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mercredi 28 novembre 2018

EXPERTS DE L’ONU TUÉS EN RDC : DANS LES MÉANDRES DE L’ENQUÊTE CONGOLAISE


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EXPERTS DE L’ONU TUÉS EN RDC :
DANS LES MÉANDRES DE L’ENQUÊTE CONGOLAISE
ILLUSTRATION AGATHE DAHYOT 
« Congo Files » (2/2). « Le Monde » et plusieurs autres médias ont eu accès à des milliers de pages de documents confidentiels des Nations unies sur le double assassinat en 2017 en République démocratique du Congo.
ZAIDA CATALAN ET MICHAEL SHARP, 
EXPERTS DE L'ONU ASSASSINÉS EN RDC
PHOTO RFI
«Le monde n’est pas vraiment beau. Et parmi des jeunes hommes et des jeunes femmes qui veulent le rendre meilleur, certains perdent la vie. Vous n’êtes pas les seuls dans ce cas. » Cette vision du monde sans états d’âme est celle de Gregory B. Starr. Le chef du comité d’enquête des Nations unies s’est rendu dans la ville suédoise de Kalmar en cette fin du mois de juillet 2017 pour rencontrer Maria et Elizabeth Morseby. La mère et la sœur de la Suédo-Chilienne Zaida Catalan, experte des Nations unies tuée quatre mois plus tôt avec son collègue américain Michael Sharp dans la province tourmentée du Kasaï-Central, au cœur de la République démocratique du Congo (RDC), espèrent sans trop y croire le convaincre d’exiger une enquête indépendante.
Lire le premier épisode des « Congo Files » :Dans les méandres de l’enquête sur les experts de l’ONU tués en RDC
L’homme s’exprime d’une voix froide avec l’aplomb d’un vieux diplomate fier de sa carrière de quarante ans et qui ne change pas de ton lorsqu’il s’exprime devant une famille en deuil. Le corps de Zaida Catalan a été retrouvé. Pas sa tête, coupée. « Je crois sincèrement qu’ils n’avaient pas l’entraînement approprié et qu’ils ne comprenaient pas les risques qu’ils prenaient », lâche-t-il.

Insensible, M. Starr se lance dans un laïus de plus de deux heures. Il disserte sur « la brutalité qui continue de sévir en Afrique », partage ses analyses géopolitiques et sa vision de l’ONU. Il ne se soucie guère de la fragilité des femmes qui lui font face et qui l’écoutent doctement tout en l’enregistrant, à son insu. Un document sonore auquel nous avons eu accès. « Nous mettions déjà en cause son objectivité, confie aujourd’hui Elizabeth Morseby. Pour nous, il était évident que M. Starr avait une stratégie. »

Chez les Morseby, Gregory B. Starr vient livrer sa vérité. Il rentre de RDC où il a été dépêché dix jours par le secrétaire général des Nations unies, début juin, pour établir les faits sur l’assassinat des deux experts. Le comité d’enquête rendra son rapport confidentiel, le 2 août, soit quelques jours après sa discrète visite à la famille de Zaida Catalan.

Quand les Nations unies avaient annoncé la création de ce comité, l’organisation promettait qu’il irait jusqu’au bout pour chercher les auteurs et les commanditaires de ce crime unique dans son histoire. Toutefois, dans une lettre du 15 août 2017 adressé au Conseil de sécurité, Antonio Guterres revoit les objectifs à la baisse. Ce comité d’enquête est réduit à faire des recommandations pour éviter que l’« incident » ne se reproduise.

ILLUSTRATION AGATHE DAHYOT 
Les Morseby, qui se sont improvisées espionnes, avaient peut-être une bonne intuition. Le rapport de M. Starr reprend à son compte la piste d’un assassinat perpétré par les miliciens Kamuina Nsapu, des groupes politico-mystiques constitués après la mort de leur chef, un leader traditionnel tué en août 2016 par les forces de sécurité congolaises.

