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vendredi 25 novembre 2011

AU CHILI, L'HOMMAGE D'UN MAIRE À L'ASSASSIN DE QUATRE FRANCO-CHILIENS

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CRISTIAN LABBÉ, ANCIEN AGENT DE LA DINA, EX BÉRET NOIR ET ACTUEL MAIRE DE PROVIDENCIA POUR LE PARTI UDI, UNE DES PRINCIPALES ASSISSES POLITIQUES DU GOUVERNEMENT PIÑERA.
Krassnoff, tortionnaire et assassin

Miguel Krassnoff était spécialisé dans la poursuite, la détention, la torture et l'assassinat de militants du MIR (mouvement de la gauche révolutionnaire, extrême gauche) et du parti socialiste (dont l'assassinat du chanteur Victor Jara et celui du leader du MIR, Miguel Enríquez).

Son grand-père avait servi, en son temps, l'Allemagne nazie, avant d'être capturé par les Britanniques en Autriche, condamné à mort pour trahison. Il avait réussi à s'enfuir en Amérique du Sud.

L'annonce d'une cérémonie en hommage à ce sombre personnage a immédiatement provoqué l'organisation d'une manifestation, réunissant les victimes et les familles des victimes des militaires, ainsi que des associations de défense de droits de l'homme, outrées qu'un tel acte puisse se faire officiellement dans un pays démocratique qui reconnaît avoir vécu les années les plus sombres de son histoire pendant les 17 années de dictature.

Une manifestation violemment réprimée par les forces de police, qui ont envoyé des guanacos (camions citernes rapides de la police, qui aspergent les manifestants de jets d'eau mélangés à un produit qui brûle la peau) et des zorrillos (plus petits, ceux-ci envoient des gaz lacrymogènes) sur le millier de contestataires.

Mémoire étouffée

Mais au-delà de ce tableau lamentable qui montre que la dictature n'a pas été jugée par les Chiliens, et à quel point la mémoire des victimes a été étouffée pendant les vingt dernières années, à quel point les blessures sont béantes et présentes, cette provocation montre aussi autre chose dont on parle rarement : la haute idée qu'ont eu et qu'ont encore d'eux-mêmes ceux qui ont participé à la dictature.
MIGUEL KRASSNOFF MARTCHENKO LORS DE SON TRANSFERT AU PÉNAL CORDILLÈRE, L'UNE DES PRISONS "CINQ ÉTOILES" RÉSERVÉES AUX OFFICIERS CRIMINELS.   MALGRÉ LES INCULPATIONS QUI SE SUCCÈDENT ET LES PREUVES ACCABLANTES  PRODUITES DANS DIFFÉRENTES ENQUÊTES DEPUIS UN QUART DE SIÈCLE, KRASSNOFF N'A JAMAIS RECONNU ÊTRE UN TORTIONNAIRE NI UN MEURTRIER, SE BORNANT À ADMETTRE UN RÔLE "D'ANALYSTE" À L'APPAREIL DE TERREUR DE PINOCHET, LA DINA.

Du fait qu'ils ont encore l'impression d'avoir fait ce qu'il fallait. Coupés du monde et du réel, ils pensent encore qu'ils étaient en guerre contre un ennemi, alors qu'ils tuaient sans vergogne tout ce qui ne se mettait pas à genoux.

C'est ce discours d'une guerre qu'ils ont réussi à placer dans le cerveau des tortionnaires. C'est ce discours qui cherche encore, 20 ans après la fin de la dictature, à trouver une légitimité.
Et cette pensée de grands malades grabataires, cherche aujourd'hui la provocation pour exister.
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LE MILLIARDAIRE SÉBASTIEN PIÑERA, PRÉSIDENT DU CHILI ET CRISTIAN LABBÉ, ANCIEN AGENT DE LA DINA, EX BÉRET NOIR ET ACTUEL MAIRE DE PROVIDENCIA, COUTUMIER DES PROVOCATIONS TÉMOIGNANT D'UNE RÉSURGENCE DES PINOCHETISTES, QUI OCCUPENT DÉJÀ PLUSIEURS POSTES ET PORTEFEUILLES DU GOUVERNEMENT PIÑERA.
Provoquer pour réveiller chez les victimes, la peur, l'angoisse, la douleur et le souvenir de la mort.

Provoquer pour montrer aux victimes, qu'ils sont encore maîtres à bord, puisqu'ils se réunissent pour sabrer le champagne et manger des petits canapés, alors que dehors, ceux qui ont subi leurs atrocités, pleurent, se révoltent, manifestent leur rage en jetant des cailloux contre les vitres du Club de Providencia, hurlent à qui veut les entendre « assassins » et se font traiter comme des malpropres par les forces policières.
Provoquer pour exister.

