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Les députés chiliens ont adopté mercredi 29 janvier, en urgence, une réforme des retraites controversée. Le système actuellement en vigueur, mis en place sous la dictature du général Pinochet, est entièrement privatisé et individuel, mais surtout très décrié par les Chiliens. En effet, les pensions versées aux retraités sont extrêmement faibles.
DEPUIS OCTOBRE 2019, LES MANIFESTATIONS NE CESSENT
DE SECOUER LE CHILI, MALGRÉ LES TENTATIVES DU
GOUVERNEMENT DE CALMER LES ESPRITS.
PHOTO AFP/CLAUDIO REYES
RADIO FRANCE INTERNATIONALE ÉMISSION « AMÉRIQUES »,
« CHILI: EN URGENCE, LES DÉPUTÉS ADOPTENT
UNE RÉFORME DES RETRAITE CONTROVERSÉE »
PAR JUSTINE FONTAINE, DIFFUSION JEUDI 30/01/2020
La réforme des retraites faisait partie des principales revendications du mouvement social qui a éclaté au Chili le 18 octobre 2019 et qui se poursuit encore aujourd'hui. La réforme, votée le 29 janvier, a été proposée par le gouvernement du président conservateur et richissime hommes d'affaires Sebastián Piñera ; laquelle est présentée comme une réponse aux demandes de la rue. En effet, plusieurs mesures dans le texte vont plus loin que ses promesses de campagne.
Il propose de faire cotiser les employeurs à hauteur de 6% du salaire des employés, alors que pour l'instant, les cotisations pour les retraites viennent uniquement de la poche des salariés et sont entièrement gérées par des fonds de pension privés, très lucratifs. Autre nouveauté de ce projet de loi : une partie des cotisations seraient versées à un système par répartition, solidaire, et supervisé par une agence publique.
Autrement dit, le Chili passerait d'un système entièrement individuel et 100% privé, à un système mixte. C'était impensable il y a quelques mois encore, avant le mouvement social historique qui a éclaté au Chili en octobre.
Pourtant, la réforme a du mal à convaincre la plupart des Chiliens, et en particulier les manifestants. Il est vrai que l'essentiel des cotisations continuera d'être versé sur des comptes individuels, géré par des fonds de pensions privés. Le système ne serait donc modifié qu'à la marge. Or, ces dernières années, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues, à travers tout le Chili, pour demander une réforme profonde du système, et même l'abandon du système privé par capitalisation. Et cette revendication est aussi au cœur des demandes des manifestants en ce moment.
Beaucoup d'entre eux expliquent qu'ils se mobilisent notamment à cause des retraites de misère que touchent leurs parents ou leurs grands-parents. Et en effet, la moitié des retraités chiliens touche une pension inférieure au seuil de pauvreté. Ils sont même 30% à continuer de travailler pour tenter de compléter leurs maigres revenus, et ils peinent à faire face à d'éventuels frais de santé ou à l'achat de médicaments, très chers, au Chili.
Plusieurs réformes ont été mises en œuvre depuis le retour à la démocratie en 1990, notamment des aides publiques aux retraités les plus pauvres, mais sans vrai changement de fond.
L'une des raisons à cela, c'est qu'une partie des élus, notamment les conservateurs, sont très critiques concernant un éventuel système par répartition, car dans des pays à la population vieillissante comme le Chili, les cotisations des personnes qui travaillent ne suffiraient pas, selon eux, à payer les retraites des personnes âgées.
Enfin, au Chili, les fonds de pension qui gèrent les retraites auraient beaucoup à perdre en cas de changement de système. Et les grandes entreprises aussi, car aujourd'hui, les cotisations des Chiliens sont pour l'essentiel placées en bourse, et représentent une source de financement facile et sûre pour elles.
Il propose de faire cotiser les employeurs à hauteur de 6% du salaire des employés, alors que pour l'instant, les cotisations pour les retraites viennent uniquement de la poche des salariés et sont entièrement gérées par des fonds de pension privés, très lucratifs. Autre nouveauté de ce projet de loi : une partie des cotisations seraient versées à un système par répartition, solidaire, et supervisé par une agence publique.
Autrement dit, le Chili passerait d'un système entièrement individuel et 100% privé, à un système mixte. C'était impensable il y a quelques mois encore, avant le mouvement social historique qui a éclaté au Chili en octobre.
Une réforme qui peine à convaincre
Pourtant, la réforme a du mal à convaincre la plupart des Chiliens, et en particulier les manifestants. Il est vrai que l'essentiel des cotisations continuera d'être versé sur des comptes individuels, géré par des fonds de pensions privés. Le système ne serait donc modifié qu'à la marge. Or, ces dernières années, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues, à travers tout le Chili, pour demander une réforme profonde du système, et même l'abandon du système privé par capitalisation. Et cette revendication est aussi au cœur des demandes des manifestants en ce moment.
Beaucoup d'entre eux expliquent qu'ils se mobilisent notamment à cause des retraites de misère que touchent leurs parents ou leurs grands-parents. Et en effet, la moitié des retraités chiliens touche une pension inférieure au seuil de pauvreté. Ils sont même 30% à continuer de travailler pour tenter de compléter leurs maigres revenus, et ils peinent à faire face à d'éventuels frais de santé ou à l'achat de médicaments, très chers, au Chili.
Un système difficilement réformable
Plusieurs réformes ont été mises en œuvre depuis le retour à la démocratie en 1990, notamment des aides publiques aux retraités les plus pauvres, mais sans vrai changement de fond.
L'une des raisons à cela, c'est qu'une partie des élus, notamment les conservateurs, sont très critiques concernant un éventuel système par répartition, car dans des pays à la population vieillissante comme le Chili, les cotisations des personnes qui travaillent ne suffiraient pas, selon eux, à payer les retraites des personnes âgées.
Enfin, au Chili, les fonds de pension qui gèrent les retraites auraient beaucoup à perdre en cas de changement de système. Et les grandes entreprises aussi, car aujourd'hui, les cotisations des Chiliens sont pour l'essentiel placées en bourse, et représentent une source de financement facile et sûre pour elles.