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lundi 21 juillet 2008

IMMIGRATION - Amérique du sud-Europe : de la friture sur la ligne

D'un côté, les 27 ministres de l'Intérieur des pays de l'Union européenne ont validé le projet de pacte européen commun qui sera voté au mois d'octobre prochain. De l'autre, les pays sud américains critiquaient ouvertement un texte qui selon eux criminalisaient les immigrants illégaux. C’est dans ce contexte et par pure coïncidence que le Chili organisait, dans le cadre des célébration du Bicentenaire, un forum de discussion sur "l'immigration, l'identité et l'intégration".Cette rencontre, bien que ce n'était pas le but, a permis au moins de renouer le dialogue. Cependant, à l’écoute des différents intervenants, les deux continents ne sont pas sur la même longueur d'onde. Claudia Serrano, numéro deux du Ministère de l'intérieur chilien, ne manquait d'ailleurs pas de rappeler quel rôle l'Europe et surtout la France avait pu jouer par le passer dans l'accueil des ressortissants Chiliens, «dans les années 70 l'Europe nous a donné un coup de main». Avant de préciser qu'aujourd'hui, «les décisions de l'Union Européenne peuvent porter atteinte aux droits de l'Homme». Pour elle, «l'instrumentalisation des problématiques de l'immigration par les partis politiques de droite et par les médias est une des causes de ce rejet des populations migrantes». Avant de conclure, «au Chili nous sommes des fils d'immigrants, il y a plusieurs raisons qui poussent à partir mais le rêve d'une vie meilleure est le dénominateur commun.» Des idées L'Amérique latine se pose donc en exemple de réussite et demande ouvertement à l'Europe de réfléchir avant de mettre en place une politique encore plus restrictive. Pour Patrick Weil, Français, Docteur en Sciences politiques, auteur en 2008 de Liberté, égalité, discriminations : l'identité nationale au regard de l'Histoire, la France n'est pas à montrer du doigt. Selon lui l'intégration des musulmans en France se passe beaucoup mieux que dans les autres pays européens. Il avance même une théorie, selon laquelle, "ce qui fait la force du modèle d'intégration français, c'est le respect historique du principe d'égalité". Cette égalité facilite l'intégration culturelle mais pour Patrick Weil, "si elle n'est pas respectée, alors il y a un phénomène contraire de "désidentification" et donc d'exclusion."Pour Catherine Withol de Wenden, elle aussi Docteur en Sciences politiques, le problème de l'Europe est bien distinct de celui des Etats-Unis et de l'Amérique latine. Effectivement, l'Europe reçoit plus d'immigrés que les Etats-Unis ou l'Australie. Selon elle, pour faire avancer les choses, "il faut sensibiliser tous les acteurs, pas seulement les Etats d'accueil et d'origine, mais aussi, les civils, les ONG, les professionnels, car l'important c'est la mobilisation, aujourd'hui, les acteurs et leurs intérêts sont trop dispersés."Ces journées ont eu le mérite de regrouper ces différentes instances même si aucune proposition concrète n'a émergé. A l'Europe à présent de faire le prochain pas.