Le Chili d'aujourd'hui

S'agit-il des derniers soubresauts d'un mouvement de vieux militaires nostalgiques qui essayent encore de parader de manière pathétique ou de la partie visible d'une population plus importante qui estime que les années Pinochet n'ont pas été si « terribles que ça » comme l'affirment haut et fort certains voisins du Club Providencia ?

Le Chili d'aujourd'hui n'a pas encore digéré son histoire dictatoriale. A-t-il vraiment envie de se remettre en question ?

mardi 22 novembre 2011

L’ADIEU A MME MITTERRAND

MME DANIELLE MITTERRAND S’EST ETEINTE CE 22 NOVEMBRE
A PARIS, A 87 ANS - PHOTO © MAXPPP
Petite femme de tous les grands combats, Mme Mitterrand a été souvent une des premières à se battre pour les causes qui sont devenues des enjeux mondiaux.
Au-delà des intérêts étatiques et en dehors des circuits diplomatiques, souvent contre les choix politiques de ses camarades du parti socialiste Français, son engagement tiers-mondiste l’a emmené à militer pour le droit à l'autodétermination des minorités ethniques, contre le fléau du sida en Afrique, ainsi que pour le droit d'accès à l'eau pour tous.

Nous saluons ici la jeune résistante de la première heure à l’occupation nazie, la femme courageuse qui s’est tenue toujours aux cotés des plus démunis, et qui est intervenue très efficacement jusque dans les années 90 en défense des prisonniers politiques de la dictature Chilienne.

Au revoir, Mme Danielle Mitterrand, merci pour vos nombreux combats d’avenir.

samedi 19 novembre 2011

QUAND LE MYTHE NÉOLIBÉRAL CHILIEN VACILLE

CAMILA VALLEJO À PARIS © RADIO FRANCE - 2011 / ERIC VALMIR. DATE ET LIEU DE LA RENCONTRE : LE 15 OCTOBRE 2011 À PARIS. PARVIS DE L'HOTEL DE VILLE


« En individualisant les problèmes, on les réduit et on les dénature. M’identifier au mouvement conduit à le fragiliser. On me trouvera mille défauts pour mieux affaiblir les causes que nous défendons. Il faut que nous sachions éviter les pièges tendus par les institutions qui se montrent souvent habiles à utiliser les mouvements sociaux. » CAMILA VALLEJO  LE 15 OCTOBRE 2011 À PARIS. PARVIS DE L'HOTEL DE VILLE


