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vendredi 4 juillet 2008

PERPÉTUITÉ POUR UN EX-CHEF DE LA DICTATU

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LE JUGE ALEJANDRO SOLIS, PHOTO JAIME BASCUR
Le juge Alejandro Solis a condamné lundi en première instance, le «Mamo», comme on le surnomme, pour double homicide et association illicite dans l’assassinat du général Carlos Prats et de son épouse Sofia Cuthbert le 30 septembre 1974 à Buenos Aires. Huit autres ex-agents militaires et civils de la Dina écopent de 541 jours à vingt ans de prison. «Cela fait trente-quatre ans qu’on tente d’obtenir vérité et justice, souligne, les larmes aux yeux, à la sortie du palais de justice, Angelica Prats, une des filles du couple assassiné. Il y a eu tant d’obstacles qu’il semblait que ce moment n’arriverait jamais.»

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LE PRÉSIDENT AVEC CARLOS PRATS COMMANDANT EN CHEF DE L’ARMÉE DE TERRE ET MINISTRE DE L’INTÉRIEUR, EN ARRIÈRE PLAN LES AIDES DES CAMPS DU PRÉSIDENT SALVADOR ALLENDE ET LE MINISTRE SOUS SECRÉTAIRE D’INTÉRIEUR DANIEL VERGARA À DROITE.
«Lumière». Dans les années 70, le général Carlos Prats est commandant en chef de l’armée de terre et ministre de l’Intérieur du président Salvador Allende. Quand il se retire, il recommande personnellement au président socialiste de nommer Pinochet à la tête de l’armée. Quelques mois plus tard, le général félon se joint aux putschistes qui bombardent le palais présidentiel le 11 septembre 1973. Allende se suicide. Pinochet prend la tête d’une dictature qui fera plus de 3 000 morts et disparus et durera dix-sept ans. D’après les 500 pages de l’instruction du juge Solis, les Prats, en exil en Argentine, avaient reçu des menaces de mort. Le général portait continuellement une arme sur lui, inutile contre la bombe placée sous sa voiture. C’est un autre couple, l’américain Michael Townley, témoin protégé aux Etats-Unis et son épouse Mariana Callejas, condamnée dans l’affaire à vingt ans de prison, qui appuient sur le détonateur, cachés dans leur voiture à 100 mètres de là.
«Il est très important que puisse se faire la lumière dans toutes les affaires de droits de l’homme», s’est félicité le ministre de la Justice, Carlos Maldonado, tout en rappelant que cela fait partie des engagements de la présidente, Michelle Bachelet. Le ministre a souligné qu’il n’y aurait pas de délai imposé dans ces affaires.

«Privilèges». 

Il y a quelques jours, le président du Sénat et dissident de la coalition au pouvoir, Adolfo Zaldivar, soulignait qu’il était temps de clore les procès pour violations des droits de l’homme. «Il est surtout temps que l’armée dégrade et retire tous les privilèges dont jouissent les six hauts-gradés condamnés», a rebondi le sénateur socialiste Jaime Naranjo. Ils reçoivent toujours leur confortable retraite de généraux…Quant à Manuel Contreras, qui cumule 289 ans de réclusion dans 26 affaires, il purge sa peine à la prison de luxe Penal Cordillera.
L’armée n’a jamais reconnu sa participation dans l’assassinat de son ex-commandant en chef.Si ce jugement est une avancée pour la justice chilienne, il reste à la cour d’appel et à la Cour suprême de ratifier les condamnations.