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« BOURSE DU TRAVAIL », 3, RUE DU CHÂTEAU D'EAU, 75010 PARIS, FRANCE. «GRÈVE POUR LES 8 HEURES DE TRAVAIL PAR JOUR EN FRANCE » 1906 - PHOTO WIKIPÉDIA |
« Vous qui ne craignez pas de faire massacrer les ouvriers et de jeter en prison des membres de la CGT sous prétexte d’entrave à la liberté du travail, nous vous demandons ce que vous allez faire devant les menaces du syndicat patronal de Vallauris ! ». Léon Morel, secrétaire général de la Bourse du travail de Nice. Lettre de septembre 1908 au président du Conseil, Georges Clémenceau, après le lock-out des ouvriers potiers.
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« LES TROIS HUIT » : COUVERTURE DE
« L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28
AVRIL 1906, ILLUSTRATION DE JULES
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Ainsi donc, le 1° mai 1886, suivant le mot d’ordre de l’American Federation of Labour (AFL, Fédération américaine du travail) des dizaines de milliers de travailleurs américains sont en grève afin d’obtenir la réduction horaire de la journée de travail. Le 1° mai a été choisi par le syndicat car c’est la première journée comptable pour les entreprises. Dans les défilés revendicatifs, les salariés arborent un triangle rouge sur leurs poitrines pour symboliser le partage de la journée en huit heures de travail, huit heures de sommeil et huit heures de loisirs. Ce mouvement de grève, bien que très suivi, n’est qu’un demi-succès car plus de 300 000 travailleurs sont obligés de poursuivre l’action pour obtenir cette « journée de huit heures ». L’historien américain Howard Zinn (1) a retrouvé quelques traces de ces prolongations : « à Detroit , onze mille personnes défilèrent. A New York ils étaient vingt- cinq mille à participer à une retraite aux flambeaux emmenée par les trois mille quatre cents membres du syndicat des boulangers. A Chicago quarante mille personnes firent grève, toute l’activité ferroviaire cessa et la plupart des entreprises furent paralysées. Les marchés aux bestiaux fermèrent également leurs portes. La milice de l’Etat avait été dépêchée sur place et la police était prête. Le « Mail » de Chicago exigeait qu’Albert Parsons, imprimeur et August Spies, tapissier, les responsables anarchistes de l’Association internationale des travailleurs soient tout particulièrement tenus à l’œil ». C’est que, sous leur impulsion, la Central Labour Union (Union centrale du travail, anarcho-syndicaliste) avait adopté à l’automne 1885 une vigoureuse et menaçante résolution : « qu’il soit entendu que nous appelons instamment la classe salariée à s’armer pour opposer à ses exploiteurs le seul argument réellement efficace: la violence ».
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA |
Le 3 mai, devant les locaux de la société Mac Cormick Harvester Works, alors que les grévistes et leurs partisans se battent contre des briseurs de grève, la police tire sur un groupe de manifestants qui fuyait l’endroit, faisant de nombreux blessés et quatre morts. Furieux, Spies se rend à l’imprimerie du « Arbeiter Zeitung » (le journal des travailleurs immigrés allemands, NDR) et tire un tract en anglais et en allemand : « Revanche ! Aux armes travailleurs ! Depuis des années vous endurez les plus abjectes humiliations, vous vous épuisez au travail , vous offrez vos enfants en sacrifice aux seigneurs industriels. En bref toute votre vie vous avez été des esclaves misérables et obéissants pour satisfaire la cupidité insatiable et remplir les coffres de votre voleur et fainéant de maître. Aujourd’hui que vous lui demandez de soulager votre fardeau il envoie ses tueurs vous tirer dessus. Pour vous tuer ! Nous vous exhortons à prendre les armes ! Aux armes ! ». Un rassemblement est alors organisé le 4 mai, au Haymarket Square de Chicago. Trois mille personnes y participent. Tout se déroule pacifiquement. Puis comme l’orage se fait menaçant et l’heure tardive, la foule commence à se disperser. Un détachement composé de cent quatre-vingts policiers s’avance pour demander aux orateurs de faire cesser la réunion .C’est alors qu’une bombe explose au milieu des policiers faisant soixante dix blessés dont sept allaient bientôt expirer. « La police répliqua en tirant sur la foule faisant à son tour plusieurs morts et deux cents blessés. Sans même savoir qui avait lancé la bombe la police arrêta huit responsables anarchistes de Chicago » relate Howard Zinn.
