Trente-neuf réfugiés bloqués à la frontière syro-irakienne ont été transférés vers le Chili.
Mais ils auraient probablement été plus nombreux s’ils avaient su qu’ils seraient si bien accueillis par les Chiliens, qui subviennent à leurs besoins et leur offrent un abri dans la ville agricole de La Calera [à 130 km au nord-ouest de Santiago].
Car il n’y a pas un ministre de nos pays arabes qui aurait pu leur dire, tel le vice-ministre de l’Intérieur chilien : “Laissez vos souffrances derrière vous. Laissez le Chili vous rendre votre sérénité !”
La situation du Chili sur la carte n’a pourtant rien d’encourageant pour les candidats à l’exil, et beaucoup auraient préféré a priori se réfugier dans le giron chaleureux du monde arabe. Cette étroite bande côtière ressemble à une pièce rapportée sur le flanc ouest du continent, entre le Pérou au nord et le bout de la terre au sud. Et, pour l’atteindre [depuis le Proche-Orient], il faut trente heures d’avion.
Ces Palestiniens vont désormais devoir apprendre l’espagnol, se familiariser avec les équipes de foot locales et trouver des points communs avec le peuple catholique chilien. Ils peuvent mettre en avant le fait qu’ils sont originaires de la terre du Christ et que l’on trouve chez eux des églises parmi les plus anciennes.
Mais ils devront aussi trouver des arguments pour expliquer que leur peuple est victime des gouvernants du monde arabe, qui privent les réfugiés palestiniens de toute perspective d’avenir et les considèrent comme une menace ; expliquer aux Chiliens pourquoi les Libanais ont peur de les naturaliser, alors que le Chili les accueille à bras ouverts [selon l’ONU, 360 000 Palestiniens y vivent actuellement – la plus importante communauté en dehors du monde arabe].
Les errants du désert n’ont qu’à jeter une bouteille à la mer dans l’espoir qu’elle parvienne à la reine Zénobie, qui régnait sur leur pays au temps de la cité de Palmyre : “Ô fille d’Amrou, ô perle d’Orient, ô reine des temps mythiques, sois sans crainte pour tes petits-enfants arabes et palestiniens qui sont maintenant au Chili.
Sais-tu que tes descendants se moquent de leur race, de leur culture et de leur histoire ? Quand ils sont tombés en captivité et quand leur honneur a été piétiné, ils n’ont pas suivi ton exemple, toi qui as préféré la mort à la soumission. Ô chère reine à l’épaule dénudée, ils ont choisi la vie. Mais au moins ils vivent dans la dignité. Désormais, ils sont errants au Chili.”