D’emblée, le consensus tacite selon lequel nous disposions d’une éducation inclusive favorisant la mobilité sociale — une idée fondamentale en régime néolibéral — s’est effondré. Pendant très longtemps, le système éducatif chilien, jugé « moderne », a été montré en exemple : il permettait, disait-on, de toucher de plus en plus de gens, sans perdre en qualité, de sorte que la majorité de la population pouvait espérer, grâce à lui, améliorer ses revenus. Mais ce qu’on ne disait pas, c’est que ce modèle chilien ne constituait que l’une des composantes du système néolibéral imposé au pays il y a trente ans et que, par conséquent, son développement avait pour objectif principal la consolidation économique et sociale de l’ordre en place.
Sur le plan économique, à travers la soumission de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur aux logiques de profit, à travers la fuite vers les banques privées des fonds liés au financement du système et, de manière générale, à travers la marchandisation du processus éducatif. Sur le plan social, également, parce que le mythe de l’éducation offrait une justification au modèle néolibéral : il faisait miroiter la possibilité d’une mobilité sociale au sein même d’un système économique excluant, interdisant toute solidarité.
Pendant trente ans, la légitimation des privatisations, de la pauvreté et des inégalités a été la même : l’espoir individuel d’ascension sociale à travers l’accès à l’éducation supérieure. « Faire des efforts pour arriver jusqu’à l’université » ou « économiser de l’argent pour se payer la fac » : une litanie bien connue de la plupart des Chiliens, qui voyaient dans leurs enfants et dans les infinies possibilités que leur offrait le marché de l’éducation un moyen de cesser d’être ce qu’ils étaient.
Mais il y a une limite à tout, et les faits parlent d’eux-mêmes. Le mythe a commencé à s’effondrer lorsque nous avons cessé de croire que l’éducation assurait la mobilité sociale ; lorsqu’il est devenu évident que, contrairement à leurs prétentions, les collèges privés subventionnés ne garantissaient pas l’accès à l’éducation supérieure ; lorsque l’endettement lié à l’éducation des enfants a commencé à absorber la quasi-totalité des revenus familiaux ; lorsque les diplômes universitaires se sont vus dévalorisés par la dérégulation du marché ; et quand l’obtention d’un bon emploi a cessé d’être le meilleur moyen d’obtenir un bon salaire.
Ce n’est pas un hasard si ce sont des problèmes dans le système éducatif qui ont donné naissance à ces mobilisations : celui-ci cristallise toutes les contradictions du système libéral. Et faut-il vraiment s’étonner que, lorsqu’on commence à interroger l’une des justifications centrales du système politique et économique, tout le reste commence à chanceler ?
Le problème local mute alors en problème structurel, tandis que l’enracinement politique des revendications étudiantes s’approfondit. On nous accuse d’être « trop idéologisés » — et de tout un tas de défauts similaires. Mais ni le gouvernement ni le Parlement ne proposent de solutions pour sortir du conflit. De sorte que le problème touche désormais aux fondements de la démocratie chilienne.
En vingt ans de Concertation (1), les institutions politiques chiliennes n’avaient jamais été placées dans une telle situation. La nécessité de la réconciliation nationale (2), la politique du consensus et le mode de scrutin binominal ont longtemps empêché de discuter des problèmes de fond. Un statu quo confortable se maintenait ainsi au pouvoir. Et tout était fait pour que, surtout, rien ne change (3).
Ce modèle a permis de maintenir un calme artificiel, au prétexte de protéger notre transition vers la démocratie. Mais il n’a pu faire face à la nécessité de transformations politico-sociales, laissant la voie libre à la droite et à M. Sebastián Piñera.
La suite, on la connaît. Le mythe de la démocratie chilienne a commencé à s’effriter lorsque le Chili s’est aperçu que, pas plus que vingt années de Concertation, la droite au pouvoir n’allait parvenir à résoudre les difficultés les plus urgentes de notre pays. Il ne s’agissait plus de se demander qui prendrait la tête des institutions démocratiques, mais de constater que ces dernières constituaient, dans les faits, le cœur du problème.
Les mobilisations ont démontré une chose que beaucoup de secteurs signalaient depuis le retour de la démocratie : le contrat qu’on nous a imposé pour réguler les rapports sociaux n’a pratiquement laissé aucun pouvoir à la population (4). En effet, si le Chili était réellement un pays démocratique, il n’aurait pas été nécessaire de mener plus de six mois de mobilisation pour que les revendications des étudiants — soutenus par 75 % de la population — soient entendues.
La classe politique dans son ensemble se voit remise en question. Le Parlement n’offre pas les garanties nécessaires pour permettre un débat représentatif sur les préoccupations populaires. Le pouvoir exécutif a perdu toute légitimité, avec un président si bas dans les sondages que, dans d’autres pays, il aurait déjà remis sa démission. Le secteur patronal observe avec désespoir que ses combines et ses sources de profit facile sont menacées. Pendant ce temps, un peuple se réveille et se mobilise de façon unitaire en prenant conscience que ses droits sont inaliénables.
Jour après jour, manifestation après manifestation, cacerolazo après cacerolazo (5), le mythe du Chili tombe en ruines. Les grands consensus nationaux vacillent et le peuple se rend compte qu’un Chili différent de celui qu’on lui a imposé durant des années de tyrannie et de Concertation est possible. Le peuple chilien a compris que ce qu’on lui présentait comme une vérité n’était qu’un mythe, et s’aperçoit que ce mythe porte un nom : néolibéralisme.
Nous continuerons à nous battre pour satisfaire les demandes légitimes de la majorité. Nous savons qu’il nous reste encore un long chemin pour atteindre nos objectifs. Mais nous pouvons au moins nous réjouir d’avoir réussi à ébranler le pays, d’avoir contribué, en tant qu’étudiants, à casser les mythes qui nous interdisaient de penser un pays différent. Et d’avoir contribué à initier le printemps du peuple chilien.

Camila Vallejo est présidente de la Fédération d’étudiants de l’Université du Chili (Fech). Article publié dans l’édition chilienne du Monde diplomatique, novembre 2011.

(1) NDLR : une alliance de centre-gauche entre démocrates-chrétiens, socialistes et socio-démocrates au pouvoir de la fin de la dictature, en 1990, jusqu’à l’élection de M. Sebastián Piñera, en 2010.

(2) NDLR : après dix-sept ans de dictature.

(3) Lire Hervé Kempf, « Au Chili, le printemps des étudiants », Le Monde diplomatique, octobre 2011.

(4) Lire Victor de la Fuente, « En finir (vraiment) avec l’ère Pinochet », La valise diplomatique, 24 août 2011.

(5) Manifestation au cours de laquelle chacun frappe sur des casseroles.

