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LAMARTINE, LORS D'UN DISCOURS DEVANT LES INSURGÉS À L'HÔTEL DE VILLE, REJETTE LE DRAPEAU ROUGE, LUI PRÉFÉRANT LE DRAPEAU TRICOLORE, LE 25 FÉVRIER 1848 . LA VEILLE IL A PROCLAMÉ LA SECONDE RÉPUBLIQUE. PAR HENRI FÉLIX EMMANUEL PHILIPPOTEAUX (C.1815-84) |
La grande trahison du peuple par la bourgeoisie. Voilà comment on peut qualifier la révolution de 1848. Elle n’a jamais fait l’objet d’une quelconque commémoration. Comme on veut oublier le bain de sang dans lequel on l’a noyée.
INCENDIE DU CHÂTEAU D'EAU, PLACE DE PALAIS-ROYAL, LE 24 FÉVRIER 1848 PAR EUGÈNE HENRI ADOLPHE HAGNAUER |
ILLUSTRATION BANQUET DU CHÂTEAU-ROUGE (9 JUILLET 1847) LA CRISE CONDUIT À LA CAMPAGNE DES BANQUETS, COMME CELUI DU CHÂTEAU-ROUGE LE 9 JUILLET 1847. CELUI DE PARIS LE 22 FÉVRIER SUIVANT SONNE LE DÉPART DE LA RÉVOLUTION. ADRIEN NARGEOT, IMPRIMÉE À PARIS PAR A. SALMON |
Louis-Philippe interdit le banquet du 22 février 1848 à Paris.
Une immense manifestation secoue la ville. Puis se transforme en une véritable émeute.
JOSEPH DÉSIRÉ FRANÇOIS GUIZOT 1851 PAR JOSEPH DÉSIRÉ COURT |
ADOLPHE THIERS PHOTO NADAR |
Le peuple, le 25 février, est maître de la rue. Pas un soldat, pas un gendarme, pas un garde national n’est visible. C’est la fête. On danse. C’est l’euphorie. La IIe République est proclamée.
LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA IIE RÉPUBLIQUE. |
On fusille partout sans sommation. On va jusqu’au bout de l’horreur
Le 24 juin, l’Assemblée constituante, expurgée des républicains, transmet ses pouvoirs au ministre de la Guerre, le général Cavaignac. L’Assemblée proclame la dictature militaire et l’état de siège. Le 26 juin 1848, à midi, commence alors une répression méthodique. Pour dire les choses simplement : douze mille prisonniers, trois mille morts, quatre mille personnes déportées aux colonies sans jugement. Pour s’en tenir aux chiffres officiels. On en avance d’autres beaucoup plus importants.
On fusille partout sans sommation. On va jusqu’au bout de l’horreur. Les survivants de cette tuerie sont enfermés dans les souterrains des Tuileries, dans les caves de l’École militaire, et dans celles de l’Hôtel de Ville. Les prisonniers croupissent, entassés les uns sur les autres, affamés, étouffés, dans la boue et les ordures. Çà et là les gardes tirent sur eux par les lucarnes, pour rire un peu.
Voilà comment finit la révolution de 1848.
En février, on a vu ensemble les ouvriers, les étudiants, les boutiquiers, les commerçants, la petite bourgeoisie. Mais après l’horreur des journées de juin, le peuple a compris qu’il avait été berné. Que la révolution lui a été confisquée au profit de ces gens-là, les nantis, les boutiquiers, la petite bourgeoisie. Les étudiants également l’ont abandonné.
Le peuple, saigné, ne se mêlera plus de rien. Il ne croit plus que les prolétaires soient liés à la République. Il ne bougera plus. Il a décidé qu’il ne serait plus que le seul acteur de la révolution, et « qu’il ne la jouera qu’à son heure ». Et ce sera, bien plus tard, la Commune.
Dernier ouvrage paru : l’Abaissé. 1848, la plume et la barricade. Le Bruit des autres.