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mercredi 6 mai 2015

LE CHILI CONSOLIDE UN MONOPOLE PRIVÉ DU LITHIUM

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Le gouvernement de Sebastian Piñera a réussi à contourner le code minier, qui interdisait l'octroi de nouveau permis pour exploiter le lithium chilien.
Sous la dictature d'Augusto Pinochet, le lithium était considéré comme une ressource stratégique, c'était l'époque où l'on imaginait pouvoir développer une filière nucléaire à partir du métal gris. L'exploitation du lithium dans le désert d'Atacama avait déjà commencé, elle était aux mains de sociétés privées, dont un géant du secteur aujourd'hui, la Soquimich (SQM), filiale de l'Américain Rockwood, mais il était hors de question de l'étendre et surtout de la laisser aux mains d'autres intérêts privés, a fortiori étrangers. Le nouveau gouvernement de Sebastian Piñera a contourné le code minier en créant un contrat spécial qui propose d'exploiter jusqu'à 100 000 tonnes de lithium pendant 20 ans au plus offrant.
Parmi les acquéreurs potentiels figurait un consortium d'industriels sud-coréens qui aurait bien voulu se constituer un approvisionnement sûr en lithium pour les batteries des téléphones, des tablettes et des ordinateurs fabriquées en Corée ou dans les pays voisins. Mais c'est la Soquimich, propriété du beau-fils d'Augusto Pinochet, qui a obtenu le marché, en mettant sur la table 40 millions de dollars, soit huit fois l'apport minimal demandé par le gouvernement. C'est une façon pour cette société, déjà numéro un mondial du lithium, de continuer à contrôler le marché, tout au moins au Chili, le premier producteur mondial : il serait douteux que la Soquimich se mette à produire du lithium à foison, il faudra déjà explorer les autres salars.
Il ne s'agirait pas de faire s'effondrer les prix, autour de 6 000 dollars la tonne. Pour l'instant la demande est soutenue, mais la révolution de la voiture électrique, qui doperait brutalement la consommation de lithium pour les batteries, n'a pas encore eu lieu. Du côté de l'offre, les gisements se développent plus doucement que prévu, mais régulièrement, surtout en Argentine, étant donné que rien ne s'est encore débloqué en Bolivie pour l'exploitation de lithium, tant au niveau politique qu'au niveau des infrastructures.
C'est en Australie que la production de lithium pourrait connaître un coup d'accélérateur, avec l'acquisition toute récente d'un gisement géant de lithium sous forme rocheuse qui pourrait quasiment doubler la production mondiale (145 000 tonnes l'an dernier). Mais le monopole reste intact, l'acquéreur est Rockwood, maison-mère de la Soquimich chilienne !