"Je veux tirer le signal d'alarme", a dit le Dr Jean-Marie Cohen, coordinateur national du réseau des Grog. Il a rappelé un bilan comparatif publié dans une revue spécialisée américaine, qui faisait apparaître qu'une mise à disposition "très large, pour tous les malades grippés" des antiviraux au Chili avait entraîné une mortalité "moins forte" qu'en Argentine où les antiviraux - comme le Tamiflu - étaient réservés aux cas graves, "un scénario à la française".
Ultérieurement, on a donné largement des antiviraux à la population argentine, et "la mortalité des femmes enceintes a été divisée par trois", a-t-il souligné, estimant qu'"il serait peut-être urgent en France de songer à utiliser les stocks pas encore distribués".
Pour Catherine Weil-Olivier, professeur de pédiatrie à l'Université Paris 7 et membre du comité de lutte contre la grippe, "on a un usage très restreint, très conservateur des antiviraux", pour éviter le mésusage. Mais le virus H1N1 étant très dominant parmi les cas de grippe, ce point "va être rediscuté" et "ça pourrait évoluer dans les jours qui viennent".
"Plus on donne tôt l'antiviral, plus il est efficace", a rappelé le Pr Weil-Olivier, tandis que le Dr Cohen notait que "chaque minute compte", puisque le virus grippal se multiplie par dix toutes les quatre heures.
"Au-delà de 48 h il y a perte de chance de l'efficacité pour l'utilisation des antiviraux", a indiqué le Pr Weil-Olivier.