« Le groupe de miliciens a tué M. Sharp et Mme Catalan », peut-on lire dès la deuxième page du rapport confidentiel. Les autres conjectures sont qualifiées de « théories » et écartées. Puis, ce sont les deux défunts experts qui se retrouvent sur la sellette, accusés de désinvolture pour avoir circulé à moto et ne pas avoir officiellement tenu informée la mission de l’ONU en RDC (Monusco) de leur déplacement.

Dans son rapport, le comité d’enquête note aussi la culture du « secret » des experts dans leur travail qui pourrait avoir « inhibé leur volonté de solliciter une assistance en matière de sécurité ». Depuis 2003, l’ONU a décrété un embargo sur les armes au Congo et nomme chaque année des experts indépendants chargés d’enquêter sur les exactions, leurs auteurs et les États qui les soutiennent.

Plutôt que le terme « experts », le comité d’enquête suggère d’employer « sanctions monitors » (« observateurs de sanctions »), jugé « plus approprié et [qui] décrit mieux leur rôle et fonction ». Pour les familles des victimes comme pour plusieurs cadres de la Monusco qui ne s’expriment que sous couvert d’anonymat, ces conclusions ont des airs « d’insultes posthumes destinées à cacher la vérité ».

« On avait entendu dire que la police de l’ONU [Unpol] enquêtait et nous avons essayé de poser à M. Starr des questions là-dessus », s’emporte encore Elizabeth Morseby, la jeune sœur de Zaida Catalan. L’ancien diplomate américain ne leur dit rien de ces investigations, pourtant minutieuses. Dans le document audio de leur conversation, le patron du comité d’enquête dénigre sans ambages les membres d’Unpol : « La plupart d’entre eux sont originaires de pays africains. Ce ne sont pas des enquêteurs criminels bien formés. »

Pourtant, en ce mois d’août 2017, à Kananga, la capitale du Kasaï-Central, les limiers onusiens accumulent de plus en plus d’éléments troublants. Malgré toutes les entraves de la justice militaire congolaise, ils sont parvenus à obtenir des centaines de pages de « fadettes » des principaux protagonistes du drame, versées dans les « Congo Files » auxquels Le Monde, RFI, Foreign Policy, Süddeutsche Zeitung et la télévision publique suédoise SVT ont eu accès.

« Sans dévoiler son identité à l’autorité judiciaire », les policiers de l’ONU ont obtenu le relevé des appels et des SMS des numéros d’un colonel de l’armée congolaise. Ce dernier s’appelle Jean de Dieu Mambweni. Il est soupçonné d’avoir servi « d’intermédiaire entre les deux experts et leur interprète, Betu Tshintela », par les enquêteurs d’Unpol, qui en font état dans une note interne du 12 juin 2017. Et de souligner que ce colonel a été affecté, trois jours plus tôt, à Mbuji-Mayi, la grande ville diamantifère à 180 km plus à l’est.

Une manière d’éloigner ce militaire, dont l’audition a été réclamée des mois durant ? Il sera toutefois entendu devant le tribunal militaire de Kananga, le 18 octobre 2018, et niera fermement avoir joué un quelconque rôle dans ces assassinats. Interrogé sur ses contacts téléphoniques avec l’un des assassins présumés lors de ce procès, il répond : « Ce n’est pas vrai ! J’étais sur la route et je n’avais pas de réseau. Et à mon retour, je n’avais plus de batterie dans mon téléphone. »

« Il y a une ligne que je ne veux pas franchir »

Pourtant, selon les fadettes obtenues par la police de l’ONU, les téléphones du colonel n’étaient pas éteints le jour du meurtre. Il a pas moins de 45 télécommunications et, au moment où les experts sont assassinés, son appareil se connecte même à l’une des antennes-relais les plus proches de la scène du crime. Plus troublant encore, le colonel Mambweni est en contact, le jour de l’arrivée des experts, le 8 mars 2017 à Kananga, avec celui qui ne sera pendant des mois qu’un témoin vedette du procès. C’est Jean-Bosco Mukanda, enseignant à Bunkonde mais surtout ancien chef de milice à la solde de l’armée congolaise. Le même jour, ce dernier s’entretient aussi avec Vincent Manga, qu’il va pourtant désigner lors du procès comme l’un des chefs Kamuina Nsapu commanditaires de l’assassinat.

