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PAZ ERRÁZURIZ « DORMIDOS V » [DORMEURS V], 1979
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Gens du cirque, travestis, vieux, aliénés, une rétrospective des portraits engagés et complices de Paz Errázuriz est présentée tout l'été aux anciens ateliers SNCF d'Arles. Cette grande dame de la photographie chilienne dresse un portrait tendre et sans concession de son pays. L'exposition est l'une de celles qu'il faut voir absolument parmi la quarantaine que proposent les Rencontres d'Arles.
PAZ ERRÁZURIZ - «[EVELYN IV, SANTIAGO » 1987 |
Les Rencontres de la photographie d'Arles présentent une grande rétrospective de ses photographies, en collaboration avec le Jeu de Paume. A l'Atelier de la Mécanique, un grand bâtiment rénové par la fondation Luma (et désormais climatisé), qu'on ne redoute plus de visiter en plein après-midi, une cloison est consacrée à chaque série d'images de la photographe chilienne. On peut les voir dans l'ordre qu'on veut.
Des portraits pleins d'empathie
PAZ ERRÁZURIZ - « MUÑECAS
I [POUPÉES I] » 2014.
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Elle a généralement travaillé en noir et blanc car elle pouvait ainsi faire ses tirages elle-même. En juillet 2015, au moment où elle a reçu le Prix PhotoEspaña, elle racontait à El País l'« autonomie absolue » que ça lui avait offert, ainsi que la magie de la révélation des images, même si aujourd'hui elle travaille en numérique.
Née en 1944 à Santiago du Chili, Paz Errázuriz fait des études de sciences de l'éducation en Angleterre, à Cambridge, et devient institutrice à son retour au Chili. C'est à l'école, avec ses élèves, qu'elle s'initie à la photographie, en autodidacte. Elle se perfectionnera plus tard à l'International Center of Photography de New York.
La rue et ses laissés-pour-compte
Engagée dans la lutte pour les droits de l'homme à l'époque de la dictature, cofondatrice de l'Association des photographes indépendants, elle a photographié les manifestations et les mouvements de femmes. Mais c'est à des marginaux qu'elle a consacré le plus de temps.
Dans les années 1970, elle photographie la rue et ses laissés-pour-compte, dont ces formidables "dormeurs", assis sur un paquet de journaux, sur un banc public, sur le trottoir ou dans un jardin. Ils sont parfois surpris dans des poses incroyables comme ce type qui dort assis sur un muret, le buste penché en avant.
À deux reprises, Paz Errázuriz s'est intéressée à la boxe mais elle a saisi l'envers du ring, les visages des boxeurs marqués par l'effort, l'air fatigué, les bandelettes autour des poignets meurtris, la fragilité paradoxale des lutteurs. Les travestis prostitués avec qui elle a passé des années, elle les montre en train de s'habiller ou de se maquiller, bigoudis sur la tête, en promenade, dans leur vie de tous les jours. Plus récemment et en couleur, elle a pris en photo des femmes prostituées dans un bordel sordide posé dans le désert à la frontière du Pérou.
Les couples à l'asile
Paz Errázuriz a passé du temps, dans les années 1990, avec des malades mentaux, rendant leur dignité à ces parias absolus d'une société. Un sujet pas tout à fait original, mais envisagé ici sous un aspect assez inédit, celui du couple et de la tendresse dans un univers clos et sinistre : elle a photographié les couples qui s'y forment, des couples stables qui se tiennent par le bras ou l'épaule, se sourient. Plus tard, ce sont les corps nus des femmes internées, dans des douches aux murs crasseux, qu'elle nous fait voir.
Prenant le contre-pied de la norme de beauté jeune et uniforme imposée par la société, la photographe s'est intéressée aux personnes âgées, comme cette vieille femme aux anges alors qu'on lui masse les pieds. Elle brise un tabou en faisant poser nues une série de personnes d'un certain âge, hommes et femmes.
Une petite vidéo insoutenable, « Le Sacrifice », montre un mouton égorgé, dépecé, éviscéré, le sang qui sort des organes, un cochon qui les mange, la chair qui tremble… Une métaphore du peuple chilien et de sa souffrance.
Paz Errázuriz a reçu le 2e prix de la photo Madame Figaro Arles décerné à l'issue de la semaine d'ouverture des Rencontres d'Arles 2017.
La rue et ses laissés-pour-compte
PAZ
ERRÁZURIZ, BLACK DEMON, 2002-2003
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Dans les années 1970, elle photographie la rue et ses laissés-pour-compte, dont ces formidables "dormeurs", assis sur un paquet de journaux, sur un banc public, sur le trottoir ou dans un jardin. Ils sont parfois surpris dans des poses incroyables comme ce type qui dort assis sur un muret, le buste penché en avant.
À deux reprises, Paz Errázuriz s'est intéressée à la boxe mais elle a saisi l'envers du ring, les visages des boxeurs marqués par l'effort, l'air fatigué, les bandelettes autour des poignets meurtris, la fragilité paradoxale des lutteurs. Les travestis prostitués avec qui elle a passé des années, elle les montre en train de s'habiller ou de se maquiller, bigoudis sur la tête, en promenade, dans leur vie de tous les jours. Plus récemment et en couleur, elle a pris en photo des femmes prostituées dans un bordel sordide posé dans le désert à la frontière du Pérou.
Les couples à l'asile
PAZ ERRÁZURIZ, « INFARTO 29, PUTAENDO » |
Prenant le contre-pied de la norme de beauté jeune et uniforme imposée par la société, la photographe s'est intéressée aux personnes âgées, comme cette vieille femme aux anges alors qu'on lui masse les pieds. Elle brise un tabou en faisant poser nues une série de personnes d'un certain âge, hommes et femmes.
PAZ ERRÁZURIZ, « CLUB BUENOS AIRES, SANTIAGO », 1988 |
Paz Errázuriz a reçu le 2e prix de la photo Madame Figaro Arles décerné à l'issue de la semaine d'ouverture des Rencontres d'Arles 2017.