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mardi 12 avril 2016

AFFAIRE TSUNAMI - LA JUSTICE A-T-ELLE ÉTÉ RENDUE ?


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 IMAGE DU SÉISME AU CHILISAMEDI 27 FÉVRIER 2010
Le tribunal d’instance de Santiago a approuvé, jeudi 7 avril 2016, l’arrêt des poursuites contre les présumés responsables de l’alerte au tsunami avortée du 27 février 2010, qui a causé la mort de 104 personnes au Chili. Les familles des victimes crient à l’injustice. 
Six ans après le raz-de-marée de 2010, les familles des 104 victimes ne sont pas prêtes de refermer leurs plaies. Et pour cause : la justice a décidé d’abandonner les poursuites contre les fautifs de la disparition de leurs proches qui avaient écarté le risque de tsunami suite au séisme du 27F.  

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MEMBRES DES FAMILLES DES VICTIMES DU « CAS TSUNAMI » 
DÉCLARENT DANS LE TRIBUNAL
PHOTO AGENCIA UNO
L’accord conclu avec le ministère public pour éviter un procès oblige les accusés à « seulement » demander pardon aux familles et à leur verser une amende de 235 millions de pesos.

« Le Chili est aujourd’hui témoin de la sentence la plus injuste et la plus honteuse de son histoire. 104 compatriotes sont morts et une juge de la République estime que cela est insignifiant », s’est indigné l’avocat plaignant Raúl Meza à l’issue du jugement.



Que s’est-il passé ce 27 février ?

Dans la nuit du samedi 27 février 2010, à 3h34, un violent séisme d’une magnitude de 8,8 sur l’échelle de Richter a secoué le centre et le sud du Chili. Une demi-heure après la secousse, un tsunami a balayé les côtes chiliennes et provoqué la mort de 156 personnes et 25 disparus.

Plus de 5 heures après le drame, la présidente chilienne Michelle Bachelet niait encore qu’un tsunami s’était produit sur le littoral, dans une interview à la télévision, qui est restée célèbre pour la polémique qu’elle a déclenchée.

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CHILI : LE TREMBLEMENT DE TERRE DE 2010
A ÉTÉ BÉNÉFIQUE POUR DES PLAGES
PHOTOGRAPHIES DE QUATRE SITES D'ÉTUDE (A : BOYERUCA ; B : LEBU ; C : PUNTA LAVAPIE ET D : LLICO) AVANT ET APRÈS LE TREMBLEMENT DE TERRE ET LE TSUNAMI QUI ONT TOUCHÉ LE CHILI LE 27 FÉVRIER 2010. LES POINTILLÉS ORANGE INDIQUENT LA POSITION DE LA MER À MARÉE HAUTE. UNE SUBSIDENCE ENGENDRE UNE DIMINUTION DE LA SURFACE DES PLAGES (A). UN SOULÈVEMENT TECTONIQUE (B, C ET D) PROVOQUE QUANT À LUI UNE AUGMENTATION DES ZONES SABLEUSES SUR LE LITTORAL, CONTRECARRANT AINSI LES EFFETS NÉFASTES ENGENDRÉS PAR LA CONSTRUCTION DE DIGUES. © ADAPTÉ DE JARAMILLO ET AL. 2012, PLOS ONE

Le nombre de victimes causées par le raz-de-marée aurait pu être beaucoup plus faible si les autorités chiliennes n’avaient pas écarté le risque de tsunami. Une alerte avait pourtant été émise par les services nord-américains de l’US Geological Survey. L’erreur de diagnostic, reconnue par le gouvernement de Bachelet le lendemain de la catastrophe, aurait empêché l’évacuation de la population et généré la mort de 104 personnes.

L’enquête ouverte par la justice chilienne a déterminé une liste de six présumés responsables de l’alerte au tsunami avortée. Parmi eux : l’ex-directrice du Bureau national des urgences (Onemi), Carmen Fernández ; l’ex-sous-secrétaire du ministère de l’Intérieur, Patricio Rosende ; l’ex-directeur du Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shoa), Mariano Rojas ; l’ancien chef du Centre d’alerte anticipée (CAT), Johaziel Jamett ; l’ancien chef d’opérations de la Shoa, Andrés Enríquez ; et l’officier de la Marine, Mario Medina.

Le mea-culpa des autorités


UN SÉISME AUX EFFETS DÉVASTATEURS

Selon l’investigation, ils auraient « omis des informations précieuses qui auraient pu éviter beaucoup de morts en évacuant à temps les côtes touchées par les vagues du tsunami ».

Lors du jugement de jeudi dernier, les autorités impliquées dans l’affaire Tsunami ont reconnu leur responsabilité et présenté leurs excuses. « Je demande pardon aux familles des nombreux compatriotes qui ont perdu la vie dans ces événements. Je veux qu’elles sachent que cette nuit-là, malgré le chaos que nous avons vécu, je pense avoir réalisé tous les efforts humains pour aider la population », a confié Carmen Fernández.

Patricio Rosende, a aussi fait son mea culpa : « j’ai été le porte-parole de la précarité de l’État et j’ai assumé les conséquences du rôle qui m’incombait au sein de l’Onemi. Si certaines de mes actions durant cette nuit-là ont contribué à ce que je commette des erreurs, je demande pardon et je le déplore profondément ».

Si les familles des victimes acceptent les excuses de ceux qui étaient alors en charge de la sécurité du pays, elles considèrent l’issue du jugement comme «une blague » et exigent que « les coupables soient condamnés ». Leur avocat, Raúl Meza, a déjà assuré qu’il ferait appel de la décision du tribunal et qu’il étendrait les poursuites contre la présidente Michelle Bachelet.