La cartographie des réseaux humains que permettent d’établir les fadettes est parsemée d’agents de renseignements, de militaires et d’informateurs des services congolais. Autant d’indices et de pistes qui seront ignorés par le siège des Nations unies. « L’opinion du comité est que les informations qui circulent sur l’implication de différents individus et organisations gouvernementales ne donnent pas la preuve d’une intention ou d’un motif clair de la part de ses individus », peut-on lire dans le rapport du comité d’enquête.

Aux familles éplorées, Gregory B. Starr ne cache pas qu’il se refuse à froisser Kinshasa, au nom d’une certaine realpolitik assumée. « Nous ne voulons pas que le rapport soit trop dur [à l’égard des autorités congolaises] pour ne pas qu’elles rompent la coopération, se justifie-t-il au téléphone avec les parents de l’expert américain assassiné, Michael Sharp. Il y a une ligne que je ne veux pas franchir, vous savez, par exemple impliquer [les Congolais] ou autre. »

Une enquête indépendante enterrée sur Park Avenue

Officiellement, le patron du comité d’enquête de l’ONU a transmis toutes les informations et les pistes d’Unpol aux autorités américaines et suédoises, qui n’ont jamais pu mener à bien leurs investigations dans le pays. Le 17 août 2017 quand les conclusions du rapport de Gregory B. Starr fuitent dans la presse, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, critique une « procédure bureaucratique ». Elle exige du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « une enquête approfondie». Ce dernier se refuse à en prendre la responsabilité seul. Et le grand jeu des puissances siégeant à l’ONU s’occupera du reste.

« L’Egypte [alors à la tête du Conseil de sécurité] était opposée à toute enquête indépendante (…). Et je n’ai jamais eu l’impression que les États-Unis étaient partisans de cette option », confie aujourd’hui le diplomate américain Jeffrey D. Feltman, alors sous-secrétaire général des Nations unies en charge des affaires politiques. Le dossier du meurtre des deux experts est d’ailleurs discuté en toute discrétion, à New York, lors d’un déjeuner à la résidence de l’ambassadeur d’Egypte, sur Park Avenue.

Autour de la table, il y a Antonio Guterres et des représentants d’États siégeant au Conseil de sécurité, se souvient M. Feltman, également présent. Le Russe et le Chinois se montrent hostiles à une enquête indépendante. De son côté, le chef de la diplomatie congolaise multiplie les déclarations publiques comme les rencontres bilatérales, mettant en garde contre tout dessein d’atteinte à la souveraineté du pays. À la résidence égyptienne, « nul n’insiste vraiment, selon M. Feltman, qui semble vouloir faire porter la responsabilité aux États plutôt qu’à l’ONU. D’autres options ont été évoquées ». Le sort d’une enquête indépendante semble s’être en tout cas scellé sur Park Avenue lors de cette rencontre informelle.

Le secrétaire général des Nations unies repart avec l’aval des membres du Conseil de sécurité pour mettre en place le « mécanisme de suivi » recommandé par son comité d’enquête. Il s’agit d’une équipe d’experts de l’ONU chargée d’appuyer la justice militaire congolaise. Même si celle-ci est vilipendée depuis des mois, éléments à l’appui, par les différentes équipes d’enquête de la Monusco.

