Et bien sûr, la cordillère des Andes, qui surplombe la mer de plusieurs milliers de kilomètres, est l’escabeau parfait pour les astronomes qui tentent de grimper vers les étoiles. Mais si le Chili a longtemps accueilli les équipes internationales, il affiche aujourd’hui ses propres couleurs avec une recherche en plein essor. En dix ans, le nombre de chercheurs chiliens a doublé, le budget pour la recherche a augmenté de 70 %, et des centres d’excellence spécialisés ont bourgeonné dans tout le pays. Ces développements structurels encourageants sont le fruit des efforts d’une poignée d’universités dynamiques, comme l’université du Chili (Uchile) ou l’Université catholique (PUC). Ces institutions offrent des contrats privés à leurs professeurs qui produisent ainsi 80 % de la recherche chilienne. La recherche est financée en majorité par un réseau d’agences de moyens, la plus importante étant la Comisión Nacional de Investigación Científica y Tecnológica (Conicyt) 1. Ces structures autonomes déterminent leurs propres priorités de recherche et allouent des fonds sur des appels à projets censés encourager la compétitivité scientifique.
Malgré les succès de ce système, le coût extrêmement élevé des hautes études prohibe encore majoritairement l’accès à l’éducation. De plus, les appels à projets favorisent les sciences dures, déjà bien ancrées dans le système universitaire, aux dépens de disciplines plus fragilisées comme les sciences sociales. Sous la dictature militaire de Pinochet, celles-ci furent presque annihilées, leurs étudiants accusés de subversion et leurs professeurs forcés à l’exil ou à la reconversion. Depuis le retour de la démocratie, le Chili a promis de redonner vie à ces disciplines. Un nouveau climat d’ouverture, et des salaires parmi les plus élevés d’Amérique latine, ont même contribué à attirer des chercheurs français au Chili. 75 y sont en poste actuellement.
Le CNRS a par ailleurs longtemps cultivé des partenariats avec le Chili, concrétisés par de nombreux projets de coopération. Une démarche pionnière fut le programme Ecos, lancé en 1993 avec le soutien du ministère des Affaires étrangères, qui subventionne de courtes missions, des formations et des doctorats dans tous les domaines scientifiques. Une autre action significative fut la création de la première unité mixte internationale (UMI) 2, fondée par le CNRS et l’Université du Chili en 2000 pour étudier les possibilités d’applications directes de modèles mathématiques. Et bien sûr, la liste ne s’arrête pas là. Des biologistes marins français et chiliens ont commencé à explorer ensemble la dispersion et l’adaptation des espèces marines en 2004 avec la création du premier Laboratoire international associé (LIA) dédié exclusivement à la biologie marine 3. En 2006, ce fut au tour des sismologues de former un LIA pour étudier les tremblements de terre de subduction 4. Puis de nouvelles recherches sur l’initiation du cycle de la cellule chez l’embryon ont enclenché la création d’un programme international de coopération scientifique (Pics) en biologie moléculaire, bientôt suivi d’un second, en sciences politiques, qui compare les systèmes politiques des deux pays.
Alors que ces partenariats se multiplient, les efforts du Chili pour se rapprocher de ses voisins latino-américains ont plus de mal à décoller. À noter tout de même, l’initiative Stic Amsud, pour promouvoir la recherche en communication et en technologies de l’information 5. Celle-ci rapproche aujourd’hui le Chili, la France (CNRS, ministère des Affaires étrangères et Inria), l’Argentine, le Brésil, le Pérou et l’Uruguay, avec près d’une douzaine de projets en cours, la plupart cofinancés par le CNRS. Lucille Hagège
Malgré les succès de ce système, le coût extrêmement élevé des hautes études prohibe encore majoritairement l’accès à l’éducation. De plus, les appels à projets favorisent les sciences dures, déjà bien ancrées dans le système universitaire, aux dépens de disciplines plus fragilisées comme les sciences sociales. Sous la dictature militaire de Pinochet, celles-ci furent presque annihilées, leurs étudiants accusés de subversion et leurs professeurs forcés à l’exil ou à la reconversion. Depuis le retour de la démocratie, le Chili a promis de redonner vie à ces disciplines. Un nouveau climat d’ouverture, et des salaires parmi les plus élevés d’Amérique latine, ont même contribué à attirer des chercheurs français au Chili. 75 y sont en poste actuellement.
Le CNRS a par ailleurs longtemps cultivé des partenariats avec le Chili, concrétisés par de nombreux projets de coopération. Une démarche pionnière fut le programme Ecos, lancé en 1993 avec le soutien du ministère des Affaires étrangères, qui subventionne de courtes missions, des formations et des doctorats dans tous les domaines scientifiques. Une autre action significative fut la création de la première unité mixte internationale (UMI) 2, fondée par le CNRS et l’Université du Chili en 2000 pour étudier les possibilités d’applications directes de modèles mathématiques. Et bien sûr, la liste ne s’arrête pas là. Des biologistes marins français et chiliens ont commencé à explorer ensemble la dispersion et l’adaptation des espèces marines en 2004 avec la création du premier Laboratoire international associé (LIA) dédié exclusivement à la biologie marine 3. En 2006, ce fut au tour des sismologues de former un LIA pour étudier les tremblements de terre de subduction 4. Puis de nouvelles recherches sur l’initiation du cycle de la cellule chez l’embryon ont enclenché la création d’un programme international de coopération scientifique (Pics) en biologie moléculaire, bientôt suivi d’un second, en sciences politiques, qui compare les systèmes politiques des deux pays.
Alors que ces partenariats se multiplient, les efforts du Chili pour se rapprocher de ses voisins latino-américains ont plus de mal à décoller. À noter tout de même, l’initiative Stic Amsud, pour promouvoir la recherche en communication et en technologies de l’information 5. Celle-ci rapproche aujourd’hui le Chili, la France (CNRS, ministère des Affaires étrangères et Inria), l’Argentine, le Brésil, le Pérou et l’Uruguay, avec près d’une douzaine de projets en cours, la plupart cofinancés par le CNRS. Lucille Hagège