CHILI : NOUVELLE MANIFESTATION ÉTUDIANTE POUR UNE RÉFORME DE L'ÉDUCATION

La police a indiqué avoir arrêté au moins une personne qui portait un fusil à air comprimé. Elle a aussi saisi des cocktails molotov dans des sacs à dos de jeunes qui ont pris la fuite.
La manifestation elle-même s'est déroulée calmement et a réuni, selon les autorités locales, environ 10.000 personnes, soit autant que la veille à Valparaiso, siège du Parlement à 120 km de Santiago.
Ces mobilisations interviennent alors que les consultations se sont intensifiées en vue de quelques éléments de réforme et pour un effort budgétaire sur l'Education dans le budget 2012, qui doit être voté le 30 novembre au plus tard.
Etudiants, lycéens et enseignants sont mobilisés depuis plus de six mois pour la réforme en profondeur d'un système éducatif à deux vitesses, avec de grandes disparités de moyens et de qualité entre privé et public.
Ils demandent notamment un réinvestissement fort de l'Etat dans l'enseignement public, dont il se désengagea dans les années 1980, dans le cadre des politiques libérales de la dictature (1973-1990).
Le dirigeant du principal syndicat enseignant, Jaime Gallardo, s'est félicité que le gouvernement lui fasse prochainement parvenir des propositions sur une "dé-municipalisation", c'est à dire une reprise en mains par l'Etat d'unités scolaires déléguées aux autorités locales dans les années 80.
L'opposition socialiste a salué une "disposition au dialogue du gouvernement, sans équivalent depuis 5-6 mois", mais a jugé "totalement insuffisante" ses propositions budgétaires à ce jour.

samedi 12 novembre 2011

CHILI : L’EXPOSITION « MATTA: CENTENARIO 11-11-11 »



2011 est l’année du centenaire de la naissance du peintre chilien Roberto Antonio Sebastián Matta Echaurren, né le 11 novembre 1911, à Santiago du Chili. Il est considéré comme le plus grand artiste peintre chilien du vingtième siècle et est connu dans le monde entier sous son premier nom de famille : « Matta »

C’est donc en cette date chargée de symboles que s’inaugure l’exposition, et pour cause : il y a exactement 100 ans naissait à Santiago le plus grand représentant chilien du surréalisme pictural. Roberto Matta lui-même a d’ailleurs souvent fait référence dans ses œuvres à sa date de naissance, numérologiquement si particulière. C’est un hommage qui était attendu au Chili, compte tenu de la censure dont avait été victime l’artiste lors de la dictature du général Pinochet. 

La rétrospective consacrée à Roberto Matta sera visible jusqu’au mois de février prochain. La commissaire de l’exposition, Inés Ortega-Márquez, a choisi de l’articuler autour des deux grandes périodes du peintre : «Germinación» s’intéresse aux débuts de l’artiste jusqu’à l’année 1938. Une période particulièrement prolifique, dans laquelle Roberto Matta s’est rapproché de l’Europe et du courant surréaliste. En France, il fut soutenu par André Breton, et collabora notamment avec le journal Minotaure. Un exil européen qui lui permit de rencontrer d’illustres artistes, à l’image de Salvador Dalí, René Magritte, Le Corbusier ou encore Marcel Duchamp. 

La deuxième partie de l’exposition, «Maduración », se focalise sur un artiste qui s’installe en Europe, mais qui n’est plus rattaché à un mouvement artistique précis. A partir de 1938, Roberto Matta laisse le dessin de côté pour se concentrer sur la peinture. Ses œuvres les plus connues, qui pour  certaines atteignent les 10 m de largeur, datent de cette période. Passant aussi par les Etats-Unis, l’artiste s’intéressera dans ses créations à la discrimination et aux conséquences de la guerre. 

L’exposition compte bien sûr de nombreuses peintures, mais aussi des dessins et des sculptures. En marge de la rétrospective, des rencontres et des tables rondes avec des spécialistes de la peinture sont prévues ; des documentaires sur la vie de Roberto Matta seront également projetés. 

L’inauguration de l’exposition « Matta : Centenario 11-11-11 » a eu lieu  vendredi 11 novembre 2011 à 19h30, au Centro Cultural Palacio de La Moneda, devant le Palais présidentiel. 

Adresse : Plaza de la Ciudadanía, n°26, Santiago.
Horaires : du lundi au dimache, de 9h00 à 21h00. Tarifs : 1000 pesos chiliens, mais l’entrée est libre et gratuite du lundi au vendredi jusqu’à 12h00.

mercredi 9 novembre 2011

ÉCRIVAIN, PEU OU PROUST




Bascule. Proust n’est jamais allé au Chili : il s’est arrêté à Venise, il a pris froid en dépit du manteau de fourrure en plein été et il s’est recouché de bonne heure. Julio (Diego Noguera, champion de l’understatement), l’antihéros du film, essaie de lire le premier tome de la Recherche, seul, allongé sur la plage. Au bout du premier paragraphe, il s’endort et le soleil, farceur, dessine sur sa peau la forme du livre ouvert qu’il a posé sur sa poitrine. Gag, cut sur le visage de la fille qui voit ça, ne rit même pas.