Nouvelles manœuvres

Au sein du système onusien, ce qui apparaît de plus en plus comme des manœuvres de Gregory B. Starr et d’Antonio Guterres divise. Il y a d’un côté les partisans d’un statu quo évitant toute confrontation avec ce partenaire compliqué qu’est Kinshasa, privilégiant la politique sur la recherche de la vérité. De l’autre, des cadres, des hauts responsables et des anciens collègues de Michael Sharp et Zaida Catalan, qui militent pour une enquête intransigeante. « M. Starr visait juste à trouver un moyen, dans un grand vide administratif, d’exonérer les Nations unies de toute responsabilité, avec l’espoir que ce problème disparaisse », confie l’un d’entre eux.
ILLUSTRATION AGATHE DAHYOT 
Contacté, Gregory B. Starr se défend : « Je maintiens ce que l’on a dit dans le rapport. Il est certain que nous ne protégeons personne et ne cachons rien. En ce qui concerne les familles, nous nous sommes efforcés de les aider à traverser cette épreuve. » À New York, le secrétaire général de l’ONU nuance. « Le rôle du comité d’enquête n’était pas de conduire une enquête en tant que telle, dit son porte-parole. Les autorités congolaises ont la responsabilité première et la compétence de mener une enquête crédible et exhaustive et de juger les responsables présumés. Nous attendons des autorités congolaises qu’elles prennent les mesures qui s’imposent, même si de hauts responsables sont impliqués. »

Le 7 septembre 2017, l’envoyé spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs africains, Saïd Djinnit, envoie un télégramme confidentiel à son patron, Jeffrey D. Feltman. Il lui raconte son voyage quelques jours plus tôt à Kinshasa. « Le ministre de la justice a accepté de trouver les moyens (…) de repousser les conclusions du procès », écrit le diplomate algérien. L’ancien rebelle Alexis Thambwe Mwamba, aujourd’hui garde des sceaux, insiste à son tour sur le respect de la souveraineté de la RDC dans cette procédure.

Comme convenu, le procès de Kananga est suspendu. Dans le cadre du « mécanisme de suivi », la grosse machine onusienne mettra des semaines avant de finalement nommer le procureur canadien Robert Petit pour le diriger. Depuis l’Ontario, ce vieux routier de la justice internationale – qui a notamment officié aux Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, dont il a fini par démissionner – tente vaille que vaille, avec une poignée de conseillers techniques, de convaincre l’auditorat militaire de réorienter l’enquête judiciaire. Il s’efforce de faire admettre dans le dossier des preuves parfois compromettantes pour Kinshasa.

L’annonce de son arrivée à Kinshasa en novembre 2017 provoque de surprenantes manœuvres. Après les enquêteurs du Centre conjoint d’analyse, Unpol – la police onusienne – et le chef de la Monusco, c’est désormais le procureur canadien qui constate des entraves de la part des autorités congolaises. Une note confidentielle du département des affaires politiques adressée aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le 19 janvier 2017, livre certains des faits constatés par le procureur canadien : « Le haut responsable a en outre averti que diverses interventions des services de sécurité de la RDC dans l’enquête ont soulevé des préoccupations concernant la possibilité d’interférences avec des témoins. »

« Une certaine lenteur »

À Kinshasa, la justice militaire vient d’interpeller et d’incarcérer au secret José Tshibuabua et Thomas Nkashama, les deux intrigants proches des services de renseignements qui avaient menti aux experts la veille de leur assassinat. La note du 19 janvier ne mentionne que José Tshibuabua, « témoin clé et potentiel suspect, employé des services de sécurité». L’auditeur militaire confie au procureur canadien qu’il avait émis un mandat d’arrêt contre lui en mai 2017. « Néanmoins, pour des raisons inconnues, l’arrestation n’a pas eu lieu avant novembre 2017 », précise cette note.

L’ancien chef de milice mué en informateur et manipulateur de l’enquête, Jean-Bosco Mukanda, est lui aussi mentionné. « Un témoin clé dont la connaissance des meurtres et les liens avec les Forces armées congolaises ont soulevé des questions a été temporairement déplacé de Kananga à Kinshasa immédiatement avant l’arrivée du mécanisme [de suivi], apparemment pour sa propre protection », précise encore le département des affaires politiques au Conseil de sécurité de l’ONU. Même l’un des chefs de village, également accusé dans ce dossier, Tshimanga Bula Bula, est arrêté le 30 décembre 2017. « Malheureusement », cette interpellation survient deux jours après le départ de Robert Petit et ses experts.

