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« Esprit indomptable », pochoir sur un mur de Santiago du Chili.
Avec notre correspondante à Santiago, Claire Martin
L’état de santé des 31 mapuches en grève de la faim est très préoccupant. Le corps de gendarmes chargé au Chili du gardiennage des prisons a demandé à la justice de pouvoir nourrir de force les grévistes. Leur demande a été rejetée mais en revanche, ils auront le droit de les obliger à une hospitalisation.
Eric Millan est le porte-parole des détenus de la prison située à Temuco. Son frère fait partie des grévistes. Il affirme que : « Leur état de santé est très détérioré. Ils souffrent de crampes, d’évanouissements, de pertes d’équilibre, et le plus préocuppant sont ces évanouissements qui se produisent quotidiennement à n’importe quel moment. Nos familles sont très préocuppées. Ils ont perdu énormément de poids, entre 9 et 12 kg. Pourvu qu’il ne se passe rien de regrettable. »
Les mapuches sont un peuple indigène du sud du Chili. Une minorité d’entre-eux a choisi de récupérer ses terres ancestrales par la force. Les 31 mapuches en grève de la faim ont un point commun : tous sont en détention provisoire. Tous sont jugés selon la loi antiterroriste.
Pour Jorge Huenchullan, porte-parole des détenus de la prison de la ville d’Angol, « Cette mobilisation cherche à ce que l’Etat retire la loi antiterroriste et que les grévistes ne soient pas mis en examen selon cette législation. Nous considérons que c’est disproportionné d’appliquer une telle loi au peuple mapuche qui mène une protestation sociale et une protestation politique. Nous, les mapuches, n’avons commis aucun attentat contre l’homme, il n’y a pas eu d’assassinat de personnes. »
Les manuches victimes de la double peine
La loi antiterroriste empêche la défense de connaître les détails de l’instruction et l’identité des témoins de l’accusation. La détention provisoire dure au maximum six mois au Chili. Avec cette loi, elle dure deux ans. Née sous la dictature d’Augusto Pinochet, elle est régulièrement dénoncée par l’ONU. Les mapuches réclament aussi que cesse la double peine.
Fernando Lira est président de l’association chilienne de défense des droits de l’homme Liberar : « En plus de la loi antiterroriste, il y a une autre législation arbitraire, insolite, dans la justice chilienne qui est la double peine. La plupart de ces mapuches sont jugés deux fois : par la justice militaire et par la justice civile. Ainsi, si un mapuche est déclaré coupable par la justice militaire, il peut aussi faire l'objet d'une seconde peine, prononcée cette fois par la justice civile».
La grève de la faim dure depuis 45 jours. Le gouvernement n’a toujours fait aucune déclaration.