Jiménez n’est pas Woody Allen ou Blake Edwards : il dispose les éléments du comique de l’existence foireuse, mais l’énergie lui manque pour actionner la bascule à chute qui reste béante à mi-parcours, absurde avec les personnages saisis dans tout leur déséquilibre mais incapables de tomber. D’ailleurs, quand l’une tombe (vraiment), c’est hors-champ et Julio pleure.

On a découvert le cinéma de Jiménez en 2009 avec Ilusiones ópticas, «blague métaphysique pour Playmobils en déréliction» selon Libé, quand le cinéaste disait, lui, qu’il avait fait «une comédie sur l’artificialité des postures et des rôles dans la vie quotidienne». Invité à Paris par la Cinéfondation cannoise, Jiménez a écrit le scénario de Bonsái dans les hauteurs de la rue des Martyrs et le film terminé a finalement été retenu dans la sélection Un Certain regard en mai dernier.

Jimenez aime Hong Sang-soo, Aki Kaurismäki, Hal Ashby… Son film est aussi parsemé de musiques punk-rock ou electro (composées notamment par le groupe franco-chilien Pánico) et des jeunes Chiliens se mettent sans prévenir à pogoter devant la caméra, ce qui forme un contraste saisissant avec la pulsion d’inertie profonde qui semble par ailleurs traverser la ville et ses habitants. Bonsái est entêtant quoique déceptif. Il laisse après vision une étrange marque, comme en creux, tel le carré du livre à même la peau.

Bande dessinée. Julio devait faire le dactylo pour un vieil écrivain, celui-ci le jette en définitive. Alors, Julio, pour ne pas perdre la face devant sa copine, se met à fabriquer des cahiers d’écriture tachés de cendres et de thé. Ce faisant, il écrit bel et bien un livre qui a l’objectivité douce de la douleur.

Chaque scène est construite et posée avec application dans des cadres fixes, et on a l’impression de lire une bande dessinée morose. On se dit parfois que Jiménez pourrait mal tourner, que l’élan pop d’Ilusiones ópticas est déjà en train de devenir du style léché pour festivals internationaux et sortie confidentielle en France. En attendant, ce Bonsái en mode mineur nous va et donne envie de lire le livre adapté, gros succès d’Alejandro Zambra édité chez Rivages.

BONSÁI de CRISTIÁN JIMÉNEZ avec Diego Noguera, Natalia Galgani… 1 h 35.

CHILI : DES ÉTUDIANTS MANIFESTENT ET SONT REÇUS AU PARLEMENT À VALPARAISO

PLUSIEURS MILLIERS DE LYCÉENS ET ÉTUDIANTS CHILIENS ONT MANIFESTÉ MERCREDI PRÈS DU PARLEMENT À VALPARAISO. PHOTO UPI
Les manifestants, 30.000 selon leur estimation, 6.000 selon la police, ont paralysé la ville côtière de Valparaiso (120 km à l'ouest de Santiago), siège du Congrès bicaméral, au moment où s'y débattait le budget 2012 de l'Education.

Les principaux dirigeants du mouvement étudiant mobilisé depuis mai, Camila Vallejo et Giorgio Jackson, ont été reçus en commissions à la Chambre des députés et au Sénat, où ils ont souligné le fossé existant entre leurs attentes et les propositions budgétaires.
UN MANIFESTANT CAGOULÉ QUI TENTAIENT DE RETOURNER LES GRENADES LACRYMOGÈNES À L'ENVOYEUR À VALPARAISO. PHOTO AFP

"Nous avons clairement dit que l'Etat doit assumer un rôle nouveau dans l'enseignement public, doit se charger de réguler le système privé, or rien de ce qui se prépare dans le budget ne va dans cette direction", a déclaré Camila Vallejo.

Au dehors, la manifestation dans l'ensemble pacifique s'est conclue par des affrontements, lorsqu'un groupe de manifestants a tenté de forcer l'accès au Parlement, protégé par un important dispositif de police.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes et canons à eau pour disperser de jeunes émeutiers masqués par des cagoules ou des capuches. Elle a procédé à au moins une dizaine d'arrestations, selon des sources policières citées par des médias locaux.

PHOTO AFP
Etudiants, lycéens et enseignants réclament depuis six mois la réforme profonde d'un système éducatif à deux vitesses public-privé: ils demandent notamment des moyens accrus dans le public, dont l'Etat s'est désengagé dans les années 1980, dans le cadre des politiques libérales de la dictature (1973-1990).

Ils demandent, dans l'immédiat, une hausse significative du budget de l'éducation, aujourd'hui inférieur à 5% du PIB, et jugent insuffisante l'augmentation (+7,2%) proposée par le gouvernement.

