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L'AVORTEMENT THÉRAPEUTIQUE A ÉTÉ AUTORISÉ AU CHILI PUIS ABOLI DURANT LA DICTATURE D'AUGUSTO PINOCHET (1973-1990). CHILI : LOIS CONTRE L'AVORTEMENT - UN RECUL POUR LES DROITS DES FEMMES |
"C'est un matin historique", s'est félicitée la présidente socialiste, alors que 70% des Chiliens approuvent le texte, selon les sondages.
"Au-delà de l'avis personnel de chacun, ce que permet (ce texte) c'est que nous soyons un pays où les femmes, confrontées à de telles situations, puissent prendre la meilleure décision possible", a ajouté la chef de l'État, dont le mandat se termine en mars 2018.
"Les trois causes qui étaient au coeur de la lutte ont été approuvées, (...) ce qui représente une grande contribution à l'histoire du Chili", a annoncé à l'AFP Claudia Dides, porte-parole d'une association de défense des droits humains, quelques minutes après le vote du Sénat, applaudi par les défenseurs du projet qui assistaient à la séance.
Officiellement le Chili enregistre quelque 30.000 avortements provoqués ou spontanés, mais les interruptions clandestines pourraient être de l'ordre de 160.000.
Outre le Chili, le Salvador, le Nicaragua, le Surinam, Haïti, la République dominicaine sur le continent américain, les Philippines et les îles Palaos en Asie, le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Gabon, le Congo, Madagascar, Djibouti et la Mauritanie en Afrique interdisent totalement l'avortement. En Europe, seuls Malte, Andorre, le Vatican et Saint-Marin sont dans ce cas.
- Jusqu'à cinq ans de prison -
Violée par un parent, enceinte d'un bébé non viable, une Chilienne de 13 ans n'a eu d'autre issue que d'aller au bout de sa grossesse.
Son cas, et d'autres semblables dont celui de Belen, une fillette de 11 ans, enceinte après avoir été violée par son beau-père, ont ému l'opinion publique chilienne et relancé le débat sur une légalisation partielle de l'avortement, qui a repris fin 2014 au Congrès après plusieurs mois d'interruption.
Toutes deux, si elles avaient avorté, risquaient jusqu'à cinq ans de prison, même si, selon une étude officielle, aucune femme chilienne n'a été emprisonnée ces dernières années pour ce délit.
Jusqu'en 1989 et pendant plus de 50 ans, l'avortement était permis en cas de risque pour la mère et de foetus non-viable. Mais, avant de quitter le pouvoir, l'ancien dictateur Augusto Pinochet (1973-1990), l'a interdit, laissant cette décision inchangée durant plus de deux décennies.
Depuis, ce texte déchaîne les passions: le Chili a été un des derniers pays développés à reconnaître le divorce en 2004 et l'Eglise y est très présente.
"Mon corps, ma décision", pouvait-on lire sur un panneau des militants pro-avortement devant le Congrès, qui ont été délogés par la police après des affrontements avec des groupes religieux, équipés de pancartes avec l'inscription "Reviens vers le Christ", a constaté l'AFP.
Les parlementaires de droite (opposition) ont annoncé qu'ils allaient saisir le Tribunal constitutionnel.
"Ce qu'est en train de faire le congrès c'est (...) dire quels types d'êtres humains ont le droit de vivre", a lancé la sénatrice ultra-conservatrice Jacqueline van Rysselberghe.
Lors de son premier mandat (2006-2010), la présidente Bachelet, pédiatre de formation, avait bataillé dur pour faciliter l'accès à la "pilule du lendemain", qui lui avait valu d'être dénoncée devant le Tribunal constitutionnel et qui reste encore difficile à obtenir dans ce pays de 17 millions d'habitants.
Signe de l'évolution de la société chilienne, le pays a néanmoins autorisé fin 2015 les unions civiles entre homosexuels.