Typique de bien des villes d'Amérique Latine, avec ses grandes avenues où caracolent des bus poussifs crachant des nuages en volutes noirâtres, ses embouteillages et ses dépassements aléatoires, ses immeubles modernes et d'autres passablement décrépis, le centre de Valparaiso apparaît d'abord comme brouillon, désordonné et entraîné tout à la fois dans un tourbillon irrépressible d'activités. Le marché, qui occupe tout un pâté de maisons, incarne bien cet état d’esprit, avec ses étals à profusion débordant de tomates bien rangées, ses barriques d'olives à ciel ouvert, le brouhaha animé des chalands défilant le long des rues, les appels trépidants des vendeurs et le ballet incessant des livreurs en blouses, poussant, en grimaçant parfois, des charrettes remplies au-delà de toute sagesse.
Plaza Victoria, le calme traditionnel des parcs latinos reprend le dessus : un bosquet de grands arbres ombrageant une fontaine de bronze dégoulinant de fougères, un vendeur de churros (beignets) et un loueur de voitures à pédales colorées composent une oasis où les parents emmènent leurs enfants sages. Le centre ville se serre ici en quelques rues à peine, coincé entre un front de mer abandonné aux infrastructures portuaires et au chemin de fer, et le pied des premiers cerros (collines) rebondis.
Là-haut s'ouvre un autre monde. Un monde de petits quartiers tranquilles, un par butte, riches ou pauvres en voisins, où la courbe remplace sans coup férir la ligne droite et où partout s'impose le fil de la pente. On vit ici loin de l'agitation, au milieu des chiens jaunes sans maître et des fossés sans voirie, dans des maisons souvent un peu usées, mais dont certaines affirment un caractère bien trempé — celui des armateurs qui les firent édifier à l’âge d’or, dans les années 1850 à 1920. Le port, cosmopolite, figurait alors une sorte d’eldorado des commerçants, exportant d’abord par navires entiers le blé chilien pour nourrir la ruée vers l’or californienne, puis tout ce que le pays voulut bien produire. En un demi-siècle, la population décupla, puis doubla encore dans les 30 années qui suivirent...
A la fin du XIXe siècle, pour desservir ces différents quartiers et éviter à leurs résidants d’incessants allers et retours sur d'interminables volées de marches, la municipalité entreprit d'ouvrir des lignes de funiculaires. La première, dès 1883, fut celle de l'Ascensor Concepción. D'autres suivirent, réalisant parfois de véritables exploits techniques. La plus raide gravit une pente à 63,5% — si l'on fait exception de celle qui, grimpant au sommet d'une tour, est en fait plus un ascenseur qu'un funiculaire!
Plus d'un siècle plus tard, ils sont toujours là, brinquebalants à souhait et mus par les mêmes mécanismes — un câble et une crémaillère auxquels s'accrochent deux cabines montant et descendant en même temps. Pour 150 pesos (30 centimes), passez le portillon; fidèles, ils vous mènent vers les paseos Gervasoni et Yugoslavo, pour de superbes panoramas sur le centre et de charmantes balades au pied des maisons typiques, en bois ou à revêtement de zinc. Certaines ont résisté au grand séisme de 1906, qui fit environ 6000 morts, mais la plupart ont été reconstruites ensuite.
C'est la vue intemporelle sur l'océan, sur les toits des maisons voisines et les clochers de la ville basse, qui fit choisir à Pablo Neruda sa résidence de La Sebastiana, dans les collines. Le Prix Nobel de Littérature passa là les treize dernières années de sa vie, au cœur d'un adorable jardin fleuri en terrasse, dans une demeure tout en hauteur et en rondeur, offrant à chacun de ses trois niveaux, à travers des baies vitrées en demi-lune, une vue splendide sur le Pacifique qui vit débarquer ses ancêtres.
