COUVERTURE DU ROMAN « LA SANGRE
Y LA ESPERANZA » |
Nous publions quelques pages du roman le Sang et l'espoir sur les ouvriers en grève et la répression qui se déchaîne contre eux. Nous suivons la cinquième édition (Nascimento, Santiago de Chile, 1957, 335 p.).
LE SANG ET L'ESPOIR (fragment)
La nuit arriva, rébarbative, sans étoiles, pleine d'arêtes, semblable au reste capricieux d'une pierre de taille. Le froid aiguisait ses poignards. Mais les hommes ne le sentaient pas. Les esprits étaient enflammés. Un meeting organisé par les boulangers et les traminots devant les grilles du dépôt venait de se disperser. Les cris et les protestations gonflaient le vent de la rue. Les haillons des eucalyptus s'agitaient. Les carabiniers et les lanciers, prêts à n'importe quelle attaque, se dressaient sur leurs étriers. Les chevaux ruaient, rongeant leurs mors. Les cavaliers, haineux, paraissaient également ronger leurs instincts qui s'éveillaient insolemment aux limites de l'autorité qui leur avait été accordée. Les agents se partageaient les rues du quartier pour provoquer. La trahison du gouvernement envers ses propres
- Mais ce n'est rien, voyons, mais ce n'est rien 1... Ces salauds, merde, ces salauds 1 Qu'est-ce qu'ils croient 1...
Moi, je m'accrochais aux jambes de papa. Je croyais qu'il allait mourir. Elena lui lavait déjà le visage. Maman avait vidé l'eau de la bouteille qui était sur la table dans la cuvette et Bustos se mouillait la tête. C'était une blessure très petite. Mais cela devait lui faire mal, car l'homme fronçait les sourcils et se mordait les lèvres.
- J'ai bien cru que ce dégueulasse allait te tuer 1. .. lui dit mon père, en essayant de se calmer. Je ne sais pas comment t'as échappé au coup de crosse ... On l'a échappé belle, camarade 1 ...