UNE SYMPATHISANTE DE BACHELET DURANT LA FERMETURE DE CAMPAGNE. PHOTO TRUEBA |
La coalition de centre-gauche, qui avait mené la transition démocratique et gouverné pendant vingt ans (1990-2010), est donc de retour, après une parenthèse de quatre ans de présidence de Sebastian Piñera (centre-droit). Le président sortant n'a pas attendu la fin du décompte des voix pour féliciter la dirigeante socialiste, qui a reçu également la visite de sa rivale, Mme Matthei.
L'ancienne coalition « Concertation démocratique » est devenue la « Nouvelle Majorité », désormais élargie au Parti communiste, qui ne participait à aucun gouvernement depuis plus de quarante ans, depuis la présidence du socialiste Salvador Allende (1970-1973).
Mme Bachelet devra relever le défi de mettre en oeuvre les grandes réformes qu'elle a promises pendant sa campagne. Le pilier de ces changements est l'adoption d'une nouvelle Constitution pour remplacer celle de 1980, imposée par la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).
Elle a également promis une réforme fiscale, prévoyant une augmentation de l'impôt des sociétés de l'ordre de 8 milliards de dollars (5,8 milliards d'euros) – soit 3 % du produit intérieur brut –, destinée notamment à une refonte du système éducatif, en vue d'instaurer une éducation publique gratuite et de qualité, et à l'amélioration du système de santé, des logements et des services publics.
UNE COTE DE POPULARITÉ INTACTE
Après sa première présidence, Michelle Bachelet, médecin de formation, avait passé trois ans à New York, à la tête de l'ONU Femmes. Créée en 2005, cette entité des Nations unies est chargée de promouvoir l'égalité de genre. Sa très forte cote de popularité était restée intacte, alors que son premier mandat avait été ébranlé par des manifestations de mécontentement social, émanant en particulier des lycéens. L'éloignement l'avait aussi mise à l'abri des critiques sur sa politique environnementale et sur la gestion du tsunami du 27 février 2010.
Si le centre-gauche avait fait du Chili un champion de la réduction de la pauvreté, c'est maintenant le dossier beaucoup plus délicat des fortes inégalités qui attend la future coalition gouvernementale.
Outre l'intégration des communistes au gouvernement, Mme Bachelet pourrait remettre dans le jeu les écologistes, les défenseurs de la communauté indigène Mapuche et les socialistes dissidents de Marco Enriquez-Ominami, toutes les nouvelles sensibilités de la société civile qui se sont fait entendre dans les rues et durant la campagne électorale. L'élaboration d'une nouvelle Constitution exigera d'élargir le consensus bien au-delà du centre-gauche.