FICHE PRATIQUE
POUR S'Y RENDRE
Swiss assure un vol de nuit quotidien au départ de Zurich pour Santiago du Chili. Valparaiso est à moins d’une heure de route.
CLIMAT
L'été austral, s'étendant de novembre à mars, est assez chaud dans la journée avec des soirées plus fraîches. L'automne est également très agréable. Avis aux baigneurs: l'eau de mer ne dépasse guère les 18°C en février, et tout juste 15-16°C après avril...
Plaza Victoria, le calme traditionnel des parcs latinos reprend le dessus : un bosquet de grands arbres ombrageant une fontaine de bronze dégoulinant de fougères, un vendeur de churros (beignets) et un loueur de voitures à pédales colorées composent une oasis où les parents emmènent leurs enfants sages. Le centre ville se serre ici en quelques rues à peine, coincé entre un front de mer abandonné aux infrastructures portuaires et au chemin de fer, et le pied des premiers cerros (collines) rebondis.
Là-haut s'ouvre un autre monde. Un monde de petits quartiers tranquilles, un par butte, riches ou pauvres en voisins, où la courbe remplace sans coup férir la ligne droite et où partout s'impose le fil de la pente. On vit ici loin de l'agitation, au milieu des chiens jaunes sans maître et des fossés sans voirie, dans des maisons souvent un peu usées, mais dont certaines affirment un caractère bien trempé — celui des armateurs qui les firent édifier à l’âge d’or, dans les années 1850 à 1920. Le port, cosmopolite, figurait alors une sorte d’eldorado des commerçants, exportant d’abord par navires entiers le blé chilien pour nourrir la ruée vers l’or californienne, puis tout ce que le pays voulut bien produire. En un demi-siècle, la population décupla, puis doubla encore dans les 30 années qui suivirent...
A la fin du XIXe siècle, pour desservir ces différents quartiers et éviter à leurs résidants d’incessants allers et retours sur d'interminables volées de marches, la municipalité entreprit d'ouvrir des lignes de funiculaires. La première, dès 1883, fut celle de l'Ascensor Concepción. D'autres suivirent, réalisant parfois de véritables exploits techniques. La plus raide gravit une pente à 63,5% — si l'on fait exception de celle qui, grimpant au sommet d'une tour, est en fait plus un ascenseur qu'un funiculaire!
Plus d'un siècle plus tard, ils sont toujours là, brinquebalants à souhait et mus par les mêmes mécanismes — un câble et une crémaillère auxquels s'accrochent deux cabines montant et descendant en même temps. Pour 150 pesos (30 centimes), passez le portillon; fidèles, ils vous mènent vers les paseos Gervasoni et Yugoslavo, pour de superbes panoramas sur le centre et de charmantes balades au pied des maisons typiques, en bois ou à revêtement de zinc. Certaines ont résisté au grand séisme de 1906, qui fit environ 6000 morts, mais la plupart ont été reconstruites ensuite.
C'est la vue intemporelle sur l'océan, sur les toits des maisons voisines et les clochers de la ville basse, qui fit choisir à Pablo Neruda sa résidence de La Sebastiana, dans les collines. Le Prix Nobel de Littérature passa là les treize dernières années de sa vie, au cœur d'un adorable jardin fleuri en terrasse, dans une demeure tout en hauteur et en rondeur, offrant à chacun de ses trois niveaux, à travers des baies vitrées en demi-lune, une vue splendide sur le Pacifique qui vit débarquer ses ancêtres.
FICHE PRATIQUE
POUR S'Y RENDRE
Swiss assure un vol de nuit quotidien au départ de Zurich pour Santiago du Chili. Valparaiso est à moins d’une heure de route.
CLIMAT
L'été austral, s'étendant de novembre à mars, est assez chaud dans la journée avec des soirées plus fraîches. L'automne est également très agréable. Avis aux baigneurs: l'eau de mer ne dépasse guère les 18°C en février, et tout juste 15-16°C après avril...