Depuis, la Commission interaméricaine des droits de l'homme, proche de l'OEA, vient d'obliger le Chili à réparer «intégralement» les dommages subis par Karen Atala.
La juge Karen Atala, de 46 ans, ne voit ses trois filles (de 10, 11 et 15 ans) que 48 heures par mois. La cour suprême chilienne lui avait retiré la garde de ses enfants en 2004 estimant que sa relation pouvait porter préjudice «au développement physique et émotionnel des petites filles» (lire l'article). Karen Atala est lesbienne. Depuis 2002, elle vit avec sa compagne Emma de Ramon. La cour suprême chilienne a donc retiré la garde de ses enfants à «la juge lesbienne», comme l'ont surnommé les médias, pour son homosexualité.
La Commission interamérocaine oblige le Chili à réparer les dommages subis par la juge
C'est ce que la Commission interaméricaine des droits de l'homme, dépendante de l'Organisation des Etats d'Amérique (OEA), a conclu début avril. «On a nié à Karen Atala son droit à la justice», souligne le rapport, qui dénonce les «préjugés discriminatoires» de la cour suprême chilienne. La Commission oblige le Chili à réparer «intégralement» les dommages subis par Karen Atala, et à «adopter une législation, des politiques publiques, des programmes et à lancer des directives pour interdire et éradiquer la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle». Une grande victoire pour Karen Atala et pour les homosexuels du Chili!
Le président de la Cour suprême a rejeté les accusations
Mais une victoire encore symbolique. Le gouvernement a formé une équipe de travail pour adopter ces politiques publiques. La cour suprême refuse d'y siéger. Son président, Milton Juica, a rejeté les accusations de discrimination de l'OEA, ajoutant: «Il ne convient en aucun cas dans cette affaire de trouver des solutions à l'amiable impliquant une modification du verdict.» Si la justice chilienne persiste, l'affaire passera alors devant la Cour interaméricaine de justice. Le Chili pourrait être condamné à une indemnisation de plusieurs millions de dollars.