Un dialogue entamé en octobre entre l'exécutif et les étudiants est au point mort, et les mobilisations massives se poursuivent, rassemblant à plusieurs reprises plusieurs centaines de milliers de personnes: la prochaine est prévue les 17-18 novembre à Santiago.
« LA NOUVELLE FAÇON DE BRAIRE » PHOTO AFP

Néanmoins, la présence des leaders étudiants au Congrès, une instance qu'ils ne considéraient pas comme interlocuteur jusqu'à présent, a été saluée comme une "étape significative" par Patricio Melero, le président (droite) de la Chambre des députés.

"Les changements commencent en changeant les lois, et ce sont les parlementaires qui changent les lois à la majorité. C'est ce qu'on a expliqué à la Confédération des étudiants du Chili", a-t-il ajouté.

LE CHILI AIME ET FÊTE LA PHOTO

 DU DERNIER LIVRE DE MAX PAM, L' « ATLAS MONOGRAPHS ». 
Par ailleurs, 15 photographes chiliens sélectionnés par le CNCA (Conseil National de la Culture et des Arts) ont la chance de voir leurs meilleurs clichés exposés.

Les organisateurs du Festival, qui dure jusqu’au 13 novembre, attendent plus de 15 000 visiteurs.


ANDRÉ KERTÉSZ À SANTIAGO DU CHILI 


AFFICHE DE L'EXPOSITION  « ANDRÉ KERTÉSZ : LE DOUBLE D'UNE VIE » À SANTIAGO DU CHILI .
Et si vous avez la chance d’être au Chili cet automne et cet hiver, le musée des Beaux-Arts de Santiago réserve une retrospective majestueuse au photographe hongrois, André Kertész, grand amoureux de la France. Plus de 60 ans de travail interrompu dans le monde entier, jusqu’au 31 décembre 2012. Plus d’infos :  « ANDRÉ KERTÉSZ: EL DOBLE DE UNA VIDA »

mardi 8 novembre 2011

CHILI : LE COME-BACK DES PINGOUINS

L'AUTRE TYPE DE PINGOUIN AU CHILI N'EST PAS UN OISEAU, MAIS C'EST EST UN ÉTUDIANT TYPIQUE DU PAYS. PHOTO  ÁLVARO RIVAS
Celle-ci fut l'une des dernières lois votées sous la dictature et prévoit le transfère de la gestion des écoles de l'Etat aux municipalités. Cette loi leur octroie l'autorisation de la création d'établissements privés, largement financés par les familles aisées. Quant aux établissements publics, ils sont gérés par un membre de la municipalité n'ayant pas accès à deux choses : a) le financement de la famille. b) le droit de refuser un élève n'étant pas de religion catholique. De plus, il n'existe pas de contrôle quant à l'enseignement qui y est prodigué. Résultat, la différence de qualité d'enseignement se fait ressentir et l'avenir d'un élève dépend des moyens financiers de sa famille. Chaque formation, chaque titre a une valeur marchande. L'hebdomadaire anglais, The Economist, a reconnu en 2006 que le Chili était une "démocratie imparfaite".


 POCHOIR À SANTIAGO DU CHILI 2006
« NOUS CROYONS EN UNE AUTRE FAÇON D'ÉDUQUER!  À BAS LA LOCE »
La révolution des pingouins, qui s'étendra d'avril à septembre 2006, aura plusieurs caractéristiques. La plus grande étant l'utilisation de la non-violence. Cette jeunesse, née à la fin de la dictature de Pinochet, utilise des moyens démocratiques pour protester : il y a des assemblées, des débats, des forums sur l'éducation. Les marches pacifistes sont convoquées par la ACES (Assemblée de Coordination des Etudiants du Secondaire- crée en 2001) via msn et sms. Les lycéens manient le rôle des médias pour faire pression sur le gouvernement chilien. Ce dernier, bien que de gauche, est dépassé par les événements et tarde à réagir. Les lycéens sont rejoints par les étudiants car "le conflit lycéen a dérivé sur des sujets structuraux de l'éducation". Avec l'aide de la FECH (Fédération des Etudiants Chiliens), ils aboutissent à l'organisation de deux grèves nationales. L'organisation des pingouins se définit dans six zones géographiques du Chili : le Nord, le Sud, l'Est , l'Ouest, la région métropolitaine de la capitale, Santiago. Le gouvernement Bachelet prend comme première mesure la perquisition des lycées afin d'y déloger, par la force, les lycéens en grève. Ils auront la tête de trois ministres : ceux de l'éducation, de l'interieur et de l'économie.

