Seuls seize écrivains avaient connu avant lui cette consécration. Le romancier péruvien Mario Vargas Llosa, 79 ans, entre de son vivant dans la prestigieuse « Bibliothèque de la Pléiade », aux éditions Gallimard. Huit de ses romans seront publiés le 24 mars, en deux volumes, dans une traduction révisée, sous le titre Œuvres romanesques. Tomes I & II.
André Gide fut le premier à rejoindre de son vivant la collection, en 1939. Plus récemment, le poète Philippe Jaccottet, en 2014, et l’Académicien Jean d’Ormesson, en 2015, avaient reçu le même honneur. Depuis sa création, en 1931, la collection s’est vendue à plus de 20 millions d’exemplaires. Elle compte près de 600 titres, de 200 auteurs différents, dont Tolstoï, Balzac, Zola, Rimbaud et Proust.
Mario Vargas Llosa, marquis de Vargas Llosa, né Jorge Mario Pedro Vargas Llosa le 28 mars 1936 à Arequipa, au Pérou, fait partie des grands auteurs de la littérature latino-américaine des années 1960. Journaliste, romancier, essayiste politique, il est auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont La Ville et les Chiens, La Maison verte, Conversation à la cathédrale… Alors qu’il écrit déjà des nouvelles et collabore à plusieurs revues, parallèlement à ses études de droit, il décide en 1958 de se dévouer entièrement à sa carrière d’écrivain. Rival de Gabriel Garcia Marquez – les deux amis se brouillent définitivement en 1976 –, il est d’abord tenté par le communisme, mais se tourne vers le libéralisme, déçu par les dérives de la révolution cubaine menée par Fidel Castro. Il fonde par la suite le mouvement de droite démocratique, Libertad, et se présente en 1990 à l’élection présidentielle péruvienne, sans succès.
« Le monde réel ne nous suffit pas »
En octobre 2010, il reçoit le prix Nobel de littérature pour « sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées des résistances, révoltes, et défaites des individus », selon le communiqué de l’Académie suédoise. Dans son dernier roman, Le Héros discret, paru en juin 2015 (Gallimard), il s’amuse à dresser un portrait sans fard du Pérou contemporain, de sa société bourgeoise jusqu’aux couches plus modestes.
Le 17 septembre, alors qu’il est fait docteur honoris causa de l’université de Salamanque, en Espagne, le Prix Nobel évoque dans un discours les raisons qui l’ont amené à écrire : « Si nous nous appliquons à créer des univers de fiction qui rivalisent avec la réalité véritable, c’est, semble-t-il, parce que le monde réel, d’une certaine façon, ne nous suffit pas, incapable qu’il est de satisfaire nos appétits et nos rêves. Il y a entre celui qui écrit et le monde où il vit une certaine incompatibilité ou, disons, une défiance, une césure, un abîme qu’il tente de combler fictivement par un autre monde qui, en somme, complète et élargit la réalité objective. »
Œuvres romanesques. Tomes I & II, de Mario Vargas Llosa ; Gallimard, Coll. La Pléiade ; parution le 24 mars 2016 ; 65 € chaque tome.