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mardi 9 septembre 2008

Hommage à Roland Husson

Roland Husson est l’auteur de «Nous avons mal au Chili» où il raconte l’Unité Populaire, le coup d’Etat et deux années de luttes culturelles avec des artistes et des écrivains chiliens.

P
lus de trente ans après le coup d’Etat, le documentaire Un diplomate français à Santiago de Patricio Paniagua Giannini rend hommage à un homme, Roland Husson, conseiller culturel de l’ambassade de France entre 1973 et 1976, qui a aidé et protégé les artistes de l’époque contre le régime militaire. Mercredi dernier, au Musée d’Art Contemporain de Bellas Artes avait lieu l’avant première du documentaire franco-chilien qui devrait bientôt être disponible en DVD.

Après le couvre feu …

Roland Husson, qui était présent à la projection, est arrivé à Santiago pour prendre ses fonctions diplomatiques un peu avant le coup d’Etat, en 1973. Ses premières impressions ? "Dès le début des manifestations, un sentiment qui me rappelait la seconde guerre mondiale que j’ai vécu étant enfant et les Allemands", faisant allusion à la junte militaire qui venait de prendre le pouvoir. Surtout, il se rappelle d’un "sentiment de révolte et de tristesse face à la brutalité de l’information."

Très rapidement il décide avec l’accord, le soutien et l’aide des membres de sa hiérarchie, d’accueillir à l’ambassade même mais aussi à la chancellerie de France, des artistes menacés par la dictature. Le documentaire est d’ailleurs ponctué des interventions de tous ces artistes chiliens, amis depuis de Roland Husson, comme le réalisateur lui-même, exilé 20 ans en France et aujourd'hui à cheval sur les deux pays. Ils racontent comment il a été vital de maintenir une création artistique, manifeste de leur désaccord à la dictature, grâce à l’aide de cet homme "qui a aidé à maintenir une pression artistique". L’Institut Chileno Français a lui aussi été un lieu culturel de résistance devenant un théâtre officieux de la culture chilienne à partir de 1973.

Roland Husson commente avec humour dans le film que son bureau "était devenu un lieu pour se retrouver, lire les journaux, utiliser le téléphone et même, avoue t-il, conclure quelques romances sur le divan ! " Tous ces demandeurs d’asile politique ont logé pendant des semaines dans les couloirs de l’ambassade ou dans la chancellerie sur des lits de camps, avec matelas improvisés et draps faits avec des rideaux ou des nappes. Mais Roland Husson avait aussi ouvert sa maison pour des dîners qui permettaient de se retrouver, de discuter, "de se sentir moins seul". D’ailleurs, un de ces convives commente : "c’était aussi notre point de rencontre avec le ‘queso’ camembert et le whisky ! "

Un homme d’exception

C’est avec l’image d’un Roland Husson ému, tout comme le public, souhaitant un "nunca mas" à ce pays qui représente tant pour lui, que se conclut le documentaire.

Un bel hommage au parcours admirable de cet homme "qui ne se sent pas héroïque" et qui a été très applaudi à la fin de la projection.
Lola SORRENTI. (Santiago) lundi 14 avril 2008