«À BAS LA LOCE »

La révolution dite des pingouins est la principale référence pour expliquer le mouvement étudiant chilien 2011. Outre l'utilisation de la non-violence, sa particularité fut l'émergence de revendications intergénérationnelles sur l'éducation au Chili. Le mouvement lycéen s'est essoufflé plus vite que celui de 2011, qui dure toujours après six mois. On peut y voir trois causes : D'abord, le lien trop étroit entre l'ancien président de la FECH, Nicolas Grau et la présidence, car sa mère était la propre secrétaire de Bachelet. Ensuite, l'infiltration des membres leaders du mouvement qui conduisit à une rupture entre les étudiants du secondaire, modérés et les radicaux. Enfin, les lycéens n'ont pas pu faire partie de la Commission Présidentielle sur l'Education , convoquée par Michèle Bachelet. Ce qui a permis l'explosion de la révolte des lycéens fut aussi la difficulté des candidats à la présidentielle du Chili (NDLR : Michèle Bachelet et Sebastian Pinera) ) de se positionner sur le sujet de l'éducation. Ainsi que l'indifférence du ministre de l'éducation de l'époque vis-à-vis des revendications des lycéens. Les ados qui avaient 15-17 ans en 2006 ont maintenant plus de 20 ans et sont à l'Université. Ce sont eux qui chantent : "Elle va tomber l'éducation de Pinochet !".

Articles sur la Réforme Educative au Chili
http://biblioteca.universia.net/html_bura/ficha/params/title/genesis-revolucion-pinguinos-incidencia-reforma-educativa-chile/id/49571718.html
http://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education-2001-1-page-104.htm
Articles à propos de la "Révoltes des Pingouins" (2006)
http://quebec.indymedia.org/es/node/24594
http://www.solidarites.ch/journal/index.php3?action=2&id=2511&num=89&db_version=2



lundi 7 novembre 2011

CHILI : ATACAMA, LE DÉSERT EN FLEURS COMME JAMAIS DEPUIS 20 ANS

CALANDRINIA SPECIOSA, PATA DE GUANACO.
PHOTO DE JULIO CARRASCO CHEZ FLICKR
La route menant au Parc Llanos de Challe, aux portes du désert d'Atacama à 600 km de Santiago, déroule ses coloris sans fin. Partout, des fleurs émergent du sable, envahissent les cactus, s'accrochent à la roche.

Les mécanismes du désert fleuri restent mal connus. On sait qu'El Nino, le phénomène climatique balayant les côtes Pacifique de l'Amérique du Sud tous les 6-7 ans, apporte les pluies nécessaires à la germination des bulbes et rhizomes, qui peuvent rester des décennies en latence.

ARISTOLOCHIA CHILENSIS, OREJA DE ZORRO.
PHOTO DE JULIO CARRASCO CHEZ FLICKR.
C'est une année exceptionnelle, il a plu plus de 50 millimètres. Les fleurs commencent à pousser à partir de 15 mm par an, mais cette année toutes les espèces sont sorties, explique à l'AFP Carla Louit, directrice du parc.

Le volume de pluies est la clef, mais ne fait pas tout. Encore faut-il qu'elles surviennent à intervalles réguliers, ni trop fortes ni trop éparses, et que des gelées ne viennent pas couper la germination pendant l'hiver austral. 

FLORES DEL JOTE, CORONILLAS Y ECHINOPSIS COQUIMBANA, CACTUS Y GARRAS DE LEÓN (ROJO)..
PHOTO DE JULIO CARRASCO CHEZ FLICKR
Si ces conditions sont réunies, le désert fleuri peut durer de septembre à décembre.

La dernière fois qu'il y a eu autant de fleurs, c'était en 1989. Depuis il y a eu des déserts fleuris, mais jamais comme celui-là, s'émerveille le père Lucio, curé d'un village voisin et botaniste amateur.

Le parc national a été créé en 1994 pour protéger cet écosystème de l'intense activité minière dans la région.
 LEONTOCHIR OVALLEI, GARRA DE LEÓN.
PHOTO DE JULIO CARRASCO CHEZ FLICKR
Nous avons plus de 200 espèces de fleurs endémiques, qui ne poussent nulle part ailleurs au monde, dont 14 en danger d'extinction, précise Yohan, un garde du parc, qui déplore les pratiques de certains visiteurs.

Des gens les arrachent pour les emmener chez eux pensant qu'elles vont pousser, évidemment elles ne poussent jamais. Et quand on arrache un bulbe, il est perdu pour le désert.

L'arrachage menace les plus rares, comme l'emblématique Griffe du Lion (Leontochir Ovallei), une grosse fleur rouge évoquant le rhododendron, et qui marque l'apogée du désert fleuri.


FLOR GARRA DE LEÓN Y CRUCKSHANKSIA PUMILA, ROSITA.
 PHOTO DE JULIO CARRASCO CHEZ FLICKR

Elle est la dernière à fleurir car ses bulbes sont enterrés très profond, et il faut qu'il tombe beaucoup d'eau avant qu'elle commence à sortir, explique le père Lucio.

Elle est +monotypique+, c'est la seule représentante de son espèce sur terre. Vous vous rendez compte ? dit-il visiblement ému.

