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lundi 12 août 2019

ASTROTOURISME : PLUS PRÈS DES ÉTOILES AU CHILI

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À 2 635 MÈTRES D’ALTITUDE, LE VERY LARGE TELESCOPE (VLT) EST LE PLUS
PERFORMANT DU MONDE. LA SALLE OÙ LES ASTROPHYSICIENS RECUEILLENT
LES DONNÉES COLLECTÉES SE TROUVE EN DESSOUS DE CES COUPOLES.

PHOTO ROMAIN CLERGEAT
L’astrotourisme a le vent en poupe. La pollution lumineuse a raréfié les endroits où l’on peut « vraiment » observer la Voie lactée. Du coup, les séjours dans les pays possédant une voûte céleste immaculée se multiplient. Comme au Chili, où on a le sentiment de voir le ciel pour la première fois.
PHOTO ROMAIN CLERGEAT
Le désert d’Atacama au Chili est à l’astrotourisme ce que Hawaii est au surf. Une sorte de Mecque. Si les plus belles vagues viennent se former dans le Pacifique, les ciels les plus limpides se rencontrent dans ce désert du continent sud-américain où une combinaison favorable de haute altitude, d’air sec et d’absence nuageuse (au moins 300 jours par an) garantit des observations stupéfiantes. C’est bien simple, natif urbain, on a l’impression de découvrir le ciel pour la première fois. Avant que la pollution lumineuse n’ait maillé d’un manteau de lumière artificielle tout notre environnement. Car, dans nos sociétés, plus on voit, moins on en voit.

DANS LA VALLÉE DU RIO HURTADO, OÙ L’ON 
PRODUIT LE PISCO, UN ALCOOL TRÈS PRISÉ
PHOTO ROMAIN CLERGEAT
À San Pedro de Atacama, sorte de ville un peu new age et pleine de charme, le tourisme astronomique s’est accru de façon spectaculaire depuis quelques années. Alain Maury, un astrophysicien français travaillant au CNRS, se souvient d’avoir été un précurseur dans le domaine. « Si on ne parvenait pas à travailler pour un des grands observatoires internationaux, il n’y avait rien d’autre. Ce qui était un peu dommage pour quelqu’un comme moi, dont c’est le métier, et qui avait à disposition dans le désert d’Atacama un outil de travail incroyable. Alors j’ai décidé en 2003 de me lancer dans ce qu’on n’appelait pas encore le tourisme astronomique. Avec trois petits télescopes. Au début, si on avait huit personnes, c’était le bout du monde. »
Cet environnement minéral et martien constitue un repaire de « méchant » idéal
À SAN PEDRO DE ATACAMA, ON PEUT TROUVER DES HÔTELS
 POUR ROUTARDS MAIS AUSSI DES ÉTABLISSEMENTS
 DE CHARME, COMME ICI L’AWASI ATACAMA.
PHOTO ROMAIN CLERGEAT
L’installation des observatoires géants comme l’Alma, le plus grand réseau de télescopes au monde, a contribué à populariser la thématique dans la région. On en visite le centre de contrôle situé à 5 000 mètres d’altitude. Plus rarement les 66 antennes, elles-mêmes installées sur un large plateau à 5 200 mètres. Ce réseau interféromètre radio télescopique ressemble au premier abord à un décor de cinéma, tant le gigantisme des structures semble avoir été destiné au tournage d’un film. Plus fascinant encore, à 130 kilomètres au sud d’Antofagasta : l’Observatorio Astronomico Cerro Paranal. Ici le VLT (Very Large Telescope) est un ensemble d’appareils qui en font tout simplement l’observatoire le plus performant du monde. Il doit sa popularité, au sein du grand public, au film « Quantum of Solace », un James Bond en partie tourné ici. Et on comprend pourquoi.

