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PHOTO ALEJANDRO HOPPE |
Si l’œil de certains s’est forgé sous la dictature, dans la rue, au cœur de combats qui s’y sont déroulés, le regard des autres reflète un intérêt marqué pour les franges marginales de la société chilienne. Il se dégage de l’ensemble une vision poétique particulière, parfois insolite, née dans la transition d’un siècle à l’autre, du XXème au XXIème.
Chacun de ces photographes, puisant dans l’expérience intime de sa relation au pays, avec ses territoires humains, ses contrastes, son histoire, est allé à la recherche de ce que l’on ne veut pas voir, qui n’est plus ou a disparu. Comme si capter l’interdit, le lointain, l‘insaisissable demeurait toujours une quête. Tous incarnent non seulement la résistance à l’ordre établi mais aussi un attachement profond à ces communautés « invisibles » qui peuplent leur pays. C’est dans cette recherche d’un « autre » Chili que se place l’exposition Faces cachées, et dans une tentative de lever le voile sur les coins d’ombres d’un Chili oublié, mais bien vivant.
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Ainsi, Zaïda González (1977), seule représentante de sa génération, met en lumière les images d’un Chili underground et transgressif. Elle intervient avec des encres aquarelles sur ses photographies noir et blanc, afin de leur donner une toute autre dimension temporelle et d’atténuer la portée de la charge critique qu’elles véhiculent.
Claudio Pérez (1957) revisite les mythes et rituels du Chili. Entre ethnologie et archéologie contemporaine, son regard scrute le réel et ses photographies telles des pièces à conviction, parfois énigmatiques, transcendent la surface des choses pour en délivrer une vision complexe et inspirée.
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Luis Navarro (1938) partage la vie des gitans chiliens depuis des décennies. Se focalisant particulièrement sur les femmes, il dresse le portrait d’un groupe humain minoritaire vivant à des milliers de kilomètres des terres qui l’ont vu naître et qui parvient, malgré tout, à maintenir ses coutumes et sa culture.
Les frères Alvaro Hoppe (1956) et Alejandro Hoppe (1961), deux parmi les plus emblématiques photographes du livre et du projet «Chile desde adentro», dans la pure tradition du photoreportage militant, extraient de façon criante tout ce qui peut faire sens dans la rue, traduction visuelle de la période tendue et tragique des années 1980.
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Enfin, Leonora Vicuña (1952) convoque à travers des supports complémentaires à la photographie, par la vidéo et l’intervention plastique, les mondes souterrains et ancestraux du Chili. Entre revendication et lutte pour la préservation de la mémoire et de l’identité du peuple Mapuche, construit à la façon d’une trouble affaire policière, dont le point de départ est une photographie où quelqu’un a volontairement effacé le visage de l’un des protagonistes, son travail oscille entre document et fantasmagorie chamanique.
Parabole d’un temps qui, s’il paraît avancer, renvoie dos à dos les époques, Faces cachées invite le visiteur à regarder la société chilienne en coin, par le biais de ses marges. La mémoire est-elle une source pour l’avenir ? La marge tient-elle la page ? Une chose est sûre: comme dans toute œuvre d’art, l’implication et la recherche constituent un vecteur dynamique. L’engagement des photographes dans cette quête, qui a parfois failli leur coûter la vie, est leur premier moteur.
PHOTO LEONORA VICUÑA |
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Exposition organisée en partenariat avec la galerie NegPos, Nîmes avec le soutien de l’ambassade du Chili en France et de la Direction des Affaires Culturelles du Chili (DIRAC).