AFP / Archives/ Martin Bernetti
Trois des quatre téléscopes formant le Très grand télescope (VLT) de l'Observatoire Européen Austral (ESO) installés dans le désert d'Atacama au Chili
L'Observatoire Européen Austral (ESO) a annoncé lundi en Allemagne avoir choisi le Chili et son désert d'Atacama au détriment de quatre autres pays concurrents -Espagne, Maroc, Afrique du Sud et Argentine-, pour abriter ce télescope optique qui devrait être opérationnel en 2018, après sept ans de travaux.
Très attendu par la communauté scientifique, l'E-ELT (European Extremely Large Telescope en anglais) aura un miroir d'un diamètre sans précédent de 42 mètres, qui permettra d'observer l'univers et ses galaxies comme jamais auparavant.
Pour l'ESO, organisation intergouvernementale pour l'astronomie rassemblant 14 pays et basée près de Munich, l'E-ELT "permettra une grande avancée en termes de connaissances astronomiques".
L'E-ELT "sera le plus grand oeil au monde dirigé vers le ciel" et "nous permettra, peut être, de changer notre perception de l'univers comme l'avait fait le télescope de Galilée il y a 400 ans", a affirmé dans un communiqué Tim de Zeeuw, directeur de l'ESO.
Le Cerro Armazones, un sommet du désert d'Atacama à près de 1.100 km au nord de Santiago, a bénéficié de plusieurs atouts: l'altitude, la qualité de l'atmosphère, la garantie d'au moins 320 nuits claires par an, mais aussi les coûts avantageux de construction.
La "synergie" et "l'intégration" possibles avec les observatoires de l'ESO déjà présents dans le nord chilien ont aussi joué.
La zone abrite le Très grand télescope (VLT), formé en fait de quatre télescopes de 8,2 m de diamètre.
Pour donner une idée du potentiel de l'E-ELT, le VLT, son "petit" frère aîné, a déjà réussi à capter en 2009 l'objet le plus ancien et éloigné jamais observé dans l'univers: un jaillissement ou "flambée", suivant une explosion survenue il y a un peu plus de 13 milliards d'années, quand l'univers avait à peine 5% de son âge.
Pour l'astronome de l'ESO Wolfgang Gieren, qui était il y a deux mois en repérage au Chili, un télescope comme l'E-ELT va accroître spectaculairement les chances d'observer des planètes similaires à la terre dans d'autres systèmes solaires, "et peut-être (de repérer) sur elles des signes de vie".
Il avait alors expliqué à l'AFP les avantages du site d'Atacama, notamment celui d'être une des zones les plus arides au monde, où la température est de 21 degrés en moyenne toute l'année.
L'ESO a ajouté lundi avoir fondé son choix sur "d'intenses études de météo comparative, qui ont duré plusieurs années".
Les astronomes chiliens avaient vanté la clarté de la zone, due à un phénomène de déviation des nuages à l'Ouest par une zone de haute pression, et aux hauts sommets de la cordillère des Andes qui barrent l'humidité et les nuages à l'Est.
Le Chili a en outre décidé d'offrir à l'ESO un large périmètre de terrain autour de la future installation afin d'éviter toute pollution lumineuse, ou éventuelle implantation de sites miniers. L'Etat avait évoqué la cession de 600 hectares.
Le feu vert des travaux doit intervenir fin 2010, selon l'ESO. L'E-ELT pourra s'attaquer dès 2018 "aux questions sans réponses les plus pressantes de l'astronomie" grâce aux données sur les planètes extra-solaires, les toutes premières étoiles, la matière noire ou la formation de l'univers.