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Par Frédéric SalibaÀ l’aide de pioches, de pelles et de cordes, des centaines d’habitants se sont joints aux sauveteurs pour tenter de déblayer les décombres dans le centre et le sud de la capitale.
LES SECOURISTES À LA RECHERCHE DE SURVIVANTS, À MEXICO. PHOTO PABLO RAMOS |
À l’aide de pioches, de pelles et de cordes, des centaines d’habitants de Mexico se sont spontanément joints aux sauveteurs pour tenter de déblayer les décombres des immeubles ravagés dans le centre et le sud de la capitale. « Silence ! », crie un des « Topos », surnom donné aux secouristes, pour parvenir à écouter la voix d’un possible survivant sous les débris d’un bâtiment de cinq étages écroulé au cœur de Mexico.
Le bilan s’alourdit d’heure en heure
Mardi à 13 h 14 (20 h 14 en France), les alertes sismiques ont retenti quelques secondes avant la première secousse. Dans la foulée, la panique a gagné les 20 millions d’habitants de Mexico, sortis de chez eux, de leurs bureaux ou de leurs voitures. L’épicentre du séisme a été localisé à 51 kilomètres de profondeur près des villes d’Axochiapan dans l’Etat de Morelos (centre) et de Chiautla dans celui voisin de Puebla, situées à 120 kilomètres de la capitale. «J’ai juste eu le temps de prendre un pantalon », soupire un sinistré couvert de poussière dans une rue de Mexico. De nombreux autres n’ont pas eu sa chance.
Selon les estimations du gouvernement, des centaines de municipalités seraient affectées dans le centre du pays. 3,8 millions de Mexicains étaient toujours victimes, mardi soir, de coupures d’électricité. « Nous avons besoin de lampes de poche ! », s’exclame un sauveteur alors que la nuit plonge les rues de Mexico dans la pénombre.
« Des enfants sont toujours bloqués sous les décombres », s’alarme une femme quinquagénaire aux abords d’une école primaire et secondaire qui compte 400 élèves au sud de la mégalopole. L’effondrement de son bâtiment a fait 22 morts, dont 20 élèves. 38 sont toujours portés disparus. La foule, qui observe avec anxiété les 500 militaires et 200 agents de la protection civile qui s’agitent sans relâche dans les gravats de l’établissement scolaire, applaudit quand des soldats sortent des ruines une civière transportant un enfant vivant.
« Le cauchemar recommence »
À quelques mètres de là, un militaire tente de réguler la circulation. « Les embouteillages monstres, provoqués par des pannes de feux rouges et des routes barrées par les débris, ralentissent les secours », déplore-t-il. 3 000 soldats ont été déployés dans la capitale pour porter main-forte aux 25 000 pompiers, policiers et membres de la protection civile, mobilisés.
Au centre de Mexico, dans le quartier de la Condesa, Rosita Ramos, 63 ans, soupire devant une voiture écrasée par une chute de pierres : « Le cauchemar recommence trente-deux ans plus tard ! » La catastrophe est survenue le jour de la commémoration du tremblement de terre de 1985 qui a fait plus de 10 000 morts. Deux heures avant la première secousse, une simulation de séisme avait été organisée par la mairie alors que douze jours plus tôt, un autre tremblement de terre d´une magnitude de 8,2 a fait 98 morts dans le sud du pays, se faisant ressentir jusqu’à la capitale.
Le séisme du 7 septembre, le plus fort depuis un siècle, était plus puissant que celui de mardi. Pourtant, le bilan à Mexico est bien plus lourd aujourd’hui. « La proximité de l’épicentre, situé à 120 kilomètres de la capitale, comparée aux 700 kilomètres de celui du tremblement de terre survenu douze jours plus tôt, explique l’ampleur des ravages », a souligné dans les médias Xyoli Pérez, à la tête du Système sismologique national (SSN). Mardi, le maire de Mexico, Miguel Angel Mancera, a déclaré l’état d’urgence. Les écoles et les universités ont immédiatement été fermées dans neuf Etats et la capitale. L’aéroport de Mexico a aussi suspendu ses activités pour vérifier l’état des pistes.
« N’allumez pas de cigarette ! »
« N’allumez pas de cigarette ! », crient les sauveteurs aux passants, amassés devant un bâtiment ravagé, par crainte des fuites de gaz dans le quartier aussi très affecté de la Roma au centre de Mexico. Deux incendies ont provoqué d’immenses colonnes de fumée avant d’être contrôlés par les pompiers. Dans la nuit de mardi à mercredi, de nombreux d’habitants restaient prostrés dans les rues par peur de retourner dans leurs immeubles fissurés. D’autres continuaient de former des chaînes humaines pour évacuer les gravats avec des seaux aux côtés des sauveteurs.
Le président, Enrique Peña Nieto, en déplacement dans l’Etat de Oaxaca (sud-ouest), violemment touché par le séisme du 7 septembre, est immédiatement rentré à Mexico à l’annonce du séisme. A bord d’un hélicoptère, il a survolé la ville pour évaluer les dégâts et coordonner les secours. « C’est une nouvelle épreuve pour notre pays », a déclaré dans la soirée le président qui a félicité « la solidarité » dont font preuve ses concitoyens, appelant les sinistrés à se rendre dans les refuges ouverts dans les régions affectées.
Quelques heures plus tôt, la mairie de Mexico annonçait l’ouverture d’une vingtaine de centres de collecte de l’aide humanitaire. « Nous avons besoin d’eau et de médicaments pour les victimes mais aussi de masques et de gants pour les volontaires », explique un sauveteur, dont la voix est vite couverte par les sirènes de deux ambulances.
Comme lui, de nombreux Mexicains craignent les répliques du séisme. Une quinzaine se sont déjà fait sentir, dont une de magnitude 4, risquant de faire d’autres victimes dans les prochaines heures, par des chutes d’immeubles déjà endommagés.