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA |
Un an après un procès inique qui souleva l’indignation dans le monde entier, quatre des anarchistes condamnés – Albert Parsons, August Spies, Adolph Fisher et George Engel – furent pendus. Louis Lingg, un jeune charpentier de 21 ans se suicida en cellule, les trois autres restèrent des années en prison. On n’a jamais su qui avait lancé la bombe…
La conséquence principale de ces évènements qui ont entraîné une répression sans précédent aux Etats Unis où la police procéda à des centaines d’arrestations d’activistes, fut la décision prise par le Congrès de l’AFL à Saint Louis en décembre 1888, relayée l’année suivante par l’Internationale, de faire du 1° mai , une grande journée revendicative des travailleurs. En France, il faudra une bonne dizaine d’années et la création de la Confédération générale des travailleurs (CGT) en 1895 à Limoges, pour que cette « fête des travailleurs » (rebaptisée « fête du Travail » par Pétain en 1941) s’enracine vraiment dans le paysage social et politique.
La tragédie de Fourmies – l’armée tuant à coups de Chassepot dix manifestants pacifiques dont huit jeunes de moins de 21 ans à l’issue du défilé du 1° mai 1891- ne refroidit pas les ardeurs syndicales .D’année en année , à l’image d’une classe ouvrière qui prend conscience de son nombre et de sa force, les participants sont de plus en plus nombreux et déterminés .
Dans la petite bourgade ouvrière de Vallauris, par exemple, ce sont pas moins de 1500 personnes qui se rassemblent sur la place des écoles, le 1° mai 1909, à l’appel des syndicats des potiers, des engobeuses, des enfourneurs de poterie, du bâtiment , des boulangers et des charretiers. Le journal républicain « l’Avenir de Vallauris » raconte : « le cortège se forme et cette foule de travailleurs des deux sexes parcourt les principales artères de la ville en chantant l’Internationale. On se rend ensuite dans la spacieuse cour du café de France où est servi le vermouth d’honneur. Le citoyen Corporandy, président du syndicat des potiers ouvre la série des discours ».Le plus acclamé de ces discours sera celui du « citoyen Maffert » auquel il est offert « un magnifique plat peint à la barbotine par l’artiste Louis Bô » qui a inscrit au revers : « le prolétariat triomphant à son camarade Louis Maffert ».
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA |
Ce prolétariat triomphant de Vallauris, c’est celui qui sort tout juste d’un interminable conflit qui l’a opposé au patronat local , lequel a utilisé sans vergogne, l’arme qu’il croyait fatale , du « lock-out » autrement dit, en français, du « tout le monde dehors ! ».
Inventée au début de la révolution industrielle dans les villes anglaises de Manchester et Liverpool et d’ailleurs rajoutée, un siècle après, à l’arsenal répressif de Thatcher pour détruire le syndicalisme britannique, cette « grève des patrons » est expérimentée pour la première fois à Vallauris, en juillet 1908. Tout part de l’usine Lombard, va s’étendre à trente cinq fabriques de la cité potière et concerner mille deux cents travailleurs. « Le samedi 18 juillet à 18 heures la sirène de la machine à pétrir la terre lance pour la dernière fois son cri strident dans l’espace. C’est pour les ouvriers le glas funèbre leur annonçant que le lock-out va prendre effet » racontera dans une brochure syndicale, Etienne Lieutaud, membre de la Chambre syndicale ouvrière et principal animateur de la section de Vallauris du Parti socialiste. La veille du lock-out, les patrons vallauriens s’étaient montrés complètement sourds aux revendications des ouvriers potiers déposées par le conseil de leur syndicat : augmentations des salaires, durée maximale du temps de travail et projet d’assurance chômage.
Deux mois après ce coup de force patronal, Léon
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA |
Morel, secrétaire général de la Bourse du Travail de Nice adresse une lettre ouverte à Georges Clémenceau, « Le Tigre » qui fait donner l’armée contre les grévistes, dénommé ironiquement par le syndicaliste niçois, «défenseur de la liberté du travail». « La vie ouvrière de cette cité (de Vallauris) d’ordinaire si travailleuse se trouve suspendue, la ruine et la misère règnent en maîtresse de par la volonté d’une poignée d’individus sans scrupules qui ne craignent pas d’affamer toute une population » constate-t-il avant de conclure, en faisant allusion aux manifestants tués par les forces de l’ordre lorsque Clémenceau était ministre de l’Intérieur : « prenez garde, le peuple de Vallauris se réveille, il va maintenant montrer les dents et peut être cela va-t-il vous donner un nouveau crime à ajouter à votre conscience ! Tachez au moins que cela n’arrive pas. Invitez les patrons qui se mettent en dehors de la légalité à cesser cette attitude inhumaine. Il en est peut être encore temps ».
