Ce qui précède est le premier point du Communiqué émis le 26/8 par l’association qui coordonne les familiers des prisonniers politiques mapuche en grève de la faim depuis le 12 Juillet. Le Communiqué est adressé au "Peuple-Nation Mapuche, au peuple du Chili et à la Communauté Internationale."
Les familles informent avoir été reçues par Luis Manferrer, Directeur de la Gendarmerie Nationale, chargé des différents locaux où se trouvent les indiens en grève dans le but de les maintenir séparés. Ceci concerne les Prisons d’Angol, de Concepción, de Lebu, de Temuco et celle de Valdivia. La dispersion des détenus dans de nombreuses enceintes pénitencières, répond à la volonté de les démolir moralement, en cassant le sentiment indien et communautaire de "l’être ensemble" partagé dans leurs groupes ruraux et familiaux, d’où le nom qu’ils se donnent : "communeros".
Les familles demandèrent au fonctionnaire d’arrêter "l’harcèlement physique et psychologique" qui subissent les prisonniers politiques, vu que cet harcèlement est contraire à l’humanité d’un emprisonnement et "ne tient pas compte de leur état actuel de santé". Le fonctionnaire ne donna aucune réponse aux demandes.
REFUS DE L’ALIMENTATION PAR LA VEINE : Dans leur Communiqué, les Familles déclarent inacceptable "le recours de protection récemment approuvé par les Tribunaux de Concepción, de Temuco et de Valdivia" obligeant l’alimentation des indiens grévistes de la faim par la voie veineuse et/ou avec d’autres procédés médicaux.
La Coordination des Familles déclare qu’il s’agit là encore "d’une torture, affectant l’intégrité physique et psychologique" des prisonniers politiques. Ils dénoncent en plus la perquisition d’une des cellules, qui aboutit à l’incommunication du gréviste perquisitionné, incommunication qui empêche d’ores en avant l’évaluation de son état de santé par l’équipe médicale externe à la prison.
En plus ils ont dénoncé que, les avocats de la défense des inculpés détenus en grève de la faim, sont persécutés eux aussi par la police.
La Coordination des Familles a donné sa confiance à Mme. Berna Castro Medina, médecin docteur en psychiatrie, qui a répondu aux activistes mapuche à propos de la médicalisation de la grève de la faim.
En effet, on sait que la Cour d’Appel de Concepción et Temuco confirma la décision des Tribunaux de Concepción, de Temuco et de Valdivia ordonnant l’alimentation médicale des grévistes.
Ceci signifie que les détenus n’auront pas la possibilité de faire prévaloir leur droit à la protestation extrême qu’est la grève de la faim, et qu’ils ont débutée le 12 Juillet pour obtenir justice.
Le Dr. Castro Medina affirma que les détenus n’accepteront pas qu’on leur fasse aucun prélèvement sanguin pour réaliser des examens de laboratoire, car on craint que ce sang soit utilisé pour fabriquer des preuves qui seraient incorporées à des montages de l’accusation. Le médecin affirma qu’au jour d’aujourd’hui, accusateurs et procureurs n’ont pas de preuves, qu’ ils pourraient créer avec le sang prélevé.
Elle ajouta que pour tous les détenus mapuche, l’état n’a pas réussi à présenter des preuves ni à démontrer les charges. Cette accusation dépourvue de fondements sert d’appui aux soupçons manifestés par les groupes de soutien des grévistes de la faim, qui affirment que les prélèvements sanguins répondent à une manœuvre du pouvoir pour "fabriquer des échantillons d’ADN et placer ainsi les détenus là où ils veulent".
Le Dr. Castro Medina a dit "qu’il faut dénoncer ceci aussi" et elle réclame des "garanties" pour éviter que cela n’arrive, car c’est déjà arrivé "pendant les années 80 et même les 90, donc ce ne serait pas la première fois".
A propos du "bâillon de la presse", l’indifférence et le silence qui entourent la grève mapuche de la faim, Mme. Castro Medina souligna l’importance de vaincre le "bâillon" et eu des mots très durs pour "l’inconscience absolue de la classe politique, et principalement de la gauche, qui ne s’est pas mise dans ce processus absolument légitime et juste".
Le Dr. Berna Castro Medina finalisa l’entretien en déclarant : "Nous avons souffert de la répression et avons eu des amis, sur le plan national et international. Ici, aujourd’hui on s’attaque aux Droits de l’Homme. Bien au-delà de notre accord ou désaccord avec la question politique posée par les détenus mapuche, nous sommes ici en train de demander le droit légitime à un jugement juste, ce que nous sommes encore en train de demander pour beaucoup d’autres, n’est pas?. Nous sommes en train de demander vérité et justice... VERITE ET JUSTICE... Cela c’est ce qui me marque le plus. Parce que la presse est dans les mains de l’oligarchie chilienne, de la droite chilienne, mais attention à devenir complices de ces politiques-là."
Jusqu’ici les courageuses opinions du Dr Castro Medina dans le Chili d’aujourd’hui, au milieu d’une démocratie menacée.
©Ximena Gautier Greve. Droits réservés. Reproduction autorisée.