effet saisi la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye afin d’obliger le Chili à négocier « un accès souverain à la mer » pour son pays.
sur ses terres dépasse très largement le cadre sportif. Evo Morales, le très populaire président bolivien, a en effet saisi la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye afin d’obliger le Chili à négocier « un accès souverain à la mer » pour son pays.
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« LE ROI ARTHUR »
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Un conflit qui remonte à la fin du XIXe siècle. Des hausses d’impôts et des vues chiliennes sur les ressources naturelles de la région d’Antofagasta, alors territoire bolivien, plongent le Chili, la Bolivie et son allié péruvien dans la guerre du Pacifique (1879-1884). Battue, la Bolivie doit signer un traité de paix quelques années plus tard, en 1904, dans lequel elle cède l’Antofagasta (120 000 km2, 400 km de côtes) au Chili. Plus d’un siècle plus tard, Evo Morales entend « mettre fin à l’injustice » et rendre à son peuple un accès à la mer. « La Bolivie est née avec la mer, c’est fondamental pour notre économie, défend Liborio Flores Enriquez, ambassadeur en Argentine et proche du premier président indigène de Bolivie. Avec les nationalisations des hydrocarbures, Evo a rendu aux Boliviens leur dignité. La demande de La Haye s’inscrit dans ce processus. » Le sujet a été mis sur la table en 2013, à la suite de l’échec des négociations bilatérales avec le gouvernement chilien. Deux livres (« Le livre de la mer » et « Je veux une mer, une mer bleue pour la Bolivie », non traduits) et un hymne (La Marche navale) officiels ont été écrits pour l’occasion. Après avoir déposé le dossier auprès de la CIJ en mai, Evo Morales, fan de football, a osé cette métaphore : « Je compare l’argumentation de la délégation bolivienne avec le but de Messi contre le Bayern Munich en Ligue des champions : démolisseuse. »
« Contre le Chili, ça va au-delà du football »
Le dernier duel entre les deux voisins, le 14 octobre 2014, n’avait pas eu grand-chose d’un match amical. Après avoir ouvert le score, Carlos Saucedo, le buteur bolivien, s’était jeté au sol, imitant un nageur dans la mer. « Contre le Chili, ça va au-delà du football », justifiait-il en fin de match. Le peuple bolivien et son équipe soutiennent massivement le gouvernement dans sa requête. Marcelo Martins, l’auteur du troisième but contre l’Equateur (3-2), lundi 15 juin, a dédié la victoire à Evo Morales. A son arrivée à Mendoza, en Argentine, tout près de la frontière chilienne, l’équipe avait été reçue par des banderoles « Les Malouines pour l’Argentine » et « La mer pour la Bolivie ». « La sélection dans cette Copa America est à l’image du pays : après tant de déception et de souffrance, il y a de l’espoir et de l’enthousiasme, explique Jaime Galarza, journaliste sportif bolivien. La victoire et la probable qualification sont déjà une grande fierté pour nous. Maintenant, si on bat le Chili… »
Car la performance de la Verde à cette Copa America est déjà remarquable. La victoire face à l’Equateur a mis fin à dix-huit ans de disette en Copa America. La dernière victoire remontait à la demi-finale contre le Mexique, le 25 juin 1997, à La Paz… à 3 700 m d’altitude.