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CAPTURE D'ÉCRAN DE LA VIDÉO POSTÉE PAR LE COMPTE TWITTER DE L'OBSERVATOIRE DES VIOLENCES POLICIÈRES. |
Hier des enfants ont été humiliés. Hier j'ai compris beaucoup de choses. Hier j'ai eu mal au coeur. Ce jeudi 6 décembre, une centaine de jeunes hommes —des enfants aux yeux de la loi—, ont été mis à genoux, les mains sur la tête. Ces scènes normalement on les voit à la télévision dans les films de gangsters étasuniens des années 70, ou plus récemment dans la Casa de papel.
Mario Durand
Répression chilienne, 1973
Est-ce pour cette raison que cela me touche si profondément ? Ou bien peut être parce que ces élèves auraient pu être les miens ? Ou alors parce que je suis aujourd'hui père, et l’idée qu'on brutalise l'un de mes fils m’horrifie ?
Mais qui n'est pas horrifié par ces insupportables images ? En France ! Le pays des droits de l’homme.
Ceux qui confondent les films et les chaînes d'information en continu ? Je ne crois pas. Peut-être ceux qui ont tendance à stigmatiser systématiquement les familles arrivées depuis peu —ou pas si peu— dans notre pays ne sont pas si gênés de voir de telles scènes. Les mêmes que j’imagine, seuls dans leur appartement miteux, devant leur écran de télévision, noyés dans leur aigreur, leur solitude et leur pauvreté.
Et puis, à leur maigre décharge, il est vrai que ce type de violence, tout le monde essaie de les faire passer pour des scènes de vie normales lorsqu’on est lycéen de banlieue. Et à entendre certains commentateurs politiques de différents plateaux d’information, il serait peut être même souhaitable qu’elles se multiplient… Bon, cela accouchera sans doute d'un autre débat, frappant lui aussi, mais laissons-le pour un autre jour.
Aujourd'hui encore...
Aujourd’hui comme hier, j'ai vu une demi-douzaine de courtes vidéos dénonçant les violences policières envers des lycéens, des lycéennes, qui voulaient juste dialoguer, d'autres qui fuyaient, qui ne faisaient parfois rien de violent, et qui en retour ont reçu des coups au visage, du gaz lacrymogène en plein visage. Ces enfants ont sûrement perdu confiance en ces forces de l’ordre aussi vite qu'ils ont perdu un peu de leur dignité (les jeunes et les forces de l’ordre au passage), aussi vite qu'ils ont senti la peur et l'injustice.
Peut-être faut-il rappeler la mission de la police en France: ils ont pour mission d'assurer la sécurité des citoyens et citoyennes de notre pays (cf article du monde). Quand ils ont à faire à des violences, ils ont la légitimité d'employer la force, proportionnellement à celle rencontrée. Ils dispersent alors la foule, et peuvent interpeller des individus pour les confier à des personnes compétentes pour les juger. Et c’est à ce moment que l’on décide de les punir s’il le faut, tout en leur signifiant leurs erreurs, avant de les renvoyer vers des professionnels de l’éducation, qui entre nous, se trouvent rarement chez les plus virulents acteurs des réseaux sociaux.
La police ne punit pas ! Ce n’est pas son rôle! À aucun moment! Les forces de polices n’éduquent pas ! Les forces de polices ne doivent pas utiliser leur force pour humilier, blesser les enfants, ni les citoyens, ni personne.
Bien sûr j'en veux à ces individus qui brutalisent nos enfants, et si la justice a le courage de le faire, j'espère qu'ils seront jugés. Ces lycéens qui se mobilisent sûrement pour la première fois, ces enfants qui auraient pu être mes élèves, mes enfants, mes futurs concitoyens, qui auraient pu être moi...
Mais j'en veux mille fois plus à tous ces gouvernements successifs qui instrumentalisent les forces de l'ordre, qui en font les bourreaux de leurs politiques injustes (cf article organisation de manif).
Ils matraquent à ces hommes et à ces femmes des discours douteux, leur demandant d’assurer l’ordre, alors qu’il existe d’autres manières d’encadrer des manifestations, tout en diminuant les postes, le tout sans compter leurs heures de travail supplémentaires qui n’en finissent pas. Travail qu'ils exercent si loin de chez eux. Conditions de travail déplorables en somme.
Et quand on est seul, loin de chez soi, et que l'on a peur, on se tourne vers ceux qui, étant organisés, proposent un accompagnement, un réconfort, tout en servant eux-mêmes des discours qui désignent des coupables tout trouvés.
Et pendant ce temps... Pendant ce temps les gouvernements successifs mènent tranquillement leur combat. Ils poignardent le contrat social depuis plus de 30 ans. Celui-là même que le monde entier nous envie. Et pendant ce temps nous, citoyens français, nous en sommes là, à nous en vouloir entre pauvres.
Et pourquoi en veut-on à ces lycéens déjà? Pourquoi? Parce qu’une poignée de jeunes individus violents se sont infiltrés dans un lycée y brûler je ne sais quoi? Ils insultent certains policiers, brûlent ce qu'ils peuvent. Et en retour on empêche toute la jeunesse de s’exprimer? On tabasse en retour tous les adolescents de France et de Navarre?!
Mais pourquoi les lycéens se mobilisent ils? Qui se le demande encore aujourd’hui ? Que leur prend-il d'essayer se faire entendre ?
Peut-être, peut-on chercher un début de réponse dans les événements de cet été. Peut-on se souvenir de combien d’élèves de terminale de l'année dernière ont eu peur cet été? Peur de ce qu'on allait leur proposer comme futur ?
Et notre président que dit-il? Lui qui appelait à "ne pas toujours suivre les règles", quelle réponse a t-il proposée à cette jeunesse qu'on exclut des meilleures universités des centre-villes?
Il me semble qu’aucune, ou peut être si.
Il a demandé à un jeune qui l'interpellait ironiquement de découvrir le monde du travail avant de penser à s’exprimer. Je crois que c’était quelque chose comme ça.
C'est vrai tout de même, pour qui se prennent-ils ces jeunes ? Ils n'avaient qu’à naître riches ces racailles! Ainsi chez nous, ou même à l'étranger, moyennant finance, ils auraient eu accès à ces universités ou écoles prestigieuses. Ah ces futurs gilets jaunes en puissance ! Quel culot de montrer qu’ils existent!
D’ailleurs pendant que je relisais ce texte, les gilets jaunes sont montés sur Paris, et un millier d’entre eux ont été arrêté. Le traitement médiatique qui en est fait est de nouveau scandaleux pour tous ceux qui tentent de se faire entendre. Les revendications seront alors une nouvelle fois étouffées par cette orgie de violence. Sans doute sonneraient-elles trop justes aux oreilles des pauvres que nous sommes.
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