Les moyens manquent pour surveiller le parc, avec cinq gardes en tournées de deux pour plus de 45.000 hectares, signale Louit. L'accent est donc mis sur le sensibilisation des visiteurs à l'entrée du parc, et des sessions d'éducation environnementale de groupes d'écoliers.

Mais l'ennemi N.1 du désert fleuri est sa méconnaissance et... son incertitude.

Il existe peu d'études intégrales sur le désert fleuri, juste des études ponctuelles sur certains de ses éléments, explique Carla Louit. Il n'y a pas de fonds pour étudier un phénomène aussi sporadique.

Or sans données scientifiques, un plan de conservation est difficile. On ignore tout par exemple du rôle des transferts entre les eaux de brume côtière et le désert, des phénomènes de ruissellement qui en découlent, au moins aussi importants que les précipitations directes.
ARGILIA RADIATA, FLOR DEL JOTE. PHOTO DE JULIO CARRASCO CHEZ FLICKR
Et puis, comment sensibiliser un public qu'on ne peut garantir ? A peine 1.200 touristes chiliens et 64 étrangers se sont enregistrés cette année. Comme on ne peut anticiper la floraison que quelques mois à l'avance, difficile de cibler les touristes étrangers, se désole Louit.

MEETING MULTITUDINAIRE À SANTIAGO


Plusieurs milliers d’élèves, des enfants, des parents et grands-parents ont marché dans les rues de santiago, pancartes à la main, jusqu’au concert organisé dans un parc du centre ville, où les manifestants ont assisté à une grande fête musicale avec la participation de groupes populaires tels que Illapu, Chico Trujillo et des chanteurs comme manuel garcía.

vendredi 4 novembre 2011

MIKIS THEODORAKIS : « LES BANQUES RAMÉNERONT LE FASCISME EN EUROPE ! »

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MIKIS THEODORAKIS PAR JEF AÉROSOL (HOMMAGE À MIKHÁLIS KAKOYÁNNIS, RÉALISATEUR DE ZORBA GREC, DÉCÉDÉ 25 JUILLET DERNIER) DANS LA  RUE POLYGNOTOU, PLAKA, ATHÈNES (GRÈCE) : JEAN-FRANÇOIS PERROY, PLUS CONNU SOUS LE PSEUDONYME JEF AÉROSOL, NÉ À NANTES LE 15 JANVIER 1957, EST UN ARTISTE POCHOIRISTE FRANÇAIS ISSU DE LA PREMIÈRE VAGUE DE "STREET ART" (ART URBAIN) DES ANNÉES 80.
Interviewé lors d’une émission politique très populaire en Grèce, Mikis Theodorakis, figure emblématique de la résistance à la junte des colonels, a averti que si la Grèce se soumet aux exigences de ses soi-disant "partenaires européens", c’en sera "fini de nous en tant que peuple et que nation". Il a accusé le gouvernement de n’être qu’une "fourmi" face à ses "partenaires", alors que le peuple le voit comme "brutal et offensif". Si cette politique continue, "nous ne pourrons survivre (…) la seule solution est de se lever et de combattre".
Résistant de la première heure contre l’occupation nazie et fasciste, combattant républicain lors de la guerre civile et torturé sous le régime des colonels, Mikis Théodorakis a également adressé une lettre ouverte aux peuples d’Europe, publié dans de nombreux journaux grecs. Extraits :

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DE GAUCHE À DROITE MIKIS THEODORAKIS, MATILDE URRUTIA, PETROS PANDIS ,  PABLO NERUDA,   EN 1972 À PARIS
« Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. (…) Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle. Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elles-mêmes générées sous forme de dettes.
Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté  et d’Europe. (…)

Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. (...) 
Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »

ANTARCTIQUE : FORMATION D'UN ICEBERG DE LA TAILLE DE NEW YORK




Cette fissure dans le glacier de Pine Island dans la partie occidentale de l’Antarctique est longue d’au moins 30 kilomètres et profonde de 50 mètres, a indiqué jeudi l’agence spatiale américaine. L’iceberg devrait être complètement formé d’ici début 2012. 

La fracture, qui s’élargit de deux mètres par jour, produira un iceberg d’environ 880 km2, ont calculé les glaciologues, qui soulignent que ce phénomène ne résulte pas du réchauffement climatique, mais d’un cycle naturel. 
De tels icebergs se forment périodiquement dans l’Antarctique. Le dernier en date s’était détaché du glacier de Pine Island en 2001 et les scientifiques s’attendaient à ce que ce phénomène se reproduise rapidement. 

La dernière fissure a été détectée pour la première fois fin septembre par les chercheurs de la Nasa, qui surveillent les changements dans les glaces antarctiques via des observations régulières par avion. 

Ces observations aériennes visent à combler le fossé entre la fin du fonctionnement du satellite ICESAT (Ice, Cloud and land Elevation Satellite) en 2009 et le lancement de son successeur ICESAT 2 en 2016.