Exposition internationale.
Les toiles et sculptures rejoignent alors les caves de différents musées de la capitale. Pratiquement toutes ressortiront intactes dix-sept ans plus tard. Les membres du Comité résidant au Chili n'ont eux d'autre choix que l'exil. Et c'est depuis l'Espagne, la France ou la Suède qu'ils continueront à collecter des oeuvres destinées au musée. Environ 80 expositions différentes seront organisées dans toute l'Europe, mais l'absence de moyens financiers empêche le regroupement de la collection. Le retour de la démocratie va permettre l'acheminement de près d'un millier d'oeuvres, certaines signées par des artistes de renom tels que Mirò, Vasarely, Frank Stella, Roberto Matta ou Soulages. Les artistes d'une quarantaine de pays ont nourri cette précieuse collection. Beaucoup d'entre eux appartiennent à des pays voisins du Chili, et de nombreux tableaux actuellement exposés évoquent les différentes dictatures dont a souffert l'Amérique latine. « Nous avons souhaité ouvrir ce musée avec une exposition d'oeuvres internationales, explique Carmen Waugh, directrice du musée. C'est une façon de remercier tous les artistes étrangers qui ont permis la réalisation de ce projet. Nous exposerons les artistes chiliens par la suite. »
Ce musée offre l'une des plus riches collections d'art contemporain d'Amérique latine. De plus, il accueillera régulièrement les expositions temporaires. Mais à la différence des musées traditionnels, sa collection ne devrait pas évoluer au rythme de nouvelles donations ou acquisitions. « Nous voulons rester fidèles à l'esprit initial de ce projet, précise Carmen Waugh. Les artistes qui ont offert leurs oeuvres ont effectué un geste de solidarité à une certaine époque. Il ne serait pas logique d'accepter d'autres oeuvres car la situation a complètement changé. La valeur politique de leur acte ne serait plus la même. » Le caractère unique de cette expérience devrait ainsi être préservé. Car jamais un tel élan de solidarité ne s'était auparavant produit au sein de la communauté artistique mondiale.
Le musée de la Solidarité Salvador-Allende témoigne en effet de l'émotion internationale suscitée par l'élection d'un président socialiste au Chili et son destin tragique. Vingt années d'histoire symbolisées par ce monument, le premier à porter le nom du président martyr à Santiago.