« Personne ne sait ni ne veut savoir »
Lundi, il raconte sur son site :
« Durant plus de dix ans, via le partenariat entre El País [quotidien espagnol, ndlr] et Le Monde, j’ai utilisé un bureau au septième étage du Monde à Paris, où je gardais des milliers de négatifs et diapositives originales, qui ont disparu, comme ça, il y quelques jours.
Miguel Mora, le correspondant d’El País, est arrivé le 7 mars dans le bureau et il a vu que tout avait été vidé, sans que nous soyons prévenus, et que toutes nos affaires avaient disparu.
On s’est mis à chercher et nous sommes tombés dans les caves sur l’armoire que j’avais moi même peinte, il y a dix ans. Personne ne sait ni ne veut savoir pourquoi ils ont décidé de faire “disparaître” mon travail. Vingt-sept ans d’attentes, d’espoirs, de nœuds dans la gorge, de nuits blanches, d’angoisses. »
SIÈGE DU JOURNAL LE MONDE, LE 2 JUILLET 2010 À PARIS. PHOTO HALEY / SIPA |
« Le correspondant d’El País qui vient assez peu dans son bureau a trouvé sa porte ouverte le 7 mars. Un salarié du groupe y avait été installé. Il est allé voir les services généraux pour savoir où leurs affaires avaient été déménagées. Personne n’en savait rien. La responsable a “mené une enquête”, et le lendemain le résultat était que personne n’en savait rien non plus.
Ils ont retrouvé le gars qui avait déplacé l’armoire, qui a dit qu’il avait tout jeté. Pour le photographe, c’est une véritable tragédie. »
Nous avons essayé de joindre la responsable des services généraux, en vain jusqu’à ce début d’après-midi.
« La prochaine lettre sera une lettre d’avocat »
Seules quelques centaines de ses clichés ont été numérisées, pour des livres ou des expositions. Tout le reste serait perdu.
Le photographe ne veut pas croire en une simple négligence :
« Il s’agit d’un profond mépris pour un travail qui fait partie de la mémoire de notre culture contemporaine.»
Selon le quotidien argentin Clarín, le photographe a d’abord envoyé un courrier à la direction du Monde, courrier resté sans réponse :
« Il n’y avait pas de menace, je n’évoquais pas le terrible préjudice professionnel, économique et moral. Je voulais seulement des excuses. Je comprends que j’ai fait fausse route. La prochaine lettre sera une lettre d’avocat. »