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mercredi 11 novembre 2009

Un système électoral hérité de la dictature

Les dernières enquêtes d’opinion donnent en effet l’homme d’affaires Sebastien Piñera (droite) en tête du premier tour. Il est suivi par Eduardo Frei, l’ancien président (1994-2000) et sénateur PDC [Parti démocrate-chrétien], qui représente officiellement la Concertation des partis pour la démocratie, puis pas le socialiste dissident Marco Enriquez-Ominami.

Une des principales caractéristiques de ce scrutin, le quatrième depuis la fin de la dictature, réside dans le vieillissement de l’électorat, souligne El País. “Le pouvoir électoral, qui, lors du retour à la démocratie en 1990 [l’élection présidentielle du 5 décembre 1989 avait donné la victoire au candidat de la Concertation, Patricio Alwyn, entré en fonction le 1er mars 1990], était aux mains des moins de 35 ans, appartient désormais à ceux qui ont entre 35 et 55 ans. Dans la pratique, ce sont quasiment les mêmes votants qu’il y a vingt ans, mais avec des cheveux blancs.”

Certains analystes affirment même que le Chili avance vers “une démocratie gérontocratique”. Si le désintérêt des jeunes pour la politique est une tendance assez universelle, la faute incombe aussi “au système électoral restrictif, conçu sous la dictature et qui n’a pas encore été réformé”, ajoute El País. Au Chili, le vote est obligatoire à condition de s’être inscrit préalablement sur les listes électorales. “De moins en moins de gens font la démarche pour se rendre dans les bureaux d’inscription, qui n’ouvrent que du mardi au samedi”, constate le journal. De plus, le droit de vote n’est pas universel. Les Chiliens qui résident à l’étranger, notamment tous les anciens réfugiés politiques, n’ont en effet toujours pas le droit de voter. La droite s’y est toujours opposée.

Une réforme constitutionnelle adoptée en mars devrait bientôt transformer ce schéma. Mais elle n’entrera en vigueur qu’à compter de 2012. Elle prévoit l’inscription automatique des plus de 18 ans sur les listes électorales, ce qui devrait augmenter d’un tiers le nombre des électeurs. Le vote n’aura alors plus de caractère obligatoire. En attendant, tant les candidats que le gouvernement tentent de convaincre les jeunes de s’inscrire sur les listes électorales. Celles-ci sont ouvertes jusqu’au 13 décembre. Une campagne officielle affirme sur toutes les ondes et dans tous les médias: “J’ai du pouvoir, je vote”. “Les prochaines semaines seront donc intenses”, estime La Nación, le quotidien proche du gouvernement socialiste, au moment où s’ouvre officiellement la campagne électorale.