Noémie, leur accompagnatrice française, fait un peu la tronche mais s’est résolue à suivre les trois touristes latinos qui tenaient ferme à réveillonner sur les Champs Elysées. Un peu déçus par les (non) festivités, ils se rattrapent sur l’alcool. Les bouteilles en verre étant prohibées, ils ont transvasé leur rhum-orange dans de grandes bouteilles en plastique et semblent bien partis pour démarrer 2010 sur les rotules.
Jean-Christophe et Charline sont messins. Très chics, Monsieur porte un costume, Madame, défiant l’hiver, une robe échancrée. Ils se sont offerts «un petit plaisir», une semaine à Paris. «On s’est fait un bon resto, on n’est venu là que pour les douze coups de minuit. L’ambiance n’est pas extraordinaire, reconnaît Jean-Christophe, mais c’est pas tous les jours qu’on change de décennie et de toute façon un nouvel an c’est toujours un peu foireux. En plus pour moi c’est un peu rêve de gosse de le passer sur les Champs-Elysées.»
Walid et Lucas, eux, n’ont eu besoin que de quelques stations de métro pour rallier les Champs depuis Genevilliers. Circonstances obligent, ils sont sur leur trente-et-un et bien décidés à démarrer l’année sous de galants auspices: «c’est le paradis ici, il y a des meufs partout». Malheureusement pour eux, il y a également pléthore de prétendants. Certains font d’ailleurs fi de délicatesse dans l’art de la séduction au grand dam d’un groupe de jeunes américaines de passage à Paris.
Philippe fait partie des nombreux CRS présents par groupe de six tout le long de l’artère. Pas ravi d’avoir abandonné famille et amis, huîtres et champagne, il se rassure comme il peut: «Ça risque de chauffer d’ici un moment» A deux heures, aucun incident majeur n’était signalé. Touristes, amoureux, dragueurs ou professionnels, tous semblent avoir une bonne excuse pour se trouver dans le froid, au milieu des plusieurs centaines de milliers de pèlerins réveillonneurs des Champs-Elysées.
Par MARWAN CHAHINE