Alors que la campagne électorale bat son plein (les élections parlementaires et présidentielles se dérouleront le 17 novembre, mais les primaires se tiennent dans moins de deux semaines), la mobilisation repart de plus belle. Jeudi 13 juin justement, une grosse manifestation a réuni 110.000 personnes. Elle s’est terminée par des affrontements entre manifestants et policiers, qui ont décidé d’évacuer l’Université.
Cris, bruits de verre brisé, coups secs, des étudiants qui lancent des chaises, tables, bouteille sur les forces spéciales de police qui sont en train d’entrer dans le hall de l’université: la vidéo part dans tous les sens. Les jeunes tentent de sortir alors que la police lance des bombes lacrymogènes et tape sur les étudiants non-armés, parfois au sol, à coup de matraque et coups de pied.
Des violences dans la plus ancienne université du pays
Cette vidéo et plusieurs autres font polémique car de nombreux témoins ont assisté à la scène. Au Chili, les violences policières excessives contre les jeunes cagoulés, les casseurs, qui se battent à coups de pierres ou de bâtons, sont récurrentes.
Mais dans ce cas précis, la scène se déroule à l’intérieur de la plus ancienne et la plus grande université publique du pays. Tout un symbole. En 140 ans d’existence, c’est la troisième fois que la police entre sans autorisation dans l'établissement. Qui plus est, dans ce cas, face à des étudiants non-cagoulés, sans pierres ni bâton, dans un lieu fermé. Il y a eu 29 arrestations et 20 blessés, dont un mineur qui s’est évanoui et une étudiante avec 8 points de suture à la tête.
Des jeunes filles accusent les policiers de les avoir «tripotées» durant les arrestations. Le recteur de l’université, qui est arrivé alors que la fumée des lacrymogènes flottait toujours, a immédiatement parlé d’outrage, d’autant qu’il n’avait pas donné son autorisation aux forces spéciales d’entrer. Egalement scandalisée, la maire de Santiago, Carolina Toha, exige une enquête.
Des forces de police hors de contrôle
Le ministre de l’Intérieur, Andres Chadwick, justifie l’action policière. Selon lui, de l’intérieur de l’enceinte de l’université, un jeune aurait lancé un cocktail Molotov. Ce délit aurait alors provoqué la réaction de la police. Sur la vidéo diffusée, on voit effectivement un jeune lancer quelque chose, mais impossible de dire si c’est un Molotov ou une pierre.
Il est, de toute façon, difficile de justifier les coups de matraque sur des étudiants non-armés et des arrestations brutales, sans discrimination. Les forces de police chiliennes, constamment soutenues par le gouvernement de droite, semblent hors de contrôle. C’était jusqu’ici l’institution préférée des Chiliens: elle vient de perdre beaucoup de crédit.