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En fait Clémenceau n’interviendra pas à Vallauris. Par contre dans la commune voisine de Golfe Juan, seront dépêchées la troupe pour disperser une manifestation d’un millier de personnes et la gendarmerie pour briser une grève à l’usine d’émaux céramiques L’Hospied et Cie. A Vallauris même, le bataillon de ligne cantonné en périphérie de la commune observera une sorte de neutralité tout en montrant qu’il se tenait prêt à intervenir en cas de « troubles ». Mais ce sont les patrons qui finiront par battre en retraite .Le 2 décembre soit pratiquement cinq mois après le début du conflit un accord sera arraché, portant notamment sur les salaires .Ce sera une grande victoire pour le syndicat des ouvriers qui aura su s’adapter parfaitement à une nouvelle donne économique.
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En quelques dizaines d’années de la fin du XIX° siècle, Vallauris et son activité économique principale, la poterie, ont en effet beaucoup évolué. Certes, la matière première, cette argile réfractaire exceptionnelle qui permet la fabrication d’ustensiles culinaires ainsi que les pinèdes dont le bois alimente les fours sont toujours là. Elles ont attiré dès le XVI° siècle des familles Gênoises qui ont repeuplé un canton dévasté par la peste durant le siècle précédent. Familles qui ont transmis de génération en génération, savoir faire et acharnement au travail. Mais à la « Belle Epoque » on ne descend plus la production (la « terraille ») à dos de mulet jusqu’à Golfe Juan pour y être embarquée. Le chemin de fer apparu à partir des années 1860 a tout changé. Lorsqu’éclate ce grand conflit de 1908 il n’y a plus d’ateliers « familiaux » comprenant le plus souvent un artisan avec son ouvrier et son apprenti mais des fabriques qui se sont au fil du temps regroupées en sociétés capitalistes composant une industrie qui au plus fort de son histoire va employer des milliers d’ouvriers. C’est une industrie qui exporte et se diversifie. Exemple type de cette évolution : la société Massier à Golfe Juan. Fondée en 1883 par deux frères, Clément et Delphin, simples tâcherons lorsque Vallauris ne comptait dans les années 1860 que 200 habitants, cette usine emploie 120 ouvriers durant cette année 1887 où elle devient fournisseur officiel de la couronne d’Angleterre. Vallauris aura bientôt plus de 7000 habitants, tous liés à des degrés divers à cette nouvelle industrie connue pour ses pignates (« marmites » en italien) en terre mais au sein de laquelle la poterie artistique tient une place grandissante.
Une industrie qui fait appel à toutes sortes de métiers.
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Il y a les mineurs qui exploitent l’argile servant autant à la fabrication de vaisselle que de briques ou de tuiles. Il y a dans les pinèdes les bûcherons qui confectionnent toujours les fagots mais fendent le bois à la machine. Il y a les batteurs qui préparent les cônes de pâte pour les tourneurs. Il y a les ouvriers potiers (certains sont appelés les pignatiés) et les maîtres potiers qui préparent l’objet, les engobeuses (ce sont souvent des femmes) qui posent la glaçure, les enfourneurs qui font cuire, les mouleurs, émailleurs , sculpteurs …
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA
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Leur unité de mesure du travail fourni, rare survivance des temps anciens, c’est la «charge». Une charge c’était autrefois la quantité d’argile maximum qu’un mulet était capable de transporter soit 160 kg .Sachant que la moitié de cette masse est de l’eau, la charge payée à la sortie du four est équivalente au nombre d’objets que l’on peut fabriquer avec 80 kg de matière première. Enfin cette charge est divisée selon des calculs différents selon la taille des objets fabriqués. C’est sur le paiement de cette charge – 5,50 francs sans réglementation des horaires- que le bras de fer s’engagea entre le syndicat des potiers bien implanté parmi les tourneurs et les engobeuses depuis sa création en 1886 et un patronat divisé en fait en deux associations : celle de 35 petites entreprises pratiquant le lock-out et celle de 7 grosses sociétés cherchant avant tout à absorber les petits.
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Mais c’est dans un contexte de surproduction que le conflit éclata en juillet 1908. Au point que l’on peut a posteriori se demander si le lock-out qui vise avant tout à ruiner toute négociation n’avait pas pour premier objectif de liquider les stocks sans payer les ouvriers. Pierre Corporandy, le président du syndicat des ouvriers potiers n’est pas loin de le penser qui déclare au quotidien « Le Petit Niçois » en septembre suivant : « à la source du conflit nous ne trouvons aucune question qui motive les usiniers à nous fermer les portes de leurs fabriques étant donné que le syndicat n’avait posé aucun ultimatum mais proposait tout simplement une discussion , un examen contradictoire du projet de règlementation du travail et d’endiguement de la surproduction ».
