Le port de Valparaiso et son funiculaire, le 17 août 2010. Photo AFP
La courte montée dans les "ascensores" de métal et de bois au plancher grinçant est un "must" pour les touristes, offrant une vue imprenable sur la baie de Valparaiso ("la vallée du Paradis") et l'accès au quartier historique aux ruelles colorées, au charme bohême.
Un funiculaire à Valparaiso le 17 août 2010. Photo AFP
Ces vieux wagonnets sont un symbole du site inscrit en 2003 au Patrimoine mondial de l'Unesco: un "témoignage exceptionnel" du "développement urbain et architectural de la fin du XIXe siècle en Amérique latine". Valparaiso était alors le premier port sur le Pacifique, l'escale après le Cap Horn.
Des touristes dans un funiculaire à Valparaiso le 17 août 2010. Photo AFP
Des 30 funiculaires qui fonctionnaient au tournant du 20e siècle, il n'en reste que 15, dont six seulement sont encore en service, explique à l'AFP le chef des Funiculaires municipaux, Luis Segovia. Et tous ces ancêtres requièrent des soins quotidiens, "comme aller chez le gériatre".
Jadis hydrauliques, puis à vapeur, à présent électriques, ils ont gardé une la mécanique d'origine, "allemande, française, ou anglaise, mais c'est nous qui fabriquons les pièces de rechanges", faute évidemment de marché, dit Segovia.
Les "ascensores" de Valparaiso sont classés Monuments historiques du Chili, mais leur statut hybride les menace.
Neuf d'entre eux - dont trois en service - appartiennent à une entreprise privée, la Compagnie des Ascenseurs de Valparaiso, et notamment le doyen, le "Concepcion", âgé de 127 ans. Seul l'un d'entre eux, hors service depuis un incendie, appartient à un particulier.
Les cinq funiculaires restants - dont deux à l'arrêt - sont la propriété de la municipalité, et une une subvention leur permet de ne coûter que 100 pesos (0,15 euros) pour "l'ascencion" (de 170 m au maximum). Ils ont reçu il y a peu 2,3 millions d'euros d'un fonds de réhabilitation urbaine, qui devrait les relancer.
Les funiculaires privés, eux, font payer 300 pesos. L'entretien mensuel d'un ascenseur, selon le gérant de la compagnie privée, Juan Esteban Cuevas, coûte 3,5 millions de pesos (5.380 euros).
Et si les funiculaires les plus courus par les touristes peuvent accueillir 900 passagers par jour, ceux des quartiers populaires, moins rentables, ont été les premiers à fermer.
"Chaque ascenseur qui s'arrête est compliqué à remettre en marche", explique Segovia. "L'Etat devrait être capable de les récupérer, car ils font partie de notre identité. Mais s'il ne se bouge pas, ils vont continuer à disparaître".
"Ils ont survécu grâce à l'amour de leurs machinistes, mais ce soin, bien qu'attentionné, reste très informel", s'inquiète Camilo Vargas, coordinateur des Travaux du Bicentenaire (du Chili) sur Valparaiso.
"Il faut totalement redessiner le système, reformuler les manuels, les protocoles de sécurité. Mais auparavant, il faut résoudre la question de leur propriété, par cession ou expropriation", pose-t-il. La facture globale de réhabilitation, évaluée à 15 millions d'euros, fait sans doute réfléchir.
Bien sûr, les habitants de Valparaiso se sont habitués à gravir les collines en bus ou minibus. Mais comme dit Carola Salin, à bord du funiculaire "el Peral" qui la hisse chaque jour à la verticale en moins d'une minute vers son lieu de travail, "ce n'est pas la même chose".