L'EXPÉRIENCE EN CAMP DANS LA VALLÉE 
DE LA LUNA POUR ADMIRER LES ÉTOILES
Cet environnement minéral et martien constitue un repaire de « méchant » idéal. Creusé en partie en sous-sol, le lieu de vie des scientifiques héberge en permanence une centaine de personnes. On y entre par une passerelle circulaire, surplombant une piscine. En astronomie, les journées commencent avec la nuit. Tout est fait pour éliminer la pollution lumineuse. Et au soleil couchant, la circulation sur la route se fait feux éteints. Chaque fenêtre du lieu de vie, en contrebas des quatre télescopes, est soigneusement calfeutrée. La nuit tombée, une fois nos yeux habitués à l’obscurité, le spectacle est féerique. Et la luminosité naturelle de la Voie lactée est telle que l’on peut former des ombres avec sa main. Soudain, des lasers ressemblant aux sabres de « La guerre des étoiles » partent dans le ciel. « On crée des étoiles, explique Pascale Hibon, astrophysicienne française et spécialiste des lasers. Dans l’atmosphère, il y a des perturbations qui empêchent une observation optimale. En envoyant ces rayons laser avec une puissance donnée, on peut calculer la nature exacte de ces perturbations. Et ensuite déformer le miroir du télescope de manière qu’il les prenne en compte. » Car, oui, ce mastodonte de verre de 8 mètres de diamètre qu’une seule personne met en branle peut se « tordre » en fonction des besoins pour une meilleure observation.
Que l’on soit passionné ou simplement curieux, personne ne redescend déçu de ces séances astronomiques
Mais le plus excitant pour les amateurs, ce sont les expériences qu’on peut assouvir au gré d’un parcours à travers le désert d’Atacama. Comme à l’hacienda Los Andes, près de La Serena. On y accède par des routes serpentant à travers les Andes. Dans cette ancienne hacienda, on a aussi succombé à l’astrotourisme et, un peu à l’écart de la propriété de 500 hectares, quelques petits télescopes attendent la nuit pour entrer en action. Un astrophysicien à vos côtés vous apprend à vous concentrer sur un point lumineux précis. Et à distinguer des nuances orangées, rouges ou jaunes. Ici une galaxie, là une étoile dont on a lu le nom dans une revue… La nuit avance et on ne parvient plus à décrocher son œil du viseur.

Ailleurs encore, à Vicuna, un rendez-vous est chaque soir fixé sur la place du village. Point de ralliement pour partir vers l’observatoire del Pangue, dirigé par Eric Escalera, un astrophysicien toulousain. A mi-chemin entre l’observatoire professionnel et amateur, doté d’un équipement impressionnant, le Français a bâti un business model dans lequel il alterne des séances astronomiques in situ et la location de télescopes à des amateurs aux quatre coins du monde qui, chaque nuit depuis leur domicile à Canberra, Kuala Lumpur ou Hongkong, utilisent ses instruments à distance, sans bouger de chez eux, mais en profitant des conditions idéales offertes par le désert d’Atacama. Que l’on soit passionné ou simplement curieux, personne ne redescend déçu de ces séances astronomiques. « Il arrive souvent que des gens viennent ici en traînant un peu les pieds et se montrent, au fil de la soirée, les plus avides d’en connaître davantage », sourit Eric Escalera.

LES PAYSAGES LUNAIRES DE LA VALLÉE DE LA LUNA, PRÈS
D'ANTOFAGASTA, AVEC CES DÉPÔT  DE SEL. CI-DESSOUS,
 EN PRIME, LA TABLE CHILIENNE EST RÉPUTÉE !
Seul bémol au tourisme astronomique, on en revient un peu épuisé. Entre les paysages somptueux à découvrir le jour et le ciel démentiel à découvrir la nuit, on n’est pas mécontent de dormir dans l’avion du retour…

Y aller


 ALAIN D’ETIGNY, FONDATEUR DE CHILE EXCEPCION, A
ARPENTÉ LA RÉGION, POUR DÉNICHER LES SPOTS
D’OBSERVATION LES PLUS PROBANTS.
L’agence Chile Excepcion est probablement ce qui se fait de mieux pour découvrir le Chili. Avec à sa tête un français, Alain Detigny, cette agence de voyage haut de gamme est installée à Santiago depuis 2006, et propose des séjours sur mesure au Chili (avec des combinés en Argentine, en Bolivie et au Pérou) et son équipe est disponible 7/7. 13 jours / 12 nuits : 5000 € par personne sur la base de 2 voyageurs, avec chauffeur-guide francophone privé et hôtels de charme comme Hacienda Los Andes dans la vallée del Hurtado, Hotel Magnolia à Santiago, Hôtel Awasi Atacama à San Pedro) + 1 nuit en bivouac sous les étoiles.