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ANDRÉS AVELINO CÁCERES DORREGARAY |
Andrés Avelino Cáceres est né à Ayacucho le 4 février 1833. Fils de Domingo Cáceres Oré et de Justa Dorregaray Cueva, il a écrit, l’air de rien, l’une des plus belles pages de l’histoire péruvienne.
C’est à 21 ans, en 1854, qu’il est touché pour la première fois par une balle pendant la bataille de La Palma [lors d’une révolte, dont il fait partie, contre le gouvernement, entre autres pour obtenir l’abolition de l’esclavage] : alors qu’il se bat aux côtés du général Ramón Castilla, le jeune sous-lieutenant est blessé au pied.
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CROQUIS DE LA BATAILLE DE TARAPACÁ |
C’est le baptême du feu pour ce soldat qui, au cours des trente années suivantes, va devenir l’un des grands combattants républicains du Pérou. Il s’est engagé dans l’armée à une époque où le pouvoir se défend ou se conquiert sur le champ de bataille. Il participe ainsi, dans le camp des forces désormais gouvernementales de Ramón Castilla, à la guerre civile [1857-1859] déclenchée par Manuel Ignacio de Vivanco. Il est alors de nouveau blessé, cette fois au visage. En 1859, quand l’Equateur tente de s’approprier des terres qui ont toujours appartenu au Pérou, il est dépêché à la frontière. Le 2 mai 1866, il fait partie des courageux défenseurs du port de Callao pendant le conflit contre l’Espagne. Et, en 1874, il risque sa vie pour écraser un soulèvement de sous-officiers.
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BATAILLE DE TARAPACÁ |
Cinq ans plus tard, il est envoyé à Cuzco pour être préfet et chef militaire de cette région. C’est dans ce contexte qu’éclate la guerre du Pacifique [1879-1883, opposant le Chili au Pérou et à la Bolivie]. Andrés Avelino Cáceres est déployé dans le Sud, à la tête du bataillon Zepita. Il se bat à Pisagua, San Francisco et Tarapacá, où il lance l’attaque contre les forces chiliennes. Grâce à son offensive et à celle d’autres courageux militaires péruviens, il remporte cette bataille, qui sera la seule victoire du pays au cours du conflit.
Toutefois, face à la puissance de l’envahisseur, les troupes péruviennes sont contraintes d’abandonner la province historique de Tarapacá, la mort dans l’âme. Elles traversent le sable brûlant du désert pour se retirer et reprendre des forces en vue de contenir les avancées de l’ennemi. Andrés Avelino Cáceres s’illustre une fois de plus lors de la bataille de l’Alto de la Alianza, au cours de laquelle il assiste, impuissant, à la mort de 2 000 soldats péruviens et boliviens face à la violence des assauts chiliens [en 1880.
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À l’issue de cette défaite, la Bolivie interrompt ses opérations militaires]. La guerre devait pourtant continuer. Il fallait arrêter l’ennemi coûte que coûte. Pour défendre Lima, il se bat courageusement à San Juan de Miraflores. Il est encore blessé, cette fois à la jambe, mais rien ne l’arrête. [Les Chiliens occupant la capitale péruvienne], il s’enfuit en pleine nuit pour aller se faire soigner dans un hôpital de la ville. Il n’a qu’une obsession : retourner sur le champ de bataille.
Avec l’aide de quelques compatriotes, il se cache dans un couvent de jésuites, puis dans une demeure du centre historique et enfin dans sa maison de la rue San Ildefonso, où l’ennemi vient plusieurs fois le chercher. Quelques jours plus tard, il reprend les armes. Quittant Lima, il monte dans un train à La Oroya, dont il descend à Chilca pour ne pas être capturé. De là, il part à cheval pour Jauja, où se trouve le président péruvien Nicolás de Piérola, lequel le nomme chef politique et militaire de la région centrale du pays.
C’est alors que commence une nouvelle aventure, la plus fascinante et la plus héroïque de l’histoire du Pérou. Avec quelques officiers et gendarmes, il entreprend, depuis l’hôpital de Jauja, la planification de la campagne de La Breña, dite des Andes – celle qu’il appellera dans ses Mémoires la “bataille de la résistance”. Pendant près de trois ans, il fait preuve d’une belle endurance dans les Andes péruviennes, inflige de graves revers aux troupes des envahisseurs et sauve l’honneur de sa patrie.
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A près de 50 ans, toujours en excellente santé, il surmonte tous les obstacles d’une lutte difficile et inégale. Il parcourt des chemins accidentés, traverse des déserts et des ravins, se lance dans des marches durant plusieurs jours, à la tête d’un grand groupe de gradés et de soldats, parmi lesquels le général Pedro Silva, les colonels Tafur (père et fils) et Leoncio Prado Gutiérrez.
Tous incapables de se résigner à la défaite, armés de fusils, de mitrailleuses et même d’un canon, ils livrent aux Chiliens une guerre terrible et semée d’embûches. “Il n’a manqué qu’une chose à Andrés Avelino Cáceres – selon l’historien Jorge Basadre – pour que sa consécration soit triomphale : mourir à Huamachuco [la dernière bataille, et défaite péruvienne, de la guerre, le 10 juillet 1883]. La vie sauve, le guerrier s’est transformé en dirigeant. Il n’a pas choisi sa reconversion politique, c’est elle qui est venue le chercher sous sa tente.”
Il est ensuite élu deux fois président de la République. Après un premier mandat modéré de 1886 à 1890, il tient absolument à revenir au pouvoir en 1894, mais montre alors qu’il a malheureusement perdu le sens des réalités. [Il démissionne en 1895, chassé par une révolte populaire, et s’éteint en 1923, à 90 ans.]
—Domingo Tamariz Lucar
Publié le 31 août 2014 dans El Peruano Lima
CONFLIT
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LIMA,OCCUPÉE PAR LES TROUPES CHILIENNES,1881. |
— Un continent en guerre
L’Amérique du Sud a été le théâtre de conflits territoriaux sanglants. Après les guerres d’indépendance contre l’Espagne de 1810 à 1825, les pays nés de l’empire espagnol s’entre-déchirent. Une première guerre oppose le Pérou à la Grande Colombie (qui regroupait le Panamá, la Colombie, l’Equateur et le Venezuela) dès 1828. En 1841, un conflit éclate entre le Pérou et la Bolivie, puis, de 1858 à 1861, entre le Pérou et l’Equateur. Lors de la guerre de la Triple Alliance (1864-1870), le Paraguay résiste au Brésil, à l’Argentine et à l’Uruguay. Et de 1879 à 1883, le Pérou et la Bolivie se heurtent au Chili dans le cadre de la guerre du Pacifique. Au XXe siècle aussi, les pays d’Amérique du Sud continuent de régler leurs différends par la violence, comme la Bolivie et le Paraguay pendant la guerre du Chaco (1932-1935), ou le Pérou et l’Equateur, en 1941, 1981 et 1995.
EL PERUANO | DOMINGO TAMARIZ