Le « mécanisme de suivi » remporte quelques victoires, mais des entraves persistent. Dans la note du 18 avril 2018, il dit « continuer d’essayer de développer une relation de travail productive » avec les autorités congolaises. « Plusieurs arrestations clés ont eu lieu, mais les progrès dans l’enquête continuent d’être entravés par les interférences continuelles de l’appareil sécuritaire », précise la note confidentielle. Le procureur canadien Robert Petit s’interroge sur le sort de Thomas Nkashama qui serait « sous la garde des services de sécurité depuis un certain temps ». L’ONU ne parvient toujours pas à obtenir des autorités une quelconque information à son sujet.

Quand le procès des assassins présumés des experts reprend le 27 août, Robert Petit et son équipe technique sont pris de court. Le procureur canadien n’arrive d’Ontario que pour la troisième audience. C’est l’auditeur général de l’armée congolaise, le général major Timothée Munkuntu, qui est venu lui-même représenter l’accusation. L’ONU connaît bien ce procureur militaire coutumier des procès délicats dans lesquels des militaires sont sur la sellette : viols à Minova (Sud-Kivu, décembre 2013), massacres de Beni (Nord-Kivu, en août 2016)…

Le général Munkuntu a fait montre de sa capacité à sacrifier des petits soldats pour mieux préserver des hauts gradés, faisant fi des discrètes pressions des Nations unies. Contacté, il admet « une certaine lenteur mais pas de volonté d’entraver quoique ce soit ». Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mendé, nie fermement toute responsabilité de l’État. « C’est parce que nous savons que des membres du personnel de l’État sont capables de poser des actes attentatoires aux lois que nous avons institué la justice militaire, dit-il. La responsabilité pénale est individuelle. »

« Un palimpseste pour l’ONU »

Le procès, démarré en juin 2017, est toujours en cours à Kananga où plusieurs témoins-clés ont récemment comparu. Les Kamuina Nsapu ne menacent plus la stabilité des provinces du Kasaï et se contentent d’attaques sporadiques. Les enquêtes des différents services de la Monusco ont cessé, faute de moyens.

Au sein du système onusien, cet épisode traumatisant laisse un goût amer aux tenants d’une enquête indépendante qui voient dans la mise en place du mécanisme de suivi un intolérable compromis politique avec ceux qui ont tout fait pour entraver la manifestation de la vérité. La frange pragmatique de l’ONU, privilégiant le partenariat avec Kinshasa, se réjouit des maigres progrès obtenus, les brandit comme autant de victoires sans jamais lâcher Gregory B. Starr et les conclusions de son rapport. «C’est un palimpseste pour l’ONU, un manuscrit dont les feuilles ont été rongées par endroits et qui ne livre qu’une version partielle », déplore un haut responsable onusien. Pour Robert Petit, la mise en place du « mécanisme de suivi » démontre que la vérité reste « une priorité de l’organisation ».

A Kinshasa, le président Joseph Kabila a renoncé à un troisième mandat et a annoncé la tenue d’élections en décembre, avec deux ans de retard par rapport aux délais prévus par la Constitution. La Monusco est enjointe par le Conseil de sécurité de soutenir le processus tout en étant tenue à l’écart par les autorités congolaises.

La mission, aux résultats mitigés mais toujours encombrante pour le régime, est priée par le chef de l’État congolais de présenter un plan de retrait rapide d’ici le renouvellement de son mandat en mars 2019. Le rapport de force est en faveur de Kinshasa. Les observateurs internationaux, de plus en plus inquiets pour leur sécurité, sont désormais priés de travailler sous le contrôle des autorités congolaises ou de quitter le pays. « Le groupe d’experts, en tant qu’institution, est mort avec Michael Sharp et Zaida Catalan », conclut l’un de ses anciens membres.
Joan Tilouine
avec Sonia Rolley, RFI