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Ainsi les patrons du « syndicat des 35 » font durer leur grève qui est particulièrement dure pour les enfourneurs. Ils ont été les derniers à être lock-outés soit une semaine après les pignatiés mais ils n’ont formé leur syndicat qu’en 1906 et donc leur caisse de secours est plutôt maigre. Les tourneurs n’ont pas ce problème car ils sont affiliés à la CGT (syndicat de la Céramique) et bénéficient de la solidarité financière de la Confédération. Heureusement pour les syndicats, le front patronal va se craqueler après ces deux premiers mois de conflit .La réputée société Clément Messier annonce le 23 septembre qu’elle met à la disposition des ouvriers potiers dans son usine de Golfe Juan une zone de production de poterie culinaire dans l’un de ses ateliers de poterie artistique ! Peu après d’autres gros patrons proposent des tours et des fours. Cependant cette « générosité patronale » ne concerne qu’une poignée de travailleurs. Pour la grande masse des lock-outés, bien aidés cependant par l’avocat socialiste Louis Maffert désigné comme arbitre-ouvrier, l’automne est la saison des privations de toutes sortes. Ils devront finalement endurer leur calvaire jusqu’au 1° décembre. Ce jour là rapportent les gazettes locales une foule immense d’ouvriers potiers accompagne Louis Maffert depuis la gare où il vient d’arriver en provenance de Nice au début de l’après midi, jusqu’à la mairie de Vallauris. Là, l’arbitre-ouvrier et celui de la préfecture M. Soleau doivent entendre les représentants des patrons et des syndicats. Après deux heures d’audiences, Maffert apparaît sur le perron de l’Hôtel de Ville et demande aux manifestants qui gardent leur calme comme ils ont gardé leur unité durant ces cent cinquante journées de conflit, de patienter jusqu’au lendemain matin. Un accord est en vue on discute des détails…
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA |
Effectivement le 2 décembre 1908 à 9 heures « l’allégresse est générale à Vallauris » comme le racontera « Le Petit Niçois ». L’augmentation est de 0,75 franc en moyenne par charge soit 13,6% ! Aussi important pour les ouvriers : leur syndicat est officiellement reconnu comme interlocuteur des patrons qui s’engagent à ne pas prendre de sanction en cas de grève. On fête ces acquis au café de France. Dans la cour des centaines d’ouvriers potiers boivent le vermouth de la victoire…et les paroles de Maffert. Ce dernier après avoir détaillé le contenu de l’accord, engage les ouvriers à prélever 25 centimes par charge pour reconstituer leur caisse de chômage.
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L’avocat socialiste est conscient que la guerre qui s’engage entre une classe dirigeante qui a tous les pouvoirs et une classe ouvrière de plus en plus consciente de sa force , sera longue. Mais la victoire remportée à Vallauris est d’importance car c’est tout le mouvement syndical qui sort renforcé. A Vallauris même, il est décidé dans la foulée de créer une Union locale des syndicats. Chacune des organisations, pas seulement celles des potiers, versera à une caisse commune de secours. Ce qui permettra, par exemple, à Césarie Ferrandou, présidente du syndicat des engobeuses d’annoncer , en mars 1913, que « les employées sans travail recevront après une semaine de chômage une indemnité journalière de un franc et ce pendant cinq semaines ». Plus jamais les travailleurs de Vallauris ne se laisseront prendre à la gorge par un lock-out.
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA |
C’est donc à l’Union locale des syndicats que revient l’idée de transformer le premier « 1° mai » de Vallauris en une grande fête populaire de solidarité. Après les discours et le vermouth de la victoire, sur le coup de midi, une collecte est organisée au profit des grévistes de Mazamet « qui produit la somme appréciable de 49 francs ». La journée se poursuit par un banquet républicain de deux cents cinquante couverts et jusqu’à cinq heures par une « partie récréative durant laquelle de talentueux amateurs se font entendre dans un répertoire varié ». On en oublie pas pour autant la principale revendication du monde ouvrier qui avait provoqué les évènements de Chicago. Une missive est portée à la préfecture par une délégation de syndicalistes qui, reprenant de précédentes motions ouvrières adoptées à la Bourse du travail de Nice, affirme : « Monsieur le préfet , les ouvriers unis en ce jour pour affirmer leur solidarité et revendiquer par tous les moyens en leur pouvoir leurs droits, viennent vous prier de transmettre au gouvernement qu’ils seraient heureux de voir le Parlement voter la journée de huit heures. Ils vous informent que toutes les occasions seront saisies par le prolétariat organisé pour obtenir ce résultat ».
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PAGE DE « L'ASSIETTE AU BEURRE », N° 265, 28 AVRIL 1906. SOURCE GALLICA |
Arès l’assassinat de Jaurès, le temps du muguet et de son ruban rouge à la boutonnière (apparu pour la première fois à Paris en 1907 en remplacement de la fleur d’églantine, symbole du printemps) ne reviendra que le 1° mai 1919, pour un défilé de la victoire. Une semaine auparavant, le 2 avril, le Sénat avait ratifié une loi sur la journée de huit heures !
(1) Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours. Howard Zinn. Traduction Frédéric Cotton. Editions Agone.