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samedi 25 janvier 2020

AUSCHWITZ: SURVIVANTS ET PERSONNALITÉS MARQUENT LE 75ÈME ANNIVERSAIRE DE LA LIBÉRATION DU CAMP DE LA MORT

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VUE AÉRIENNE PRISE PAR UN DRONE DE L'ANCIEN CAMP D'EXTERMINATION 
D'AUSCHWITZ, LE 15 DÉCEMBRE 2019 À OSWIECIM, 
EN POLOGNE PHOTO  PABLO GONZALEZ
[ Le 27 janvier est la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. C’est justement le 27 janvier 1945 que l’Armée rouge a libéré les détenus du camp d’Auschwitz-Birkenau. * ] 
D
es survivants de l'Holocauste se rassembleront lundi sur le site d'Auschwitz pour marquer les 75 ans de la libération par les troupes soviétiques de ce camp de la mort où l'Allemagne nazie a tué plus de 1,1 million de personnes, principalement des Juifs. 
PHOTO ARCHIVES DE YAD VASHEM
D'âpres querelles politiques entourent les cérémonies organisées sur ce site dans le sud de la Pologne, et qui réuniront aussi des têtes couronnées, des chefs d'Etat et de gouvernement de près de soixante pays, dont le Premier ministre français Edouard Philippe. Mais en l'absence des leaders des grandes puissances.

CAMP D'AUSCHWITZ-BIRKENAU
PHOTO VALERY MELNIKOV / SPUTNIK
Israël a marqué ce même anniversaire jeudi à Jérusalem avec un forum largement médiatisé sur l'Holocauste, attirant des personnalités comme le vice-président américain Mike Pence, le président français Emmanuel Macron et le président russe Vladimir Poutine. Aucun d'eux n'ira à Auschwitz.



Le président russe a provoqué en décembre l'indignation en Occident après avoir affirmé, à tort, que la Pologne était de connivence avec Adolf Hitler et avait contribué au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

INFOGRAPHIE AFP
En fait, la guerre a éclaté quand l'Allemagne nazie et l'Union soviétique ont envahi la Pologne en septembre 1939, en vertu d'une clause secrète de leur pacte Molotov-Ribbentrop.

Le président polonais Andrzej Duda, qui a reproché à M. Poutine d'avoir tenté de réécrire l'histoire, a snobé le forum de Jérusalem après s'être vu refuser la possibilité de s'y exprimer.

Il doit prononcer un discours lundi à Auschwitz, lors des cérémonies en l'honneur des six millions de Juifs européens tués dans l'Holocauste.

- Les Alliés savaient, dès 1942 -


Pour certains, les cauchemars du camp restent vivaces malgré les décennies écoulées.

PHOTO  PABLO GONZALEZ
Les soldats allemands "n'avaient qu'à vous pointer du doigt pour vous envoyer dans une chambre à gaz", se rappelle Bronislawa Horowitz-Karakulska, 88 ans, Juive polonaise survivante d'Auschwitz, où elle a été emprisonnée à 12 ans avec sa mère.

"Quiconque avait l'air faible, maigre, osseux, était sélectionné pour la mort", raconte l'octogénaire. Elle a survécu grâce à sa mère qui a soudoyé les gardes avec un diamant qu'elle avait fait entrer clandestinement dans le camp.

"C'était plein de soldats allemands, de chiens qui aboyaient --des bergers allemands--, d'agitation, de peur, de cris, Auschwitz était une grande horreur", insiste-t-elle.

Si le monde a appris toute l'étendue des horreurs seulement après l'entrée de l'Armée rouge dans le camp le 27 janvier 1945, les Alliés disposaient bien avant d'informations détaillées sur le génocide des Juifs.

PHOTO NON DATÉE DES BARAQUEMENTS DU
CAMP D'EXTERMINATION AUSCHWITZ-BIRKENAU
PHOTO AFP ARCHIVES

En décembre 1942, le gouvernement polonais en exil à Londres a transmis aux Alliés un document intitulé "L'extermination massive des Juifs dans la Pologne occupée par l'Allemagne".

Ce document, accueilli avec méfiance, comprenait des comptes rendus détaillés sur l'Holocauste dont les membres de la résistance polonaise avaient été témoins.

Les résistants polonais Jan Karski et Witold Pilecki ont risqué leur vie lors d'opérations distinctes pour infiltrer puis s'échapper des camps de la mort nazis et des ghettos juifs en Pologne occupée, y compris Auschwitz.

- "Solution finale" -


ENFANTS LIBÉRÉS DU CAMP D’AUCHWITZ
PHOTO RIA NOVOSTI / SPUTNIK  
Considérés comme exagérés ou faisant partie de la propagande de guerre polonaise, "nombre de ces rapports n'ont simplement pas été crus" par les Alliés, a expliqué à l'AFP le professeur Norman Davies, historien britannique d'Oxford.

Malgré les "fortes demandes" de la résistance polonaise et juive pour que Londres et Washington bombardent les voies ferrées menant à Auschwitz et d'autres camps de la mort, "l'attitude des militaires consistait à se concentrer sur des cibles militaires et non sur des questions civiles", a déclaré M. Davies.

"L'une des cibles que l'armée (britannique) a bombardées était une usine de carburant synthétique près d'Auschwitz" en 1943-44, a-t-il ajouté.

Bien que les avions de guerre britanniques aient survolé le camp de la mort, aucun ordre de bombardement n'a été donné.

Le professeur Dariusz Stola, historien polonais et expert de l'histoire des Juifs polonais, se fait l'écho de ces remarques.

"Les chefs militaires n'aimaient pas que les politiciens civils se mêlent de leurs affaires", a-t-il indiqué à l'AFP.

Pour les dirigeants militaires alliés, bombarder Auschwitz ou ses lignes de ravitaillement "ressemblait à une opération humanitaire et ils n'en voulaient pas", a ajouté l'ancien directeur du Musée Polin de l'histoire des Juifs polonais, à Varsovie.

Le plus grand et le plus meurtrier de tous les camps nazis de concentration et de mort, Auschwitz-Birkenau est le seul à avoir été préservé. Il a été abandonné par les Allemands fuyant l'Armée rouge qui avançait.

Créé et géré par les nazis allemands de 1940 à 1945, Auschwitz faisait partie d'un vaste réseau de camps à travers l'Europe, mis en place dans le cadre de la "Solution finale" d'Adolf Hitler, en vue du génocide d'environ dix millions de Juifs européens.

Sous l'occupation allemande entre 1939 et 1945, 90% des 3,3 millions de citoyens juifs d'avant-guerre en Pologne ont été tués.


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