LA NOUVELLE CHANSON CHILIENNE |
Il était important, en effet, de donner la parole à ceux qui ont mis leur talent au service de leur peuple, sans jamais oublier de rester à l'écoute de ce peuple. Il était important d'apporter le témoignage de ceux que la junte a condamnés au silence ou à l'exil. Il était important, enfin, pour le public français, qui, par solidarité avec le Chili en lutte, va écouter les Quilapayún, les Parra ou Osvaldo Rodríguez, de connaître l'histoire et les aspirations de la Nouvelle Chanson chilienne. Cette chanson de protestation, chanson sociale et politique, chanson « engagée », est pour Jean Clouzet, une chanson des trois saisons, passée brutalement, le 11 septembre 1973, du plein été aux rigueurs de l'hiver, sans que l'on ait pu vérifier si « les fruits passeraient la promesse des fleurs » écloses au printemps.
Le printemps c'est, bien sûr, l'incomparable Violeta Parra. Partie à la recherche de l'authentique folklore chilien, cette paysanne de Chillan, a trouvé au bout de sa longue route à travers le pays, le mode d'expression original qui devait marquer toute la Nouvelle Chanson chilienne. C'est elle la première qui, en artiste et non pas en chercheur, sort le folklore de son ghetto, donne un sens nouveau aux mélodies en y adaptant des paroles qui parlent de la misère du peuple, des injustices sociales, des politiciens véreux... Et Violeta Parra devient ainsi, plus qu'une folkloriste, plus qu'une chanteuse, un des plus émouvants poètes populaire de toute l'Amérique latine.
(1) On peut citer à ce sujet, El cine de Allende, de Francesco Bolzoni, traduit en espagnol par Gloria Cue Sanz, Fernando Torres éditeur, Valence, 1974, 163 p.